L’amour : un sentiment basé sur la connaissance et l’acceptation des différences

Plus de 80 % des couples ne survivent pas à la lune de miel qui dure de deux à trois ans. Près de 50 % des couples mariés divorcent, dont la moitié au cours des cinq premières années. De 5 % en 1890, ce chiffre est donc passé à 50 % pour les couples mariés depuis 1970, et à 65 % pour ceux qui sont mariés depuis 1990.

Et ce taux ne cesse de s’accroître. Les problèmes de communication constituent l’un des principaux motifs de consultation en thérapie de couple. En plus des particularités qui fondent chaque sexe, de nombreuses différences participent de la complémentarité dans le couple. Les méconnaître, c’est être voué à passer à côté de son couple.

Yvon Dallaire, spécialiste des relations homme – femme, travaille depuis 30 ans sur la réalité du couple tel qu’il se vit au quotidien et aide les amants à sortir des images d’Épinal du couple idéal espéré qui mènent souvent au désastre.

Si votre couple bat de l’aile, si vous avez multiplié les échecs amoureux, si vous avez le sentiment que votre conjoint(e) s’éloigne, s’il (elle) ne communique pas assez, si vous avez l’impression de vous investir seul(e), bref si vous êtes déçu de l’évolution de votre couple, l’approche du psychologue Yvon Dallaire peut vous éclairer.

Elle repose sur deux principes : d’abord nous sommes à 100 % responsables de notre vie et de nos actes. Ensuite, nous possédons tous une intelligence émotionnelle à développer pour nous permettre de tenir compte de nos émotions propres, pour ne pas laisser nos émotions négatives prendre le dessus dans notre relation de couple. À partir de là, tout est possible.

Sortir du scénario passion, fusion, confusion, séparation

éléphants enlacés

Yvon Dallaire a établi, au fil de son expérience et de ses travaux, des paramètres qu’il a pu valider en de très nombreuses circonstances. En voici quelques-uns : Les couples malheureux croient en la toute-puissance de la communication et chacun est persuadé que le couple le rendra heureux. Ils cherchent à établir des consensus à tout prix.

Chacun remet en question la bonne foi et l’amour de l’autre. Ils sont fusionnels et recherchent l’intensité émotionnelle. Chacun cherche à se faire comprendre par l’autre et à rendre l’autre conforme à leurs attentes. Ils entretiennent beaucoup d’illusions sur le couple. Ils veulent souvent recommencer à zéro.

Les couples heureux, eux, préfèrent être heureux plutôt que d’avoir raison. Chacun exprime à l’autre plus de compliments que de reproches. Ils ne cherchent surtout pas à changer leur partenaire. Ils ont appris à désamorcer et à gérer les conflits insolubles. Ils savent que l’amour est l’objectif du couple. Ils étaient des célibataires heureux. Ils s’appuient sur le principe fondateur selon lequel chacun prend la responsabilité de son couple à 100 %.

Ces couples ont fait l’objet depuis une dizaine d’années de l’attention particulière de psychologues à la recherche des raisons du bonheur conjugal. Ces chercheurs n’ont pas trouvé de formule magique, mais ont mis en évidence un certain nombre de caractéristiques qui font défaut aux couples malheureux. Ils ont conclu que ce n’est pas la façon dont un couple s’aime, mais la façon dont un couple se dispute qui est le facteur déterminant de la réussite ou non d’un couple.

La plus grande illusion sur le couple est que le couple rend heureux

Quand on comprend que les règles de communication des hommes et des femmes ne sont pas les mêmes, on réalise alors pourquoi il est nécessaire que chacun fasse des efforts, et parfois de très gros efforts, pour apprendre et accepter le mode de communication de l’autre. Par exemple, le cerveau de l’homme est monotâche : il ne parvient pas à parler et réfléchir en même temps. Ce qui ne veut pas dire pour autant que sa femme doive parler à sa place, il déteste cela.

Pour attirer l’attention d’un homme au moment de s’adresser à lui, il est bon de le toucher. Ça le ramène ici et maintenant. Pour l’homme, être ou vivre avec une femme est la plus belle preuve d’amour. La femme, elle, a besoin de se l’entendre dire. Contrairement à l’homme, elle parle pour résoudre un problème, s’exprimer et solutionner vont de pair. La femme a besoin d’être regardée, sinon c’est comme si elle n’existait pas.

C’est pourquoi, on entend souvent les hommes reprocher aux femmes leurs critiques permanentes et leur insatisfaction (malgré tout ce que les hommes font pour elles !). Et c’est pourquoi on entend souvent les femmes se plaindre du fait que l’homme ne communique pas assez, qu’il est difficile de savoir à quoi il pense et encore plus difficile de savoir ce qu’il ressent.

