Cheminer vers l’autonomie créatrice

Par Marie-France et Emmanuel Ballet de Coquereaumont psychopraticiens d’inspiration jungienne, spécialistes reconnus de l’enfant intérieur, créateurs en 1990 des groupes et de la Méthode Cœur d’enfant® (www.coeurdenfant.fr) et auteurs de  S’ouvrir à son cœur d’enfant  (Préface de John Bradshaw, Seuil, 2005) et de Réveillez vos ressources intérieures
(Albin Michel, 2009)

En l’espace d’une trentaine d’année, la démarche psychologique qui consiste à contacter et à exprimer son intériorité a connu une évolution fulgurante. Aujourd’hui, les approches de psychothérapie et de développement personnel n’ont jamais été si nombreuses et si variées. Elles sont le signe d’une modernité de la psychologie avec tout ce que cela sous-entend de richesses mais aussi d’écueils.

En tant que professionnels de l’accompagnement psychothérapeutique depuis vingt ans, spécialisés dans la thérapie par l’enfant intérieur, nous mesurons chaque jour les enjeux auxquels chacun doit faire face pour ne pas se perdre dans la confusion, la surconsommation et l’accélération du temps qui caractérisent notre époque. Ces nouvelles formes de refoulement collectif rappellent plus que jamais l’importance de cheminer vers sa vérité intérieure pour devenir un être plus autonome et plus créatif.

La lente histoire du retour à Soi

En 1979, l’ouvrage fondamental d’Alice Miller  Le drame de l’enfant doué  a profondément bouleversé la perception du vécu réel en encourageant chacun à donner la parole à l’enfant qui vit en lui. Cette démarche a été l’un des aboutissements majeurs d’une lente évolution de l’humanité pour sortir du tunnel de l’oubli.

Pour chacun, l’histoire de sa propre enfance plonge ses racines dans l’inconscient collectif qu’il convient d’éclairer. La psycho-histoire a largement montré comment l’évolution des civilisations dépend directement de la façon dont elles traitent les enfants.

Lloyd deMause a décrit les différents phénomènes de contrôle des enfants de l’Antiquité à nos jours. De l’infanticide aux châtiments corporels, c’est la non-reconnaissance des besoins fondamentaux et des pouvoirs créatifs de l’enfant qui reste la principale cause de la maltraitance et de la violence dans nos sociétés.

A partir des années 60, un nouveau modèle de soin aux enfants voit le jour. En France, on oublie parfois combien le travail de Françoise Dolto a participé largement à ces prises de conscience. Au contact des enfants, elle a su reconnaître leur incroyable « génie naturel ». C’est toujours ce même constat qui inspire de nouvelles approches éducatives plus respectueuses de l’enfant et de son développement. Mais le chemin est encore long.

Lorsque Alice Miller a initié cette quête de la vérité intérieure, c’est à dire des vrais besoins et sentiments ressentis dans l’enfance et dans l’adolescence, elle a balisé les fondements essentiels d’une voie originale d’accomplissement de Soi qui connaît aujourd’hui un succès grandissant.

Une notion révolutionnaire : l’enfant intérieur

En vingt ans de pratique, nous avons perçu un changement profond de la perception de l’enfant en soi. Dans les années 90, le célèbre psychothérapeute américain John Bradshaw apportait une contribution majeure en imposant la notion d’enfant intérieur. De notre côté, nous commencions très modestement à proposer ce processus en nous heurtant à beaucoup d’incompréhension. Il semble qu’alors, dans la patrie de Descartes, cette notion paraissait soit superficielle, soit régressive.

Aujourd’hui la thérapie qui consiste à se réconcilier avec son enfant intérieur et à devenir son propre parent de manière fonctionnelle occupe une place de choix. De nombreuses personnes expriment le même constat : « Je ressens profondément que m’occuper de cet enfant en moi est la clef de mon épanouissement ».

Certaines ont peur de cette rencontre, la plus touchante et la plus profonde qui soit, et mettent parfois des années à franchir le pas. Nous les rassurons : « Votre enfant est là, au cœur de votre être. Il se languit de vous et vous aime ».

