Voici venir Eros, l’amour érotique

« Avec l’eros, on entre dans le domaine du désir : désir d’être désiré, désir d’un autre désir sans doute, mais aussi dans un sens platonicien et plotinien : désir de ce qui nous dépasse, de ce qui nous élève. »

Je te désire. Tu es beau. Tu es jeune.

Les noces d'Amour et Psyché Pompeo Batoni (1756)

« C’est avec l’eros que l’amour devient à proprement parler humain, il introduit (parfois pour le meilleur, parfois pour le pire) de l’intelligence dans l’instinct, l’oriente ou le désoriente. L’élan vital peut s’accomplir et se dépasser à travers lui ou au contraire se vicier.

Il n’en reste pas mains que l’amour érotique fait accéder l’animal, ou l’enfant dépendant de ses demandes, à l’exercice d’une conscience qui peut le rendre libre, même si on ne peut pas demander à tous les amants et amoureux atteints de cette démangeaison des ailes de s’envoler ou de s’élever aussi vers ce que Platon et Plotin appellent le Beau et le Bien. »

« « Elle est si belle, mon amour pour elle me donne des ailes », « Il est si beau ; je le regarde et le monde est beau.’ » Quel bonheur d’être ainsi transporté par l’élan amoureux ! Eros nous soulève de joie et donne à nos jours les couleurs de l’amour.

Sa flèche —Cupidon dans la mythologie romaine est identifié à Eros— nous va droit au cœur, faisant fi de notre raison et de nos peurs. Nous sommes les élus du dieu de l’amour qui vient transpercer nos secrets et nous les révéler. J’aime et la vie se fait belle. »

« Comme dans la passion, l’amour s’impose et nous impose ses lois. Comme dans la passion, le désir est ardent et intense. Un désir si fort que nous avons désormais la certitude d’être deux : d’avoir rencontré l’être élu, d’être enfin arrivé à bon port. De savoir où porter notre regard et offrir notre cœur.

Mais si nous avons besoin de l’autre, tant nous apprécions sa présence, sa beauté et tout ce qu’il est, notre demande n’est pas celle de l’enfant, ni de l’adolescent dans l’urgence et l’impatience. Notre attente est celle d’un jeune homme, ou d’une jeune femme —dans notre cœur et notre esprit—, animé d’un désir qui fait de lui, ou d’elle, l’acteur de sa vie.

Un désir non subi, mais choisi : à tel point que l’on peut être amoureux de son propre désir avant d’être véritablement amoureux de l’être aimé. Quand je suis amoureux, amoureuse de toi le ‘je’ n’est pas encore adulte, mais sur le chemin de la maturité. »

« Pour que le paradis ne se transforme pas en enfer, mais qu’au contraire nous grimpions ensemble les échelons de l’amour, certainement faut-il déjà être en paix avec nos racines, notre passé, les forces démoniaques qui sont en nous : celles qui font de l’amour une souffrance. »

« Je ne t’aime plus, mais je veux que tu me désires. C’est ainsi que l’amour pour l’autre devient amour propre. Des paroles et des actes contradictoires se succèdent en relation avec la sensation d’être, oui ou non, aimé. »

« Au bonheur d’aimer s’est substitué le plaisir de séduire : le désir de désirer et d’être désiré. J’aime ton désir pour moi. Mais toi, est-ce que je t’aime ? »

« Aimer, est-ce désirer ? Désirer, est-ce aimer ? Peut-on aimer sans désirer, et désirer sans aimer ? »

« De même que l’amour ne peut se réduire à une unique et semblable sensation pour tous, le désir accompagne chaque barreau de l’échelle et varie aussi selon les moments de notre vie. Le désir avec un même partenaire, on le sait, a sa propre histoire; il vit des temps de bonheur absolu, atteint des sommets que l’on n’aurait pas soupçonnés, mais connaît aussi ses creux de vague, des passages à vide : le désert du désir.

