Trouver le divin dans le presque rien

Comment le moins people de nos poètes – et pourtant le plus aimé de nos lecteurs – trouve le divin dans la faiblesse et le presque rien… et sans jamais quitter sa région natale du Creusot. Pour lui, tout est ici, maintenant. Nul besoin d’aller voir ailleurs. « Le tissu de la vie est profondément concret, dit-il. Ce qu’on peut appeler “l’autre monde” est mêlé au nôtre comme la paille est tressée sur la chaise. »

Nouvelles Clés : Vous nous offrez de sublimes oxymores : des couples de termes contradictoires, que vous faites cohabiter. Par exemple, vous trouvez « un surcroît de vie dans le manque ».

soleil 2Christian Bobin : Tout est une question d’air et de respiration. C’est l’encombrement qui nous rend malhabile, et qui nous fait parfois, suffoquer. On a besoin de connaître des choses telles que l’ennui, le manque, l’absence, pour connaître la présence, la joie et l’attention pure. On a besoin d’une chose pour aller vers une autre.

Par exemple, j’aime beaucoup les livres, mais j’ai remarqué que je trouvais les plus intéressants dans les toutes petites librairies perdues, qui n’en vendent que très peu ; comme si c’était là que certains livres m’attendaient depuis très longtemps.

Alors que je ne les aurais pas vu dans un grand étalage, parmi mille autres choses. Cette pensée va dans le sens exactement inverse de celui qui a créé Internet. À la racine d’Internet, il y a le désir qu’on ait tout, tout de suite. Que surtout nul ne souffre plus d’un manque. Or, je pense que c’est une souffrance que d’avoir tout à sa disposition, sans intervalles.

On devient soi-même comme une chose au milieu des choses. Alors qu’on a besoin que certaines vitres de la maison soient cassées. Et que le vent entre ! Besoin de certains défauts, de certains manques, de certaines brisures, pour pouvoir respirer.

N.C. : Qu’est-ce qui vous conduit vers la toute petite librairie où, justement, vous allez trouver le livre rare et important ? Le hasard ? La grâce ?

C.B. : Comment préciser sans trahir ? (parce qu’il faut que je reste dans ma langue, que je parle avec mes mots). Vous avez plusieurs façons de voir le soleil. La voie scientifique vous met entre les mains des documents extrêmement nombreux, de plus en plus précis, qu’il vous faudra plus qu’une vie pour lire.

Et puis, vous avez l’autre voie. Vous regardez autour de vous, vous voyez un pissenlit, et là, vous savez ce qu’il en est du soleil. Parce que la structure est la même. Le pissenlit, à mon sens, est comme un petit frère égaré du soleil. Il aime tellement son grand frère, qu’il s’est mis à lui ressembler. Dans l’infime, vous avez l’immense. La contemplation vous donne ce que l’information ne vous donnera jamais. La contemplation a besoin de s’appuyer sur du très peu, du très simple. Elle est semblable à ce royaume dont parle le Christ, qui est tout entier contenu dans un grain de sénevé.

N.C. : Autre cohabitation des contraires, vous dites qu’il faut « écrire, pour réparer l’irréparable »…

C.B. : Oui, d’abord l’accepter l’irréparable. Le regarder. Le contempler en tant que tel. Ne pas chercher de consolations illusoires. Ne pas se précipiter pour venir en aide. Mais, d’abord, regarder, et si l’on est devant un mur, le voir. S’il est aussi haut que le ciel, le reconnaître. C’est quelque chose qui amène un profond changement intérieur. Cette « acceptation » n’est pas une résignation, mais une vue.

C’est la vue qui guérit, la vision vraie. Pas l’illusion, même si parfois la vérité est que nous n’avons pas de solution. Mais le reconnaître, le formuler, change tout. Comme si savoir que la porte est fermée, et l’accepter, vous la faisait traverser ! Or, la racine de la vue, c’est la contemplation. Et la racine de la contemplation, c’est l’attention.

L’écriture évidemment a à voir avec ça. Les livres, je les aime depuis toujours. Ce qui est beau, c’est que les livres sont bâtis à la hauteur des mains. Un livre, c’est comme une porte qui ne serait pas plus grande qu’une main. Et, de l’autre côté de cette porte, il y a les anges. Voilà ce que sont les livres, en gros, je m’en suis aperçu très tôt. Mais ce n’est pas le cas de tous les livres, loin de là ! Certains livres, qualifions-les de « vrais », viennent en secours au lecteur. Ils viennent vers lui et ont la vertu de l’écouter. Pourquoi ?

Il y a quelque chose dans une page qui est en train de me déchiffrer. Je crois la lire, et c’est elle qui me lit ! Les « vrais » livres sont toujours des livres de médecine, au fond. Ils sont guérisseurs. Parce que ce qui nous rend malade, ce sont souvent les mots. Soit que ces mots qui nous aient manqué. Soit qu’ils aient été d’une dureté insupportable. Mais ce que des mots ont fait, d’autres mots peuvent le défaire. C’est le langage qui souffre en nous, et qui nous fait souffrir. Et la matière des livres est un langage qui est, ou devrait toujours être profondément réparateur.

