Guy Corneau : Crois ou meurs

osiris 3

Je mangeais chez des amis musulmans dernièrement. La religion est venue sur le tapis tout naturellement. Je leur ai demandé si le fait de vivre dans un monde chrétien où on leur souhaite Joyeux Noël à l’approche des Fêtes les irritait. « Pas le moins du monde, me dirent-ils en chœur. Noël est devenu une fête essentiellement commerciale.

Elle n’a pratiquement plus de connotation religieuse. C’est un peu comme la journée de l’Action de Grâce (Thanksgivings) aux États-Unis qui a pris une énorme place parce qu’aucune religion ne peut se l’approprier. » Surpris de leur réponse, je m’informai de leur pratique religieuse. « Nous ne sommes pas très pratiquants, dirent-ils. Nous buvons de l’alcool, mais nous ne mangeons pas de porc. Et nous jeûnons pendant le Ramadan. »

Ce point m’a beaucoup intéressé. Ils m’ont expliqué que le jeûne physique finissait par provoquer également une épuration psychologique qu’ils appréciaient beaucoup. Cela m’a fait penser à mes amis juifs qui ne pratiquent plus mais qui respectent encore les grands passages comme le Yom Kippour, le jour du Pardon où l’on jeûne pendant 25 heures.

J’en vins à me demander comment il se faisait que ces religions aient pu distiller leur esprit à l’intérieur des cœurs au point où même des gens qui n’y adhèrent plus continuent à en célébrer les grands passages. D’enfance chrétienne, il ne me viendrait pas à l’idée de jeûner pendant le carême ou d’entreprendre une épuration intérieure pendant le temps de l’Avent qui prépare la naissance de Jésus.

Comment se faisait-il que j’avais jeté le bébé avec l’eau du bain ? En rompant avec le christianisme de mon enfance, j’avais aussi rompu avec son esprit. En me débarrassant des formes extérieures, j’avais aussi rejeté la sagesse de cette religion. J’allais encore à la Messe de Minuit avec ma mère et je donnais de l’argent pour la guignolée des pauvres, mais c’était à peu près tout ce qui restait.

Que s’était-il passé pour que je juge que toutes les propositions de la religion qui avait bercé mon enfance étaient caduques ? J’avais réagi aux abus de pouvoir des prêtres pour sûr. Le fait qu’ils ne respectaient pas les règles qu’eux-mêmes nous imposaient m’avait dégoûté, notamment sur le plan sexuel. Mais il y avait autre chose.

Je me mis à penser aux religions antiques. Ce sont toutes des religions « symboliques ». Je m’explique. Il ne serait pas venu à l’esprit des Égyptiens de penser que le mythe d’Isis et Osiris qui a généré des cultes pendant plus de 3 000 ans fasse état d’une histoire réelle. De même, les Grecs ne pensaient pas que les dieux de l’Olympe existaient bel et bien dans la réalité. Il en est allé tout autrement avec les Chrétiens.

Le christianisme a franchi un pas important en imposant la réalité du Christ et tous les détails
de sa vie comme véridiques et historiques. Ainsi, on est vite passé à une sorte de « Crois ou meurs ! », même s’il fallait croire des choses incroyables.

Triptyque passion

La virginité de Marie, par exemple. Avec nos connaissances actuelles, on a peine à adhérer à l’histoire d’une femme engendrant un enfant tout en conservant sa virginité. C’est pourtant ce que le dogme nous propose comme irréfutable. S’il vous est impossible de penser de la sorte, vous risquez l’excommunication. Il y a pire, le fait que vous deviez y croire réellement évacue pour ainsi dire la force du symbole.

N’est-il pas plus intéressant de penser que, quels que soient les écueils rencontrés, une partie de nous reste toujours vierge et peut toujours engendrer une nouvelle lumière, une nouvelle inspiration, à même de nous sauver ? La même chose vaut pour la crucifixion. Symboliquement, la scène reflète parfaitement combien chacun de nous est déchiré entre ses passions égocentriques et le goût d’aller vers le bien. Mais si vous devez croire à l’histoire elle-même et qu’un jour on finit par prouver que Jésus n’est pas mort sur la croix, le symbole sera évacué du même coup.

Le christianisme a trouvé sa force en imposant sa réalité historique jusque par l’épée. Mais à mesure que les connaissances s’agrandissaient, le dogme a perdu sa force de persuasion. Le fait est que la naissance de Jésus a lieu au moment du solstice et qu’elle se calque ainsi sur les grandes fêtes païennes. L’humanité a toujours célébré l’arrivée de la nouvelle lumière et, à bien y penser, c’est sans doute à cela que nous devrions tenir, extérieurement et intérieurement.

http://www.toslog.com/guycorneau/accueil

A lire aussi dans ce blog : https://tarotpsychologique.wordpress.com/2012/01/31/guy-corneau/

https://tarotpsychologique.wordpress.com/2012/08/29/guy-corneau-la-meduse-et-le-cancer/

https://tarotpsychologique.wordpress.com/2012/08/31/guy-corneau-la-saveur-de-la-vie/

https://tarotpsychologique.wordpress.com/2012/09/04/guy-corneau-la-loi-dattraction/

34 réflexions sur “Guy Corneau : Crois ou meurs

  1. Bonjour, voici qui me rappelle une part de mon enfance quand j’étais invité chez des copains marocains de mon age. Les parfums, l’athmosphère et la gentillesse de cette famille. Je voyageais à chaque fois que j’y allais et, de plus, on pouvait manger avec les doigts (yesss !). Merci Elisabeth.