L’enfant intérieur est l’être authentique en soi. Il permet de communiquer avec son essence spirituelle qui est au-delà de toute atteinte extérieure. L’enfant intérieur est une métaphore puissante évoquant non pas un Soi extérieur à soi-même mais des dimensions vécues et ressenties dans notre enfance. Chacun est capable de retrouver une connexion avec des ressources engrangées dans l’incroyable expérience de son enfance.

L’enfant possède un esprit absorbant et rayonnant qui enregistre toutes les informations (de son environnement physique, émotionnel, psychique et psychogénéalogique) naturellement, instantanément et sans effort sous le seuil de la conscience. Certaines données ou expériences le blessent profondément et réduisent son formidable potentiel.

Devenir un bon parent pour soi est une manière d’apprendre à s’occuper de l’enfant triste et blessé en soi et de laisser s’exprimer l’enfant joyeux et créatif en soi. C’est un contact vivifiant et unifiant avec son intériorité.

Aujourd’hui de nombreux travaux neuroscientifiques viennent confirmer l’importance et l’efficacité du travail sur l’enfant en soi. La métaphore de l’enfant intérieur est une image de l’hémisphère droit du cerveau dont le fonctionnement est émotionnel, intuitif, symbolique, imaginatif et hors du temps.

Il concentre de nombreuses caractéristiques du potentiel de l’enfance. A l’image de notre cerveau (avec ses deux hémisphères distincts), l’être humain n’est pas constitué d’un seul moi psychique mais de deux : l’un adulte, l’autre enfantin.

On a longtemps cru que l’enfance n’était qu’une phase du développement vers l’âge adulte or il n’en est rien. L’âge adulte et l’enfance sont deux formes de vie différentes qui coexistent ; ce sont des entités à part entière qui exercent l’une sur l’autre une influence réciproque.

La thérapie par l’enfant intérieur permet de mieux expérimenter cette réalité psychique et d’unifier en soi deux fonctionnements complémentaires. Un adulte coupé de l’enfant en lui est triste, blasé, solennel et hyperactif ; un enfant sans l’adulte ne peut ni guérir, ni concrétiser ses aspirations profondes.

L’accomplissement passe par cette réconciliation de l’adulte et de l’enfant en soi. Un jour, un journaliste demanda à Albert Einstein d’où venait son génie. Il répondit : « J’ai conservé la faculté de voir les choses comme un enfant ».

Tout plutôt que la vérité


Pour autant le cheminement vers l’enfant en soi est entravé par la sur-adaptation à l’environnement familial, social et culturel. Il est essentiel d’être vigilant à certaines nouvelles formes de refoulement qui perpétuent subtilement la coupure d’avec soi. L’une d’elles est l’accélération vertigineuse de notre époque qui touche le rythme de la vie elle-même.

Nombre de personnes engagées sur un chemin de conscientisation et d’intériorisation, augmentent le nombre d’épisodes vécus. Elles multiplient les stages et les techniques dans un temps restreint en pensant avancer plus rapidement. Comme l’offre s’amplifie, elles expérimentent tout azimut.

Elles consomment du développement personnel ou de la thérapie comme n’importe quel autre produit. Leur compulsion d’accélération est liée à l’accélération technologique et sociale. Comme elles ressentent une raréfaction du temps, elles courent toujours plus vite. Notre pratique nous démontre que ce phénomène s’est largement amplifié en 20 ans.

Sans s’en rendre compte, ces personnes fuient leur vérité intérieure et confirment les mots du psychanalyste Nicolas Abraham : « On refoule l’Enfant comme on respire ».

Cheminer vers une plus grande autonomie créatrice

Se réconcilier avec son enfant intérieur est une invitation au retour à soi et permet
d’échapper à la fuite du temps. C’est un voyage qui libère partiellement des limites de son corps et de son esprit.

Être à l’écoute de son intériorité revient à accepter d’entrer dans un autre temps non linéaire,
le « Grand Temps », celui du symbole et du sacré. Les nombreuses expériences de nos stagiaires nous ont appris que l’épanouissement personnel n’est pas tracé d’avance et échappe à la perception consciente.

Le moi adulte est rarement capable de percevoir la vérité intérieure tant le mental (l’hémisphère gauche du cerveau) interprète, compartimente et affadit les élans créatifs du cœur d’enfant. Chacun peut être rempli à la fois de joie et de crainte à l’idée d’exprimer et d’assumer cette étincelle du divin en soi. Il semble parfois plus simple et rassurant de rester fidèle à des choix et à une vision de la vie mystifiés.