En réalité, c’est l’interprétation des situations qui est cause de malentendu et non la situation elle-même. Prenons le cas d’un retard. Plutôt que d’utiliser le reproche, la tristesse ou la culpabilité, on peut aussi bien dire : j’ai eu le temps de finir mon roman en t’attendant.

Cela dit, cela n’enlève rien au fait que le retardataire est à 100 % responsable de son retard. Yvon Dallaire, avec tact, pédagogie et un brin d’humour, se propose d’expliquer aux femmes le mode de fonctionnement d’un homme, les concessions à faire pour en obtenir le maximum, les attentes masculines à respecter, leurs besoins conjugaux fondamentaux et beaucoup d’autres choses qu’il faut savoir afin de le garder à vie, si tel est leur objectif. Il fait de même pour les hommes en leur disant ce qu’il faut savoir, faire et cesser de faire pour être heureux avec une femme.

Plutôt que de vous demander ce que votre conjoint peut faire pour améliorer la situation, demandez-vous ce que VOUS pouvez faire

flaments roses

Pour former un couple qui dure, il faut deux personnes différenciées et autonomes qui se donnent des projets communs en vue d’un épanouissement mutuel. Seuls 15 à 20 % des couples y parviennent.

Yvon Dallaire est intarissable sur tous les sujets de préoccupation du couple, organisme vivant qui n’a presque plus de secrets pour lui. Par exemple : les six sources de conflits insolubles, les relations toxiques, les secrets de couples heureux, les mots d’amour (dites : je t’aime), le couple et le stress, les illusions sur la communication, la co-dépendance affective, l’illusion de l’âme sœur, la fonction paternelle, l’infidélité (l’avouer ou pas ?)…

L’infidélité n’a pas de prix, elle n’a que des conséquences. Radji Lanrey

Prenons l’infidélité. Il faut savoir que la vie en couple n’est apparue que quand l’être humain s’est sédentarisé, il y a 10 000 ans environ. Depuis trois millions d’années, l’humain avait vécu comme la plupart des animaux, en polygamie, s’accouplant au vu et au su de tous.

C’est seulement quand le lien entre relation sexuelle et grossesse fut établi que les humains commencèrent à exiger la fidélité pour préserver la transmission. La fidélité est donc une exigence assez récente dans notre Histoire. Le mariage en tant que tel ne fit son apparition qu’au XVe siècle, et l’amour comme raison de l’union il y a deux siècles à peine.

En mai 68 s’opère un bref retournement de situation : la liberté sexuelle est prônée et l’infidélité banalisée. Pourtant une infidélité n’est jamais banale et ses raisons peuvent être expliquées. Surtout, elle a des conséquences incontournables. Yvon Dallaire donne les moyens de la prévenir et nous rassure : on peut y survivre seul ou en couple.

Apprendre à vivre avec des désaccords permanents

Transformer les crises conjugales en possibilité de croissance pour chacun est possible. Le couple est un lieu qui permet de découvrir qui nous sommes réellement et qui est réellement la personne que nous voulons aimer. Yvon Dallaire, persuadé que le couple constitue toujours le meilleur style de vie pour se donner la chance d’un bonheur à long terme, se fend en quatre pour nous éclairer sur les voies à suivre pour y parvenir. N’oubliez pas, insiste-il : au début d’une relation, l’amour n’existe pas, parce qu’aimer nécessite de se connaître.

Raïssa Blankoff

27 réflexions sur “L’amour : un sentiment basé sur la connaissance et l’acceptation des différences

  1. Pingback: L’amour : un sentiment basé sur la connaissance et l’acceptation des différences | Tibou's power

  2. Super article, très intéressant ! Je suis une grosse angoissée en matière d’amour, je me torture toute seule en m’interrogeant, par périodes : « est-ce que je l’aime vraiment ? » ; « et si jamais un jour je me réveille et je ne l’aime plus ? »…et ça de façon obsessionnelle ! Et quand je n’angoisse pas sur mes sentiments, j’angoisse sur autre chose…!
    Bref, je digresse. En tout cas, je suis un peu étonnée de lire que la « lune de miel » dure de deux à trois ans, ça me paraît bien long ! En ce qui me concerne, ça a été le coup de foudre avec mon chéri, mais ce n’est que maintenant (1 an et demi après) que je m’aperçois combien il est plein de qualités et que je l’admire pour ça. Normalement, c’est l’inverse, non ? 😀
    Allez, bonne soirée douce Elisabeth 🙂