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  2. Chère Elisabeth,
    Je me permets d’utiliser ton blog pour partager avec toi et les personnes qui sont en contact avec toi une informaion précieuse.J’ai le bonheur de savoir( je ne suis peut-être pas la seule ici) que le 21 Décembre prochain, une grande énergie sera « déversée » sur la planète, une énergie « supra consciente ». Cette grande nouvelle vient de Sri Tathata et je le sais de part l’intermédiaire de ma professeur de yoga qui se trouve avec lui en Inde en ce moment.
    Cette énergie nouvelle est déjà présente depuis quelques jours. Le 21 sera très important pour la reçevoir en conscience.Et cela coincide évidemment avec le solstice d’hiver. Ce solstice sera particulier . Il fera émerger ou cristalisera donc une nouvelle conscience en l’humanité. Sri Tathata dit qu’il faut se connecter à ce moment avec la nature et prier de toutes ces forces pour un vrai renouveau. Toutes les formes de prières sont les bienvenues car toutes positives.
    Si tu veux, je te fera parvenir l’intégralité du message de Sri Tathata.
    Amitiés.

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  3. Comme tu dis Elizabeth, il est grand temps de nous (surtt nous du sud) libérer de tous les dogmes, appendre à trouver Dieu en nous.
    Déjà en occident, vous en êtes déjà à un stade très avancé. Ailleurs, on s’enfonce dedans depuis 2001 et au lieu d’appeler un chat un chat, l’occident se limite à parler politiquement correcte.

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  4. comme souvent ce texte me parle, car je m’y reconnais dans le rejet du dogme religion..;ce n’est que très récemment que je me suis ouverte aux symboles véhiculées par les religions, et à force de chercher j’ai trouvé comme toi qu’il y a une certaine unité dans la célébration de la lumière….cela m’amène à penser qu’aujourd’hui il est temps de dépasser les dogmes pour faire célébrer cette lumière là ou elle se trouve : à l’intérieur de nous-même….là ou les religieux ne nous ont jamais dit qu’il fallait chercher…celui qui découvre sa lumière, reprend son pouvoir personnel, et cela change beaucoup de choses…

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    • Chère Sandra,
      Merci pour ce beau et pertinent commentaire, oui, je crois qu’il est grand temps de nous libérer de tous les dogmes, appendre à trouver Dieu en nous et ne garder que le message initial de chaque religion qui est toujours le même : l’Amour, dans son sens le plus large.
      A ce propos, une belle légende que tu connais peut-être.

      Une vieille légende hindoue raconte qu’il y eût un temps où tous les hommes étaient des dieux. Mais ils abusèrent tellement de leur divinité que Brahma décida de leur ôter le pouvoir divin et de le cacher à un endroit où il leur serait impossible de le retrouver. Le grand problème fut donc de lui trouver une cachette.
      Lorsque les dieux furent convoqués à un conseil pour résoudre ce problème, ils proposèrent ceci: « Enterrons la divinité de l’homme dans la terre. »
      Mais Brahma répondit: « Non, cela ne suffit pas, car l’homme creusera et la trouvera. »
      Alors les dieux dirent: « Dans ce cas, jetons la divinité dans le plus profond des océans. »
      Mais Brahma répondit à nouveau: « Non, car tôt ou tard, l’homme explorera les profondeurs de tous les océans, et il est certain qu’un jour, il la trouvera et la remontera à la surface. »
      Déconcertés, les dieux proposèrent: « Il ne reste plus que le ciel, oui, cachons la divinité de l’homme sur la Lune. »
      Mais, Brahma répondit encore: « Non, un jour, l’homme parcourra le ciel, ira sur la Lune et la trouvera. »
      Les dieux conclurent: « Nous ne savons pas où la cacher car il ne semble pas exister sur terre ou dans la mer d’endroit que l’homme ne puisse atteindre un jour. »
      Alors Brahma dit: « Voici ce que nous ferons de la divinité de l’homme: nous la cacherons au plus profond de lui-même, car c’est le seul endroit où il ne pensera jamais à chercher. »
      Depuis ce temps-là, conclut la légende, l’homme a fait le tour de la terre, il a exploré, escaladé, plongé et creusé, exploré la lune et le ciel à la recherche de quelque chose qui se trouve en lui.

