Restaurer notre sentiment de sécurité intérieure

C’est l’histoire d’un psy qui lutte pour être sûr de lui. Dans son ouvrage, Willy Pasini nous fait profiter de son expérience. En explorant les méandres de nos inhibitions, il nous aide à nous sentir moins vulnérables

« A quoi aspire-t-on aujourd’hui ? A avoir confiance en soi et à s’aimer mieux », affirme le psychothérapeute Willy Pasini. Dans Être sûr de soi, il a choisi d’analyser les mécanismes qui nous empêchent d’y parvenir et propose des pistes pour y remédier. Ce livre est, de plus, très personnel. « Gaucher contrarié, inhibé, j’ai accompli un long travail sur moi pour libérer ma créativité et avoir confiance en elle », dit-il. Son analyse mérite donc toute notre attention.

Sécurité intérieure

Psychologies : Pourquoi choisir un thème à la mode ? Ne craignez-vous pas de paraître racoleur ?

Willy Pasini : Avoir confiance en soi, s’estimer sont des nécessités psychologiques dans une société qui a répudié les maîtres à penser. Les gens ne veulent plus qu’un guide leur dise : « Ceci est bien, ceci est mal, voilà comment il faut agir… » C’est en eux-mêmes qu’ils cherchent leur chemin. Dans ce contexte, ils ont besoin d’être forts et sûrs d’eux ! C’est un but à atteindre et il est réalisable.

Être sûr de soi, ça mène à quoi ?

A être leader politique, bon entraîneur de foot, manager charismatique… Non, je plaisante : ça sert à être mieux avec soi et avec les autres, à être plus heureux. Les personnes sûres d’elles-mêmes font de meilleurs choix, dépendent moins des autres, sont moins vulnérables aux critiques. Mais, c’est vrai, je crois qu’il y a quand même un désir de pouvoir à la base.

Pour être sûr de soi, il convient d’être généreux avec soi-même, dites-vous. Est-ce possible quand on n’a jamais été aimé ni valorisé ?

Absolument. Mais il faut avancer progressivement, en fonction de son degré de confiance en soi. J’explique cela dans le chapitre sur les thérapies. Si votre estime de vous est très faible pour des raisons familiales anciennes, lourdes, il est nécessaire d’en passer par une psychothérapie.

Cela vous aidera plus que d’apprendre à marcher pieds nus sur les braises car vous devez d’abord restaurer votre sentiment de sécurité intérieure. Ce « noyau dur de confiance » est peu développé chez ceux qui ont souffert de carences affectives ou de maltraitance sexuelle.

Un lien amoureux peut-il apporter la sécurité qui nous manque ?

Pour un temps seulement. L’état amoureux nous gonfle d’énergie. Malheureusement, il a l’inconvénient de nous rendre dépendant de l’être aimé. Dans un registre proche, de nombreuses femmes s’imaginent qu’avoir un enfant les rendra enfin sûres d’elles. L’illusion tombe après l’accouchement. Confrontées à un sentiment de vide intérieur, elles dépriment.

Pourquoi dites-vous qu’une trop bonne image de soi est nuisible ?

Il faut nuancer. Les personnes sûres d’elles ont une vision positive qui les incite à se surestimer légèrement. Mais, ce que j’appelle une trop bonne image de soi, c’est cette vision coupée de la réalité, mégalomane, qui pousse à se leurrer sans cesse. Or, le réel – la confrontation avec ses limites, avec les autres – finit toujours par s’imposer.

J’évoque aussi le « syndrome du mont Blanc ». Ceux qui en sont atteints sont obsédés par le besoin d’être le premier, le plus haut. Autrement, ils ont l’impression de n’être rien. Mais comme ils en sont incapables, ils passent leur temps à déprimer.

L’estime de soi n’est-elle pas toujours plus ou moins fluctuante ?

En effet, nous avons constamment besoin de la nourrir avec des événements valorisants. D’où l’utilité de savoir être indulgent envers soi-même. Si, au lieu de privilégier les défis qui mettent psychiquement en danger, on choisit sagement – dans la mesure du possible – des situations que l’on peut gérer, on sera plus souvent gratifié.

Une philosophie de vie très américaine, qui se révèle efficace. Elle a surtout le mérite de ne pas valoriser la souffrance, le sacrifice de soi. Quand j’étais en Californie, j’entendais souvent cette petite phrase : « Regarde le soleil qui irradie en toi, pas seulement celui qui brille dans le ciel ! »

Un peu naïf, ne trouvez-vous pas ?