N.C. : Quels livres jalonnent votre parcours ?

C.B. : Je peux citer quelques auteurs. Par exemple, André Dhôtel et Jean Grojean. Ils ont beaucoup de points communs. Ils ne sont plus de ce monde et se connaissaient entre eux. Dhôtel, c’est extraordinaire, ses livres sont comme une forêt impénétrable. On peut avoir crainte, en les lisant, de ne plus jamais vouloir rentrer à la maison, tellement ils semblent longs et invraisemblables.

Et puis, tout d’un coup, on débouche sur une clairière de toute beauté, devant une image ou une parole qui ne vous quittera plus jamais. Ce sont des « livres expériences ». Apparemment, ce sont des récits qui captent le charme même de la vie, ce que la vie a d’imprévisible et de malicieux par rapport à nos projets, nos volontés. Je crois que c’est Giacometti qui disait : « Le malheur, quand on cherche, c’est qu’on ne trouve que ce qu’on cherche. »

Dans les livres de Dhôtel, comme dans la vie, les gens cherchent quelque chose, et puis oublient à un moment ce qu’ils cherchent, et c’est là qu’ils trouvent des merveilles. Ce sont des livres de vagabonds, qui ont la consistance des nuages. Leur forme change, au fur et à mesure des relectures. C’est ça, les livres vagabonds. Dhôtel dit : « Je n’aime pas rêver. J’aime que les rêves viennent vers moi ».

Grojean, c’est tout à fait autre chose. Mais finalement, il arrive au même point source. Grojean, son grand amour, ce sont les Évangiles. L’un de ces maîtres-livres, c’est L’ironie christique, paru chez Gallimard, qui est un commentaire, pas à pas, de chaque verset de l’évangile de Saint-Jean, qu’il a traduit lui-même. C’est époustouflant de vie, de vivacité, de malice, de songes. Comme son camarade André Dhôtel, ses phrases bougent alors que le livre est fermé. Et, quand vous revenez, elles ne sont plus à la même place.

Peut-être que c’est ça, les vrais livres. Ils poursuivent leur vie, indépendamment de vous. Et donc, quand vous les retrouvez, vous aussi, vous êtes neufs. Parce qu’on est toujours en miroir, dans cette vie. On est, au fond, comme l’autre est, en face de nous. Ce sont des livres où la pensée a la fluidité des rivières, ou plus rare, de la lumière sur la rivière. C’est cette chose presque indicible, et toujours mouvante, que ces deux écrivains ont su capter dans leurs mots, dans leur intuition de la vie.

Il y a une veine taoïste dans les Évangiles, qui a été très bien saisie par Grojean. Son Christ est comme désencrassé de toutes les Églises, de toutes les institutions. Il est comme rendu à lui-même. Propre, comme un caillou, comme un sou neuf, un brin d’herbe. Et, il est à proprement parlé « inouï ». Quand on voit ce Christ-là, on comprend que l’on n’a pas encore commencé à vraiment réfléchir à la merveille de toute cette histoire. Si simple, et pourtant si mystérieuse.

N.C. : Vous vous méfiez de ce qui est abstrait.

C.B. : Je pense que le tissu de la vie est profondément concret. Y compris le spirituel. Y compris ce qu’on peut appeler, à juste titre, « l’autre monde » – qui est mêlé au nôtre, comme la paille est tressée sur la chaise. C’est indémêlable. Et concret.

N.C. : Vous dites quelque part qu’il faut trouver la voie étroite entre les certitudes des Églises, qui enferment l’« autre monde » dans leurs dogmes, et le scepticisme de ceux qui le nient, traitant d’imbéciles ceux qui y croient.

C.B. : Le chemin passe entre les deux buissons épineux de la niaiserie et du savoir impénétrable à la lumière. Mais avec un peu de malice, c’est possible. C’est une belle chose, d’être malicieux. Au fond, je pense que rien de vrai, de profond ne se fait sans une sorte de gaieté intérieure. Sans une vraie gaieté. Il y a une gaieté.

N.C. : Gaieté et joie, c’est pareil ?

C.B. : Gaieté me plait un peu plus, par son côté profane. J’aime le mot joie aussi. Je l’utilise souvent. Il s’invite beaucoup dans mes livres. Mais je pense que le mot gaieté a un charme un peu plus grand.

N.C. : Dans Souveraineté du Vide, vous nous révélez un peu la façon dont vous fonctionnez. Vous écrivez : « Les choses s’avancent vers moi. Toutes choses. Par leur silence, elles entrent en moi. D’abord par leur silence. Puis, leur lumière s’élabore en moi, discrètes, infimes, miraculées. Enfin, l’embrasement, l’éclair, le brûlant, le radieux. Ensuite, écrire. Seulement ensuite. Voilà, c’est tout. »

C.B. : J’aurais du mal à dire mieux.

