Le chat, un thérapeute au poil

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« Ronronthérapie »… Le nom fait sourire, et pourtant, c’est très sérieux. Le chat possède de véritables pouvoirs thérapeutiques : il nous apaise, nous déstresse, soigne nos insomnies et chasse nos idées noires!

Les soirs où je rentre stressée, sans aucune envie de communiquer avec des humains, je prends mon chat sur mes genoux et je lui raconte mes soucis, confie Zouhour, 48 ans, professionnelle du tourisme. Blotti contre moi, il me laisse parler sans me contredire, et son ronronnement régulier m’apaise. Quand je n’ai plus rien à dire, je me contente de le caresser en silence. Progressivement, j’accède à une sorte de béatitude inégalable. »

Plusieurs études récentes montrent que les gens qui vivent avec un chat jouissent d’une meilleure santé psychologique que ceux qui vivent sans (In Tout sur la psychologie du chat de Joël Dehasse – Odile Jacob, 2008). Tous les propriétaires constatent, jour après jour, le pouvoir de leur compagnon griffu, sans pour autant pouvoir l’expliquer.

Paradoxalement, c’est une ancienne « ennemie » des chats, la journaliste Véronique Aïache, qui lève en partie ce mystère avec un beau livre intitulé La Ronron Thérapie. « Disons que ces animaux me laissaient indifférente, rectifie-t-elle. Mais ma fille a tellement insisté que je me suis laissée convaincre, et Plume est entrée dans ma vie.

Je me suis surprise à me délecter de sa présence, et même à puiser dans ses ronronnements l’inspiration de mes écrits. Plume, 2 ans aujourd’hui, est devenue « l’âme de la maison », comme disait Cocteau. En fait, j’ai écrit ce livre parce que je ne trouvais rien, en dehors d’infos éparses sur Internet, qui me permette de comprendre comment un simple ronronnement peut se révéler si précieux pour le corps et l’esprit. »

Des ronronnements anti-jet lag

Sans Jean-Yves Gauchet, vétérinaire toulousain et véritable inventeur de la « ronron thérapie », le livre n’aurait jamais vu le jour. Cette « thérapie », il l’a découverte sans l’avoir cherchée. « Tout a commencé en avril 2002, se souvient-il. J’étais en quête d’informations pour Effervesciences, la petite revue scientifique que je dirige sur le Net. Je suis tombé sur une étude d’Animal Voice, une association de recherche qui étudie la communication animale.

Elle a repéré, statistiques à l’appui, qu’après des lésions ou des fractures, les chats ont cinq fois moins de séquelles que les chiens, et retrouvent la forme trois fois plus vite. D’où l’hypothèse d’une authentique action réparatrice du ronronnement : en émettant ce son, les chats résistent mieux aux situations dangereuses. » Car s’ils « vibrent » de bonheur en s’endormant, ils le font aussi quand ils souffrent et sont plongés dans des situations de stress intenses.

vieille dame chatJean Yves Gauchet publie aussitôt un article sur le sujet et propose à des volontaires de tester les pouvoirs du ronronnement grâce à un CD de trente minutes, Détendez-vous avec Rouky (Le CD Détendez-vous avec Rouky est disponible sur le site d’Eff ervesciences, 15 €)  – le chat Rouky existe vraiment, il s’agit en fait de l’un de ses « patients ». Les résultats sont parlants : les deux cent cinquante « cobayes » ont ressenti du bien-être, de la sérénité, une plus grande facilité à s’endormir.

D’un point de vue purement physique, ces sons sont des vibrations sonores étagées sur des basses fréquences de vingt-cinq à cinquante hertz. Ces mêmes fréquences qui sont utilisées par les kinés, les orthopédistes, et en médecine du sport pour réparer les os brisés, les muscles lésés et accélérer la cicatrisation. Les compositeurs de musiques de films utilisent aussi ces basses fréquences afin de susciter des émotions.

« Le ronronnement utilise le même chemin dans le cerveau, à travers le circuit hippocampe-amygdale, une structure étroitement liée au déclenchement de la peur, indique Jean-Yves Gauchet. Écouter ce doux bruit entraîne une production de sérotonine, » l’hormone du bonheur”, impliquée dans la qualité de notre sommeil et de notre humeur. » Le ronronnement « joue un peu le rôle de la madeleine de Proust, ajoute le praticien, sauf, bien sûr, si vous êtes encore traumatisé par ce chat qui vous a griffé au visage quand vous aviez 6 ans ».

Récemment, il s’est aperçu que ces vibrations aidaient à réduire le jetlag, la fatigue liée au décalage horaire. Au printemps 2009, il a conçu, en collaboration avec le géant américain de l’informatique Apple, une application destinée aux téléphones portables iPhone.

