La Roue de Fortune

Cette Lame au numéro X revient sur la problématique de l’identité par le 1 qu’elle contient.

Elle est parmi toutes, celle la plus concernée par cette question, posée par le Bateleur au commencement du chemin.

Qui suis-je, suis-je moi ou suis-je les fidélités familiales, les schémas du comportement que je reproduis inconsciemment ?

De la même manière, je répète les mêmes situations dans ma vie, et je me conforme à ce que les autres attendent de moi.

Il y a une manivelle sur la roue mais aucune main ne la tourne. Pour ce faire, un constat lucide sur cette absence s’impose.

Seule la conscience nous apporte la possibilité de donner du sens à notre voyage sur Terre, dans notre véhicule de chair.

Ainsi que l’amour, symbolisé par les six rayons. Est-ce que je les utilise pour avancer ?

La bête assise au sommet de la roue pose la question : « qui es tu ? ». Elle ressemble à un singe mais c’est aussi le Sphinx de Thèbes, celui qu’Œdipe a croisé sur sa route.

C’est le gardien de la porte, qui n’empêche pas le passage, mais qui voit si la personne est capable de la franchir, en répondant correctement à sa question.

Selon la mythologie, lorsqu’il arrive à Thèbes, Œdipe se trouve confronté au Sphinx qui assiège la ville. Ce dernier lui pose une énigme : « qu’est-ce qui marche à quatre pattes le matin, à deux le midi et à trois le soir ? »

Œdipe répond juste : « c’est l’Homme qui au matin de sa vie se déplace à quatre pattes, qui au midi de sa vie marche avec ses deux jambes et qui au soir de sa vie s’aide d’une canne, marchant ainsi sur trois pattes ». Œdipe, triomphe donc avant tout par sa sagacité.

Ce singe représente aussi dans les jeux de rôles, les masques que nous portons quand nous ne savons pas qui nous sommes vraiment.

Le prince du Chariot est ce singe car il n’a pas réussi à accorder les messages de son senti-mental et de trancher avec son épée pour garder uniquement ce qui est juste.

Ses chevaux reviennent sous l’aspect de deux bêtes qui bloquent le mouvement de la roue.

Le cheval bleu prend la forme du diablotin qui grimpe, afin de donner l’illusion trompeuse de s’élever, alors qu’il est sourd : la pensée n’entend pas le message de l’âme.

L’autre diablotin (cheval rouge) est aveugle, comme les émotions qui nous tirent vers le bas.

La roue, couleur chair (notre corps) est ainsi empêchée de tourner.

Nous demeurons tous dans les fidélités familiales inconscientes, dans les croyances et les schémas de pensée qui nous ont été inculqués dans notre enfance ou à travers notre mémoire cellulaire.

Ce bagage conditionne notre comportement, bloqué par la peur de nous confronter à notre nature véritable.

Il nous empêche de faire ce que nous aimons, d’avoir le courage d’assumer notre individualité, de nous opposer, d’entrer en confrontation, de nous affirmer et de remettre en question ce qui est communément admis.

Pour faire ce constat lucide sur ce qui empêche la liberté du mouvement, il est nécessaire de nous poser la question : « qui suis-je, qui tourne la roue de ma vie, et d’ailleurs, tourne-t-elle ? »

Même en posant la main sur la manivelle, rien n’est gagné d’avance car il y des étapes à passer :

  • Se voir : examiner tout le cheminement jusqu’à l’Hermite pour que notre identité s’affirme.
  • Vouloir : poser la question : « est ce que je désire vraiment m’incarner, me réaliser ou ai-je peur de ma propre puissance ? »
  • Oser : poser l’acte, pour nous redéfinir tel que nous sommes, et nous autoriser à exprimer notre vraie nature face à l’autre qui nous déstabilise.

La manivelle de la roue est blanche, (couleur de la pureté) et si j’ose y poser la main, je sors de mes conditionnements, je tourne enfin la roue de ma vie.

Même si le passé, les mémoires, le senti-mental, toujours présents ne disparaissent jamais, je fais avec, en les allégeant de plus en plus et en me débarrassant en conscience de ce qui ne me correspond plus.

Les personnes « marquées » par la Roue de Fortune sont souvent novatrices, ingénieuses, inventives.

Deux belles citations qui définissent cet Arcane :

« Ne crains pas d’avancer lentement, crains juste de rester immobile. »

« Si tu n’avances que les jours du soleil, tu n’atteindras jamais ta destination. »

Le mal vécu :

Demeurer fidèle à tout prix aux injonctions parentales et les reproduire avec les autres : être gentil pour plaire, pour se faire aimer, chercher à être parfait.

Tourner en rond dans sa vie, se forcer à demeurer conforme, quitte à perdre toute authenticité, et répéter sans cesse les vieux schémas.

Demeurer dans la culpabilité, le ressentiment et la mauvaise foi : les trois poisons de l’âme.

Fuir, être hyperactif ou bien complètement bloqué, jusqu’à la tétanie.