Peut-on dire alors que l’amour n’y est plus ? Peut-on affirmer que le désir une fois parti, l’amour lui aussi s’en est allé ? »

« Le désir n’est-il pas élan naturel et spontané : cette magie renouvelée d’une tension vers l’être aimé en même temps qu’un abandon, une confiance totale aussi bien à soi qu’à l’autre ? Il suit l’amour, le précède parfois. Il en est le complice et non l’arbitre. »

« Quand les cœurs sont unis, Eros n’a pas de vague à l’âme. Il est et se vit. Les besoins peuvent se dire, mais ne s’imposent pas. L’émotion est présente, mais pas envahissante. Et la parole se libère, légère, s’ouvrant à 1′autre dans un partage où le désir prend des couleurs de plus en plus tendres et subtiles. »

Source : Extraits de Qui aime quand je t’aime de Catherine Bensaid, psychiatre, psychanalyste, et de Jean-Yves Leloup, philosophe, théologien et psychothérapeute. Éditions Albin Michel.

http://nathaliejongen.wordpress.com/2014/03/14/amour-erotique/

Entre Porneia et Eros, nous trouvons une autre forme d’amour-besoin-passion, Pothos, que je vous invite chaleureusement à lire sur le blog de Nathalie, que je remercie encore pour ce partage

http://nathaliejongen.wordpress.com/2014/03/02/amour-besoin-amour-passion/

 

 

70 réflexions sur “Voici venir Eros, l’amour érotique

    • Toi qui fus de ma chair la conscience sensible
      Toi que j’aime à jamais toi qui m’as inventé
      Tu ne supportais pas l’oppression ni l’injure
      Tu chantais en rêvant le bonheur sur la terre
      Tu rêvais d’être libre et je te continue.

      Merci, Stéphane pour cet beau rappel… la profondeur de Paul Eluard est magnifique

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  1. Je reviendrai car il y a à écouter 🙂 lorsque je m’arrête chez toi, c’est vraiment une grande pause de réflexion toujours instructive et positive. Je me donne donc rv avec ton article. 🙂

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  2. J’ai lu avec plaisir les deux textes de Nathalie Jongen. Avec l’éros, on entre dans le domaine troublant du désir. L’amour est là, à l’état pur, s’il est sincère, honnête et non intéressé, il est sans contre-partie. C’est l’autre face de l’amour tel que je le conçois, l’amour de l’autre, amour de ses enfants, non basé sur le désir. Mais comme il est fugace et plein de pièges. Je me rends compte qu’au bout de plus de 40 ans, le désir semble être émoussé et comme absent, pourtant à y bien réfléchir, il est toujours là, résultat d’une lente construction fragile et délicate qui semble prête à se démolir ou se fissurer très souvent. Mais ce résultat n’est-ce pas la vie?

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    • Merci de les avoir lus, Jean-Michel, je les trouve magnifiques dans ces formes d’amour tendresse, amitié, harmonie, qui semblent si peu prisées de nos jours… tandis que l’eros est tant exalté… Et comme vous dites, il nous entraîne souvent dans les eaux troubles, de nos inconscients, désirs, manques ou bien des rêves fantasmés…
      Et s’il peut être élévation, dans une communion des corps et des âmes, il y a l’autre versant, celui de la passion qui brûle… donc peut consumer et s’éteint inévitablement dans le temps. « Fugace et plein de pièges ».
      Votre témoignage est très précieux car rares sont ceux qui arrivent à demeurer ensemble au bout d’une si longue période, et préserver ce désir, même s’il « semble être émoussé et comme absent ». Mais il est là, bien différent des passions des premiers jours car entretenu et reconstruit au quotidien…
      Je ne sais pas si vous avez visionné la vidéo de Jean-Yves Leloup (sous l’article suivant) mais le « secrets » d’un amour durable y sont présentés d’une manière merveilleuse où justement l’amitié, la tendresse et l’accueil inconditionnel sont présents.
      Oui, tout ce que vous décrivez si justement, c’est bien la Vie…

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  3. Salut chère Elisabeth.

    Un très joli post… Belles citations
    J´a si bien aimé celle ci:

    « Je ne t’aime plus, mais je veux que tu me désires. C’est ainsi que l’amour pour l’autre devient amour propre. Des paroles et des actes contradictoires se succèdent en relation avec la sensation d’être, oui ou non, aimé. »

    Et par rapport a cette question: « Aimer, est-ce désirer ? Désirer, est-ce aimer ? Peut-on aimer sans désirer, et désirer sans aimer ? »… Je crois que oui… L´amour platonique, sans contact sexuel seriat un bon example…
    Cependant je trouve que les deux aspects (corporel/spirituel sont liés)…
    Au moins dans la plupart des cas 😉

    Bisous et Bon week-end pour toi;