N.C. : En somme, vous êtes immobile et les choses viennent à vous.

C.B. : Comme elles peuvent venir à chacun. Dans ce sens-là, il n’y a jamais de mauvaise journée. Je peux traverser des épreuves, comme tout le monde, mais même dans une telle journée, je sais que quelque chose fleurira. Tôt ou tard. Les mauvais jours, il faut les aimer encore plus que les autres, parce qu’ils sont très discrédités. Un peu comme la pluie contre laquelle on peste.

N.C. : Vous êtes mélancolique ?

C.B. : C’est une grande histoire, la mélancolie. Je ne pense pas l’être. Il est possible que les ombres des platanes qui étaient en face de la maison de mon enfance soient encore sur mon cœur, pour la vie entière. Mais la mélancolie ne me donne pas des clés très bonnes. Donc, quand je l’entends approcher, je l’évite. Le centre du centre, pour moi, est pauvre en mots. Par exemple, il y a quelques jours, je voyais deux citrons sur une assiette cerclée d’or, sur la table.

Et la franchise, la rudesse, l’innocence de ce jaune m’a stupéfié et a soulevé toute la journée. Je n’ai pas encore réussi à écrire ce que j’ai vu. Parce que pour moi, le métier d’écrivain, c’est plutôt un métier d’enfant. Un métier bizarre. Je regarde les choses qui sont privées de langue, j’essaye de les écouter et de rendre ce qu’elles disent, de le rapporter aux autres.

N.C. : À propos des autres, vous dites : « L’avancée en solitude loin de dessiner une clôture, ouvre la seule, et durable, et réelle voie d’accès aux autres. » Et parlant de la solitude à cette femme qui a tant compté pour vous, vous dites : « Tu me l’as révélée, en fait, en offrande amoureuse. Tu m’as révélé la solitude, en pensant l’abolir ». J’ai l’impression que c’est toute votre vie, ce balancement.

C.B. : Balancement est un joli mot, parce que je vois tout d’un coup une balançoire d’enfant. Comme si, peut-être, notre âme était un petit enfant sur une balançoire. De temps en temps, ses pieds touchent le ciel, et de temps en temps, ses pieds frôlent le sol. Quelle est la main qui nous pousse, pour nous donner notre élan, et pour le raffermir ? Ce serait peut-être la main des épreuves.

La main bénie des épreuves, qui nous envoie tout d’un coup au ciel, et qui nous empêche aussi parfois de tomber. Qui fait qu’il n’y a pas vraiment de position stable, dans cette vie. C’est pour ça, que vous repérez beaucoup de choses qui fonctionnent par couples de contraires, dans ma pensée. Parce qu’il n’y a pas de point fixe. Peut-être que nos âmes sont des enfants qui font de la balançoire. Et que celui qui ne parle que du ciel a tort, et que celui qui ne parle que de la terre a tort, parce qu’ils oublient l’autre moment. La justesse serait de restituer les deux choses, de façon à ce que le mouvement continue sans fin.

N.C. : Est-ce cela que vous appelez une « extrême faiblesse indestructible » ?

C.B. : Si vous vous penchez sur un berceau, là, vous l’avez, l’extrême faiblesse indestructible. Le bébé est dépendant de tout, absolument vulnérable. Et en même temps, il y a quelque chose qui irradie. Il y a comme une lumière qui sort du berceau. Lumière contre laquelle, personne ne peut rien. Autant essayer de ruiner le soleil à coups de pioches ! Cette chose-là, invincible, c’est précisément « l’extrême faiblesse ». Ce n’est même pas un paradoxe. Une chose découle de l’autre. La vraie puissance, c’est d’être exposé à tout, comme peut être le nouveau né. Il n’y a pas de puissance plus grande, dans un sens, que celle du Christ sur la croix.

N.C. : Là, on arrive à votre définition du divin, à l’idée d’un divin extrêmement vulnérable, extrêmement faible, presque impuissant.

C.B. : On entend parfois (ça revient comme une question métaphysique qui s’enorgueillirait de ne pas avoir de réponse) : « Où donc était Dieu à Auschwitz ? » Mais, la réponse, on l’a : il était dans les chambres à gaz ! Il était dedans ! Dieu est le plus fin du fin du fin de la vie. Tellement transparent qu’il est indéchirable. Le dernier fil ne lâche pas. Tout le reste va lâcher. Nos solidités, nos savoirs, nos volontés ne tiennent pas la route.