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    • Il est très touchant ton commentaire, Opale, bien que je me rende compte à quel point l’angoisse peut te miner. Disons qu’elle est signe d’une belle sensibilité et d’un esprit ouvert, et comme tu travailles sur toi, tu arriveras à relativiser. D’autant que tu ne te demandes pas « est-ce qu’il m’aime » ce qui serait encore plus pesant, dans la mesure où ça dénote un manque d’amour et de confiance en soi.
      Concernant la « lune de miel » ce sont des statistiques et les études qui le disent et cela correspond à peu près à la période fusionnelle du couple mais le « normalement » est très peu de mise en pratique 😀
      Et je trouve que ta façon de vivre la relation est très belle car, après un coup de foudre qui est souvent éphémère, tu apprends à connaitre ton amoureux et découvres ses qualités et cela donne envie et la possibilité de construire.
      Merci pour ton commentaire, j’ai été heureuse d’échanger avec toi et je t’embrasse fort, belle Opale

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  3. Je vois bien toutes ces difficultés à travers mon couple. La libération de la femme, si elle était nécessaire, n’a-t-elle pas apporté beaucoup de dégâts? Comme vous le dites, « elle ne doit pas être contre mais avec l’homme ». Toutes les qualités de détachement, d’écoute, de partage, de compréhension sont nécessaire afin de parvenir à l’Unité et à la communion d’esprit. C’est pour ça que je reste un peu opposé au féminisme qui dans la majorité des cas aboutit à la domination de l’ego. Je ne parlerai pas de mon couple dans lequel se retrouvent ces difficultés. Mais ce que j’appelle l’amour (qui n’est pas une question de volonté, mais de spontanéité) se retrouve lorsque le détachement réciproque est opérant. C’est dans les coups de colère qu’on le voit quand on ne peut pas s’empêcher d’obéir à ses pulsions irréfléchies, négatives et destructrices….Et on pourrait en dire beaucoup plus. En tout cas, merci pour cet article qui amène à réfléchir.

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    • Oui, Jean-Michel, c’est à travers nos propres expériences de la vie de couple que nous en mesurons le mieux les difficultés.
      Et comme vous, je pense que la libération de la femme a été nécessaire mais, souvent mal vécue et interprétée, nous a conduit dans les impasses et a provoqué la perte des repères.
      Nous ne serons jamais pareils mais nous pouvons être complémentaires et nous enrichir de nos différences. Les rôles de la femme et de l’homme ne sont pas interchangeables dans tous les domaines.
      Et s’il y a des grands principes de base, après, chaque couple trouve sa méthode pour vivre ensemble. Merci d’avoir apporté votre réflexion, riche, comme d’habitude

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    • Merci infiniment, chère Laura, je suis très touchée mais j’ai déjà participé à ce jeu… réponses dans la section « Tag ». Et si je devais choisir les blogs, le tien en ferai partie, alors… 😀
      Bisous et excellent dimanche

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  4. Bonsoir Elisabeth,
    Je ne suis pas certaine qu’il n’y ai que la communication qui soit l’unique cause des divorces. Je pense au nombrilisme et au refus de faire des concessions aussi.
    Au risque de faire hurler dans les chaumières, je pense sincèrement que sans les concessions, un couple ne peut durer dans le temps, concessions qui doivent être mutuelle 😉
    Je crois aussi que pour un couple persiste il faut ACCEPTER l’autre tel qu’il est avec ses qualités et ses défauts, son vécu, ses émotions. Vivre son couple le plus naturellement simplement du monde, sans se prendre la tête en essayant de viser la perfection. Un couple c’est des moments de bonheur mais aussi des moments de crise.
    Je crois aussi qu’il faut construire son couple sans se nourrir du vécu des aînés et des relations, car cela peut-être sujet à préjugés. Un couple n’est-il pas propre à lui-même de part ses acteurs et leurs fonctionnements ? ! Je le pense !
    Ton billet est des plus intéressant car complet, nous donnant les attentes des différents sexes.
    Je reste persuader aussi que 68 ne fut pas des meilleurs, car trop extrémiste, aie je vais encore faire hurler ! 🙂 A trop vouloir la liberté nous en arrivons à des situations plus qu’alarmante en matière de comportement amoureux et de construction du couple ainsi que dans sa constance.
    Je crois qu’en matière de couple, il faut vouloir être un couple tout simplement, c’est donc sur cette pensée que je terminerai mon commentaire avec bien évidemment quelques notes de musique.

