Un conte soufi à méditer

Il était une fois un vieux sultan qui, pressentant la mort approcher, réclama son fils à son chevet afin de lui léguer ce qu’il avait de plus précieux : un bel anneau d’or surmonté d’une volumineuse pierre bleue sous laquelle on pouvait dissimuler une mèche de cheveux, le souvenir d’un être aimé ou du poison destiné à tuer un ennemi.

« Tu vois cette bague, dit le sultan, à l’intérieur tu trouveras la solution au pire des problèmes de l’existence. Passe-la à ton doigt et promets-moi de ne l’ouvrir qu’au moment où tu n’auras pas d’autre choix, car la solution magique qu’elle contient ne te servira qu’une seule fois ». A peine eut-il prononcé ces mots, le vieux sultan rendit son dernier soupir.

Quelques années plus tard, le nouveau sultan régnait sur un royaume prospère et en paix.
La favorite de ses épouses s’apprêtait à donner naissance à un fils, un héritier pour le trône. Malheureusement, la jeune femme mourut en couches. Désespéré, le monarque resta prostré au fond de ses appartements durant de nombreuses semaines.

Il refusait de s’alimenter et plusieurs fois il pensa à se donner la mort. La tentation de soulever la pierre bleue qu’il portait à son doigt était grande. Pourtant, il se rappela la promesse faite à son défunt père : il n’ouvrirait la bague qu’en cas d’extrême nécessité. Il décida donc de la garder close car, au fond de lui, il sentait qu’il pourrait se relever de la douloureuse épreuve qui l’accablait.

bague-marguerite

Les années passèrent. Jusqu’au jour où, soudainement, le petit prince héritier fut atteint d’un mal mystérieux et décéda. La douleur du sultan fut très grande. La perte de son enfant chéri raviva la blessure causée par la mort de son épouse bien aimée. La vie ne semblait avoir aucun sens. Qu’avait-il fait pour mériter un sort aussi cruel ?

L’homme sombra dans une profonde dépression. Aucune de ses épouses n’arriva à le consoler. Aucun de ses amis ne trouva les mots capables de lui redonner l’envie de vivre. Aucun de ses ministres ne fut autorisé à l’approcher. Les affaires du royaume se dégradèrent dangereusement.

Le sultan tomba malade. Le médecin appelé à son chevet lui proposa d’ouvrir la belle bague bleue. Le sultan refusa. Il n’avait pas oublié sa promesse. « Laisse-moi du temps, dit-il à son médecin. Je sens que j’ai en moi la force de trouver le chemin qui me reconduira à la vie. »

Le sultan renoua avec la vie. Certes, il n’était plus tout à fait le même. Son visage affichait un air grave. Cependant, au fond de lui, il se sentait plus solide. Deux fois, il était tombé ; deux fois, il s’était relevé. Un léger sourire trahissait la confiance qu’il avait gagnée au cours de ses épreuves.

Puis l’impensable se produisit : une révolution au palais. En quelques heures toute la famille du monarque fut décimée. Ses épouses égorgées, ses enfants empalés et, lui, jeté au fond d’un cachot. Anéanti, le sultan remarqua soudain l’éclat de sa bague dans l’obscurité. Quel espoir lui restait-il ?

Sa mort était proche. Le temps était donc venu de soulever la belle pierre bleue. C’est ainsi que le sultan décida d’ouvrir la bague de son père. À l’intérieur, se trouvait une plaquette en ivoire. Sur celle-ci, il était gravé en lettres d’or : « Ne t’en fais pas. Cela aussi va passer ! »

 

61 réflexions sur “Un conte soufi à méditer

  1. Ce conte doit laisser un goût amer dans l’âme de beaucoup de personnes. Il dit pourtant une vérité profonde: « Ne t’en fais pas. Cela aussi va passer ! ». Rien n’est grave, il faut avoir le courage de l’acceptation. C’est aussi difficile a comprendre que le livre de JOB. Pourtant si on savait le voir, les situations les pires se transformeraient d’elles-mêmes en ouvrant les yeux. Je le sais mais je ne le peux car je ne sais pas me libérer (voir mon commentaire sur le corps et l’âme).