Subir le stress permanent généré par l’entourage qui perturbe notre rythme intérieur.

Pour ceux qui n’auraient pas lu les textes sur les Arcanes précédents, je conclurai encore par mon propos habituel : ici encore, ce ne sont que quelques généralités de cette Lame qui ne sera jamais vécue de la même façon par différentes personnes.

La place qu’elle occupera dans un thème, comme ses interactions avec d’autres Arcanes déterminera aussi ma manière de l’interpréter.

20 réflexions sur “La Roue de Fortune

  1. Le « un » qu’elle contient, mais lui-même contenu dans le 10, donc nouveau cycle, nouvelle circonvolution de la grande spirale, nouvel acquis, nouveau départ sur les bases de l’ancien disparu en intégration. Nouvel être peut être ? En quelque sorte, mais juste un peu, si peu, plus riche qu’hier. Renouvellement de toute façon. Qui suis-je donc à nouveau ?
    Ce à quoi je tends, partie « sérieuse » de ce commentaire » : JE SERAI
    La manivelle blanche me parle du manteau de la connaissance qui me protège de l’ignorance. Pas n’importe quelle connaissance, pas celle de l’intellect, une connaissance assimilée en chair, en eau (émotions), séparée et tranchée par l’épée de justesse (la notion d’ « esprit » est ici importante : la différence entre l’esprit et l’âme ; l’esprit souffle vivant qui guide en direction le geste ; l’âme, étincelle psyché gardienne des archétypes, partie sacrée et feu et pure). Connaissance donc, éclairée par ce qui est plus haut (ce que certains nommeront « âme », d’autres iront jusqu’à D.). Le manteau du pèlerin, accompagné de sa ceinture et de son masque. La ceinture du chercheur est à sa taille, elle montera sur sa tête bien plus tard (mais n’est-ce pas là le « temps sacré » intemporel de ce que l’on connait tous les jours, ici ? Où se situe donc le « plus tard » ?), en couronne quand le moment sera venu (il est là le « plus tard »). Pas une couronne dans le sens commun qui engendre orgueil et pouvoir mal accompli. Une couronne qui rend hommage (et pas du tout à celui qui la porte en tant qu’individu) à toute cette chaîne de transmission que les initiés connaissent (la transmission en vertical-par l’intuition- et en horizontal-par les pairs, les événements de la vie, les circonstances), symbolisée par la cordelière et que je nomme personnellement souvent ceinture pour ne pas « choquer » mon lecteur (ce qui ceint les reins les renforce). Nous sommes peut-être un jour notre propre sphinx, qui repose la question à chaque instant.
    JE SUIS :
    Un certain mystique parle de D. en décrivant une roue et ses rayons en mouvements …. On ne peut utiliser que les outils langagiers que l’on a. La roue ici est celle vivante du monde où nous sommes circoncis, la vie aussi. La place de l’homme est en circonférence. Il n’en est pas l’essieu, il tourne et ne peut s’échapper. ………
    Imaginez une roue qui tournait qui tournait joyeusement et tout à coup la circonférence se détacha, se déroula, s’en alla loin. Et l’essieu s’écroula. . Trêve de plaisanterie. Pour moi la « fortune » est notre œuvre : passer de l’emprise du destin à l’appel de la providence. Le hasard ne serait qu’illusion selon moi.
    JE SUIS
    La roue de la grande illusion : Je crois monter, devenu sourd : je suis si occupé à mon effort … je dois bien être sur la bonne voie … Et tout en haut suis-je diable (l’épée n’est faite que de rustique- autre chose que l’épée flamboyante – tenue avec désinvolture les côtes apparaissent, la couronne peut être symbole de soif de pouvoir …) ? Suis-je homme ? Suis-je sphinx ? Et cette queue qui ne me semble pas attachée ? Où est le sommet d’ailleurs ? La roue n’a pas de sommet, ni haut ni bas.
    Lorsque je descends je suis un homme parmi les hommes, mais je me relèverai avec habileté de singe c’est sûr. La roue de la fortune me permet de me moquer gentiment de moi-même lorsque je me suis fourvoyé, quand l’horizon s’en retourne à lui-même. Il est si bon de se moquer de soi : allez courage, en route mon ami, après cette petite pause …. En route pour un autre tour, tu verras c’est captivant parce que rien ne sera comme avant, mais seulement si tu as bien compris.
    Je crois que ce n’est pas un hasard si je suis retombée en dérision à la fin de mon commentaire. La roue m’y a poussée. Qui suis-je donc ? Une amusante créature mi -singe mi- homme mi – griffon mi- chien mi –tour (tu as vu la robe du singe ? c’est tout de même une tour !) mi-raisin, mi ….
    C’est très beau un homme qui veut renaître. Plus tard, il sera entier. Pour le moment il est attendrissant, il faut l’aimer l’accompagner et le choyer. Ce petit être, c’est toi c’est moi. Pour moi c’est si facile de l’aimer quand il fait ses tragiques culbutes. J’ai envie de l’aider à se relever.
    QUAND ETAIS-JE ? J’ai oublié …..