    Je te souhaite une très bonne soirée ainsi qu’une douce nuit, à bientôt Elisabeth 😉

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    • Ce n’est pas moi que tu vas faire hurler, Fanfan, 😀 je suis entièrement d’accord avec ton commentaire. J’ai déjà exprimé ma manière de penser concernant la première partie dans les autres réponses, et quant à la fameuse libération de la femme, bien sûr, elle était nécessaire mais comme souvent, nous sommes allés bien trop loin. Les différences entre les sexes sont trop grandes et même, s’il a fallu réparer tant d’injustices dont les femmes ont été victimes et qu’elles subissent encore, cela ne doit pas être contre mais avec l’homme… Sinon, cela sera la bagarre continuelle et la perte de tous les repères que nous observons de nos jours…
      Merci pour ton commentaire, encore si riche, cette sublime chanson, gros bisous et excellent week-end, Fanfan

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      • Mais oui Elisabeth, il n’y a pas a avoir de bagarre homme-femme, tu as parfaitement raison 😉
        Merci Elisabeth, d’avoir eu cette merveilleuse idée de mettre ton blog au service des autres. Peu de chose diront certains, des billets, certes, mais d’une richesse extraordinaire 🙂
        Très bon week-end à toi aussi Elisabeth que j’accompagne de doux bisous

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        • Tu es encore trop gentille, chère Fanfan 😀 Je suis touchée que ces billets puissent faire réfléchir et donner lieu à des échanges qui nous aident à avancer ensemble. Je te souhaite un merveilleux dimanche et t’envoie plein de doux baisers

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      • mais je n’ai pas envie de faire partie d’une minorité moi ! 🙂
        du reste je dois dire que même si je tire un peu partie de mes déboires et mésaventures en tant que blogueur, je ne me sens pas malheureux. Je ne sais pas si on peut dire qu’une histoire qui se termine est forcément un échec. d’ailleurs il y à des échecs qui ne se terminent ni ne s’effacent (true love leaves no traces).

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        • Voilà un bel exemple de la tentative de communication homme/femme 😀 Je parle de la vie réelle et toi de ton blog…
          Une histoire qui se termine n’est pas toujours un échec, juste une leçon… quant au reste, j’ai comme l’impression que tu me fais encore tourner en bourrique 😀

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          • (chouette une scène de ménage) Non, je ne te parle pas de mon blog, j’essaye juste de te faire comprendre qu’il ne faut pas croire tout ce que j’y dit. Tu vois, on ne se comprends pas, on ne peut pas continuer comme ça. Tout est fini Élisabeth. (est ce que j’ajoute la formule magique : ce n’est pas toi le problème, c’est moi. Je t’aime mais je m’en vais.). Oui je te fais un peu tourner en bourrique je ne le referai plus. Bon weekend ensoleillé.

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            • Tu es adorable, Sébastien et ton sens de l’humour est extraordinaire 😀 La phrase d’adieu est typique de l’homme et Dieu sait que je la connais 😀
              Souviens toi que j’ai tendance à marcher (voire à courir) à tous les coups et comme en plus, je suis blonde, il faut répéter et dou-ce-ment 😀
              Moi, je ne te lâcherai pas, inutile de compter dessus, j’aime trop ton blog…
              Et au contraire, fais moi tourner en bourrique, je ne me prends jamais trop au sérieux 😀
              Excellent dimanche et merci pour cette « scène de ménage » si drôle (la meilleure que j’ai vécue)…

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  5. On en revient toujours à cet égo qui croit détenir la science infuse et veut l’exporter un peu partout ! La seule réalité qui existe pour lui : LA SIENNE !
    Je suis en plein dedans, pas toujours facile à mettre en pratique…merci Elisabeth

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    • C’est notre problème à tous, Françoise et l’ouverture à l’autre n’est jamais facile. Un gros travail est nécessaire pour acquérir un ego sain, et tout en connaissant notre valeur, vivre dans l’acceptation des différences, le respect de l’autre et le non-jugement.

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  6. Coucou Elisabeth , les couples heureux se disputent aussi mais ne se font pas que des compliments à longueur de journée ! ce serait d’un monotone et d’un ennui . Mon époux et moi vivons ensemble depuis plus d’un quart de siècle ( 32 ans ) et c’est quelque fois rock ‘n’ roll entre nous deux !
    Bise et excuse moi de ne pas répondre à tous tes billets qui demandent de la lecture et de la réflexion !

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    • C’est une évidence, Juliette que les couples heureux ont des discussions, et les conflits sont souvent constructifs, tout simplement ils le font dans le respect et sans chercher à blesser l’autre. Ils n’utilisent pas de mots qui dépassent leur pensée et qu’ils auraient regretté après.
      Ils ont aussi laissé de côté les sujets où ils ne seront jamais d’accord et vivent dans l’acceptation de ces différences.
      Bravo pour ton mariage si durable, et te connaissant, je suppose que cela peut être rock‘n’roll 😀 mais vous avez trouvé le moyen de surmonter les difficultés.
      Et je t’en prie, ne t’excuse surtout pas de ne pas commenter tous les billets, il est vrai que je publie beaucoup et parfois sur des sujets qui sont longs et n’intéressent pas tout le monde.
      Tes passages me font toujours plaisir mais il n’y a aucune obligation 😀 Bisous

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