Christian Bobin : Croire rend la vie plus difficile

Il perçoit Dieu dans la nature et le rire des enfants. Mais pour cet écrivain mystique hors norme, la foi est peu compatible avec la vie en société.

Psychologies : On dit que vous êtes un écrivain « qui croit ». Mais en quoi croyez-vous ?

Christian Bobin : Je crois en la « présence même.»

Une présence entière et imprévue. Comme je ne suis pas délirant, je ne parle que de ce que je vois. Cette croyance qui me tient – et non que « j’ai », comme on possède un objet ou un livre dans sa bibliothèque – me permet de percevoir des correspondances, des échanges entre un rosier et un visage retourné à la terre, ou entre une phrase écrite dans un livre il y a deux siècles et le sourire surpris d’un passant aujourd’hui…

En ce sens, ma foi est de l’ordre de la contemplation : c’est ne pas me remettre d’être sur Terre, c’est être étonné comme un nouveau-né, c’est avoir un appétit immense du «  jamais vu » de la vie. Cela n’a rien à voir avec le Dieu enfermé dans les consignes automatiques des Églises.

Ces correspondances apparaissent partout dans votre œuvre. On a l’impression que l’existence de Dieu vous apparaît dans les plus petites choses, à « ras de terre », comme vous l’avez écrit dans Le Très-Bas. Mais est-ce que cela s’arrête parfois ?

Bien sûr ! A certains moments, je suis atteint, comme chacun de nous, par un manque de fraîcheur. Quand ça s’arrête, j’attends, c’est tout ce que je sais faire. J’ai l’espérance que quelque chose va revenir, et quelque chose toujours revient. Quelque chose dont je ne suis pas maître… D’ailleurs, j’accepte d’avoir très peu de maîtrise sur cette vie. Je trouve que la maîtrise d’une personne sur sa propre vie, ce qui est, hélas !, possible, donne à la vie une consistance pierreuse, voire funéraire.

Priez-vous ?

Je ne sais pas vraiment ce que c’est que prier. Ou, si c’est tout simplement « regarder vraiment», si c’est ce commerce sans phrases avec ce qui se présente à moi, alors oui, il m’arrive de prier.

Vous vous reconnaissez quand même comme chrétien…

J’aime lire parfois des pages de Lao-Tseu ou certaines pensées bouddhistes. Elles sont souvent très belles, «pacifiantes» comme des massifs d’hortensias bleus… Mais la manière vivante du Christ d’aller dans sa vie telle qu’elle nous a été racontée m’apparaît inégalable.

Je m’appuie sur sa parole, et ce que je sais de Dieu, c’est ce que cet homme m’en a dit, rien d’autre. Dans les Évangiles, je ne trouve pas une technique, encore moins un modèle ou un dogme. Je trouve une vie lumineuse, qui est comme la vie même : traversée sans cesse d’événements, avec, tout de suite, des réponses à ces événements… Ça dure le temps d’une comète, à peine trente-trois ans, mais on en perçoit la lueur encore aujourd’hui.

Diriez-vous que croire aide à vivre ?

Je pense qu’il n’y a qu’une seule chose qui puisse vraiment aider à vivre, c’est la conscience de la mort. Et la croyance, pour moi, est inséparable de cette connaissance consciente : la certitude que ce jour va passer, que presque tout va passer – car je crois que tout passe, sauf le cœur – change notre perspective. C’est le socle sur lequel on peut, me semble-t-il, s’appuyer pour voir cette vie dans toute son étendue, et la goûter vraiment.

La croyance en Dieu ne rend-elle pas plus fort ?

Pour moi, Dieu a partie liée avec le plus faible de cette vie : la petite enfance, les mourants… Et il se présente dans tout ce qui nous sort de la convention sociale : ruptures, douleurs, joies. Là où « c’est joli » d’en parler, je ne crois pas qu’il y ait Dieu. Le Dieu auquel croient – entre autres – les Américains, celui qu’ils ont mis sur le dollar, propose, selon moi, une manière d’être  « cruellement optimiste ».