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    • Prunelles, tu te découvres, parce que ton désir de le faire est si profond, parce que tu donnes aux Lames une interprétation si personnelle et si riche, parce que tu te poses des bonnes questions et ta Roue tourne dans le sens que tu lui donnes.
      Si tu veux remercier, alors ce n’est pas moi, juste les Arcanes et ce lien que tu as établi avec eux, ton vécu et ta réflexion qui va si loin.
       » Pour moi la « fortune » est notre œuvre : passer de l’emprise du destin à l’appel de la providence. Le hasard n’est qu’illusion selon moi. »
       » Nous sommes peut-être un jour notre propre sphinx, qui repose la question à chaque instant. »
      Voilà, je n’ai pris que ces deux citations, tout le reste et dans ton texte.
      Merci, je m’incline devant ton interprétation de ces Archétypes intemporels.

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  2. j’ai encore appris beaucoup de choses à te lire, je n’avais jamais fait le rapprochement avec les chevaux ni vu que l’un était sourd et l’autre aveugle… et encore tout plein d’autres choses !

    pour moi la roue de la fortune signifie la vie, avec ses hauts et ses bas
    quand cette carte arrive dans un jeu, souvent la vie de la personne est mouvementée, instable
    rien n’est certain, tout bouge dans un sens puis dans l’autre
    c’est un moment un peu difficile à passer, mais ça reste un moment, plus ou moins long en fonction de l’évènement qui y est associé
    il faut s’armer de courage et de patience, « péter un câble » ne fera rien changer, ni rester immobile
    c’est comme un bateau en mer, avec une forte houle, la sensation qu’on ne maîtrise plus le cap alors qu’en fait, souvent on tient bien la barre, il suffit de ne pas la lâcher
    oui, c’est ça : un passage… que je mets en relation avec le sphinx de thèbes (que je ne connaissais pas non plus… sourire)

    bref, il ne faut pas s’inquiéter, ça bouge mais ça va s’arrêter à un moment, quand ce sera le bon moment pour cela
    sans doute quand la personne arrivera à répondre à la question du sphinx… oui, sans doute à ce moment-là !

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  3. Bonjour Elisabeth, de m’avoir indiqué le chemin de la roue de la fortune. 🙂
    Ce que j’aime dans les images du Tarot dit de Marseille et de ses représentations se sont ses allégories quasi moyenâgeuse qui me rappellent des images vues ici et là lorsque j’étais petite.
    Tu parles de la signification de cette lame, prise seule et la description que tu en fait appelle déjà de ma part tellement de participation en mots 😆 que je devrai prendre morceau pa morceau, le texte que tu as mis tant il éveille en moi des mots, des souvenirs.
    Comment trier ce qui en ce moment se bouscule autant, (j’ai toujours beaucoup réfléchi, même petite), et surtout ne pas oublier, pour communiquer et partager, même si c’est du virtuel ? L’important ce sont les mots pour le dire comme en a si bien parlé Marie Cardinal.
    Bonne fin de journée à toi.
    Genevieve

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    • Chère Geneviève,
      J’aime tant quand tu passes ici, tes commentaires sont toujours si pertinents et incitent à la réflexion.
      Comme toi, qui participes, t’interroges, cherches à décrypter pourquoi cela te parle.
      Tu sais, le partage, même virtuel est si précieux… et tu trouves les mots pour dire ce que tu ressens.
      Merci pour ton beau commentaire, j’ajouterai juste que les Arcanes sont pour moi les Archétypes sacrés mais libre à chacun de les interpréter à sa façon. Belle soirée à toi.

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      • Bonjour Elisabeth,
        Je n’ai nullement la pratique des cartes comme toi. J’ai toutefois lu les explications des symboles des cartes du Petit Lenormand et des nombreuses petites images qui y sont aussi représentées et annexes à l’image centrale. Mon blog n’a pas cette vocation et pourtant les cartes font partie de mon existence depuis très longtemps, comme cela, par curiosité, intuition, constatations étranges, aventures… Anecdotes encore à raconter.
        Tu me tentes d’y mettre les images et leurs explications. 🙂 je ne ferais que recopier ce qui est écrit dans un livre, en dehors de toutes interprétations personnelles ou liėe à un tirage en fonction de la maison qu’elle occupe.
        Bon samedi à toi.
        Je t’embrasse
        Genevieve

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        • Bonsoir Geneviève,
          Bien que j’ai une passion pour le Tarot de Marseille, que j’étudie et pratique depuis des années, cela ne m’empêche pas de m’intéresser aux autres approches.
          Ravie de te tenter 😀 Tu vas peut-être publier un article que je lirai avec joie et peut-être y incluras tu ces fameuses anecdotes.
          Je t’embrasse bien fort.

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  4. 😉 Merci pour cette présentation, j’aime bien la première citation :
    Ne crains pas d’avancer lentement, crains juste de rester immobile
    … la deuxième par contre m’est un peu hermétique…

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