Leonard Cohen, Le gagnant magnifique

Le gagnant magnifique, biographie, co-écrite
par Alain-Guy Aknin et Stéphane Loisy sortie
le 6 octobre 2012 aux Editions Didier Carpentier.

Présentation :

« Entre littérature et chanson, il distille d’une envoûtante voix de baryton des réflexions désabusées, ricochets d’une interminable introspection où, cachant derrière son folksong raffiné un humour sous-jacent, il ausculte l’âme humaine. Peut-être parce que Leonard Cohen a mené plusieurs vies et continue sans discrimination à passer des studios d’enregistrement aux pages de livres remplies avec application, l’amour, la religion ou la société lui apportent une constante inspiration, étonnant paradoxe où il se réinvente sans cesse en explorant les mêmes thèmes.

Artiste rare à tous les sens du terme, Leonard, insondable dandy à la silhouette élégamment vêtue de sombre expose les griffures et les illogismes de Mr Cohen, ténébreux ou taquin, lyrique ou narquois, monacal ou jouisseur, baroque parfois, singulier toujours, poète prodige et chanteur haut de gamme. Depuis 1968 et la sortie de son album « Songs of Leonard Cohen », le « Canadien errant », influence sans égale et figure fondatrice du folk comme de la pop music, est idolâtré par plusieurs générations, fascinant par la pureté de ses textes et l’excellence de ses musiques.

« Suzanne », « Sisters of Mercy », « First We Take Manhattan », entre autres standards, symbolisent parfaitement l’œuvre d’un auteur qui, écrivain autant que troubadour, a su faire de la chanson un art majeur. Derrière cette création en continuelle modulation malgré les années, ainsi qu’en témoigne son dernier album « Old Ideas », se cache un esprit libre et contestataire, nourri de mille croyances et mille deuils. Incarnation de la tradition poétique la plus riche, l’insaisissable Leonard Cohen, à l’instar de son éternel alter ego Bob Dylan, brosse la peinture d’une société en mouvement dont il anticipe de manière quasi prophétique chacune des évolutions.

De l’île grecque d’Hydra au monastère zen de Mount Baldy, de son Canada natal à la vieille Europe, la vie de Leonard Cohen est jonchée de renoncements et de succès, de fulgurances et d’humanité, de perpétuels questionnements sur lesquels plane une charismatique dimension spirituelle. C’est donc l’itinéraire d’un artiste essentiel que retrace ce livre, histoire dont la luxuriance et le mystère ont, en plus de quarante années, changé le visage de la chanson mondiale. »

Avant-propos par Thierry Séchan

C’était le 3 mai 1968. J’étais sur le boulevard Saint-Michel, où je venais d’acheter chez Paul Beuscher (la boutique a aujourd’hui disparu, comme tant de boutiques de vie) le premier 45 tours de Leonard Cohen qui contenait deux titres sublimes : « Suzanne » et « So long Marianne ». Après mon acquisition, je décidai de pousser jusqu’à la Sorbonne, occupée depuis le matin même par mes camarades révolutionnaires (on ne disait pas encore « gauchistes »). Arrivé rue des Écoles, je fus surpris de découvrir un escadron de CRS.

Nous étions une centaine d’étudiants, massés devant l’entrée à côté de la statue de Montaigne, lorsque nous vîmes pénétrer des dizaines de flics dans notre université. Du jamais vu depuis Villon ! Aussitôt, nous entreprîmes de dépaver le Boulevard Saint-Michel pour y dresser des barricades.
Sur un livre de photos consacré à mai 1968, présenté par Philippe Labro et intitulé « les barricades de mai », on me voit courbé devant un arbre, aidant un camarade à arracher la grille de ma main gauche et avec sous mon bras droit un livre et mon précieux 45 tours de Leonard Cohen !

Bien des années plus tard, lorsque je racontais l’anecdote à mon favorite singer, il eut un beau sourire attendri. En janvier 1978, je partis pour Hydra avec trois amis. Il faisait doux sur l’île du Péloponnèse. La seule fille de notre groupe prétendait connaître un peu le maître. J’avais quelques doutes à ce sujet.

Pourtant, peu après notre arrivée sur l’île, je vis arriver sur le port Leonard Cohen, marchant de son pas serein. Il alla s’asseoir à côté de mon amie et ils engagèrent la conversation. Je trépignais. J’aurais tant voulu être présenté à mon idole ! À un moment, profitant d’un silence, je me fis remarquer par une réflexion aussi stupide que provocante : « Quelle belle journée pour se pendre ! » lançais-je à la cantonade. Leonard se tourna vers moi, me dévisagea longuement, puis il lâcha : « Just do it. »
La glace était rompue, mais d’étrange façon.