Oui, mais tellement réconfortant. J’ai aussi appris une petite astuce : « Avant d’adresser une critique à quelqu’un, ne pas oublier de lui faire deux compliments. » Tout le monde a besoin d’être rassuré. Ce devrait être la première règle d’une bonne éducation sentimentale.

Isabelle Taubes

A lire :

Être sûr de soi de Willy Pasini Editions Odile Jacob

Apparence physique, vie professionnelle, sociale ou amoureuse… Dans tous ces domaines se pose le problème du manque de confiance en soi. « Apprenons à être sûrs de nous et à nous faire plaisir », tel est le programme. En fin de volume, une série de questions permet d’évaluer notre degré de confiance en nous.

30 réflexions sur “Restaurer notre sentiment de sécurité intérieure

  1. Ah!!!!ce syndrome du Mont Blanc! Comme je me reconnais là! Et comme il est justifié de chercher a s’en débarrasser….
    J’aime beaucoup la fin de ton billet qui parle d’indulgence. C’est une notion un peu laissée de côté par notre civilisation, et qui mérite absolument d’être remise en valeur.
    C’est le mot que je garderais pour accompagner ma journée.
    Bien amicalement

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    • C’est curieux, Marie, comme je te vois mal avec ce syndrome, à moins que tu ne le vives dans le sens de « placer la barre très haut »…
      Et cette indulgence, effectivement si peu présente dans nos sociétés, ne serait-il pas bon de l’appliquer à soi ? Et je m’inclue aussi là-dedans 🙂
      Mes amitiés sincères

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  2. Bien sûr, il faut un équilibre en tout. La personne trop imbue d’elle-même, devient vite imbuvable et surtout, elle est peut-être à côté de la plaque. Mais au final, il y a sans doute beaucoup plus de personnes qui doutent.
    Par ailleurs, c’est bien de suivre un guide à un moment donné, mais le mieux, c’est d’irradier soi-même, ainsi qu’il est reporté dans l’article.
    😎

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    • Il y a effectivement davantage de personnes qui doutent et souvent, celles qui semblent imbues d’elles-mêmes, cachent ainsi un profond sentiment d’insécurité.
      Un guide peut être utile mais, comme tu dis, ce rayonnement intérieur ne peut s’acquérir par notre propre travail.

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  3. Evidemment je m’y attendais, il y a un article qui m’attendait particulièrement et c’était celui-ci 😉 La notion de « sécurité intérieure » me parle à un point !! Comme je viens de te le dire en réponse à ton commentaire chez moi, je me sens pas mal submergée d' »insécurités » ces derniers jours.
    Ma petite voix m’a dit quelque chose qui m’a beaucoup émue. La notion de perfection est toute relative. Relative à l’oeil de celui qui juge pour commencer. Il est important de ne pas perdre de vu le plaisir d’expérimenter. Prendre plaisir sur le chemin, jouir plus simplement de la vie. Parfaite par essence.
    En ce qui me concerne je crois que j’ai une tendance à me mettre la barre très haut, sans me permettre l’échec et ça génère un stress important. J’ai du mal à me défaire de cette exigence. En théorie je sais que ça tue la créativité, mais je n’arrive pas pour autant à arrêter.. grrrrr
    Je vais méditer le message de Willy qui me parle beaucoup, et notamment sa citation : « Regarde le soleil qui irradie en toi, pas seulement celui qui brille dans le ciel ! »..
    Car je n’arrête pas de tomber sur des messages valorisant le respect de soi avant le sacrifice de soi!!
    Bref encore tout un programme 😉
    Des bisous

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    • Merci, douce Minosoa, pour ce témoignage si émouvant. Synchronicités et miroirs 🙂 Et je te le dis, puisque cette barre, placée trop haut, je la connais si bien, ainsi que cette exigence cruelle.
      J’irai plus loin, la notion de perfection n’existe pas et c’est un très gros piège où elle nous fait tomber.
      Je souris car tu écris le mot « jugement » tout de suite après, même si je le sors de son contexte…
      La Vie est parfaite, aussi, parce qu’elle nous égare, nous éprouve, nous dépouille de nos pauvres et illusoires certitudes.
      Et si tu abandonnais le « grrrr » ? Tu ne trouves pas que ta dureté envers toi y est contenue ?
      Tout un programme mais tu sais que tu n’y couperas pas et puis, tu peux le faire… j’en suis sûre.
      Alors je te refais le miroir valorisant… tu es une belle personne humaine… accepte
      Bisous tendres