C’est le petit Dieu mauvais du narcissisme, le Dieu magique de la toute puissance imaginaire, celui du nouveau-né qui pense que sa mère est une partie bienfaisante de lui et se met donc à hurler dès que cette partie s’éloigne ou ne répond pas à ses vœux. Je ne crois pas à ce Dieu-là, qui est comme un prolongement monstrueux de la personne. Celui auquel je crois est tout le contraire. Il est de l’ordre de la lézarde, du passage et du manque.

D’ailleurs, vous écrivez beaucoup sur les épreuves, la douleur de perdre ceux que l’on aime, la fragilité des choses…

Dans l’imaginaire courant, c’est un peu comme si ceux qui avaient la foi possédaient un compte en banque ! La confiance et la tranquillité en sortiraient à jets continus. Mais pour moi, la foi, ce n’est pas ça du tout. Elle se paie parfois cher et apparaît sur fond de ténèbres, de doutes ou de compassion.

Arthur Rimbaud disait, dans Une saison en enfer : « Je ne me crois pas embarqué dans une noce avec Jésus-Christ comme beau-père. » Je suis assez d’accord avec ça. J’ai appris que cette vie n’est pas une noce. Elle est fabuleuse, mais elle est terrible aussi. Les deux aspects sont indissociables. Le Dieu auquel je crois n’est pas fort, mais il est aussi invincible qu’un courant d’air.

C’est-à-dire qu’il rentre dans les têtes et dans les vies alors qu’elles se croyaient cloîtrées, comme bétonnées par la convention, par un faux repos, par de fausses certitudes. Donc, pour revenir à votre question précédente, c’est un Dieu qui est plus dérangeant qu’arrangeant, et je dis sans aucun masochisme que croire rend la vie, dans un sens, plus difficile.

Pourtant, on dit souvent que la foi aide à développer des qualités positives.

Justement ! Si vous développez des qualités comme la bonté ou la compassion, votre vie va, au contraire, devenir de plus en plus difficile ! Quelle bonne nouvelle, n’est-ce pas ? (Rires.) Cette difficulté est bien sûr fabuleuse mais, d’une certaine façon, votre vie sera de moins en moins compatible avec l’état social ordinaire qui repose, derrière la courtoisie, sur la lutte et le déchirement.

Vous avez écrit que « la plupart des gens sont tellement adaptés qu’ils en
deviennent inexistants ». La foi serait-elle ce qui permet d’être vraiment au monde sans se perdre soi ?

Oui, c’est ça. C’est le contraire d’une adaptation. Quelqu’un qui est adapté à son milieu, c’est quelqu’un qui est en train de disparaître. La convention mange la plupart des vies comme une petite souris à petites dents et, au bout du compte, c’est la vie entière qui peut être mangée comme un gruyère. Ça se passe petit à petit : dans des politesses, dans la croyance qu’il y a des choses qui ne se font pas, dans la croyance qu’il existe des modèles pour vivre ou pour écrire.

J’ai parfois été peiné de voir des gens qui avaient une pleine possession de leur talent à l’oral et qui, lorsqu’ils se mettaient à l’écriture, perdaient leur fraîcheur et leur intelligence parce qu’ils étaient en état de révérence par rapport à cette écriture. Ils pensaient qu’il fallait que leurs livres ressemblent aux précédents, à ce qui se fait couramment. Toute leur lueur disparaissait alors.

Aujourd’hui, tout le monde invoque Dieu pour justifier des actes terribles. Qu’en pensez-vous ?

J’ai l’impression que les peuples se lancent Dieu au visage comme des enfants se jettent des cailloux. D’un côté comme de l’autre, leur Dieu est aussi raide, aussi dur et menaçant qu’une pierre. A vrai dire, c’est plutôt leur croyance mortifère en eux-mêmes, c’est leur force qu’ils adorent et qu’ils balancent à la face de l’autre…

Peut-être que Dieu s’amuse : au point d’étouffement où l’on en était, il lui fallait peut-être faire arriver des choses nouvelles entre les uns, repus et stupides, et les autres, affamés et remplis de ressentiment. « Seule la terreur vous rendra intelligent », dit le prophète Isaïe dans la Bible… Il est également possible que même cela ne suffise plus à nous réveiller. Alors, nos petites affaires reprendront : l’économique comme unique pensée, l’avidité, le narcissisme… Les affaires du monde, en somme.