    Aquileana 😀

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    • Merci, Aquileana, pour ces si justes remarques. Si souvent, le besoin d’être aimé prime sur la capacité de vivre une relation de partage/respect/don et celle-là n’est possible que si nous avons appris à être « autonomes » et ne pas chercher à l’extérieur cette source d’amour qui coule en nous.
      Tu connais si bien la mythologie, et la comparaison avec Narcisse peut très bien illustrer cet amour propre, mal vécu…
      L’amour platonique est un bel idéal mais quand l’eros mène à la spiritualité, dans une véritable communion des corps et des âmes, cela nous élève…
      Tendres bisous à toi

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  4. J’ai souvent perçu l’amour érotique comme opposé à l’affectif, mais surtout complémentaire : à la manière de 2 pôles. On peut aimer sans éros, ou goûter au plaisir d’éros sans aimer… mais pour qu’un couple fonctionne il vaut mieux que le courant circule entre les 2 pôles… Ceci étant dit, on connait la chanson : L’amour est enfant de Bohême. Il n’a jamais, jamais connu de loi…

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    • N’oublie pas la suite, Coquelicot :
      « Si tu ne m’aimes pas, je t’aime
      Et si je t’aime, prends garde à toi »

      Alors, je crois qu’effectivement, il est fort recommandé que le courant circule harmonieusement entre les deux pôles…
      Cela dit, tu as raison, l’amour ne connaît aucune loi… c’est éventuellement à nous de les élaborer, selon nos cœurs

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    • Attention, chère Polina, tu t’engages sur un terrain fort glissant 🙂 Juliette a mis un beau commentaire ici…
      Certes, son maillot découragerait tous les Cupidons de la terre mais elle est dopée au ginseng…
      Toujours prête à te l’injecter en intraveineuse 🙂

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  5. Une réflexion très intéressante Elisabeth sur la place qu’occupe le désir dans l’amour. Je crois moi aussi qu’on peut aimer sans désirer et vice et versa. Il existe plusieurs formes d’amour et celui qui est désintéressé est sans doute le plus beau et le plus difficile à comprendre. Aimer une personne pour ce qu’elle est, sans la désirer, sans vouloir la posséder, l’aimer simplement par le fait de son existence, n’est pas inadmissible, mais dès lors qu’ Eros s’en mêle, que l’on a goûté à la passion amoureuse, il n’est qu’une seule volonté, celle de faire durer le désir pour ce qu’il apporte.
    Merci pour le partage !

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    • Parmi toutes les formes d’amour, « celui qui est désintéressé est sans doute le plus beau et le plus difficile à comprendre », comme tu le dis, si justement Gaïa. Vouloir le bonheur de la personne aimé, même s’il ne passe pas par nous, la rendre libre et respecter ce qu’elle est…
      La tendresse, l’harmonie, l’amitié, toutes ces facettes qui sont évoquées dans les articles correspondants, en lien sur le billet suivant, avant d’arriver à agapé, l’amour inconditionnel.
      L’eros a aussi des différents visages, celui de communion, qui élève vers un désir de transcendance ou bien la passion, tant exaltée…
      Et même si elle nourrit les artistes et nous attire tous par son intensité, elle peut aussi brûler et détruire, comme résulter d’un manque, d’un besoin à combler, telle la porneia…
      Mais tout cela, tu le sais car tu es une si fine observatrice des sentiments humains… donc, merci à toi…

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  6. Bonjour Elisabeth, j’aime beaucoup les deux derniers paragraphes, il me parlent. Aimer et apprendre à aimer cela se vit avec parfois une mise en mots difficile. Je sais que j’aime quand les défauts et les maladresses ( de l’être aimé, les miennes, mais aussi celles de notre relation ) m’attendrissent et me charment parce que pour moi c’est une empreinte tout simplement humaine et quand je regarde vivre l’aimé(e), ses mouvements, sa manière de faire et d’être, ses approches , avec un sentiment de tendresse et de gratitude envers la vie tout court.. La confiance est essentielle, sinon on ne peut être soi-même.ni l’un ni l’autre.. Une chose importante aussi à mes yeux : l’exploration constante. on n’a jamais fait le tour ni de l’un ni de l’autre et accepter cette partie sacrée à ne pas toucher, malgré les tentations, ni chez l’un ni chez l’autre bref, l’explorer comme on s’explore soi-même, avec pudeur et respect. Je commence à m’emberlificoter les pinceaux parce que mettre de mots c’est je trouve, si difficile.. Je t’embrasse Elisabeth