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  4. je suis une gauchère contrariée je sais donc écrire des deux mains avant c’était une honte d’écrire de la main gauche et pourtant mon écriture était plus belle je brode de la main gauche, je fais presque tout avec cette main et j’ai participé à des ateliers d’affirmation de soi, de la gestion du stress, des groupes de paroles qui m’ont beaucoup aidée et qui font ce que je suis aujourd’hui

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    • Et tu peux en être fière, Flipperine car si effectivement, dans les temps, être gaucher était considéré comme une « tare », heureusement, ça a bien évolué et on s’accorde à dire que les personnes comme toi possèdent de belles qualités de sensibilité et d’intuition.

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  5.  »Les gens ne veulent plus qu’un guide leur dise : « Ceci est bien, ceci est mal, voilà comment il faut agir… » C’est en eux-mêmes qu’ils cherchent leur chemin. Dans ce contexte, ils ont besoin d’être forts et sûrs d’eux ! C’est un but à atteindre et il est réalisable.  » ….

    Entre autres, j’aime beaucoup ce passage ….
    Aussi, la limpidité et la simplicité qui se dégage, de tout cet article …

    Bon weekend Elisabeth.
    Tendresse …
    Manouchka

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  6. Coucou Elisabeth,
    Encore une très belle et très riche publication, qui vient complémentariser ta précédente publication.
    L’estime de soi, la confiance en soi sont nécessaire afin d’avancer dans la vie, mais il ne faut pas croire que c’est la relation à l’autre qui vous permet d’y venir, car effectivement en ce sens il y a dépendance. L’autre peut vous permettre de cheminer positivement afin d’y venir mais le chemin c’est nous et personne d’autre qui le faisons.
    Le « trop » d’estime de soi n’est pas profitable non plus car en ce cas il n’y a plus de remise en question de sa personne et parfois cela va à une tendance à rabaisser.
    Je crois effectivement , que toute au long de notre vie nous fluctuons avec notre confiance en nous, ceci de par notre vécu antérieur et immédiat. Arrêtes moi si je me trompe Elisabeth, mais ceci est encore une histoire de justesse, justesse que nous cherchons toute notre vie.

    Très bon week-end à toi, j’espère que tu pourras profiter de notre beau soleil, hum…que c’est bon de se chauffer à lui.
    A bientôt !
    Doux bisous

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    • Non, tu ne te trompes pas, Fanfan, cette justesse intérieure, nous la cherchons effectivement toute notre vie, en mettant nos cœurs à l’épreuve, comme le dit cette belle chanson. Et nous seuls pouvons ressentir si nous sommes dans notre vérité car si l’autre peut aider ou guider, personne ne cheminera à notre place… tu l’as si bien compris.
      Nous marchons souvent sur un fil, et cette confiance en nous est si fluctuante, comme l’estime que nous nous portons. Si elle est toujours conditionnée par notre « bagage », ainsi que par le regard extérieur, il est nécessaire de sentir le moment où nous devenons soit dépendants, soit, trop sûrs de nous et sclérosés dans nos certitudes.
      Merci pour cette belle compréhension, pour la vidéo, encore si bien choisie et toute ma tendresse. Le soleil qui est enfin revenu fait tant de bien… profitons en. Bisous et doux week-end à toi

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  7. Bonjour Elisabeth,
    Être généreux avec soi-même…. oui….à tout le moins être aussi conciliant face à soi qu’on le serait envers les autres. Je relève aussi le fait que l’estime de soi fluctue selon les circonstances et les moments. Il y a certes bien des recettes pour la conserver ou la réhabiliter cette fameuse estime de soi. Je crois néanmoins qu’elle repose aussi sur une responsabilité « collective ». Savoir apprécier les qualités des autres leur sera si constructif. Le dénigrement peut être si destructeur. Certes, il ne faut pas dépendre des autres pour son propre estime de soi, mais il est indéniable que l’appréciation des autres peut être si salutaire. C’est collectivement que l’on devrait travailler cet aspect de la chose. Sinon on ne pourra que le faire individuellement et déjà cela porte à flanc à la confiance en soi. Comment y croire vraiment si on doit faire cavalier seul et si on ne sait rallier personne d’autre. Cet aspect est trop négligé dans les principes de « reconstruction de soi. »
    Croire en soi…croire en sa légitimité d’être…..
    Mes amitiés sincères