Tôt ou tard, elles cassent – d’autant plus facilement qu’elles sont crispées sur elles-mêmes. Mais un duvet de moineau ou l’aigrette du pissenlit, ça ne se brise pas. C’est tellement léger que ça ne peut pas connaître cette mésaventure. Moi, le Dieu dont je parle parfois, sans doute trop d’ailleurs, il ne tient pas dans le coffre-fort d’une église ou d’un dogme. Il tient dans la poitrine d’un rouge-gorge. Plutôt étonné, comme le sont les rouges-gorges, de nous trouver sur sa route.

N.C. : À part Dhôtel et Grojean, vous citeriez un autre auteur ?

C.B. : Oui, un contemporain qui a écrit L’ange qui boite et a publié au Mercure de France, en octobre 2008, L’évangile du Gitan. Il est lui-même Gitan et s’appelle Jean-Marie Kerwich. J’ai eu le bonheur de lire les épreuves de son livre et j’ai compris ce que pouvaient être les prophètes de la Bible, comme Isaïe, Jérémie ou Job. Ces gens n’ont rien demandé. Ça leur est tombé sur la tête.

Ils n’ont pas cherché cette sorte de cascades d’images, de poésie, de visions et de témoignages à rendre. Jean-Marie Kerwich est unique, parce qu’un Gitan est censé être hors écriture. Or, dans la Bible, mais aussi dans le Coran, les plus « voyants » sont illettrés. Il y a comme une porte qui s’ouvre au fond des Cieux, et une cataracte de lumière tombe sur un petit berger qui ne demandait rien du tout.

Jean-Marie Kerwich est un homme qui n’est pas séparable de son livre. Qui parle comme il écrit et qui écrit comme il parle. Il a une vie très dure. Cela nous ramène au début de notre conversation : c’est parfois la rudesse de la vie qui vous rend le cœur milliardaire. C’est toujours ce balancement. Toujours.

N.C. : Les Gitans ont une tradition orale. La mettre noir sur blanc ne la fige-t-il pas ?

C.B. : Non, parce qu’il a à nous dire quelque chose sur nous-mêmes et sur la vie. Il le passe. Il le transmet. Il n’abîme rien. Il ne parle pas tant de son peuple que des choses éternelles. C’est-à-dire des choses simples. L’attention à l’autre. Le temps qui passe. C’est la cicatrice d’enfance qui ne s’efface jamais, et qui reste sur notre visage, même après la mort. Il parle de choses comme ça.

Ce que j’apprends aussi, en lisant Kerwich, ou Dhôtel, ou Grojean, c’est qu’il n’y a pas de technique du spirituel, contrairement à ce qu’on nous dit, parfois, aujourd’hui. Il y a certes de bonnes nourritures, de bons gestes, des choses qui peuvent s’apprendre. Mais au cœur même de la vie, la clé ne peut être que la vôtre, celle que vous aurez forgée dans la forge de vos épreuves. Il n’y a pas de règle pour ça. Très bêtement, très pauvrement, c’est très déroutant, la vie ! Au sens propre : ça vous emmène en dehors de la route sur laquelle vous cherchez toujours à revenir.

On a besoin de rassurance. On a besoin de certitudes, de savoir. C’est humain. Mais il se trouve que l’essentiel se passe dans le fossé, à côté, dans les nuages que vous avez oublié de regarder. L’essentiel vagabonde à côté de nous. Le rejoindre, c’est peut-être vagabonder à notre tour. Et tant qu’on reste sur le chemin, qu’est-ce qu’on va voir ? Juste nous-mêmes.

N.C. : Parlant de vous-même, on sait l’importance immense, dans votre vie, des femmes, de la femme, d’une certaine femme. Et de ses enfants. Les hommes, comme vous dites à un moment donné, vous ne les voyez pas. Vous précisez : « Les hommes, même les saints, ne sont pas très finauds. » Cela dit, en 2002, dans Le Christ aux coquelicots, vous sacrifiez même les femmes pour le Christ, à qui vous dites : « La douceur des femmes n’est rien au regard de ta douceur. Leurs cœurs ressemblent au ciel bleu, mais quand on le prend dans nos mains, nos mains sont aussitôt tâchées de noir »

C.B. : L’erreur (il rit), c’est de généraliser. C’est une erreur que je reconnais volontiers. On a besoin de se tromper pour arriver au vrai. On procède par approximations. Maintenant, ce qui me reste, c’est la plénitude de la place maternelle, que peut-être toutes les femmes ne remplissent pas comme elles pourraient, mais ça les regarde. Parfois, elles n’y peuvent rien. C’est compliqué. Ce qui m’a ébloui dans les femmes, d’abord, c’est de les voir comme mères. Aujourd’hui, je vois un peu mieux les pères, les maris. Mais je continue aussi à voir les femmes et à voir les enfants. Je pense préférable de tout voir !