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  2. à chaque épreuve tu en ressort grandit plus fort à affronter si on veut à vivre différent plus serein avoir l’acceptation de l’épreuve de la souffrance pouvoir l’aimer et en voir la lumière cette lumière l’offrir à ton corps pour le guérir et en ressortir serein . voilà bisous Fleur

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  3. Parfois, je repense aux épreuves passées en me disant que oui, on arrive (presque) toujours à passer outre les difficultés de la vie, et qu’à ce titre on ferait mieux de les vivre sereinement. Affronter l’adversité tranquillement est meilleur pour la santé que l’affronter dans l’angoisse et le stress. Mais bien sûr c’est beaucoup plus facile à dire qu’à faire ^^

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    • Bonjour Biancat,

      Je suis tout a fait d’accord avec toi. C’est ce que l’on appelle en anglais « to surrender. » A savoir, ne pas resister, laisser les choses venir, car c’est notre resistance qui nous fait souffrir. Je n’ai pas de bonne traduction en francais qui me vient a l’esprit.

      Mieux, etre capabale de ‘recevoir’ ces defis avec gratitude nous permet de les surmonter plus aisement. C’est un « processus » qui n’est pas evident a mettre en oeuvre, et il demande de la pratique et du recul. Je crois que c’est Elizabeth qui disait recemment que nous rencontrons les epreuves que nous pouvons surmonter; (tout a fait d’accord en me retournant sur un brin de vie) et nous pouvons donc rester sereins.

      Personellement, j’aime bien ce conte Soufi et cette belle source de reconfort.

      Amicalement,

      new desert/Gilles

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  4. Pingback: Un vieux conte Soufi vous rendera Heureux. | Rajel Ou Nas

  5. Je suis d’accord avec toi Elisabeth: nous avons tous des ressources en nous, parfois d’ailleurs insoupçonnées. Pourtant elles sont bien là et nous aident progressivement à refaire surface, sans compter que les vissicitudes de la vie nous rendent aussi plus fort et bienveillants avec ce qui est essentiel dans la vie. Bisous et toujours ravie de ces échanges avec toi.

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    • La joie de l’échange est réciproque, Ninie… Je pense, que sans ces épreuves, nous ne découvrirons peut-être jamais nos ressources et manquerons de bienveillance que tu mentionnes avec raison. Celle envers nous mêmes et ceux que nous pourrions être susceptibles de juger…

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  6. C’est vrai qu’on se dit que si on se relève une fois, deux fois, etc… on arrivera toujours à se relever, mais ça fait peur quand même, et si jamais on n’y arrivait plus., même si on sait que l’impermanence est … ? et si cet instant fatal, crucial ( il suffit d’une seconde ) et hop ! plus aucune chance de pouvoir se relever encore une fois….

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    • Ta remarque est très pertinente, Ladyelle et effectivement, cela peut arriver, nous ne sommes jamais sûrs de rien…
      Mais je crois que si l’on vit avec cette pensée, génératrice de peur, on n’est jamais tranquille et plus nous craignons quelque chose, plus grandes sont les chances de l’attirer à nous. Et au contraire, plus nous cultivons la confiance en nous et surtout en la Vie, plus nous sommes paisibles… On dit aussi, que l’Univers ne nous envoie jamais des épreuves que nous n’aurons pas la force de dépasser.

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      • C’est vrai, il parait qu’il ne nous est donné que les épreuves que nous pouvons surmonter. J’y crois, je l’ai vécu, comme beaucoup d’entre nous.. On attire ce que l’on craint. J’y crois, je l’ai vécu aussi.
        Je pense que je pourrais me relever si je dois encore tomber, puisque c’est déjà arrivé. Mais il y a des jours, ou plutôt des moments, où je doute, redoute, où je me dis que si ça m’arrive encore, je n’aurais plus la force, j’ai épuisé tout ce que j’avais… et puis ça passe et je me dis que même si je ne crois pas que ce qui ne nous tue pas nous rend seulement plus fort, je crois que ce qui ne nous tue pas une fois, ne nous tueras pas la fois suivante…
        Mais ça fragilise et ça rend plus fort en même temps, ça j’en suis convaincue…

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        • Très touchée par ton commentaire, surtout parce qu’il est inspiré par ton vécu…
          Être fort et fragile à la fois, passer par des moments du doute et puis reprendre la route en confiance, tout cela fait partie de notre condition humaine. Et nous ne sommes jamais seuls, si nous restons connectés à la Source à l’intérieur de nous…
          Merci, Ladyelle, tu vis en conscience et c’est l’essentiel