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    • Mais bien au contraire, chère Prunelles, tu en parles merveilleusement bien… et je te remercie car tu as mis l’essentiel : l’acceptation de l’autre tel qu’il est, sans le désir de le modeler selon ses besoin, la confiance, le respect du « jardin secret », nécessaire aussi pour garder cette « part du mystère », que le quotidien met à mal, et surtout le plus important : ne jamais dire : « je te connais »….
      Nous l’entendons si souvent, alors que non seulement, nous sommes des énigmes pour nous-mêmes mais l’autre peut toujours nous surprendre…
      Ne rien tenir pour acquis mais garder ce regard tendre, émerveillé et bienveillant, sur soi, le partenaire et la relation, toujours vivante…
      Rendre grâce, aussi, puisque l’amour reste toujours le plus grand miracle de la vie.
      Merci, pour ce si émouvant témoignage et toute ma tendresse vers toi…

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      • non rien n’est acquis mais doit il y avoir quelque chose d’acquis …je préfère le terme « conquis » et le verbe « être ». Conquérir un territoire, (s’en imprégner et tout simplement y vivre, avec notre aimé.merci à toi Elisabeth

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        • Il me viennent ces paroles d’Aragon :

          « Rien n’est jamais acquis à l’homme Ni sa force
          Ni sa faiblesse ni son cœur Et quand il croit
          Ouvrir ses bras son ombre est celle d’une croix
          Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
          Sa vie est un étrange et douloureux divorce… »

          Nous en avons discuté, tu te souviens ?… Alors, oui, j’aime beaucoup ton terme « conquis », dans le contexte de l’être… comme L’Empereur du Tarot, que tu as si bien commenté. Celui, qui sais bien gouverner son territoire intérieur et extérieur…
          Merci, Prunelles, je suis émue, quand je repense à tous nos échanges dans le temps…
          Toute ma tendresse

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          • … qui ne sont que les liens du cœur léger car comblé et de l’esprit qui tente humblement d’être profond, seuls liens justes et véritables à mon sens. Bien, bien à toi Elisabeth. Oui nos liens sont des liens de liberté ce sont des nœuds d’arabesques et de volutes vivantes, qui dansent. Quoiqu’il arrive, leurs empreintes ont gravées. Merci

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  7. Bonjour Elisabeth,
    J’ai suivi avec attention votre partage avec Néa, je suis en accord avec cette personne et tes réponses Elisabeth.
    L’Amour c’est avant toute chose un sentiment profond et pur, il faut le respecter, ne pas le salir dans des déviantes, ne pas le maltraiter. Le secret, est, il me semble, le respect de soi-même !
    Notre société est en perte de valeurs et malheureusement maltraite beaucoup de choses, salit l’essentiel l’Amour, sans se remettre en question.
    Je me demandais si celle-ci ne mélanger pas ressenti et amour, qui ne donne pas du tout le même résultat, la qualité de la relation n’étant pas du tout harmonieuse. Qu’en penses tu Elisabeth ?
    L’amour sous sa forme érotique est il me semble, la suite logique du beau sentiment qu’est l’amour.
    L’erreur est de rabaisser l’amour physique au beau et pur sentiment…

    Belle journée Elisabeth !
    Doux bisous d’amitié sincère

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    • Comme disait Gainsbarre : « L’amour physique est sans issue », dixit Stéphane, dans le commentaires de Porneia… et j’ai envie de le répéter, en réponse à ta question, Fanfan… Toi et moi, nous désirons celui, décrit par Khalil Gibran, même si ses voies sont tellement escarpées…
      Que nos sociétés, en perte de valeurs, érigent le sexe décomplexé en liberté, est un autre histoire, ce qui me désole, ce sont les gens, en perte de repères, qui suivent les tendances, au risque de perdre cette chose fondamentale dont tu parles : le respect de soi et de l’autre. En transformant les personnes en objets interchangeables, voire jetables, nous perdons non seulement toute humanité mais surtout risquons d’en souffrir….
      Et il n’est pas question d’une morale quelconque, chacun est libre de vivre sa vie comme il l’entend et nous n’avons pas à juger, c’est juste cette déshumanisation des rapports les plus intimes qui me désole. Ainsi que le fait que je ne peux plus les nommer « humains », juste, purement physiques…
      Mais, puisque je crois que dans tout un chacun sommeille quelque part ce désir d’un amour authentique, j’espère que les consciences se réveilleront, dans ce domaine aussi.
      Et, en attendant, vivons nos amours telles que nous les désirons, les plus belles et pures…
      Toute ma tendresse, ma rêveuse…