Il y a pourtant une limite à la vitesse et au stress que l’homme peut supporter dans sa fuite de lui-même. Développer son autonomie créatrice est un cheminement vers ce qui est juste
pour soi : la juste vitesse, le juste rythme, la juste vie. Cette justesse de l’intériorité est à prendre au sens bouddhique de « qui demeure dans la vérité ».

Accéder à et prendre le parti de sa vérité intérieure est un acte d’autonomie et d’amour et, comme le soulignait Alice Miller, nous avons  tous besoin de vivre l’expérience de l’amour pour l’enfant en soi, sinon nous ne saurons jamais vraiment ce que signifie le mot aimer.

Paru dans  la revue Recto-Verseau Hors-Série n°215 de janvier 2011

A lire aussi dans ce blog : https://tarotpsychologique.wordpress.com/2012/11/07/se-reconcilier-avec-son-enfant-interieur/

https://tarotpsychologique.wordpress.com/2012/10/02/votre-enfant-interieur-detient-les-cles/

29 réflexions sur “Cheminer vers l’autonomie créatrice

  1. Chaque fois qu’on éprouve une émotion à laquelle on n’est pas habitué, il y a création d’une pensée qui va susciter une émotion différente. Une émotion face à laquelle on est tout neuf, tout jeune et naïf comme les petits enfants intérieurs qui grandissent……………C’est clair, il vaut mieux éprouver en nous le sentiment du merveilleux, de l’extraordinaire pour construire notre créativité avec les forces en provenance de l’Univers pour éviter le mouvement qui dirige l’homme vers le chaos du consumérisme ………………………Amicalement Bruno

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    • Désolé, Bruno votre commentaire est tombé dans les indésirables et ne s’affiche qu’à l’instant. Mystères de l’informatique…
      Je m’empresse de le valider, il est si beau et juste.
      Merci pour la richesse que vous apportez à ces articles.

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  2. Bonjour,
    le temps linéaire et le temps cyclique ne sont pas les seules notions à prendre en compte,
    il y a aussi ce temps que je décrirais en image comme des couches superposées sur un axe.
    Sur cet axe, ( le temps linéaire ? ), un mouvement spiralaire ( le temps cyclique ? ), mais aussi la simultanéité possible des couches enfilées comme un collier,, en sandwitch. Ce temps-là pour moi est celui des résonnances psychiques, de la vie émotionnelle, lorsqu’un évènement réveille « quelque chose » en nous. C’est ce temps-là qui nous permet de nous arrêter un instant, pour se poser. Il nous apprend la patience, il nous permet de mieux nous connaître, nous connaître et donc de nous aimer. Il est de l’ordre du « retour » mais aussi celui de la spontanéité , de l’émerveillement aussi. Pour moi c’est là que réside notre enfant intérieur, aimant, à aimer, parce que le mouvement d’amour vit ici librement, comme une respiration.
    Il permet aussi le recul nécessaire de la contemplation (c est à dire de l’observation, lla compréhension, l’intégration .. ) de ce qui est tout simplement devant nous.
    Ce temps-là vit en nous tous les jours, c’est à nous de le « ressentir », de le saisir et de l’apprivoiser. Un excellent moyen, à mon humble avis, pour nous relier à notre enfant intérieur.
    Cet article me donne confiance, confiance que oui nous sommes bien en « évolution », puisque les prises de conscience s’étendent, se … « démocratisent », pourrait-on dire. Cet article va à l’encontre de ce pessimisme ambiant, ces catastrophes qui nous entourent et qui s’imposent, la guerre, la mauvaise santé de la planète … Oui il y a tout ça. Mais il y a aussi ce mouvement en parallèle, porteur de capacités à se libérer, à apprivoiser, à canaliser. Nous sommes des jardiniers. Des jardiniers qui ne peuvent que s’émerveiller du jardin à entretenir et à embellir.
    Je poste ici pour compéter un lien qui me parait intéressant, en espérant que je n’ai pas été pour ce coup-ci, « hors sujet ».
    http://www.barbier-rd.nom.fr/journal/article.php3?id_article=148
    Oui, Françoise Dolto et Boris Cyrulnik sont des êtres exceptionnels, je peux en témoigner.
    Oui tout passe par la réconciliation avec nos géniteurs ( je préfère ce mot à « parents biologiques » parce que pour moi un parent est un éducateur aimant, ce qui n’est pas le cas de tous les géniteurs. je suis de père inconnu et ma mère …. no comment, je crois à la lecture des commentaires de l’article, que pour certain(e)s ici … ce n’est pas la peine d’en rajouter )
    Je t’embrasse bien fort Elisabeth,
    bien à vous tous.