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      • Je suis tout a fait d’accord ave ta derniere phrase, chere Elizabeth. Les epreuves, quelles qu’elles soint, sont la pour nous montrer quelque chose dont nous n’avions peut-etre pas conscience, et pour nous faire ..grandir! Amities chaleureuses. new desert aka Gilles

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        • Bonsoir, Gilles, je ne t’ai pas reconnu tout de suite mais je suis heureuse de ton passage. Je suis allée sur ton blog, magnifique mais en anglais, langue que je maîtrise très moyennement 😀
          Merci pour ton commentaire, j’espère que toi et ta famille allez bien depuis le temps.
          Mes amitiés très chaleureuses

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          • Merci chere Elizabeth,

            Heureux de tes nouvelles et merci de ta visite sur mon blog – belle priere que celle de St. Francois mais je n’ai pas accroche avec la version francaise….

            Je souhaitais t’ecrire depuis un petit moment, et maintenant je n’ai plus d’excuse pour ne pas le faire.

            Pour info, je n’ai pas trouve ta reponse (recopiee ci-dessous) sur cette page; peut-etre s’incrira t-elle un peu plus tard?

            Amities,

            Gilles

            Bonsoir, Gilles, je ne t’ai pas reconnu tout de suite mais je suis heureuse de ton passage. Je suis allée sur ton blog, magnifique mais en anglais, langue que je maîtrise très moyennement 😀
            Merci pour ton commentaire, j’espère que toi et ta famille allez bien depuis le temps.
            Mes amitiés très chaleureuses

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            • Cher Gilles,
              Très heureuse aussi d’avoir renoué le contact, je pense souvent à toi et à ta progression sur le chemin. Déjà ton blog en reflète une bonne partie, et la prière, quelle que soit la langue est toujours puissante.
              Pour la réponse, tu ne pouvais pas la voir car mes commentaires sont modérés et je ne réponds parfois que dans la soirée, alors avec le décalage horaire… mais ne t’inquiète pas, elle y est bien.
              Toutes mes amitiés et à bientôt

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              • Merci chère Elizabeth,

                Je pense également souvent à toi et à notre ‘point de réunification,’ à Clifton! Il y pleut d’ailleurs aujourd’hui.

                Je ne sais si c’est la prière qui me porte, ou plutôt ce que j’appellerai désormais « une éclaircie d’Amour. » J’ai vécu le mois dernier une expérience forte alors que je visualisais une de mes collègues (qui est en manque d’amour, je pense) dans un cocon d’Amour.

                Si tu souhaites t’aventurer un peu plus dans la langue de Shakespeare, j’ai relaté cette expérience le 22 juillet:

                http://nurturingthegiftofseeking.org/2013/07/22/in-a-cocoon-of-love/

                Merci de suivre mon blog

                et très belles pensées en cette fin de mois d’aout.

                new desert/Gilles

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                • Tu as une excellente mémoire, cher Gilles… Alors l’automne arrive chez vous aussi…
                  J’ai adoré ton histoire, si pleine de beauté, les synchronicités que tu as vécues sont pour moi le signe qu’un autre niveau de conscience s’est ouvert. « Une éclaircie d’Amour », quelle belle expression, ainsi que cette envie d’en donner aux autres.
                  Ton blog est très riche et je serai ravie de suivre ton parcours.
                  Belles et lumineuses pensées vers toi

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                  • Merci chère Elizabeth, de cette nouvelle réponse et de ta visite sur la page de mon « cocon d’Amour. »

                    Voyons voir comment les choses vont évoluer. Souhaitons que ces éclaircies deviennent permanentes et qu’elles forment un beau ciel bleu plein d’Amour.

                    Toutes mes amitiés et à très bientôt. Gilles

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                    • Le ciel est toujours bleu, Gilles, ce sont des nuages qui le couvrent. Mais il suffit d’être conscients que les deux font parti de notre condition humaine et tendre à voir au-delà des nuages…
                      Amitiés et à bientôt

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  7. Oui, c’est vrai, l’histoire n’est pas très drôle…mais il est vrai que rien ne dure. Cela, je le dis surtout quand les moments sont plus difficiles. Et lorsque tout va bien : « la vie est évolution constante, changement, mouvement. »
    Quoiqu’il en soit, triste histoire.
    J’attends alors les blagues du weekend 😀
    Bises.

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  8. Moi ça m’attriste. Cela met encore un peu plus en relief la solitude profonde de l’Homme.