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  5. Hello Elisabeth,
    J’ai dû relire le texte à plusieurs reprises avant d’en comprendre la portée. Et oui, parfois on est au ralenti 😀
    Cela étant dit, si le sens des mots de Guy Corneau est qu’il faut s’attacher davantage à la spiritualité qu’aux rites ou dogmes d’une quelconque religion, alors j’adhère à son point de vue. Si, je n’ai pas « pigé » toutes les subtilités, je compte sur toi et sur tous les autres commentaires pour m’éclairer.

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    • Chère Yveline,
      Tu as très bien « pigé », même au ralenti tu es assez fine pour en saisir les subtilités 😀
      Je comprends l’article dans ce sens, la foi nous est personnelle et peu importe la forme, c’est le fond qui compte.
      Cette diversité d’interprétation se dessine déjà à travers les commentaires et c’est très beau car chacun exprime son point de vue et ils se complètent dans leur diversité.

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  6. coucou Eliza,

    Que je voulais te dire, tu n’as même pas à te demander, les/mes photos sont faites pour ça, se servir 🙂
    Gros bisous – Il pleut …. encore une fois ! Faisait pas si moche ce matin !
    Belle fin de journée – Lili

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    • Merci, chère Lili, tu es si généreuse. Tes photos sont toujours une source d’émerveillement et de joie, je conseille vivement à tous d’aller les admirer sur ton blog.
      Pour ce matin, je ne sais pas, je dormais 😀
      Belle soirée à toi, bisous…

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  7. Ce constat que Noël est devenu une fête commerciale me rends triste depuis plusieurs années déjà. C’est terrible et exténuant cette course aux cadeaux. Nous « avons » bien assez de choses comme çà alors que des gens sont dans la misère la plus totale. Ca parait tellement incongru. Et ces repas gargantuesques quand on sait qu’il y a la faim dans le monde…
    Noël, le vrai, est tellement plus magique et recèle tant de symboles! Le sapin, qui reste vert en hiver, représente la partie de nous qui ne moeurt pas. Les boules qu’on y accroche sont les planètes. Les guirlandes sont le fil de la conscience qui chemine et les relie les unes aux autres et remonte en spirale jusqu’à son sommet ou scintille l’étoile de la connaissance.
    Quand je l’ai appris, ça, je l’ai gardé en moi comme un trésor.
    Certains contes de Noël sont les plus beaux cadeaux qu’on peut offrir à nos enfants, surtout si nous leur lisons nous-même et que nous y croyons.
    Je pense aussi comme Guy Corneau que peut importe la forme religieuse, elle n’est que le véhicule, le moyen employé au service de la connaissance, du Divin.

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    • Chère Myriam, ton commentaire me va droit au cœur, tellement je suis d’accord avec tout ce que tu dis.
      Cet oubli total de toute la symbolique de Noël, juste la course aux cadeaux et la nourriture jusqu’à l’écœurement.
      Il m’est arrivé de jeûner en cette période…
      Merci pour ta description de la symbolique du sapin, elle est juste et magnifique et c’est un trésor, dont peu de gens ont conscience.
      Les contes de Noël, si beaux me font aussi penser aux chants magnifiques, que j’écoute et chante avec émotion et joie.
      C’est aussi une période propice à l’introspection : renter dans sa « grotte intérieure », pour préparer la naissance du Divin Enfant en nous.
      Moi non plus, je ne crois plus aux religions, la Foi, c’est une question qui se joue entre nous et la Source.

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      • Très beau ce que tu dis et je te rejoins là dessus … j’ai souvent envie d’aller m’enfermer dans une grotte, Noël ne me fait pas envie plus que cela, reste la joie et l’excitation des enfants qui sont une source émerveillement fabuleuse … et puis pas envie de me « battre  » avec mon entourage pour leur exposer mon point de vue … d’autres choses sont plus importantes pour moi pour l’instant … alors j’intériorise …

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        • Oui, Élodie, le temps est à l’intériorisation et la préparation de notre propre « naissance ».
          Bien sûr, pour les enfants, l’ambiance de Noël devrait rester magique, quant à ceux qui ne comprennent pas la véritable symbolique, laissons les faire, comme ils le désirent.
          Ce n’est pas toujours évident avec la famille mais ce que nous ressentons au fond du cœur nous appartient.

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  8. Totalement d’accord avec cet article. Le dogme c’est une chose, le Divin une autre.
    La Foi qui s’impose par l’épée ne saurait être pérenne. Même si les coutumes religieuses perdurent dans nos pratiques et, preuve de leur création purement humaine, gardent l’empreinte de rites originels qui eux, venaient de la Nature.

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    • Tu as parfaitement raison, Marie-Hélène, de tout temps, l’Homme a recherché un « plus grand que nous » et les religions ont souvent intégré les rites païens, pour se faire accepter et assoir leur pouvoir.
      Mais le Divin, ainsi que la véritable Foi ne le laissent jamais enfermer dans un carcan.

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  9. Bonjour Elisabeth !

    Je voulais faire un commentaire et finalement, en lisant la fin de ton article, je me suis ravisé !! Et finalement, c’est bien un commentaire que j’écris !
    Et en même temps, cela me fait penser à mes histoires d’égocentrisme. Va savoir…

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