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    • Bonsoir, Prunelles,
      Merci pour ton commentaire, si riche et foisonnant d’idées, qui malgré sa complexité apparente est un beaux et clair raisonnement, teinté de ressentis profonds. Si j’ai bien saisi les méandres de ta pensée, je nommerai cela « un temps intérieur », celui de la reliance, qui mène à notre Soi profond, en traversant toutes ces couches qui nous en séparent. Ainsi que tout un travail de conscientisation et d’apprivoisement, de ce qui se joue car, souvent, ce qui est là, juste devant nos yeux est le plus difficile à voir.
      Retrouver cet enfant en nous par ce long et patient parcours, pour que ses blessures soient cicatrisées et pour qu’il redécouvre sa joie, sa spontanéité et sa nature si aimante.
      Comme toi, je tente de ne pas me laisse influencer par ce pessimisme ambiant, la peur qui règne sur nos sociétés car les consciences se réveillent et, comme tu le dis, nous sommes : « Des jardiniers qui ne peuvent que s’émerveiller du jardin à entretenir et à embellir. »
      D’abord le nôtre, puis celui de la planète…
      Rassure toi, non seulement tu n’es pas « hors sujet » mais ton lien est passionnant et complète si bien l’article, ainsi que te réflexions.
      Et je t’admire pour ton acceptation car, malgré ton enfant intérieur si blessé, tu as la force de le guérir et te réconcilier avec tes géniteurs.
      Merci, ma douce d’avoir bien voulu livrer le fruit de tes réflexions, elles pourraient faire à elles seules un bel article.
      Tendresses vers toi.

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  3. re-moi, et voilà une autre observation que j’ai voulu reprendre :
    «  »Ils ont fait au mieux car, souvent, ils étaient dans une souffrance de leurs propres blessures. »
    Tu abordes les parents, les miens en l’occurrence et le pardon.
    Pour ma mère, oui et encore…
    Pour mon père, non Elisabeth, je ne peux pas, même si j’ai scindé en moi le personnage bon du personnage mauvais. L’être abject qu’il était, pervers etc….jamais je ne pourrais le côtoyer en imagination et lui dire je te pardonne, parce que tu ne savais pas ce que tu faisais. Je me la pose la question, oh ! que oui.
    Et la seule question me reste encore : pourquoi un homme, un père fait-il cela à un enfant ? une petite fille. Et j’ai le livre, je dois le lire et lorsque je l’ouvrirai, peut être aurais-je les réponses que je souhaite avoir, de manière rationnelle, je sais.