N.C. : Mais votre amour fou est désormais réservé à Jésus. Vous dites : « Ton amour est ma seule vie ! »

C.B. : C’est presque impudique de le dire comme ça. Ou alors, il y a le secret du livre. La bonté de la vie, c’est de nous secouer en tous sens et de nous faire passer par son tamis. De nous aider, parfois, à délivrer l’amour du sentiment, ou plutôt du sentimentalisme. C’est comme passer d’un ordre à un autre.

N.C. : Ce qui m’avait frappé, dans la préface de Grojean au Nouveau Testament dans la Pléiade, c’était sa façon de distinguer les quatre évangélistes. Marc est en fait le secrétaire de Pierre, et son évangile essaie de raccommoder tout le monde. Matthieu, c’est celui qui est resté au pays, donc le plus juif, qui ne comprend pas pourquoi les autres s’en vont. Luc, c’est le secrétaire de Paul, le stratège, le Talleyrand ou le Henry Kissinger, qui a une vision mondiale. Et Jean, votre préféré, le plus jeune au départ, est pourtant celui qui va écrire en dernier, quand il sera très vieux. Et qui aura la vision de l’Apocalypse…

C.B. : Et ce qui est beau, c’est que ces quatre mondes ne se joignent pas tout à fait. Les jointures ne sont pas parfaites entre les quatre récits, ce qui est un indice du vrai. Chaque témoin a vu à sa façon et rapporte à sa façon. Jean, c’est le patron des écrivains. Il ressaisit les choses par l’intérieur. Alors que les autres écrivent de façon plus factuelle. Ils sont nécessaires aussi, c’est important, d’avoir les faits bruts. Mais Jean a cette vertu de ressaisir par un feu interne, tout ce qui s’est passé et d’en garder l’épure, l’essence.

Il fait de l’histoire du Christ, ce que les parfumeurs font avec un parfum quand ils parlent d’un « absolu ». Au sens du qui mot désigne le concentré du parfum le plus rare, le plus pur, le plus raréfié, le plus cher, et que les parfumeurs appellent un « absolu ». Grojean fait de la vie du Christ, avec un faible jeu de mots, un absolu, grâce à l’écriture, qui a comme vertu, entre autre, de densifier la vie, pour la faire mieux apparaître aux vivants. Elle la condense, la métamorphose pour la révéler. Ce n’est pas une trahison, un éloignement, une fiction.

Il est possible que la structure de la vie mentale, mais aussi charnelle, même peut-être cosmique, soit très semblable à l’architecture des musiques de Bach. Et Saint-Jean est à ce niveau-là, même un tout petit peu plus haut. Il va saisir l’architecture interne de la vie dont il a été le témoin. Ce qui est très intéressant dans la vie du Christ, c’est que c’est la vie de chacun. C’est une vie humaine. Elle est faite de rencontres, de malentendus, de besoins de s’expliquer, d’errances, de malice, de guerres invisibles, d’épreuves, et d’un grand arrachement final.

Ça, c’est la vie de chacun. L’évangile est le miroir le plus apte à refléter ce qu’est une vie humaine, et donc divine, puisque les deux sont inséparables. Dans Jean, le Christ dit : « Qui m’a vu a vu Dieu ». Tout ce qu’on peut connaître de Dieu, c’est une vie humaine, le temps d’une vie humaine. La nôtre. Ou la vôtre.

N.C. : En même temps quand on ouvre l’Évangile après l’avoir gardé fermé longtemps, on peut trouver ça d’une exigence presque violente !

C.B. : C’est un engagement puissant qui est demandé. C’est la vie la plus intense. Pour moi, la personne la plus intelligente au monde, c’est le Christ. Il est intransigeant pour préserver la grande souplesse du vivant, pour laisser aller le vent dans les herbes et pour laisser aller la vie à ses merveilleux imprévus.

N.C. : Et les autres évangiles ? Celui de Philippe, celui de Marie-Madeleine ?

C.B. : Les évangiles apocryphes peuvent être nourriciers pour l’imaginaire. Ils ont des beautés, qui font rêver, comme cette scène où le Christ fabrique des oiseaux en argile, leur souffle dessus et les oiseaux s’envolent. Dans le même évangile, je crois, il y a une scène terrible, où Jésus enfant, juste frôlé dans la cour de récréation par un camarade, lui dit : « Toi, tu ne vivras pas jusqu’au soir ! »

Ces évangiles ont un charme de légende, comme les contes soufis ou juifs. Mais ils ne sont pas indispensables. En fait, le problème est peut-être de définir le spirituel – je ne pense pas y parvenir. Le problème de ces autres évangiles, et de beaucoup de textes gnostiques ou ésotériques, c’est qu’ils sont innombrables. Si vous vous aventurez dedans, on risque de ne plus vous revoir de votre vivant. Il n’y a aucune raison que ce genre de quête ou de lecture s’arrête. Il y a autant de livres de spiritualité que l’océan peut compter de vagues.