Interview publié dans le magazine Psychologies

Extraits

«  […] Ce serait un Dieu meurtrier que celui qui élirait quelques-uns pour les mettre dans une protection totale jusqu’à leur mort. Si certains naissaient coiffés, mais coiffés par les anges, comme si le réel allait passer sous leurs yeux comme une toile peinte, sans doutes, sans souffrances, ce serait intolérable. La vie est difficile et éprouvante même pour la plus grande brute… Même pour un milliardaire la vie est déchirée, pleine d’angoisse et d’attente, avec à la fin le mur noirci de salpêtre de la mort, alors pourquoi les seules vies faciles seraient-elles celles de ceux qui cherchent le ciel ? […] »

La Lumière du monde

« […] Les mères par instants cessent totalement d’aimer leurs enfants. Impatientes, épuisées ou déçues, elles sortent de l’amour une seconde puis y reviennent à la seconde suivante, comme on franchit d’un pas allègre un abîme qu’on n’a pas vu. Nous sommes la cause d’un tel désamour de Dieu : excédé, il nous a laissés à notre nuit pour une seconde qui semble durer des siècles. Il ne nous reste plus qu’à attendre la seconde suivante où il nous reprendra. […] »

« […] J’ai 6 ans. Je suis en vacances dans un village de la Bresse où mes parents viennent depuis plusieurs années. Mon père aide souvent les paysans pour la moisson. Pendant son absence, un jour, je tourmente ma mère. Quand mon père arrive à vélo devant la maison, elle lui fait part de son irritation. Il me regarde et me dit : je ne suis pas du tout content de toi.

Puisque c’est comme ça je m’en vais et je ne reviendrai pas. Il enfourche son vélo et s’éloigne sur la route qui, à l’horizon, ondule sous la chaleur. Je me sens alors plus bas qu’aux enfers : par ma faute, je ne reverrai plus jamais mon père. Après quelques minutes passées dans les flammes, je trouve une solution, la seule qui soit à la hauteur de ma faute et puisse la réparer : m’engouffrer dans l’église proche et prier pour le retour de mon père. Je prends le chemin du salut.

Il est encombré par un troupeau d’oies aussi hautes que moi qui me harcèlent et pincent mes jambes sans arrêter ma course. Mon père revient une heure plus tard et je devine très vite que mes prières ne sont pour rien dans ce retour. Quarante ans plus tard, demeure le charme des églises de campagne et du soleil caressant le battoir en fer forgé de leurs lourdes portes en chêne. Demeure aussi la douceur d’avoir un jour prié pour un vivant. […] »

Ressusciter

 

 


39 réflexions sur “Christian Bobin : Croire rend la vie plus difficile

  1. Oui, croire ou ne pas croire c’est selon le parcours et la psychologie de chacun. Je m’abstiendrais donc de donner un avis car autant la croyance m’a aidée à sortir de la prison dans laquelle mes aïeux m’avaient enfermée à quadruple tours, autant elle m’a pourrie l’existence parfois lorsqu’elle était erronée (orientée par la peur et pour cause avec les séquelles traumatiques d’une enfance de calvaire sans fin que j’ai subie).

    Je continue d’essayer de guérir même si les blessures sont si profondes et ne se refermeront peut être « jamais ». Toujours et jamais existent-ils pour autant à l’échelle de l’univers? Non bien entendu ET je crois (peut être naïvement comme un enfant) encore aux possibles tant que je suis en vie et consciente de mon histoire (celle de l’humanité). En pleine mutation depuis mon plus jeune âge. Une destinée étrange et lourde et nul autre choix viable que de la respecter, autrement je ne pourrais faire en sorte d’arriver à prendre soin de ce qui reste de moi, de vibrant.