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  4. Je m’arrête bien entendu sur cet article si intéressant et qui vaut la peine de s’y arrêter comme tous les autres. Je n’ai guère été présente, je m’occupe de moi et essaie de sortir un peu plus, l’appareil photo sous la main, tu auras pu le constater 😉 Je ne t’oublie pas Elisabeth et j’espère que nous aurons bientôt une conversation rien qu’à nous deux. Ces échanges me manquent et depuis Sandy le cyclone, je me suis fait beaucoup de soucis pour toi et ta famille. Je sais que tu es fort occupée et pour le moment je m’occupe de ma santé, de mes dents, etc…. En riant des grands travaux de rénovation mdr !!!
    Tu as écrit ceci dans cet article :
    « Un adulte coupé de l’enfant en lui est triste, blasé, solennel et hyperactif »
    Par rapport à mon vécu personnel, je pourrais te dire que je rentre absolument pas dans ce qui est décrit dans les mots. Après deux thérapies assez longues et dont tu en connais pas mal de choses, j’ai effectivement été confrontée à entendre parler de cet enfant intérieur et d’essayer de bien m’en occuper comme un parent. Pfff !! Moi à l’époque, pas du tout comprendre cette notion pour moi-même. Non pas que cela soit du charabia, mais aucune sensation de cet enfant. Etre parent pour moi-même ? Qu’est ce que c’est que cette histoire ? Je raisonne, et lui comprend, mais le reste ne comprend pas. Il y a une telle dissociation entre la compréhension pour moi-même de me sentir parent de moi ? Là je ne comprenais pas. J’ai encore du mal, mais au vu de ce que j’entreprends actuellement, je me dis que le parent que je suis commence à s’occuper de moi. S’agit-il de l’enfant que je suis ? Celui-là n’a jamais disparu bien au contraire. Et c’est dans ces grandes distorsions de pensées et d’approche de cette compréhension que tout se mélange et qu’il est bien difficile, vu qu’il s’agit d’un sujet totalement personnel pour chaque personne, de pouvoir aborder avec discernement toute cette notion.
    Comme me disait ma psy aujourd’hui décédée, j’avais miraculeusement garder cette âme d’enfant, ce pouvoir d’émerveillement, et je t’assure que je soigne ce côté de ma personnalité qui pour moi est source de création. Je suis devenue adulte, j’ai beaucoup oublié de mon enfance, certes. Pas les grands évènements bouleversants, mais tous les détails. Je n’ai jamais été triste, ni blasée, ni hyperactive. Non. Je suis restée moi et je ne me retrouve pas dans ces mots là. Mais comme dirait Cyrulnik, et d’autres, j’ai eu la chance de pouvoir rebondir, et aussi d’avoir énormément d’énergie, et de continuer à en avoir. J’ai longtemps cherché et réfléchi à cette phrase, « être un bon parent pour l’enfant intérieur », qui m’avait été dite aux environs de mes 35 ans. Je n’en ai pas fait une affaire d’état, et j’ai continué la route tout droit. Et ce n’est que maintenant que je commence à comprendre ce que cela veut dire. Et je dirais pour prendre la défense des personnes qui ne savent pas, ou ne comprennent pas, c’est parce que nous nous occupons nous les femmes de tellement de chose, la maison, le mari, les enfants, et surtout le travail. A survivre si la vie se fait seule de manière monoparentale. Alors les pensées de ce genre sont mises de côté, nous agissons dans l’urgence du présent. Pas le temps, pas le temps. Un tel leitmotiv.
    Et puis s’occuper de soi, c’est prendre conscience que je suis, que j’existe. Exister, voilà un autre verbe qui demanderait tout une page à approfondir. Je sais je suis longue et j’espère que tu m’excuseras ainsi que les autres participant(e)s à cet article, c’est habituel chez moi, je peux pas faire court, je manque de concision. Tant pis.
    Comment s’occuper de l’enfant qui est en soi si je n’ai pas l’impression d’exister en tant qu’adulte ? Et voilà un autre choc entre comme tu l’expliques si bien les deux « entités », cela devient extraterrestre lol….. 🙂
    Et dire que je n’ai écrit que le tiers du quart de la moitié, pas facile d’écrire cela en mots, c’est plus facile oralement.
    Pour la deuxième phrase que tu as écrites dans ton article, je la mets séparément.