    On peut juste espérer trouver la force de surmonter nos douleurs . Mais alors ça veut dire aussi qu’autour de soi c’est le vide, le néant. Toute une vie à croire en un sauveur et au bout rien. Que soi, tout seul.

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    • Je comprends bien ton ressenti, Marie-Hélène, j’ai vécu le même dans les moments de « traversée du désert ». La solitude existentielle de l’Homme fait partie de son destin et il ne peut l’apprivoiser que dans un lien avec son Soi profond ou bien avec Le Plus Grand que soi, à condition d’y croire, bien évidemment…

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  9. ah, ben moi ça ne me plait pas!!!
    toute sa vie a été conditionnée par un mensonge. Si son père lui avait enseigné comment surmonter les épreuves au lieu de lui faire miroiter une solution miracle, il aurait sûrement eu une autre façon de vivre sa vie!!!!

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    • Eh bien voilà un beau cri de révolte 😀 Je respecte parfaitement ton point de vue, Muriel mais souvent, les enseignements restent lettre morte, tant que nous n’avons pas été confrontés aux épreuves dans notre propre expérience…
      Et je trouve sa façon de surmonter tout ce qui lui est arrivé bien courageuse et honorable

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  10. Bonsoir Elisabeth,
    Bien belle histoire qui a une méditation intéressante, merci à toi Elisabeth 😉
    Hé oui, quoi qu’il nous arrive dans la vie, nous sommes capable de surmonter les épreuves que la vie vous impose !
    Nous avons une force et une envie de vivre que nous ne soupçonnons pas.
    Parfois c’est une simple petite chose, une présence, une phrase, une main sur notre épaule, un souvenir, une chanson, etc…qui nous donne cette force, comme ici cette bague contenant un secret…Il suffit de si peu lorsqu’on a le sentiment que cela est insurmontable 🙂
    Paradoxe surprenant au devant de notre sentiment de faiblesse, les épreuves nous rendent plus fort, n’est-ce-pas merveilleux ? ! Bien que nous nous en passerions bien n’est-ce-pas ? ! 🙂
    Un proverbe dit ceci  » tout ce qui ne tue pas rend plus fort » !
    Effectivement il n’y a bien que devant la mort que nous sommes impuissants…

    Belle et douce soirée à toi Elisabeth avec mes tendres bisous

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    • « Nous avons une force et une envie de vivre que nous ne soupçonnons pas », tu as tout résumé dans cette phrase, Fanfan, ainsi que dans la citation de Nietzche. Souvent, nous nous révélons à travers les épreuves, au point de nous surprendre nous-mêmes.
      A bien réfléchir, je ne suis pas certaine de vouloir les éviter, comme je dis toujours, je ne serai jamais devenue la personne que je suis, sans le parcours de la vie qui a été bien loin du « long fleuve tranquille » 😀
      Et après s’être relevé des épreuves qui nous ont mises « par terre », nous savons que si nous l’avons fait, nous pouvons recommencer.
      La mort est, certes, inévitable mais pour moi, elle n’est qu’un passage…
      Merci pour cette chanson, si pleine de joie, tendres bisous

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      • Tu as raison Elisabeth, nous nous révélons à travers les épreuves. Il est tout de même dommage de devoir en passer par là pour être ce que nous sommes maintenant.
        En y réfléchissant plus amplement, si je devais choisir, je ne voudrais pas revenir à celle que j’étais avant, non pas une seconde ! La vie n’est pas un long fleuve tranquille, mais ce qu’elle m’a permise de devenir est un merveilleux cadeau 😉
        Douce nuit Elisabeth !
        Bisous doux

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        • Ravie de le lire, Fanfan, moi non plus, je ne reviendrai jamais en arrière, même si c’était possible…
          Nous pouvons rendre grâce à la sagesse de la Vie et nous remercier aussi, en toute humilité.
          J’espère que tu dors bien et te souhaite une belle journée. Bisous tendres

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    • Tu n’as pas à t’excuser, Juliette 😀 J’entends dans la fin de ce conte, que dans la vie, les bonnes, comme les mauvaises choses passent, rien ne dure éternellement. Et chaque épreuve traversée nous rend plus forts, si nous ne baissons pas les bras et continuons, comme ce sultan, à trouver des ressources en nous et non pas à l’extérieur, dans l’intervention hypothétique de quelque dieux ou forces surnaturelles.
      Et aussi, que nous sommes bien plus forts que ce que nous croyons…

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