Le passage à la Nouvelle Année

Douze coups de minuit, un chiffre qui glisse, une nouvelle année qui commence. Rien ne change. Et pourtant, tout change…

Il est vrai que rien ne changera en une nuit. Nos soucis comme nos joies demeurent, nos questionnements également. Mais ce passage à l’an neuf est pourtant hautement symbolique.

L’être humain a besoin de rythme et d’alternance pour exister. L’alternance entre le jour et la nuit est fondamentale. Ces repères que sont les jours, les semaines, les mois, une année qui se termine, une autre qui débute, sont autant de balises dans le temps. Elles nous donnent l’illusion d’avoir une prise sur notre existence.

horloge

Ce passage à une nouvelle année nous inscrit également dans une dimension universelle.
Car il concerne l’humanité toute entière. Le religieux n’entre pas en ligne de compte dans cet évènement.

La temporalité de l’univers est la même pour tous. Cela nous renvoie à une certaine forme d’humilité, puisque nous ne sommes qu’un individu, mais aussi à un sentiment d’appartenance très fort, appartenance à une communauté des habitants de la terre.

Le 31 décembre agit comme un puissant repère dans le temps. Il nous donne envie de prendre de nouvelles et bonnes  résolutions, nous fournit l’occasion de nous dire : avant je n’étais pas celui-ci, à partir du 1er janvier, je serais différent. Ce changement de calendrier nous permet de maîtriser le temps, de décider d’un avant et d’un après.

Qui dit bonnes résolutions dit aussi bilan. Inhérent à toute fin d’année mais pas forcément conscient ou verbalisé. Cela peut juste s’exprimer par le désir de s’accorder des moments de réflexion, ne plus avoir envie d’être ce que l’on est, ne plus avoir envie de faire ce que l’on fait.  C’est une façon de faire le point avec soi et de s’ouvrir au changement. Le rituel des bonnes résolutions offre la possibilité de mettre ces manques et ces envies en mots.

Commencer une nouvelle année, c’est aussi une envie de regarder devant soi.  La transition d’une année à l’autre génère un regain d’énergie. Car nous sommes tous soumis au temps qui avance et qui nous mène inéluctablement vers la mort. Mais l’aube du 1er janvier nous conduit vers une autre vie. Comme si nous vivions une forme de renaissance. Nous avons tous besoin de tourner des pages, de fermer des tiroirs, de décréter que certaines choses sont passées ou mortes. Une nouvelle année répond à ces exigences et nous offre une espérance de vie. Démarrer une nouvelle année, c’est s’offrir un peu d’éternité.

Un peu d’histoire

Le Nouvel An commence le 1er janvier, le premier jour de l’année selon le calendrier grégorien.
Il correspond au solstice d’hiver pour l’hémisphère nord. La tradition du Nouvel An est très ancienne, les premières traces des origines de cette fête remontent à Babylone environ 2000 ans avant Jésus-Christ. Les babyloniens organisaient une fête en l’honneur du dieu Mardouk qui protégeait les récoltes. Cette fête se déroulait au printemps.

temple egypteDans  l’Égypte antique, la fête la nouvelle année était célébrée à l’arrivée annuelle de la crue du Nil. Celle-ci étant due aux pluies, ayant lieu loin en amont dans les hauts plateaux, sa date était entièrement tributaire de phénomènes météorologiques. Cependant, elle intervenait généralement à la même période.

Le Jour de l’an était également l’occasion de faire des offrandes aux défunts et aux dieux, surtout à , dont le jour de naissance était censé correspondre au Jour de l’an. Une procession de vases remplis de « l’eau nouvelle » du Nil se déroulait depuis le fleuve jusqu’aux temples où on procédaient à des rites d’illuminations, et au renouvellement de leur consécration aux dieux.

Les Romains marquaient le Nouvel An d’une manière semblable à la nôtre, mais ils le fêtaient  en mars car ils considéraient que le début de l’année se situe au printemps, au moment du renouveau de la nature.

La nouvelle année a toujours été un événement important à Rome. C’était un jour de fête publique. Les gens passaient la journée à jouer, manger et boire.

Les Romains dédiaient ce jour à Janus, le Dieu des portes et des commencements : celui-ci avait deux faces, l’une tournée vers l’avant, l’autre vers l’arrière.

La coutume s’est ensuite répandue dans le vaste Empire romain.

JanusCe n’est pourtant qu’en – 46 avant J.C. que Jules César introduit le calendrier moderne et fait du 1er janvier le début officiel de l’année.