    Ceci étant, la lumière de l’univers n’a de cesse de briller en chaque vie pour l’animer avec grâce quoi qu’on en dise, agir à travers elle, et, j’ai beaucoup apprécié la vision de ce monsieur éclairé, Merci à toi.

    Le divin? Notre coeur aimant et plein de gratitude pour ma part; regard clair et sans équivoque grâce à une attention CHERIE. Le coeur de l’univers?

    Merci pour cet article encore très bon 🙂 et je regrette de me sentir quelque peu confuse car en souffrance, et, çà aussi ça passera…

    Prends bien soin de toi, lovely you…
    Tendresse 🙂

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    • Tu n’es pas confuse, même s’il te semble l’être, chère Lunaya, j’entends tes mots de souffrance si profonde mais je sens surtout l’espoir, la force intérieure, l’acceptation et surtout cette lumière de l’univers, qui n’a de cesse de briller et de vibrer à travers toi.
      Si tu as su la garder, comme préserver cette gratitude, malgré le calvaire que tu as subi, je suis convaincue que tes blessures cicatriseront, et même, si elles seront toujours douloureuses, tu en prendras soin car tu les vis en conscience et tu ne joues pas le rôle de victime.
      Ta lourde et étrange destinée pourrait te détruire mais tu as fait le choix d’avancer et de préserver l’étincelle de la Vie, qui ne cherche qu’à rayonner à travers toi.
      Prend bien soin de toi, ma douce, toutes mes pensées de tendresse t’accompagnent… et que la Grâce soit avec toi

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  2. Je ne crois pas que  » croire rend la vie plus difficile  » il est plus compliqué de partager sa croyance, mais quand on est seul, parfois abandonner de tous pour de multiples raisons, croire en quelque chose permet de vivre ou survivre.

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  3. Coucou Elisabeth,
    Me voici enfin, quelque peu prise en cette fin de semaine, mais je prends quelque instant pour venir te faire un p’tit coucou et te déposer de doux bisous en te souhaitant un très bon dimanche. Profitons de cette belle journée qui s’annonce 😉
    A bientôt Elisabeth !
    🙂

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  4. Waouh ! Je prends : « Je pense qu’il n’y a qu’une seule chose qui puisse vraiment aider à vivre, c’est la conscience de la mort. Et la croyance, pour moi, est inséparable de cette connaissance consciente : la certitude que ce jour va passer, que presque tout va passer – car je crois que tout passe, sauf le cœur – change notre perspective. C’est le socle sur lequel on peut, me semble-t-il, s’appuyer pour voir cette vie dans toute son étendue, et la goûter vraiment. »

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  5. ce passage avec lequel j’adhère me plait beaucoup Elisabeth …
    « Je pense qu’il n’y a qu’une seule chose qui puisse vraiment aider à vivre, c’est la conscience de la mort. Et la croyance, pour moi, est inséparable de cette connaissance consciente : la certitude que ce jour va passer, que presque tout va passer – car je crois que tout passe, sauf le cœur – change notre perspective. C’est le socle sur lequel on peut, me semble-t-il, s’appuyer pour voir cette vie dans toute son étendue, et la goûter vraiment. « 

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    • Oui, Juliette, c’est la seule certitude que nous ayons : « que ce jour va passer, que presque tout va passer – car je crois que tout passe, sauf le cœur »… et non seulement, nous pouvons en faire un socle mais comme disait « l’autre » : on ne voit bien qu’à travers lui…