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  8. Très intéressant…peut-on aimer sans désirer et vice-versa? Personnellement, je ne crois pas…l’un ne va pas sans l’autre je pense. J’ai beaucoup aimé les comparaisons et tout le contenu de ce texte. Merci de ce beau partage Élisabeth, bon jeudi et gros bisous, Delvi.

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  9. Bonsoir Elisabeth!
    Il y a tant dans cet article.. je m’y embrouillais un peu…. mais le commentaire de Manouchka résume assez bien l’idée que je m’en fait. Je la cite: «  » Je t’aime de tous les amours « ….. Je crois effectivement que l’amour est de bien des nuances… et que chacune d’elle est un pétale de plus à la fleur. La fleur ultime sera de toutes les nuances.

    Je retiens aussi ce passage: »Un désir non subi, mais choisi : à tel point que l’on peut être amoureux de son propre désir avant d’être véritablement amoureux de l’être aimé.

    J’ai souvent constaté que plusieurs sont en amour avec l’amour plutôt qu’avec l’individu qu’ils fréquentent. C’est un piège insidieux qui ne peut que générer une quête rarement comblé… car éternel recommencement.

    Oui….la passion…donc le désir… est le rouge ultime de l’amour ( s’il est partagé bien sûr)… Il y a certes plusieurs formes d’amour… toutes valables…à chacun le sien…. Mais le passionné que je suis aspire à ce qu’il soit toujours passion et si animé de désir… Les demi-mesures ne seront toujours que compromis…. Mais oui..je suis aussi un éternel optimiste… 🙂

    Merci pour ce partage.
    Mes salutations sincères,

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    • Tu me fais encore sourire, Kleaude… toi le merveilleux chantre de l’amour, dont tu sais dépeindre, avec tant de poésie et de justesse, tous les états, embrouillé par cet article ? Peut-être, effectivement, parce que tu es conscient de toutes les nuances de ce sentiment…
      Il y en a autant que des fleurs, pour reprendre ta belle métaphore et parfois, il vaut mieux contempler leur beauté que l’effeuiller car, si on enlève les pétales à une rose, il ne restera plus rien de sa magnificence.
      Mais en même temps, et c’est encore un de nombreux paradoxes de nos sentiments, éprouver l’émerveillement, devant ce miracle, est une chose mais demeurer conscient de leurs raisons est souvent nécessaire car, comme tu dis, il y a cette possibilité que l’on puisse « être amoureux de son propre désir avant d’être véritablement amoureux de l’être aimé ». Un piège, qui enferme dans une quête sans fin…
      Comme cette « réflexion vertigineuse qui m’a valu de nombreuses affres », dixit Biancat : « Qui aime quand je t’aime et qui aime-je quand je t’aime ? »… réflexion que je partage, comme son vertige…
      Comme pour tout, il y a autant de formes d’amour que des personnes qui aiment, et même, comme je le disais dans la réponse précédente, nous pouvons aimer différemment, au cours de nos vies, soit en fonction de la personne, soit parce que nous évoluons et cela transforme notre façon d’aimer ou encore, parce qu’une relation change avec le temps…
      Je sais que tu n’es pas homme de demi-mesures et que tes passions sont brûlantes… reste donc cet éternel optimiste et continue à écrire tes magnifiques poèmes qui m’émeuvent tant…
      Merci à toi, Kleaude…

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  10. Je ne sais pas si on peut comparer les deux choses. On peut aimer sans désirer, désirer sans aimer, désirer et aimer et de toute façon, dans les deux cas, il y aura l’impermanence liée à tout ce qui touche l’humain, mais avec des conséquences diverses parce qu’il semble qu’on accepte davantage de ne pas être désiré que de ne pas être aimé. Le vague à l’âme d’Eros est lié je crois à bien d’autres choses possibles que le fait d’aimer ou pas. Ce qui se passe entre les corps est complexe !
    Je suis toujours intéressée en tout cas de voir que chacun a sa façon s’ingénie à inscrire tout ce que nous touchons et vivons dans une forme d’éternité. Ce qui ne dure pas est toujours vécu comme un échec, une erreur alors que cela peut être le signe d’un ailleurs, autrement.