Durant les quelques jours que nous passâmes à Hydra – l’île de Suzanne et de Marianne –, nous rencontrâmes quotidiennement le grand artiste. Le soir, nous buvions de la vodka ensemble dans l’unique bar américain de l’île. Nous devînmes assez complices. Le dernier soir, passablement ivre, j’offris à Leonard une montre Mickey à gousset, achetée sans doute dans quelque Disneyland. « For your son », dis-je au poète. Il l’accepta avec une certaine émotion.

Le lendemain matin, nous étions sur le port, attendant notre hydroglisseur soviétique pour Athènes, lorsque l’artiste apparut. Il venait gentiment nous tenir compagnie. Nous parlâmes de choses et d’autres. Dans la conversation, je glissais que je regretterais les macarons d’Hydra, une spécialité de l’île. Peu après, Cohen se levait et s’éloignait vers les boutiques du front de mer. Dix minutes plus tard, il revenait vers nous et me tendait un énorme paquet de mes biscuits préférés. Je suis sans doute la seule personne au monde à qui Leonard Cohen ait offert un paquet de macarons !

Les années passèrent. L’artiste vint à Paris pour y chanter à Pleyel. Il descendit à l’Hôtel, un petit hôtel de luxe de la rue des Beaux-Arts. C’est là que s’éteignit Mistinguett, mais aussi le grand Oscar Wilde qui (selon la légende), avant d’expirer et songeant à sa note impayée, aurait murmuré : « Je meurs comme j’ai vécu, au-dessus de mes moyens. »

Le hasard fit que le concierge de l’Hôtel était un de mes vieux amis, Olivier, lui aussi rencontré en Grèce, mais à Pathmos. Il reçut chaleureusement
Mr Cohen et ne put s’empêcher de lui glisser : « Je crois que nous avons un ami commun, Thierry Séchan. » Comme l’artiste semblait perplexe quant à l’évocation de mon nom, Olivier précisa : « Oui, vous vous êtes rencontrés à Hydra, je crois même qu’il vous a donné une montre Mickey pour votre fils. » Leonard eut son bon sourire, puis il écarta un pan de sa veste et sortit ladite montre de sa poche à gousset. « Ah ! Celle-là ? » fit-il, mi-ému, mi-amusé. Il l’avait gardée pour lui !

Depuis, je n’ai cessé d’aimer Leonard Cohen, un homme qui eut pu devenir mon ami, et qui reste, avec le regretté Étienne Roda-Gil, mon seul maître en chanson. C’est l’itinéraire de cet artiste et de cet homme hors du commun que le présent ouvrage de mon ami Stéphane Loisy et d’Alain-Guy Aknin retrace avec sensibilité, précision et intelligence.

Couverture, informations et description fournis par Stéphane Loisy. Merci à Thierry Séchan.

Plus sur les auteurs:
Alain-Guy Aknin : biographe officiel de Etienne Roda-Gil, auteur de plus d’une quinzaine d’ouvrages consacrés à la chanson et journaliste de formation
Stéphane Loisy : Avocat, Directeur de Collection et auteur de 5 ouvrages consacrés à la chanson et au spectacle.

Paru sur : http://leonardcohensite.com/index2.php

http://www.leonardcohensite.com/bio.htm

A lire sur ce blog : https://tarotpsychologique.wordpress.com/2012/04/25/leonard-cohen/

 

47 réflexions sur “Leonard Cohen, Le gagnant magnifique

      • Ben oui, tu as raison, j’ai cessé de l’écouter…lui et les autres, à cause d’un tas de trucs… puis la vie passe…. puis mon mari joue du piano tous les jours, et tous les soirs, alors je n’écoute plus de musique pour ne pas le déranger, j’écoute, ou plutôt j’entends mon mari, à force c’est devenu un bruit de fond, alors qu’il joue très bien du piano !
        Bonne fin de journée – bises – Lili

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    • Nulle honte, MicheLLe, vu l’heure de ton commentaire…
      J’opte pour le trouble et je le comprends. Je viens de recevoir le livre, un peu déçue car il n’a que 180 pages mais je n’ai qu’une hâte, m’y plonger au plus vite.
      Je me permets de t’embrasser, émue par ta venue.

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    • Merci pour cette merveilleuse surprise d’être passée déposer ce commentaire. Tous ces passages sont un grand événements et des souvenirs inoubliables. J’ai aussi le DVD de son concert londonien… un peu usé, à force de le regarder 😀
      Oui, un très grand Monsieur car bien qu’il soit une légende vivante il est si humble, si humain, si proche.
      Heureuse de ton commentaire MicheLLe.