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  6. Croire ou ne pas croire ne change rien aux souffrances de la vie. La vie est faite du bon et aussi du mauvais, du bien et du mal. Ce n’est pas parce je crois, que je serai épargnée des maux, en tant qu’humain, je souffre. Mais la plus grande souffrance c’est d’avoir le cœur vide, sans espérance. Pour ma part, la foi m’a élevée, relevée, elle m’a rendu mes espoirs perdus. Le jour où j’ai cru, je ne sois pas repartie les mains vides mais bien pleines, Je ne parle pas de bâtiments, d’édifices faits de pierres où la mort règne, je parle de la pierre angulaire, de Celui qui a donné sa vie pour que j’aie la Vie, en abondance. Je crois que la foi ne se définit pas, autant que Dieu est infini, sans limites, la foi nous dépasse et nous submerge. Son essence est Amour, Paix, elle ne se mesure pas, elle n’est pas un antidépresseur non plus.
    Merci Elisabeth de ces moments de lecture qui m’enrichissent toujours, tes articles sont si profonds. Peut-être suis-je hors sujet dans mes propos mais c’est l’inspiration du moment.
    Bon week-end à toi, bisous de cœur ♥

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    • Comment serais tu hors sujet, douce Lucia, avec ce témoignage si vibrant ? De cet Amour, si puissant et profond, de cette Foi qui aide à supporter toutes les souffrances, qui remplit le cœur de gratitude et d’espoir, celle qui nous submerge par son intensité sans limites.
      Elle n’est pas une béquille, peut-être un bâton du pèlerin… en route vers son Essence…
      Un immense Merci, c’est un bonheur de te lire, toi, qui parles si bien de Celui qui Est.
      Doux week-end, et mes bisous de cœur ♥

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  7. Moi qui suis athée (et agnostique aussi, pourquoi lésiner? 😉 ), j’ai beaucoup aimé cet article.
    J’ai adoré l’allusion au dollar américain « In god we trust », mais c’est un détail.
    Je ne pense pas que l’auteur ait la foi au sens que plupart des gens donnent à ce terme. Il voit la divinité partout dans l’univers, c’est comme s’il n’existait pas d’entité divine distincte de cet univers.
    Lui rend-il un culte? Il ne le précise pas à part qu’il cite un souvenir dans lequel il va prier dans une église.

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    • Oui, soyons fous, Mo 🙂 Ravie que tu aies aimé, et je suis d’accord, cette foi est si personnelle, si éloignée de tous les dogmes et totalement universelle car elle peut englober toutes les croyances, pour arriver à l’essence… voir la divinité partout.
      Et personnellement, je le crois aussi… elle se trouve dans tout l’Univers et surtout à l’intérieur de nous.
      Le plus beau culte, n’est il pas de rendre grâce à la puissance de la Vie ?

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  8. Je ne suis pas trop d’accord avec le fait que la croyance (qu’elle qu’elle soit) est difficile à vivre, surtout lorsqu’elle se traduit par bonté et compassion.. Totalement d’accord par contre sur le fait que la mort doit être intégrée à la vie et assimilée de son vivant. bises

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    • Comme je le disais dans la réponse à Kleaude, la bonté et la compassion peuvent nous faire souffrir car elles nous rendent si sensibles à la douleur du Vivant… et la foi est souvent très lourde à porter, si elle est personnelle et ne s’appuie pas sur les dogmes, puisqu’elle nous met à nu et nous confronte au doute et à la quête permanente…
      Quant à intégrer la mort, y compris les petites, quotidiennes, je suis totalement d’accord.
      Merci, Cathie et gros bisous

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  9. Bonjour Elisabeth,
    Je continue de découvrir cette homme dont j’aime tant sa philosophie personnelle.
    « c’est être étonné comme un nouveau-né, c’est avoir un appétit immense du « jamais vu » de la vie. Cela n’a rien à voir avec le Dieu enfermé dans les consignes automatiques des Églises. » Ces mots me rejoignent tellement.Je m’y retrouve.
    J,aime aussi sa cynique lucidité : » Le Dieu auquel croient …. propose, selon moi, une manière d’être « cruellement optimiste ». »
    J’aime aussi les images qu’il décrit de Dieu en fonction des religions.
    Ce Bobin est un des très rares auteurs qui s’approchent de ce que je conçois de la spiritualité. Je pense être encore plus terre à terre. Par exemple, je trouve réducteur ce passage: « Justement ! Si vous développez des qualités comme la bonté ou la compassion, votre vie va, au contraire, devenir de plus en plus difficile ! » Je trouve paradoxal que sur ce point il ramène tout à Dieu. Les valeurs humaines ne prennent-elles pas tout leur sens dans l’individualité… dans le fait de les assumer personnellement…? Et à ce moment elles peuvent être concrètement constructives.