Le but : aider, après un voyage vers des rivages lointains, à récupérer le bon rythme plus rapidement grâce à une savante association de ronrons enregistrés, de conseils diététiques (notamment manger des noix), et la diffusion d’une lumière bleue générant la production de mélatonine.

Une éponge émotionnelle

garçon chatLe chat ronronne pour se guérir, mais ronronne-t-il aussi volontairement pour nous faire du bien ? Nous aimerions le croire. Violaine, 40 ans, pharmacienne, témoigne : « Ma psychanalyste avait un chat. Il restait sagement à sa place, sauf dans des moments très difficiles où il grimpait sur le divan à côté de moi. »

Cela dit, Joël Dehasse, vétérinaire à Bruxelles, est formel : un chat vibre essentiellement pour accroître son propre confort. S’il est champion pour nous débarrasser de nos énergies négatives, c’est aussi parce qu’il a vérifié qu’un humain serein est plus attentif et répond mieux à ses besoins.

Le chat est capable de repérer notre détresse instinctivement, grâce aux phéromones que nous émettons (chaque émotion a sa propre odeur). Rien de très altruiste, donc. Sauf allergie aux poils de chat, il n’y a que des avantages psychiques et physiques à vivre avec lui.

Véronique Aïache cite plusieurs expériences : « En 1982, Aaron Katcher, psychiatre américain, prouve en direct devant des caméras de télé que caresser un chat diminue l’anxiété, la tension artérielle, donc le risque d’infarctus. Dennis R. Ownby, responsable de la section allergologie et immunologie de l’université de Géorgie, aux États- Unis, conclut, au terme d’une étude de sept ans, qu’en étant quotidiennement au contact de chats, on s’expose à des molécules connues pour leur efficacité protectrice du système immunitaire. »

Mais, curieusement, si le chat possède des vertus antidépressives, il ne nous met pas de bonne humeur. « Il libère les humains de leurs énergies négatives, sans pour autant en apporter de positives, constate Joël Dehasse. Le bien-être ressenti est surtout lié à la disparition des humeurs sombres. »

Des caresses antistress

Le ronronnement n’est pas la seule « fonction » thérapeutique des chats. Certains ne ronronnent pas. Et certains maîtres sont incommodés par le « bourdonnement » trop bruyant de leur minet. « J’en ai eu une, Olympe, qui dormait avec moi et ronronnait fortement pendant son sommeil, avoue Madeleine, 60 ans, historienne. Or ce bruit censé m’apaiser m’énervait beaucoup. Il m’est arrivé de la caresser doucement pour que je puisse enfin m’endormir. »

Car le chat nous guérit aussi – et peut-être surtout – par les caresses que nous lui prodiguons, par les contacts physiques qui nous lient à lui. À travers eux, nous ressuscitons les premiers câlins avec notre mère. D’ailleurs, « plus nous avons manqué de tendresse dans l’enfance, plus nous avons tendance à nous tourner vers les animaux pour trouver auprès d’eux une complétude affective », affirme Isabelle Claude, équithérapeute, auteure du Cheval, miroir de nos émotions (Éditions DFR, 2007).

bar chat 4Les fameux bars à chats de Tokyo – il en existe sept –, où les Japonais viennent évacuer leur stress et se relaxer en compagnie de félins, remplissent cette fonction. Les matous jouent, vont, viennent. Les clients regardent, caressent. À l’entrée, un avertissement : « Interdiction de forcer un chat à être caressé. »

Pour la tranquillité de tous, les enfants sont interdits. « Une loi autorise les propriétaires d’immeubles à interdire les animaux domestiques, faute de place et par souci d’hygiène, explique encore Véronique Aïache dans son livre. Les bars à chats permettent de profiter d’eux sans en avoir les contraintes. »

Pour l’anecdote, citons l’histoire de ces deux clients qui ont fait connaissance en caressant le même chat et se sont mariés… « Ce n’est pas seulement parce qu’il rend des services – comme chasser les rongeurs – que l’homme a laissé le chat s’installer sur ses canapés, observe Jean-Yves Gauchet. Non, je crois que les félidés et les hominidés étaient faits pour se retrouver. C’est au-delà du rationnel, ça nous dépasse. »

La vérité est que, entre l’homme et le chat, c’est magique !