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  1. Toujours un plaisir de visiter ton joli blog et d’entendre ce si talentueux artiste. Il n’interprète pas seulement avec sa voix, mais avec son âme. Ça vient de loin et ça touche inévitablement – pour ceux qui y sont sensibles – les fibres de notre être. Merci chère Elisabeth pour le partage de ces superbes et profondes sonorités.
    Douce soirée et bisous du ღ

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    • Chère Alissa,
      Alors la, tu as donné la définition exacte de la raison pour laquelle Leonard Cohen nous touche tant :  » Il n’interprète pas seulement avec sa voix, mais avec son âme. Ça vient de loin et ça touche inévitablement ». Il vit pour sa musique et pour sa poésie, il le dit d’ailleurs dans First We Take Manhattan;  » Ah remember me, I used to live for music »
      Je dis souvent qu’il parle tout simplement à mon âme.
      Merci à toi, d’écrire ce que je sens depuis toujours et que je ne dis qu’aux personnes qui puissent comprendre.
      Tu en fais partie avec ta merveilleuse sensibilité.
      Je suis si heureuse de ton passage et de ce commentaire et je t’embrasse du fond du cœur aussi…

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  2. Thierry Sechan est le frère de Renaud, le célèbre interprête de « casse-toi tu pues, et marche à l’ombre ». Quant aux Editions Didier Carpentier, je ne sais vraiment pas qu’en penser… Ma chanson préférée de Leonard Cohen est interprétée par un taré notoire, désolé :

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  3. Pingback: à écouter… Léonard Cohen – I’m your man… « Je veux être heureux. J'agis.

  4. C’est un homme que je considère comme puissant dans plusieurs termes du mot. Il a une façon inégalé de ressortir en mots les émotions…

    De son habit gris-noir, de ce sombre tissu classe, il nous livre des interprétations que j’aime beaucoup emplies d’émoi des plus profondes sur certaines chansons.

    J’aime cette synchronicité entre nous aujourd’hui sur le même auteur. Merci de m’avoir mentionnée c’est avec intérêt que j’ai accourus ici.

    Amitiés,
    Marie

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    • A chacun ses goûts, Juliette et ils ne se discutent pas. Mais Leonard Cohen est une telle légende, que toutes les générations s’y retrouvent.
      Tu as choisi la première version, très belle mais depuis, sa voix a gagné en profondeur et en richesse et je le trouve bien plus émouvant à présent.

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  5. Moi aussi, j’adore Léonard Cohen. Sa voix grave, mélancolique me transporte. J’aime en particulier « In My Secret Life », « Suzanne », « Hallelujah », « A Thousand Kisses Deep », « I’m Your Man ». Je devrais mettre une de ces vidéos également sur mon blog… J’ai bien publié « Hallelujah », mais chanté par Jeff Buckley. J’adore cette version également. Merci à Sorcière d’avoir partagé « Dance me to the end of love »

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    • Alors, bienvenue au club, chère Yveline. Je ne fais pas ma liste, elle serait bien trop longue 😀
      Mais j’adhère à ce que tu dis, sa voix me transporte…
      Partage, toi aussi, je serai curieuse de voir la chanson que tu auras choisie. Bien que je trouve que le terme de chanson n’est pas du tout approprié, c’est tellement, tellement plus que cela…
      Merci pour ton passage

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  6. Quel plaisir vous me faites avec cet article…Quelle joie cette parution…je suis une fan inconditionnel de Mr .Cohen …!!! La musique est une passion pour moi…de tout les genres …et Léonard Cohen est certainement l’un de mes favoris…

    J’adore sa voix…ces texte et son aura …l’originalité de ses compositions et sa profondeur….pour moi il reste un ténébreux rebel…et il chante l’amour comme personne…en fait..il aborde tout d’une façon si..unique…surprenante…

    Je l’ai découvert avec « Dance me to the end of love » et depuis j’ai découvert ses oeuvres plus anciennes comme ces nouvelles et j’aime tellement…

    Juste pour le plaisir..je laisse ici une version live de « Dance me to the end of love « …;-)

    Je me précipiterai assurément sur ce bouquin !!!

    Merci de ce doux moment…

    Amitié
    Sorcière

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    • Chère Sorcière,
      Si heureuse d’avoir trouvé une autre fan de Leonard, le seul, l’unique, l’irremplaçable. Sa musique m’accompagne depuis ma jeunesse et bien que je verse plutôt dans la classique ou la sacrée, il ne se passe pas un jour sans que je l’écoute.
      Comme vous dites, il possède une telle profondeur, il chante la vie, la mort, l’amour, les désillusions et surtout une éternelle quête du sens de la vie et de Dieu, de sa « voix d’or », comme il le dit lui-même.
      Âme tourmentée qui a trouvé un certain apaisement dans ses longues retraites dans un monastère zen.
      Bon, j’arrête là, sinon je pourrais continuer à l’infini…
      Merci pour votre façon de parler de lui, si juste, ainsi que pour cette vidéo, l’une de mes favorites.
      J’attends aussi impatiemment l’arrivé du livre, déjà commandé.
      Merci de partager cette passion, je me sens encore plus proche de vous.
      Toutes mes amitiés…

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