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    • Tu soulignes encore plusieurs aspects importants, Kleaude, dont cette
      « légitimité d’être », qui ne nous a pas été accordée à la naissance, voire même avant. Et qui rend la confiance en soi encore plus fragile et fluctuante, même si nous y travaillons. Être reconnu et apprécié nous est vital… déjà une personne « normale » a besoin de se trouver un cercle de proches où se ressourcer, et combien d’exemples des groupes, comme les Alcooliques Anonymes où le soutien des autres est le gage de la « reconstruction de soi ». Ceux qui avancent seuls contre tous sont rares, et même eux puisent leurs forces dans une personne ou une idée.
      Mais cette vision de la société, dans laquelle les valeurs d’entraide et de valorisation de chacun sont appliquées, est tellement plus belle et juste… et en plus, elle n’est pas si utopique que cela, elle pourrait même être
      « productive », comme l’expérimentent certaines entreprises qui croient en la devise que l’employé heureux est plus efficace. Et j’espère qu’à force des échecs des valeurs actuelles, nous y viendrons.
      Merci pour tes belles idées et toutes mes amitiés

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  8. On est souvent confrontés à plusieurs peurs
    qui remontent à un souvenir,
    ou à notre enfance,
    et même plus loin…………….
    car le subconscient enregistre tout :
    du bon comme du mauvais…

    Moi j’ai une peur bleue du feu,…
    mon père est mort dans un accident de la route, emprisonné dans son véhicule en feu…quand ma mère était enceinte de moi…
    !!!

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    • Quel traumatisme indicible, Floray, que de porter cette peur, enregistrée en toi, dans tes cellules, bien avant ta naissance… je comprends que tu craignes le feu et j’espère que tu arrives à vivre avec…
      Merci d’avoir bien voulu nous le confier, tu es une femme si courageuse.
      Toute ma tendresse

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  9. L’estime de soi et la confiance en soi sont en effet essentielles car le chemin qui part de l’intérieur est le point de départ d’une destination aux autres. Par contre, je pense qu’on peut irradier, même dans le manque de confiance en soi pour peu qu’il soit compensé par la foi en quelque chose de beau. Le syndrome mont blanc est le sommet à atteindre pour mériter la rolex sans laquelle on peut estimer avoir raté sa vie, comme dirait un certain monsieur. 😉
    Etre le meilleur, dépasser les objectifs, à la fin il n’en restera plus qu’un !
    Une publicité mensongère et racoleuse sur la promesse d’amour. Comment imaginer que ces impératifs soient épanouissants ? Merci pour cet article Elisabeth et je te souhaite un excellent week-end. Bises 🙂

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  10. « Avant d’adresser une critique à quelqu’un, ne pas oublier de lui faire deux compliments. »
    Excellent conseil pour gérer les gens auxquels on a affaire, des subordonnés en particulier. Ou les manipuler? Je connais ce truc assez ordinaire parce qu’on me l’a suffisamment appliqué au boulot. Bof…
    A part ça, depuis que je suis retraitée, je ne me préoccupe plus guère de mon image ou plus exactement, l’opinion d’autrui ne m’importe plus vraiment. 😉

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    • Cette phrase pourrait fort bien sortir d’un manuel du management « à l’américaine », Mo, et la seule justesse que je lui trouve, repose dans le fait que tout le monde a besoin d’être rassuré, et qu’il est inutile de chercher à dévaloriser la personne car si la critique est justifiée, elle ne doit pas remettre en question son intégralité.
      Willy Pasini est surtout connu en tant que « spécialiste » des couples et dans ce domaine, ce conseil peut être judicieux 🙂
      Après, effectivement, se libérer du poids des opinions des autres, est une belle preuve de l’affirmation de soi

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  11. En tant que gauchère contrariée, daltonienne aux pieds plats qui plus est j’ai toujours eu besoin d’être rassurée ! mais plus maintenant, j’ai passé l’age …et je suis bien dans ma peau d’âne !
    😛

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