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    • Chère Geneviève, je sais que tu as toujours été présente par la pensée et cela m’a beaucoup touché. Je connais d’ailleurs les soucis dans lesquels tu te débats quotidiennement et je t’ai toujours conseillé de t’occuper de toi, avant de penser aux autres.
      Ce n’est pas de l’égoïsme, comme je le répète souvent, tout amour véritable commence par soi et tu ne peux donner véritablement que si tu es « remplie » toi-même.
      Que tu ne te retrouves pas dans cette définition est normal, rien n’est gravé dans le marbre, c’est juste un énoncé qui ne correspond pas à tous.
      Mais à travers ta vie et ton parcours thérapeutique tu as tout de même rencontré à plusieurs reprises cette notion de l’enfant intérieur.
      Et comme tu le dis, il faut parfois du temps avant de la comprendre véritablement, non pas seulement par le mental mais à travers les émotions profondes. Oui, la vie que tu as eu ne t’avait pas permise de t’occuper de toi, tes enfants passaient en premier.
      Ensuite il y a cette question d’identité, si difficile, je l’ai abordée à travers les Lames du Tarot, surtout celles du Bateleur, de la Roue de Fortune et de l’Arcane sans Nom car ce sont les principales Lames qui nous confrontent avec cette question essentielle : « qui suis je ? »
      Et paradoxalement, si tu n’éprouves pas ce sentiment d’être véritablement, commencer par l’enfant pourrait être bénéfique.
      Tu le fais d’ailleurs inconsciemment, à travers ton expression artistique ou l’écriture car elles te permettent de conscientiser ce qui se passe en toi. Et te faire aider est une excellente chose car ton passé est si chargé, qu’il est difficile de le transcender sans une aide professionnelle.
      Quand l’enfance a été trop difficile, nous l’occultons souvent et comme je l’ai déjà écrit dans un autre commentaire, ce ne sont pas les faits réels qui comptent mais les ressentis que nous en avons gardés.
      Et l’enfant peut être tellement blessé qu’il ne se montrera pas.
      C’est un long travail, que de l’apprivoiser, tel le renard du Petit Prince.
      Il y a plusieurs visualisations très efficaces où tu descends dans ta « grotte profonde » et tu appelles la petite Geneviève. Comme je l’ai dit, elle peut se montrer qu’au bout d’un temps qui paraît long mais si tu persévères, elle sortira…
      Et tu verras son âge et son état qui peut être triste, effrayé, perdu. Alors tu y vas doucement, tu lui parles, tu la rassures, tu lui dis des mots d’amour, lui donnes un sentiment de sécurité et de protection qu’elle n’a jamais eu.
      Si cela t’intéresse, j’en décrirai d’autres.
      Ne t’excuse pas d’être longue, ceux qui s’y retrouveront te liront. Moi, je te remercie pour ce témoignage beau et sincère.

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    • Toujours l’œil du photographe, Orepuk 😀
      Quand tu regardes la photo, as tu vraiment l’impression qu’ils sont malheureux ? Ils rient, insouciants, comme tous les enfants épanouis de la terre. Certes, dans notre culture occidentale il est difficile d’admettre que l’on puisse « enfermer » les enfants si jeunes dans les monastères mais je t’assure que leur temps de jeu est préservé et que la sagesse ne rime pas avec la tristesse.
      Les moines adultes jouent aussi, chaque jour et ils sont tous souriants, contrairement aux visages sévères de nos prêtres.
      Le Dalaï Lama garde son sourire bienveillant, même dans les situations les plus difficiles et ses yeux sont aussi ceux d’un petit garçon espiègle.
      Les petits moines ont une enfance différente mais je ne crois pas qu’elle soit vraiment traumatisante.

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      • Elisabeth, je suis tout à fait d’accord avec toi. J’ai vécu des années dans le sud-est asiatique et j’ai visité beaucoup de temples bouddhistes. Effectivement, les enfants méditent et prient, mais ils jouent aussi. J’aimerais ajouter que les monastères sont souvent une solution à la pauvreté endémique de certaines régions. Les enfants reçoivent non seulement à manger, mais aussi une éducation.

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  5. Un long travail…je me suis retrouvée et j’ai commencer à m’aimer..et donc à aimer les autres…j’ai fait ce travail pour comprendre et aider une de mes filles en grande souffrance il y a quelques années..suite au décès de son papa qu’elle avait idéalisé ..elle était si jeune alors et qui a découvert que ce n’était pas vraiment cela à l’adolescence…

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    • Merci MicheLLe, oui c’est un long travail que tu as entrepris pour aider ta fille mais qui c’est révélé bénéfique pour tous.
      Tu l’as si bien compris en écrivant : « je me suis retrouvée et j’ai commencer à m’aimer..et donc à aimer les autres ».
      C’est cela le plus beau, que quand nous commençons le travail sur nous, celui-la rejaillit sur ceux qui nous entourent.
      Et quand nous nous aimons, nous permettons aux autres de mieux s’aimer aussi.
      J’espère que ta fille va mieux à présent et je te remercie pour ce beau témoignage.

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  6. Coucou Élisabeth,
    Comment vas-tu?
    Tes travaux sont terminés?
    On se voit un de ces jours?