Tout est fait pour qu’on s’y noie. Il me semble que l’on n’a besoin que de quelques livres, de même qu’on n’a besoin que de quelques paroles de notre père, ou de quelques gestes de notre mère. S’ils se mettent à nous parler sans arrêt, ils vont nous tuer. On a besoin, aussi, d’aller y voir par nous-mêmes, d’aller dans la vie, de nous affronter aux autres, et de laisser tomber ce qui pourrait être un jeu de miroirs, quand la recherche prend la place de l’objet recherché. C’est un peu le risque de cette littérature périphérique.

Alors, qu’est-ce que le spirituel ? C’est la vie engagée avec d’autres. Qu’est-ce que vous faites avec quelqu’un qui vous pose un problème ? Qu’est-ce que vous faites avec vos enfants ? Avec vos parents ? Avec un inconnu ? Le propre de la vie, c’est que vous n’avez jamais le temps. J’appelle ça le « principe de Pilate ». Pilate n’est pas un mauvais homme. On lui met le sort du Christ entre les mains, il est très embarrassé.

Il a une profonde sympathie, presque une empathie, pour cet homme. Mais en même temps, il est dépendant des autorités religieuses et doit faire respecter l’ordre L’institution ecclésiale juive râle et souhaite une mise à mort, sans pouvoir y procéder elle-même. Le principe de Pilate se résume ainsi : on amène le Christ devant vous, et vous avez trente secondes pour décider de ce que vous allez faire. Pas plus. C’est ça, la vie. Et Pilate, même s’il avait une bibliothèque de livres de sagesse, n’aurait pas le temps de les consulter et ces livres ne pourraient d’ailleurs rien lui dire. Il faut trancher. Il espère une intuition, un instinct…

Mais il n’a plus le loisir de tergiverser, et en vérité, on ne l’a jamais. La mort peut nous saisir à tout instant, on n’a donc jamais, au fond, le loisir de remettre à demain. De dire qu’on va réfléchir un peu : « Je crois qu’un livre vient de paraître, qui va m’éclairer. » Non. C’est toujours trop tard. L’inscription de votre cœur dans cette vie se fait toujours à la seconde. Dans l’instant. Comme l’éclair qui entre dans la pierre et la fracasse. On n’a pas le loisir que supposent toutes ces lectures infinies, innombrables. Elles peuvent nourrir le songe, l’imaginaire, mais pas autre chose.


N.C. : Il faudrait donc porter le livre en soi ?

C.B. : C’est joli, cette image. Ça serait peut-être ça. Ce serait arriver à ce que l’écriture soit entrée en nous, de façon à ce qu’on puisse trancher au mieux. Personne ne peut tout lire, de toute façon. Je lis le Coran, aussi. J’aime beaucoup. J’aime aussi certaines parties du Talmud. Je ne suis pas enfermé. Mais au fond, à nouveau je vais faire un retour à une scène des Évangiles, qui se trouve dans Jean : le Christ, assez jeune, est assis au Temple, avec les autres, et c’est son tour de lire un texte sacré. Qui lit ce texte doit ensuite le commenter.

Jésus lit un psaume qui parle du Messie, de la fin des temps. Et il a un seul commentaire : « Ce que je viens de lire, vous l’avez sous les yeux, maintenant. C’est moi. » La dernière lecture qui contient toutes les autres, c’est simplement la présence humaine. La présence d’un homme ou d’une femme est beaucoup plus éclairante que toutes les bibliothèques du monde. Et en même temps, la Bible, les Évangiles, le Coran sont des centrales atomiques de poésie…

N.C. : Ce qui est frappant, c’est que ni Bouddha, ni Mohammed, ni le Christ n’ont écrit quoi que ce soit eux-mêmes.

C.B. : Socrate non plus… Sans doute sont-ils dans une fonction supérieure à l’écriture. Peut-être ces gens très rares sont-ils allés dans le noyau du feu, l’ont traversé. Alors qu’écrire est déjà un état second. Vous prélevez les braises, en y cherchant l’empreinte des pieds de ceux qui les ont traversées, mais ceux-là l’ont fait en silence. Comme peut-être on traverse la mort. Il y a un moment fondateur du silence. Et ces gens-là sont donc plus hauts que l’écriture. La beauté de l’écriture, c’est de les reconnaître, de les révérer, de les éclairer. D’essayer de nous les donner à voir.

Une légende dit que la plume qui sert aux écrivains a été empruntée au coq du reniement de Saint Pierre. Peut-être l’écriture trahit-elle toujours un peu. Et en même temps, avez-vous remarqué comme ce qui n’est pas écrit se délite, se perd, s’efface. Donc l’écriture nous sauve aussi, nous préserve, nous redonne une fluidité….

Cela dit, il y a une belle réflexion de Grojean sur la supériorité du lecteur par rapport à l’auteur. L’auteur prend un morceau de vie et en fait un livre. Le lecteur prend un livre et en fait un morceau de vie. Il ressuscite ! Il a donc un travail encore plus puissant – qui n’aurait certes pas pu être accompli s’il n’y avait pas eu le labeur de l’auteur avant. Il n’empêche : le travail du lecteur remet en vie quelque chose qui avait été enfermé dans le livre.