L’Europe médiévale, cependant, préférait célébrer la Nouvelle Année à des dates ayant une signification religieuse, y compris Noël.

En 1582, le pape Grégoire XIII a remplacé le calendrier julien par le calendrier grégorien, corrigeant les incohérences mathématiques. La plupart des pays catholiques ont alors adopté ce calendrier et son premier janvier, mais les pays protestants ne s’y sont mis que progressivement.

Du calendrier julien…

Le calendrier julien, mis en place sous le règne de Jules César, en 46 avant notre ère, est l’ancêtre direct de notre calendrier actuel. Il s’agissait d’un calendrier solaire permettant de ramener les saisons aux mêmes dates chaque année. Celle-ci comptait 365 jours, sauf les années bissextiles qui en avaient 366.

Une année bissextile comprend un 29 février. Ce système n’était cependant pas parfait, dans la mesure où le temps écoulé entre 2 passages consécutifs du soleil par le point équinoxial de printemps est en réalité de 365,2422 jours. Le décalage opéré par cette erreur ne se fit sentir que longtemps après (7,5 jours pour 1000 ans).

…au calendrier grégorien et autres

La nécessité de réformer ce calendrier devint cependant urgente sous le pontificat de Grégoire XIII, car la date de Pâques, qui avait été fixée au dimanche suivant le 14ème jour de la lune de printemps paraissait de moins en moins annoncer le printemps. Le calendrier grégorien fut donc promulgué en 1582 à Rome, puis adopté progressivement dans toute la chrétienté. Imaginons ce que ressentit la population de Rome lorsque, pour rattraper 10 jours de retard sur le soleil, on passa sans transition du jeudi 4 octobre 1582 au vendredi 15 octobre !

A l’heure actuelle, c’est ce calendrier qui a été adopté par la plupart de pays du monde, même si nombreux sont ceux, qui gardent en parallèle un autre système qui leur est propre. Ainsi, il existe des calendriers lunaires (fondés sur le cours de la lune) ou luni-solaires (fondés à la fois sur le cycle annuel du soleil et sur le cours de la lune), comme le calendrier chinois, musulman ou hébraïque…

Dans l’Est de l’Europe (en Russie par exemple), les églises orthodoxes utilisent toujours le calendrier julien, ce qui fait qu’on fête Noël et le Nouvel An avec un décalage actuel de 13 jours par rapport à la France.

orthodoxe

Ainsi, le Nouvel An orthodoxe, tombe le 14 Janvier, tandis que le Nouvel An chinois, déterminé en fonction de la position de la lune, peut tomber n’importe quel jour entre le 21 janvier
et le 20 février. Cette année, ce sera le 10 février.

Roch Hachana est une fête juive célébrant la nouvelle année civile du calendrier hébreu. Appelée « jour de la sonnerie » ou « du souvenir de la sonnerie » dans la Bible, elle est également considérée dans la tradition rabbinique comme le jour du jugement de l’humanité, inaugurant ainsi une période de dix jours de pénitence, dans l’attente du grand pardon accordé aux repentants à Yom Kippour.

Elle est fêtée les deux premiers jours du mois de tishri, qui ont lieu, selon les années, en septembre ou en octobre dans le calendrier grégorien.

Le rite principal de cette fête solennelle est la sonnerie du chofar, corne de bélier, dans laquelle on souffle sur différents rythmes, pour inviter l’assemblée au repentir et à l’introspection.

Les étrennes

Cette période est souvent l’occasion de donner des étrennes et pour certains, cette tradition vient de la Rome antique où on s’échangeait des pièces et des médailles à l’occasion du changement d’année. Cette coutume remonte à l’époque du règne du roi Tatius Sabinus, roi des Sabins, qui reçut un bois sacré de la déesse Strenia, en gage de bon augure pour l’année à venir.

Cet échange c’est généralisé à l’ensemble de Rome, mais peu à peu le bois de verveine a été remplacé par des pièces et des médailles. Ces présents étaient des échanges de bons présages pour l’année à venir et des gages d’amitié entre romains.

Les étrennes sont aussi les sommes d’argent que l’on donne aux employés de maison et aux personnels des services de ville et services publiques.

Les cartes de voeux

première cartede voeuxElles demeurent une tradition incontournable et leur origine remonterait aux Chinois. Leur apparition en Europe date en fait du Moyen-Âge. En fin ou début d’année les religieuses envoyaient un menu présent à leur famille en l’accompagnant d’une lettre de voeux peinte à la main.