    Par contre, il revient me chercher en ces mots: « « la plupart des gens sont tellement adaptés qu’ils en deviennent inexistants ».
    J’aime ce que je découvre de cet auteur. Tu me fais faire une belle découverte.
    Mes amitiés sincères

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    • Je ne crois pas qu’il soit cynique, Kleaude, peut-être juste un peu désabusé mais d’une manière tendre et lucide. Il évoque cette « difficulté (qui) est bien sûr fabuleuse » mais la bonté ou la compassion peuvent être dures à vivre car elles nous rendent si perméables à la souffrance de l’autre… c’est du moins ma manière d’interpréter ce passage. Que l’on soit croyant ou pas…
      Heureuse que tu aies fait cette découverte, d’autant, que tu restes entièrement libre d’adhérer à certaines de ses opinions et les mesurer par rapport aux tiennes.
      Merci et toutes mes amitiés

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      • J’aime vos commentaires à toi et Kleaude …Je me permets d’ajouter…ma vision suite à  » il ramène tout à Dieu  »….Peut-être C.B., veut-il dire aussi le divin en nous…ce divin avec lequel nous venons tous et toutes au monde …Ce divin = AMOUR…plus on se connecte à ce divin, plus c’est exigeant …En ce moment je suis en arrêt de travail à cause de mon sciatique ..et cela me permet de voir la véritable compassion de certaines personnes de mes proches ..en autres ma soeur Diane ..qui m’accompagne et je dirais qui souffre avec moi …et ce n’est pas par masochisme de sa part …Elle a ce divin en elle,( auquel elle ne croit pas ) …On a été fait à l’image de Dieu …qu’on y croit ou non …Pour des raisons très légitimes, beaucoup de gens refusent cette partie du divin en eux …Et après une conversation plus en profondeur, je constate qu’elles ont vécu des choses difficiles au niveau de la religion catholique….etc….Ou, elle croient que leurs malheurs viennent de Dieu …donc..elles ferment la porte à la relation….Pour en revenir à l’exigence …je la vois à 2 niveaux …1- Celui de la fragilité face à la souffrance des autres ( comme tu le dis si bien Elisa ) …2- Exigence face à moi-même…dans le sens de  » DIRE & FAIRE  »….C’est là que la partie humaine ( limites )…vient heurter une autre fragilité…et c’est là que je me vois le plus, dans le sens d’être sans cesse devant l’exigence du pardon …etc…..

        Merci pour votre présente , Kleaude et Elisa ….Tendresse …xxx

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        • Merci pour ton intervention, chère Manouchka, je trouve ta vision des choses si belle et juste, et j’adhère entièrement à ce concept du divin, présent en chacun de nous. Si nombreux sont ceux qui le rejettent, il y a toujours des raisons… et la souffrance, ainsi que des fausses croyances y sont pour beaucoup. Il y a eu trop de mal, fait souvent au nom de Dieu, et nous oublions qu’il nous a laissé entièrement libres… alors, nous l’accusons à cause des malheurs, dont nous sommes souvent des artisans.
          Si nous pouvions ne voir que cet Amour immense, inconditionnel, qu’il nous donne, nous ne lui fermerions plus la porte. Si ta sœur, bien que non croyante peut agir de la sorte, c’est qu’elle comprend le vrai sens du mot « compassion »… souffrir avec… et non pas par masochisme, juste par bonté d’âme.
          L’exigence est grande mais jamais imposée… Dieu nous aime, quoi que nous fassions…
          Juste que pour être à la mesure de ce que nous recevons, il nous appartient de la cultiver, tout en acceptant les faiblesses des êtres humains que nous sommes, à travers ce par-don… à soi, aux autres…
          Que Dieu te bénisse et te garde, ma douce, prend bien soin de toi, puisque ton corps le réclame.
          De tout cœur avec toi… tendresses

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