N.C. : Ou alors, c’est raté !

C.B. : Ou alors la lecture ne s’est pas faite, ou le livre était mauvais. Idéalement, l’écriture, comme la lecture, devraient être deux instants de récréation dans la clarté d’un ciel étoilé. Ils devraient être d’une gaieté et d’une inventivité totales. Il devrait y avoir une grande fantaisie dans les livres, qui réveillerait une grande liberté chez le lecteur.

Tous les trois – l’auteur, le livre et le lecteur – se trouveraient, du coup, dans une sorte de cour de récréation angélique. Avec une grande liberté. La vraie justification de l’écriture, à mon avis, c’est qu’elle est comme la vie : elle ne se fige pas. C’est sans doute ce que les Juifs de la tradition talmudique ont perçu très fort. Il y a quelque chose de beau comme l’enfance dans leurs commentaires de commentaires de commentaires des écritures, cette lecture sans fin, sans cesse revivifiante, irriguée, surprenante.

N.C. : Voyez-vous votre propre vie comme un ciel clair où se détachent les étoiles ?

C.B. : Ma vie ? C’est comme si depuis toujours, j’avançais dans la brume ! Et tout ce que je vois me semble déchirer un voile de néant posé sur le monde. Soudain ça m’apparaît, dans une splendeur ! Je suis sujet à des éblouissements. Ça peut être un visage, un objet. C’est comme si la création du monde était continue, que nous étions contemporains de la création du monde. C’est comme si la création n’était pas une chose à l’arrière de nous, mais exactement en train de se faire.

Propos recueillis par Patrice van Eersel pour la revue Clé

39 réflexions sur “Trouver le divin dans le presque rien

  1. Salut chère Elisabeth,
    J’ aime quand il dit que d’ abord il faut accepter l’irréparable en tant que tel.
    L’ acceptation de cela comme une vue et pas une résignation.
    Encore plus, j’ ai trouvé intéressant qu’ il fait réference aux épreuves qu’il faut traverser pour fleurir… Ce dernier point m’ ai fait rappeler au livre de Joseph Campbell « Le Héros aux mille et un visages », dans lequel il développe le sujet du voyage du héros (aussi connu comme Monomyth).
    Merci pour avoir partagé ce billet… J’ ai trouve des petites épiphanies (en parlant de « trouver le divin dans le presque rien: Voilà!)
    Je te souhaite un merveilleuse semaine et je t’ embrasse!, Aquileana 😀

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    • L’acceptation, en conscience, mène à la vraie sagesse et ce parcours initiatique, n’est-il pas propre à tous ces héros de la mythologie dont tu parles si bien ?
      Joseph Campbell est d’ailleurs reconnu comme le plus grand spécialiste mondial du mythe, et dans l’ouvrage que tu évoques, il démontre que toutes les civilisations ont perpétué de grands mythes issus de la nuit des temps. Et il les relie, selon la théorie qu’ils répondent aux mêmes schémas archétypaux. Son influence a grandi et a inspiré de nombreux artistes, y compris la saga de Star Wars. 🙂
      Merci pour le rappel de ce livre qui m’est cher, tu as une grande culture et surtout une très fine capacité d’analyse, doublée d’une ouverture du cœur.
      Bisous, chère Aquileana, et douce semaine à toi

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  2. Cet article est passionnant ! J’aime cette façon qu’a Christian Bobin de nous expliquer que c’est à nous de laisser passer la vie à travers nous plutôt que de s’épuiser à chercher sans fin. Quelle plus belle définition de l’ouverture du coeur finalement ? Et que dire de l’illustration de ce concept par notre relation avec les livres ? Bref j’ai adoré et te dis encore un grand merci Élisabeth 🙂

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    • Et écouter, tu sais si bien faire, Yveline… Ne t’inquiète pas, nombreux sont ceux qui ne lisent pas en entier, ce que je comprends fort bien, vu la longueur des interviews. Je frémis juste en regardant l’heure 🙂 Et j’espère que tu t’es bien reposée, c’est ça qui compte

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  3. I look for the Divine’s smile, and as I work in my gardens, feed my zoo I see Her Blessings, and I am grateful, though some days I just don’t feel like it…Human-ness 🙂 though those days get fewer and fewer….
    I am glad to see books wait for someone else to find them too, I have always picked up a book and it whispers, « Take me home » it feels alive in my hands..I think thats why I don’t like the Kendal or the electronice ones…
    Oh there is so much to comment on this wonderful post Elisabeth, but I think it might turn into a rambling rose of wildness LOLs…
    So I will Thank you for sharing such a wonderful fulfilling post…I enjoyed it very much….
    I hope all is well in your world…
    Take Care…You Matter…
    )0(
    maryrose