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    • Merci pour tes réflexions, toujours riches et sages, Colette, je ne crois pas toutefois que les auteurs de cet ouvrage cherchent à faire des comparaisons, plutôt à tenter d’y voir plus clair, et rectifier quelques notions, fort bien ancrées dans nos croyances, d’où cette distinction entre plusieurs formes du sentiment amoureux, ainsi que la progression sur « l’échelle », dont tu ne vois ici qu’un vague aperçu…
      Bien évidemment, il y a l’impermanence, que tu évoques, la façon personnelle de vivre, propre à chacun, que nous n’avons pas à juger mais aussi un fait indéniable, que l’amour béquille/manque/passion dévorante est bien loin de l’agapé ou de l’eros, vécu à son niveau élevé…
      Ton affirmation : « qu’on accepte davantage de ne pas être désiré que de ne pas être aimé » me laisse fort perplexe, si toutefois encore, nous mettons la même signification sur les mots « amour » et désir »… Il n’y a pas que ce qui se passe entre les corps qui est complexe 🙂
      Et l’Eros, tel que présenté ici, ne revêt pas seulement sa forme corporelle, il va bien au delà, « dans un sens platonicien et plotinien : désir de ce qui nous dépasse, de ce qui nous élève. »
      Par contre, je suis entièrement d’accord avec ta conclusion : « Ce qui ne dure pas est toujours vécu comme un échec, une erreur alors que cela peut être le signe d’un ailleurs, autrement ».
      Mais l’Homme et toi, en particulier, nous cherchons à comprendre… surtout ce qui nous dépasse… n’est ce pas ?

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  11. Voilà une réflexion vertigineuse qui m’a valu de nombreuses affres. Qui aime quand je t’aime et qui aime-je quand je t’aime ? Toi ou le désir que je ressens ? Merci en tout cas pour ce billet Elisabeth…

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    • Tu as raison de souligner que les choses sont plus nuancées que ne le suggère ma phrase. Cependant le « il semble « ne posait aucune certitude et s’appuyait en partie sur des constats qui m’ont toujours étonnée aussi ! Il reste que malgré ma curiosité, je préfère ne pas savoir si l’agapé que tu évoques n’est pas elle aussi recouverte du célèbre voile de Maïa ! Comme les enfants, j’ai parfois besoin de savoir que les elfes peuplent les forêts 🙂 !
      Merci Elisabeth

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      • Alors, désolée, Colette, de ne pas avoir bien saisi la nuance… je dirais, que le voile de Maïa recouvre tout ce qui touche à notre psyché et surtout à nos sentiments, et que dans ces domaines, nous n’avons que nos propres vérités du cœur…
        Quant aux elfes, ils sautillent entre les arbres et regardent les fées voler… si, si, je t’assure 🙂
        Merci à toi… déesse de la plume…

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  12. je suis en train de regarder sur ARTE douce France qui parle de la Corse et qui correspond à ton article le mot passion et l’éveil des sens ( éros) un amour élevé , le lien entre le coeur et l’esprit, le renouvellement, la création, on ne s’en lasse pas…… donc la souffrance est l’inverse, le niveau plus bas… argent sexe…; le triangle inverse… le côté pluton possession, violence et forcené

    aimer avec le Don… on se donne etc… et le lien avec le TOUT ON AIME un point c’est too… sait tout !

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    • Des questions difficiles, les pistes des réponses mais c’est à chacun de trouver les siennes, dans sa propre vie, et en fonction de ses expériences et désirs, qui peuvent d’ailleurs prendre tant de formes différentes…

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  13. j’avais le livre aime toi la vie t’aimera de C Bensaïd…

    le désir n’est pas que physique…. qu’est ce que l’on veut exactement… c’est surtout relationnel la souffrance n’est que dans le déséquilibre… on aime celui qui ne nous aime pas etc… ou on donne plus d’amour que l’on en reçoit…. ce sont ceux que l’on aime le plus qui nous font souffrir… c’est connu Non ?