    J’ai parcouru l’article en diagonale (j’avoue) mais je vais y revenir car cette notion d’enfant intérieur dont on entend parler depuis des années me paraissait très abstraite (je comprends un petit peu mieux). J’avais beaucoup de mal à l’appréhender, me demandant ce que c’était encore que cette connerie. Le ciel s’éclaircit.

    Je ne sais pas si je réussirai à me connecter à cet enfant intérieur, en admettant que je reconnaisse son existence mais depuis quelques semaines j’essaie de me souvenir de moi et de ma vie enfant, j’essaie de comprendre pourquoi et comment j’ai gardé de vagues souvenirs et des sensations positives ou négatives. Je ne sais pas si c’est normal mais plus ça va, moins je me souviens, tout devient abstrait alors qu’il y a quelques années j’avais plein de détails très clairs bien encrés dans la tête.
    Parallèlement, j’ai l’impression de ne pas être adulte, d’avoir quinze ou seize ans, dans le sens où je « rêve » encore, parfois, j’ai l’impression de ne pas me comporter selon mon âge, je suis hyper sensible, comme si je ne parvenais pas à m’endurcir, comme si la moindre petite chose imprévue ou désagréable était signe de fin du monde.A côté de ça un rien peu très bien m’amuser ou me faire plaisir.

    As-tu cherché et trouvé ton enfant intérieur?

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    • Bonsoir Miss Ayo,
      Quelle joie de te revoir ici ! Les travaux, toute une histoire, les plus longs que je n’ai jamais connu 😀
      Cette notion de l’enfant intérieur peut effectivement paraître abstraite et inutile, tant que nous n’entreprenons pas un véritable travail sur nous.
      Et là, toutes les écoles s’accordent à dire que c’est un passage inévitable. A commencer par Freud et surtout Young, en passant par la merveilleuse Françoise Dolto, dès l’avènement de la thérapie moderne, celle-ci s’est toujours penchée sur l’enfance.
      Et si cette approche est de plus en plus populaire, c’est qu’elle donne des véritables résultats.
      Je ne vais pas te refaire le résumé de ces articles (il y en a trois), plus ceux de Boris Cyrulnik et les autres, tu liras si tu as envie, aucune obligation 😀
      Donc, si tu reconnais son existence, ce ne sont pas tant les souvenirs réels qui comptent, d’autant que tu commences à les oublier mais plutôt les ressentis et les émotions qui reviennent. Souvent, quand l’enfance a été trop dure, nous occultons tous les souvenirs, pour nous protéger de la souffrance et il n’est pas forcement bénéfique de revivre les traumatismes pour les évacuer.
      Justement, ces thérapies nouvelles sont faites pour que tout se passe en douceur, dans une ambiance de sécurité et de protection.
      J’espère bien que tu rêves encore, être vraiment un adulte accompli, c’est justement, garder son âme d’enfant, comme le disait Albert Einstein, sa capacité de s’émerveiller, de jouer de manifester sa spontanéité, tout en accomplissant notre rôle d’adulte car les éternels adolescents (le fameux syndrome de Peter Pan) ce n’est pas l’idéal non plus 😀
      Trouver un équilibre, comme la voie juste en toute chose.
      Le terme « s’endurcir » me semble peu approprié car il implique la notion de l’indifférence, je parlerai plutôt de l’acceptation de ta sensibilité, de l’art de te protéger et faire en sorte que tout en la gardant, tu ne te laisses pas trop affecter. Cela aussi c’est tout un travail d’apprendre à te sentir en sécurité à l’intérieur de toi.
      Oui, je travaille depuis des années sur mon enfant intérieur, comme il a été trop blessé, cela a pris du temps mais ma petite fille est aimée, aimante et émerveillée à présent.
      Ce que je souhaite de tout cœur à la tienne.
      Bisous et à bientôt….

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    • Merci à toi, Annick, j’aime beaucoup ton commentaire qui inclue en plus la notion du pardon à nos parents biologiques.
      Ne plus leur en vouloir, même s’ils nous ont fait souffrir, c’est sortir du rôle de victime et prendre sa vie en main.
      Ils ont fait au mieux car, souvent, ils étaient dans une souffrance de leurs propres blessures.
      Excellent week-end à toi et merci pour les merveilles que j’irai voir sur ton blog…

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