L’histoire du Père Fiction

MAPhoto

Il était une fois, dans un pays pas si loin, au cœur du village des sentiments, une tribu ancestrale. C’était sans nul doute une des plus anciennes au monde. Certains disaient même que les prières émises dans ce village perché dans les montagnes servaient à équilibrer l’univers tout entier. Chaque habitant était considéré comme une personne unique et complémentaire d’une autre. 

Les plus jeunes étaient accompagnés par les plus âgés et ces derniers leur transmettaient ainsi le fruit de leur propre parcours. 

Un jour, le Père Fiction prit sous son aile un apprenti appelé l’Excellence. Le Père Fiction avait pour habitude d’être dur avec les nouveaux. Quoi qu’il se passe, il ne montrait jamais un signe de reconnaissance. Pas même un merci.

Il se trouvait par ailleurs souvent isolé car certains villageois en avaient déjà fait les frais. Ils avaient essayé à plusieurs reprises de lui dire certaines choses, mais le Père Fiction était inflexible car il était convaincu de tout savoir et voulait tout faire seul. 

Au cours de tous ses accompagnements, il enseignait toujours avec la même certitude, la solution idéale à chaque problème, des réponses parfaites à chaque demande. Du moins, c’est ce qu’il pensait.

Par une belle journée, près du lac, l’Excellence et le Père Fiction se tenaient là, à observer l’eau et la beauté de ce tableau merveilleux.

Le Père Fiction dit :
– « Tu vois, l’eau serait parfaite si elle était plate, sans une vague. »
L’Excellence répondit :
– « Cela voudrait dire que les gouttes de pluie ou les feuilles ne pourraient pas se reposer
dessus ? »

– « Sûrement pas » rétorqua le Père Fiction. « Tout doit être droit et parfait ! »
– « Mais, si tout était droit, cela signifierait que le relief ne serait pas beau à vos yeux !
Si la nature ne peut pas s’exprimer, alors la vie a-t-elle un sens ? »

Le Père Fiction trouva la remarque intéressante, mais ne releva pas.

Plus tard dans la journée, ils croisèrent la Gratitude, qui les remercia d’avoir discuté avec elle un instant. Le Père Fiction s’en alla sans même la regarder et dit à son disciple :

– « Tu vois ! La Gratitude est trop gentille ! Plus dure, elle serait parfaite ! »
L’Excellence réfléchit et demanda :
– « Si la Gratitude était plus dure, elle se trahirait et ne serait plus elle-même ! N’est ce pas important de rester qui nous sommes ? »
Le Père Fiction, agacé, lui conseilla de poser des questions plus judicieuses et que ce serait parfait pour elle !

Un peu plus tard, ils croisèrent l’Amour. Il était bien portant et gonflé à bloc. 

Il leur raconta ses anecdotes encore et toujours plus folles. Après quelques heures, le Père Fiction et l’Excellence s’en allèrent. Sur le chemin, le Père fiction marmonna :

– « Si l’Amour ne se mêlait pas de tout, ce serait parfait ! »
L’Excellence lui demanda :
– « Mais si l’Amour n’était pas partout, la vie aurait-elle du sens ? L’Amour n’est-il pas la base des rapports entre nous tous ? Ne doit-on pas mettre du cœur à l’ouvrage dans tout ce que nous entreprenons ? »

Le Père Fiction ne répondit pas, mais il sentait bien que l’Excellence se posait des questions que lui-même ne s’était jamais posées. Pour la première fois de sa vie, il se sentait tout confus. 

Quand la nuit tomba, l’Excellence se coucha et le Père Fiction la borda parfaitement, la couverture disposée bien droite et alignée.

L’Excellence dit :
– « Si tu me bordes aussi parfaitement,  je ne pourrai plus bouger mes pieds par peur de tout défaire. Je ne pourrai pas respirer librement par peur de ne pas faire comme il faut ! »

Le Père Fiction répondit ces quelques mots :
– « Ne t’inquiète donc pas. Aujourd’hui, j’ai compris une chose. En aucun cas la vie sans Amour ne peut être parfaite. Les choses qui se font naturellement ont bien plus de relief que les choses parfaites. Et puis je me suis aperçu que la Gratitude avait du bon et que sans elle, il n’y aurait pas d’humilité.

Je comprends à présent pourquoi on m’a nommé la Fiction, car je ne peux prétendre à grandir si je ne change pas, si je ne sors pas de Ma Fiction. Alors pour ça, je te remercie l’Excellence. Je te souhaite une bonne nuit ! »

L’Excellence fut surprise de ce changement radical, mais se sentait sereine.

Le lendemain matin, le Père Fiction se réveilla un peu chamboulé car il avait changé d’apparence… Il était devenu l’Excellence. L’Excellence quant à elle continuait de transmettre son enseignement du mieux qu’elle le savait faire. 

Michel Mendes coach à http://www.saphirme.com/

 

49 réflexions sur “L’histoire du Père Fiction

  1. Jusqu’à présent, la Fiction désignait la possibilité infinie d’inventer des mondes et des personnages… jusqu’à les rendre à la limite du réel. Quand je peinerai sur une histoire, je me rappellerai de laisser mon imaginaire libre d’agiter ses petits orteils sous les draps. Une très belle parabole, merci.

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  2. Oui, comme tu le dis Elisabeth la vérité et la sagesse s’expriment si bien à travers les contes ou les histoires. Et c’est souvent par le conte que les sagesses d’un peuple se transmettent de génération en génération. Rien de mieux que des images pour la compréhension et ces contes sont si imagés!
    Mes salutations sincères

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  3. Coucou Elisabeth !
    Me voici chez toi et que vois-je une petite merveille, que j’adore cette petite histoire. Une p’tite histoire certes mais que de sagesse en elle.
    La perfection n’existe pas dieu merci. En voulant la faire vivre nous passons auprès de très belles choses, pire encore, nous enlaidissons ces belles choses, leur enlevant vie.
    Maitriser est rassurant mais…

    Belle soirée ma chère Elisabeth, bisous de douce amitié 🙂

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    • Merci, douce Fanfan, d’apprécier et de si bien interpréter cette simple mais si belle et pleine de sagesse histoire de Michel.
      Désolée pour la vidéo, celle que tu as mise était inexistante, pourtant, je l’ai vue sur Youtube et j’ai essayé de la remettre mais ça ne marche pas, pour des raisons qui m’échappent. Je me suis donc permise de la remplacer par une autre, du même auteur, la tienne parlait de la sérénité…
      Douce soirée à toi et tendres bisous

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  4. Mais après Elisabeth … Le nouveau père Fiction ancienne Excellence deviendra t-il à nouveau Excellence et la nouvelle Excellence ancien père Fiction redeviendra t-elle père Fection ?
    PS : c’est pour t’embrouiller 😉

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