Cette tradition a disparu au XVI ème siècle, pour revenir en force au XVIII ème. La première carte de voeux est anglaise. Elle a été dessinée par John Calcott Horsley en 1843. Cette carte lithographiée et coloriée à la main a été envoyée en 1000 exemplaires. Dès 1860 l’envoi des cartes de voeux c’est généralisé en rencontrant un franc succès.

Le gui et le houx

houx 2 Le gui et le houx, présents aux réveillons de Noël et du Nouvel An sont un héritage des traditions et croyances anciennes. Depuis toujours, le feuillage vert du gui et du houx leur confère des pouvoirs surnaturels. Pour les druides celtes le gui et le houx portaient bonheur. Nous avons gardé l’habitude de nous embrasser sous le gui, le soir du réveillon de la saint Sylvestre, en gage de bonheur sentimental et de mariage dans l’année pour les célibataires.

Mais le bonheur n’était pas le seul pouvoir positif du gui.
Pour les Celtes, il permettait aux femmes d’être fertiles, il protégeait du mauvais sort et garantissait des récoltes abondantes.

Un pont entre le passé et l’année à venir

Au réveillon de la Saint-Sylvestre, il est de coutume d’organiser l’attente de la nouvelle année dans l’abondance et dans la joie. Dans la tradition, plus les mets sont variés et riches plus le réveillon sera de bon augure pour l’année à venir. Généralement on le célèbre avec les amis, mais c’est aussi l’occasion de rencontrer de parfaits inconnus, l’essentiel étant le plaisir de la fête. Concerts de klaxons, farandoles de rue, embrassades et toute la nuit des « Bonne Année » qui fusent de toutes parts.

Ces débordements doivent s’accompagner de sons qui, selon les croyances anciennes auraient le don de faire fuir les mauvais esprits et les démons.

A minuit, des millions de gens dans le monde feront sauter les bouchons de champagne, les Français en s’embrassant, les Espagnols en avalant des raisins, tandis que, juchés sur un siège, les Danois sauteront à pieds joints dans la Nouvelle Année.

Toute l’année, nous sommes entravés par les contraintes sociales ou morales. Et puis voilà, que pour un soir, toutes les normes sont suspendues, jusqu’au lendemain où tout rentrera dans l’ordre.

Habitudes insolites ou des superstitions

Au Danemark, les gens grimpent sur des chaises et sautent à l’unisson à minuit tapant, pour faire fuir le mauvais sort. Les Danois jettent aussi des assiettes à la porte de leurs amis : plus il y a de débris, plus vous avez d’amis.

En Angleterre, après minuit, chacun ira chez ses amis avec sur lui du charbon (pour la chaleur) du sel (pour la nourriture) et une pièce de monnaie (pour la richesse).

Les Espagnols avalent douze grains de raisin, au rythme des douze coups de minuit pour être certains de passer une bonne année. Les douze grains symbolisent chaque mois de l’année.

Aux Philippines, les fêtards portent des vêtements à pois, censés porter chance. Dans certains pays d’Amérique du Sud, ce sont les sous-vêtements de couleurs vives qui conjurent le mauvais sort : ils seront rouges pour être heureux en amour et jaunes pour la réussite financière.

En Équateur et au Pérou, on promène des poupées de papier ou de chiffon dans les rues, en criant. Elles symbolisent l’année qui meurt et seront brûlées aux douze coups de minuit.

feu artficesAu Brésil, à Rio de Janeiro, la plage est illuminée par des milliers de lanternes, lumignons et bougies. Les Cariocas (habitants de Rio), tout de blanc vêtus vont porter des brassées de fleurs blanches en offrande à la déesse de la mer avant le feu d’artifice.

En Russie, pendant les 12 coups de minuit, on boit du champagne et ensuite, on ouvre la porte ou la fenêtre afin que le nouvel an entre dans la maison.

En Finlande, le Nouvel An est marqué par une curieuse pratique : on verse du plomb fondu dans de l’eau froide et, selon la forme prise par le métal refroidi, l’année sera bonne ou mauvaise.

Des nombreuses cultures préconisent que manger quelque chose en forme d’anneau apporterait la chance. En effet le cercle symbolise l’achèvement du cycle d’une année. 

Le sens du mot « réveillon »

Lorsque l’on parlait de réveillon autrefois, il s’agissait du repas de la nuit de Noël, pris au retour de la messe de minuit. Le mot « réveillon » » vient très probablement de l’impératif du verbe « réveiller », en allusion au fait que ce repas nocturne avait pour fonction de réveiller les convives afin de prolonger la soirée.