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    • The divine smile is always present for those who know see, like you, Maryrose …
      Gratitude opens all the doors and brings us closer to the Light… and the books choose us. I do not like the e-reader, it is so nice to turn the pages back to them, keep them as friends.
      Thank you for your wonderful comments, all is well and I wish it to be so for you.
      I send you all my warmest thoughts

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  4. La poésie de la contemplation et la compréhension du monde dans son acception la plus authentique, c’est peut-être là la réponse au sens de la vie. Il est encore des être capables de résister à l’immédiateté et de plonger dans les profondeurs de l’observation pour sublimer la petite fleur qui fait résonnance au soleil. Merci chère amie. 🙂

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  5. tu vois. cet article représente typiquement le « pourquoi j’aime les rendez-vous avec ton Blog »
    tu nous fait découvrir, réfléchir et là, il y a comme un écho avec certaines de mes pensées et convictions profondes, notamment ce cheminement vers « le » livre, puis un autre…
    merci !

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  6. De retour, Elisabeth. Et quel retour, je me prends une grosse claque avec cet article. L’essentiel consiste à « vagabonder »…comme pendant l’enfance, quand on était si heureux et que tout nous semblait possible. Avec les années, on finit par oublier cette simplicité en vivant sur des « il faut » que l’on s’invente soi-même…sans être plus heureux pour autant.

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    • De retour, Polina, et heureuse de retrouver tes écrits, toujours si justes et sincères. Si ce que tu décris est bien vrai, je me permets de dire, que cette grosse claque est peut-être salutaire et te permettra sûrement de « réveiller le tigre » en toi…

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  7. je connais Bobin et c’est un auteur que j’aime beaucoup, les autres écrivains que tu nommes me sont inconnus et il est vrai que chacun des évangélistes écrivent différemment et le plus dur à lire c’est bien Jean

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    • Il est vrai que les auteurs cités sont peu connus, se sont les références de Christian Bobin. Quant aux Évangiles, Jean est celui qui a reçu les messages les plus importants, les plus « intimes » et profonds… et la lecture, comme celle de la Bible en général n’est pas aisée, il vaut mieux passer par les « décryptages » des esprits éclairés qui en tirent le vrai sens

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  8. J’ai beaucoup aimé ce passage :  » Mais, d’abord, regarder, et si l’on est devant un mur, le voir. S’il est aussi haut que le ciel, le reconnaître ». Avec simplicité il dit de choses si essentielle. Merci Elisabeth pour ce billet, il est important.

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  9. Re-bonjour Elisabeth,
    Je viens de lire tes deux présentations de Christian Bobin de suite. Plus je lis sur lui, plus je suis impressionné. Et plus je me retrouve en lui.
    Et que j’adhère et aime cet énoncé: « « L’avancée en solitude loin de dessiner une clôture, ouvre la seule, et durable, et réelle voie d’accès aux autres. » »
    Et que dire des petites librairies… je viens justement de m’offrir le plaisir de bouquiner dans ce genre de librairies ces derniers jours..que de trésors on peut y trouver… des trésors méconnus..oubliés…et souvent tellement plus riches que bien des « best-sellers ».
    J’ai aimé découvrir cet homme!
    Merci de ce partage.
    Mes salutations sincères

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    • Que j’adore lire ton témoignage, Kleaude… et je ne suis, alors, pas du tout étonnée par tant de similitudes, c’est comme un cercle des intimes, qui se retrouvent, pour échanger leurs trésors… et se comprennent, même sans mots
      Merci à toi, Ami…

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  10. J’aime beaucoup les passages sur les livres. Le livre choisirait-il son lecteur au moment qui convient ? Peut-être bien que oui ! 🙂
    Le passage sur l’extrême faiblesse indestructible me parle beaucoup aussi.
    Il est très intelligent cet homme là !

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  11. Ma chère…très chère Elisabeth …

    Je n’ai jamais autant vibré à tes articles comme à celui-ci ..et je sais que quelque part tu ne seras pas surprise …
    Tant de passages me touchent …tous en fait …( sourire ) ….
    Les mots de C.B…touchent mon âme …tellement …Malgré que je sois convaincue de ma foi personnelle, ça me fait du bien de le lire …Merci …

    Avec toute ma tendresse
    Manouchka

    Je vais partager sur  » La Vie est une Musique  »….malgré le peu de lecteur qui y viennent, je tiens à ce qu’ils lisent cet article ….xxx

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    • Non, je ne suis pas surprise, loin de là, ma chère… très chère Manouchka car je connais ta foi profonde, si personnelle et intime. Et tes mots touchent aussi mon âme… je te le redis à chaque lecture.
      Peu importe le nombre, ce qui est beau, est souvent rare… mais ton blog mérite tant à être connu.
      Tendresses du cœur

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