Isabelle Taubes pour le magasine Psychologie

http://www.effervesciences.com/s_sites/ronron/index.htm

43 réflexions sur “Le chat, un thérapeute au poil

  1. Bonsoir Eliza,

    J’ai eu un chat dans ma vie, et il fut un de mes grands amours dans ma vie ! Il me prenait souvent pour sa propriété, très possessif et moi, j’en étais ravie ! Aucune jaloiusie avec mes chiens de l’époque ! C’était leur CHAT qu’ils adoraient ! Le chat dormait lové contre moi toutes les nuits ! C’est lui qui s’est installé chez moi, je l’ai ramené d’Afrique du sud, quand j’en suis rentrée !
    Je n’ai jamais eu de chat à nouveau………………… !
    Et pour prendre 1 chien (Max, que tu connais en photo) il m’a fallu un deuil de 8 ans !
    Et toi as-tu des minous, des toutous, des oiseaux, des ????
    bonne fin de soirée et plein de bisous – Lili

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    • Je comprends, Lili que tu aies pu aimer ce chat à ce point et effectivement, souvent on se demande qui est le maître 😀
      C’est merveilleux qu’ils aient pu s’entendre si bien car ce n’est pas toujours le cas et cela t’a fait une grande famille animale…
      Le problème est que, comme ils vivent moins longtemps que nous, le deuil est long et difficile. Justement, j’avais un chat, que j’ai récupéré en bas de la résidence, il n’était pas encore sevré, alors je l’ai nourri au biberon. Je l’ai adoré, bien qu’il m’ait fait toutes les bêtises du monde 😀
      Et quand il est parti, j’ai eu, comme toi, trop de mal à m’en remettre, en plus je m’absentais souvent et je n’ai pas eu le courage de sauter le pas.
      Je le ferai peut-être car je les aime trop mais je me souviens encore de la peine que j’ai eu quand le canari de mon enfance est mort, cela remonte tout de même à des décennies…
      Belle semaine, Lili, gros bisous à toi et à Max, il est si beau sur la dernière photo.

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  2. Merci Elisabeth de te retrouver avec ce magnifique article je suis d’accord sur tout les points
    le chat est vraiment contagieux du coté tendresse et ses caresses , ses ronron appaise ,
    j’avais un chat Abiscinthe au yeux bleu et tout blanc quand je lui parlais de mon fils , disparu en mer je voyais dans ses yeux le refflet qui brillait comme si il communiquait avec Bruno , cela me soulagais car j’avais comme le sentiment que je m’adressais a lui ! va savoir ?
    Voila nous sommes de retour depuis cette APM content , mais fatigué 1 semaine trés active ,
    bon pas grave cette semaine repos , déja demain , lavage des combinaisons de ski , et le reste , puis rangement pour l’an prochain on y retourne au même endroit trés content des préstations et gentillesse , bonsoir mon amie passe un bon Dimanche !

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    • C’est une belle chose, Étoile que tu aies pu communiquer avec ton chat lors de ces moments si difficiles. Il a sûrement compris ta détresse et t’a aidé à sa façon, ne serait-ce que par sa présence.
      Ravie que vous ayez passé de belles vacances, cela t’a fait beaucoup de bien.
      Belle semaine de retour et porte toi au mieux.

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  3. J’adore les chats ….et j’aime beaucoup tes articles qui lui rendent hommage …
    J’en ai eu toute mon enfance …ma mère les aimait autant que nous ses filles …mon père…moins …
    mais il les supportait par affection pour nous …
    Plus tard, je me suis mariée, nous avons eu 3 garçons …et avons acheté un chien ( Teckel ) pour les enfants…Impossible d’avoir un chat ( à ma grande déception ) …un de mes jumeaux était allergique…J’ai eu beaucoup de peine quand nous avons été obligés de le faire euthanasier…
    J’y pense encore …

    Mais tes articles sur le chat…me donnent énormément le goût d’en avoir un….
    J’y réfléchis sérieusement …..( sourire )

    Bon weekend Elisabeth
    Tendresse

    Manouchka

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    • Merci, Manouchka, cela ne m’étonne pas que tu les adores, comme moi… parfois je me demande si les gens ne se divisent pas entre ceux qui les aiment et d’autres, qui les détestent presque. Rares sont les neutres…
      C’est si dommage que tu ne puisses pas en avoir un, puisque tu en as si envie. Peut-être… 😀
      Le gros problème est qu’ils partent toujours avant nous et le deuil est vraiment si difficile.
      Bon dimanche à toi et toute ma tendresse.

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  4. J’écris cet article avec…ma minette sur les genoux (elle est d’ailleurs en train de se faire les griffes sur mon pantalon, la coquine !).
    Je peux donc constater tous les jours ses qualités (et ses défauts).

    Elle est fine, élégante, discrète et vive à la fois, curieuse, attentive, câline…et tenace (quand elle veut quelque chose).