Quant à la soirée du Nouvel An, il n’était pas de coutume de prendre le repas après minuit. Néanmoins, par un glissement de langage, on prit l’habitude de désigner par ce terme le repas du Nouvel An aussi bien que celui de Noël.

Pourquoi la Saint-Sylvestre ?

Saint-Sylvestre fut le 33ème pape de l’Église, sous le règne de l’empereur Constantin, entre
314 et 335. Il n’est pas le seul saint à être fêté le 31 décembre, mais il est le plus célèbre et son nom est ainsi associé au dernier jour de l’année du calendrier grégorien.

Je vous souhaite à tous un excellent réveillon et un beau passage
à l’an 2013.

 

 

 

40 réflexions sur “Le passage à la Nouvelle Année

  1. Coucou ma chère Eliza,
    On espère à tort ou à raison, qu’une nouvelle année va améliorer notre croix…. je crois ??? !!!
    Des gros bisous – Bonne journée – Lili
    Fatiguée la lili, je me remets doucement à revisiter les blogs des uns et des autres 🙂

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    • Ma chère Lili,
      Je vois, que même fatiguée, tu ne perds pas ton sens de l’humour 😀
      Puisque l’année écoulée n’a pas été tendre avec toi, celle-ci ne peut être que meilleure.
      Ce que je te souhaite de tout cœur, ma douce.
      Magnifique Nouvelle Année et gros bisous…

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  2. Tous mes Vœux pour cette cette Nouvelle Année Élisabeth et que le meilleur l’emporte en tout 🙂

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    • A toi aussi, chère Marie-Hélène, mes meilleurs vœux pour cette Année Nouvelle.
      Je te remercie pour la fidélité à ce blog, pour tous tes commentaires, si pertinents, je viendrai sur le tien, pour y inscrire toute mon amitié.

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  3. J’aime bien cette idée de passage à la nouvelle année. C’est la temporalité même de l’action et de la volonté. Vouloir, c’est toujours vouloir un futur. Vouloir, c’est vouloir que le futur soit ce que nous attendons de lui…………Bonne et heureuse année Elisabeth……………….Amicalement Bruno

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    • Je me doutais bien, Bruno que l’idée du passage vous plairai bien car vous en avez certainement fait des nombreux…
      Et le futur sera aussi fonction de nos pensée et de nos actions.
      Je vous souhaite une Merveilleuse Nouvelle Année.

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  4. Toutes ces fêtes et ces rituels nous font prendre conscience que tout est cyclique, tous n’est que mort et renaissance en soi et au delà de soi.
    On vivrait bien la fête plusieurs fois pour être en communion avec tous le monde, non?

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  5. non seulement on a besoin de ce rythme, de ce rituel, mais en plus notre corps le réclame… et comme l’instinct ne se trompe pas, il le fait au printemps
    la saison de la (re)naissance, du renouveau, du neuf
    on devrait décaler l’an neuf au 21 mars…
    moi, j’dis ça…

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    • 😀 Oui, c’est fort logique ce que tu dis, Pooky. A moins que l’on ne considère, que la lumière éclaire cette période sombre et prépare la renaissance au printemps.
      Si tu lances la pétition pour le report de la date, je la signerai, sinon, il te faudrait une machine à voyager dans le temps pour retourner dans la Rome antique 😀

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    • Oui, effectivement, le réveillon a une très longue tradition, dont nous avons repris quelques rituels, sans connaître leur signification véritable.
      Excellente Année à toi, j’espère qu’elle t’apportera le meilleur, dont nous profiterons à travers tes magnifiques aquarelles.

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  6. C’est vrai, le religieux n’entre pas dans la célébration du passage à l’an neuf…et cela doit être pour cela que ce nouveau départ est fêté (même avec un décalage de date plus ou moins important en fonction des traditions) partout sur terre.
    Juste cette idée de cycle. De mouvement perpétuel. De mécanique universelle.
    Pour une fois que tout le monde est d’accord !
    Un très bel article Elisabeth, foisonnant une fois encore d’informations.
    Agréable fin d’année à toi également.

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    • Tu as raison, Marie-Hélène, pour une fois tout le monde est d’accord 😀
      Le passage à la Nouvelle Année nous évoque effectivement les cycles, les périodes qui reviennent régulièrement, afin de nous inciter à nous renouveler aussi.
      Merci et fais un beau passage toi aussi.

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