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    • Oui, c’est bien connu, Néa mais justement, le beau livre que tu évoques, comme tant d’autres, nous permettent de comprendre le « pourquoi » de tels déséquilibres… et éventuellement faire le travail pour que cela change…

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  14. j’ai laissé en bas le morceau relevé .. une personne rencontrée il y a des années m’avait sorti cette phrase on peut aimer sans désirer et désirer sans aimer… et cette personne avait de sérieux problèmes de sexualité… un échangiste, un bi, un trans… et sado maso… etc… et il était dans un sale état.. des années après il m’a dit : je suis désolé, je me suis enfin rendu compte de tout le mal qui a été fait… car dans cette société on mélange érotique et porno ainsi qu’amour et pourtant il y a de la différence…

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    • Mais bien évidemment qu’il a une différence, et elle est de taille… comme il est vrai que nos sociétés mélangent tout…
      Heureuse que cette personne se soit rendu compte de ses égarements, n’empêche qu’il est possible que l’on puisse aimer sans désirer et désirer sans aimer… sans que cela s’accompagne de toutes les déviances que tu évoques. Et chacun vit comme il l’entend, il ne nous appartient de juger personne…

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  15. on peut désirer sans aimer…. juste pour posséder… et puis on peut aimer sans désirer… là encore le mot désire est à affiner. Eros.. on en reste là… oui on peut aimer quelqu’un sans pour autant désirer avoir une relation érotique, ou sexuelle avec la personne… aimer , apprécier, avoir du plaisir à partager etc….. mais on ne veut pas posséder… ce n’est pas parce que j’aime telle maison ou tel meuble que je veux acheter… j’ai apprécié aussi l’autre article mais je ne suis pas d’accord pour lier systématiquement passion et souffrance… un amour absolu, inconditionnel est ce qu’on appel l’amour divin… inconditionnel est bien loin de souffrance… et de jalousie. la jalousie est un manque de confiance et un désir de possession parfois… car cela peut rester au niveau de l’amour propre… la jalousie maladive est une condition… on parle de l’amour du Christ aussi , la passion du Christ…. il a souffert du manque d’amour mais pas de l’amour qu’il a donné en totalité… Donc ne pas tout mélanger… Un amour entier, vrai, authentique, absolu n’est pas souffrance..
    “Celui ou celle qui aime avec passion attend de l’autre un amour inconditionnel, total, absolu. L’amour n’est alors que souffrance : une souffrance qui se nourrit d’un désir de possession sans limites et d’une jalousie incessante concernant tout ce que l’autre vit

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    • Merci pour tes réflexions, Néa, elles sont justes mais il est préférable de ne pas tout mélanger, comme tu le dis, d’ailleurs 🙂
      Tu évoques toutes les formes d’amour, tandis que l’objectif de cette série est justement de tenter de faire la distinction entre besoin/manque/passion/possession/communion, et progresser dans « l’échelle » de ses formes les plus « primaires », en passant par l’amitié pour arriver à l’amour inconditionnel, dont il sera question dans le prochain article…

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  16. J’ai le sentiment sur ces questions que l’un des grands basculement est le passage de « l’avoir » à « l’être. Oui, c’est une de mes marottes habituelles et permanentes, cette distinction entre « être » et « avoir ». Le vivre et le posséder ?
    Vaste programme, je me dis…Surtout lorsque l’on peut penser à quelque tension érotique derrière…Mais finalement je crois que c’est un sentiment, des sensations, des impressions qui peuvent être douces à vivre…Quand quelque part le désir sait être sain, saint ou sein…A choisir 🙂

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    • Je suis d’accord car, finalement, tout dans la vie peut être envisagé à travers cette distinction entre « être » et « avoir », et je ne m’étonne pas que cela soit ta « marotte », elle est la mienne aussi 🙂
      Très vaste programme mais à chacun de choisir selon ses valeurs profondes et vivre ses passions d’une manière qui brûle et détruit ou bien nous construire grâce à elles. La tension érotique est aussi une pulsion de vie… après, nous revenons au point de départ 🙂
      A choisir ou à concilier ?

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      • J’suis de moins en moins ok avec les principes de destructions créatrices, idée qui se montre un peu plus chaque jour à moi comme la justification d’une certaine forme de part incompressible et pleine de fatalisme … d’égotisme. Et malgré les ratés inhérents à la nature humaine … C ‘qui justifie rien… Conciliation, partage, échange, complémentarités, réciprocités.,humilité, et profond amour pour l’autre et sa propre richesse … Ce qui n’empêche pas les cons !

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