    Je connaissais l’histoire d’OSCAR et il me semble que cette histoire nous rappelle que la perception des chats n’est pas la nôtre : ils semblent bien avoir accès à « l’invisible » ou du moins une partie de l’invisible.
    Est-ce par leur vue, leur audition… ? Sans doute par tous leurs sens à la fois…
    Alors, oui, Oscar perçoit « quelque chose » qui annonce la fin de la vie…

    C’est à la fois très étonnant et pas tellement…si l’on peut concevoir cette « perception étendue »…

    Pour moi, les chats sont aussi un peu « télépathes »…:-)

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    • C’est leur « spécialité », quand ils sont contents, ils pétrissent nos cuisses toutes griffes dehors 😀
      Contente que tu abordes le sujet d’Oscar, qui est passé sous silence, à mon grand regret car je m’interroge beaucoup à ce sujet.
      Ton explication est très convaincante, ils doivent vraiment être munis de cette « perception étendue », qui non seulement leur permet de ressentir nos « états d’âme » mais aussi de nous y accompagner, jusqu’aux moments de fin de vie.
      En plus, Oscar le fait pour des personnes inconnues, alors, c’est d’autant plus étonnant.
      Comme toi, je crois qu’ils ont beaucoup de capacités « extraordinaires », la raison d’ailleurs, pour laquelle ils étaient vénérés, voire divinisés dans de nombreuses civilisations.
      Merci, Licorne.

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  5. À la campagne les chats comme les chiens ont une fonction bien précise, le chien monte la garde souvent attachée sa vie entière a la niche, ou s’ il va a la chasse il a un enclos de 5x5m pour resté musclé et ne sort que pendant deux mois a l’automne, le chat c’est pour chasser les souris, et puis ces indépendant pas besoin de s’en occuper, ont leurs donnent a manger une fois par jour;
    Le pouvoir thérapeutique c’est bien souvent de leur faire des misères.

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  6. Pingback: Le chat, un thérapeute au poil « Mélodie d'une vie

  7. Excellent article sur les bienfaits thérapeutique sur le chat. Beddy est âgé de 11ans 1/2 mon compagnon de voyage
    => http://i10.servimg.com/u/f10/10/05/64/64/beddy10.jpg
    Je ne savais pas que le ronronnement avait un effet thérapeutique , tous les soirs mon chat attend que je me couche pour se coucher à côté de moi. Très souvent il ronfle , mais ça ne me dérange pas ensuite il repart dans son petit coin favori au pied du lit ….

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  8. Des « bars à chat »… pour « porter la baraka » sans doute.
    Il en faudrait en France.
    Encore un extrait de choix et des illustrations agréables…
    Isabelle Taubes va devenir mon auteur préféré.

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    • J’aime beaucoup ta trouvaille : « porter la baraka » 😀
      Le phénomène s’étend, Véro, il y a déjà des bars à chats en Europe et bientôt en France, j’espère.
      De nombreuses personnes n’en ont pas chez elles, pour diverses raisons, alors aller jouer avec eux dans un endroit agréable est très tentant.
      Un peu de patience et nous en aurons aussi 😀
      Merci à toi et bon week-end

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    • Pas si sûre pour les sceptiques, Yveline, il me semble que les gens ont des opinions si tranchées sur cet animal, soit ils les adorent, soit ils les trouvent égoïstes et pas attachés à leurs maîtres, comme les chiens.
      Ici, il n’y a que les amoureux qui sont venus s’exprimer mais peu de commentaires sur leurs capacités extraordinaires, tu est la seule intriguée par Oscar 😀

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        • Je sais, Yveline, cette envie est si forte…
          Mais il nous faut admettre, qu’il y a des choses que nous ne comprendrons jamais… et tant mieux, peut-être, ainsi une part de mystère rend ce monde plus magique… et il suffit d’apprécier et de ressentir, comme tu le dis

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          • Baudelaire : Les Chats

            Les amoureux fervents et les savants austères
            Aiment également, dans leur mûre saison,
            Les chats puissants et doux, orgueil de la maison,
            Qui comme eux sont frileux et comme eux sédentaires.

            Amis de la science et de la volupté,
            Ils cherchent le silence et l’horreur des ténèbres ;
            L’Erèbe les eût pris pour ses coursiers funèbres,
            S’ils pouvaient au servage incliner leur fierté.

            Ils prennent en songeant les nobles attitudes
            Des grands sphinx allongés au fond des solitudes,
            Qui semblent s’endormir dans un rêve sans fin ;

            Leurs reins féconds sont pleins d’étincelles magiques
            Et des parcelles d’or, ainsi qu’un sable fin,
            Etoilent vaguement leurs prunelles mystiques.

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    • Oui, Flo, une boule de tendresse, avec des effets thérapeutiques en prime 😀
      Nous nous attachons tant à nos animaux car ils nous donnent tellement d’amour et effectivement, quand il partent, il est si difficile de s’en remettre…
      Beau week-end à toi.

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