Nicolas Grimaldi : Ce qu’aimer veut dire

Escalier forêt

Dans Les métamorphoses de l’amour, le philosophe Nicolas Grimaldi fait une lecture précise et ludique de l’amour, entre folie ordinaire et expérience de l’absolu. Où le plaisir est un sacrement qui échappe à la raison.

Voici un penseur solitaire et singulier. Familier autant qu’exigeant, rigoureux autant que flâneur, Nicolas Grimaldi, né en 1933, est l’auteur d’une trentaine de livres. Descartes y voisine avec Van Gogh, Socrate avec Proust. De ses périples entre esthétique, littérature et philosophie ne se dégage pas une doctrine systématique, mais un effort pour comprendre ce que chacun vit, un patient chemin pour rendre compte des énigmes de notre existence, à l’intersection du banal, du sublime et de l’effroyable.

Voilà pourquoi, depuis une dizaine d’années, ce professeur émérite à la Sorbonne s’intéresse notamment au désenchantement, aux solitudes, à la démence ordinaire ou encore à l’inhumain – qui a donné son titre à un essai. Ce qui l’intéresse, en fin de compte, ce sont toutes les manières dont l’imagination vient perpétuellement interférer avec le réel.

L’amour en est évidemment un cas exemplaire entre tous. Nous « recréons sans cesse en l’imaginant » la personne aimée, que nous avons « inventée plutôt que choisie ». Au fil d’une écriture d’une précision digne des classiques, le philosophe propose de l’amour, et des métamorphoses qu’il engendre, une lecture à la fois évidente et à contre-courant.

Le Point : La plupart du temps, nous croyons savoir pourquoi nous aimons telle personne. Vous montrez qu’en fait nous nous racontons des histoires. Quand on aime, ce serait donc sans raison ?

Nicolas Grimaldi : Parmi toutes les puérilités proférées par les philosophes au sujet de l’amour, la plus grande consiste à vouloir lui trouver des causes rationnelles. La beauté et les perfections de la femme aimée expliqueraient l’irrésistible attraction qui porte un homme vers elle. Et pourtant, on aime quelqu’un bien avant d’avoir aucune raison de l’aimer. Inutile de convoquer le coup de foudre, car il n’y a pas d’expérience plus banale : on aime une personne avant même de la connaître et non pas parce qu’on la connaît !

Ce qui voudrait dire qu’« aimer » n’est pas synonyme de « préférer » ?

C’est même exactement le contraire ! L’amour n’est pas une conclusion que nous tirons de nos observations. Ce n’est pas parce que nous admirons de voir tant de perfections réunies en une même personne que nous la récompensons par le trophée de notre amour. S’il en était ainsi, le concours ne serait jamais clos, on accorderait son amour faute de mieux, comme un pis-aller, en attendant un meilleur score… ce qui est aux antipodes de l’amour.

Vous décrivez l’amour comme une folie ordinaire qui évoque aussi la mystique. À sa manière, l’amour serait-il une expérience de l’absolu ?

L’attente est constitutive de la conscience. Or toute attente porte en elle le sens de ce qui ne laisserait plus rien à attendre : l’infini, l’éternité, la perfection, la plénitude… En ce sens, effectivement, l’amour nous fait vivre une expérience de l’absolu. Mais nous la faisons dans nos corps, dans une rencontre au sein du monde, et cet absolu, par conséquent, se trouve sans cesse compromis par la promiscuité avec le relatif.

Parmi vos emprunts au vocabulaire religieux vous parlez également de l’amour comme « révélation ». En quel sens ?

En plusieurs sens. La première révélation de l’amour, c’est que la solitude n’est pas insurmontable. Alors que nous sommes dans une solitude naturelle, presque originaire, nous découvrons soudain que l’autre, comme nous, attend un autre pour rompre sa solitude. La deuxième révélation, c’est que l’autre n’est pas fatalement une énigme.

Il n’est pas nécessairement incompréhensible. Au contraire, il peut m’être si intime, et je peux lui être si intime, qu’il me semble l’avoir toujours connu et que lui me connaît mieux que je ne me connais moi-même. La troisième révélation «  surnaturelle » de l’amour, c’est qu’il existe quelqu’un dont je n’ai pas spontanément à me méfier. L’état d’innocence semble retrouvé. Entre nous, rien ne fait d’ombre, pas d’arrière-pensées, la peur n’a pas lieu d’être. Pas plus que la pudeur. Ni la honte. Elle m’aime comme je suis, je la prends comme elle est…

Et le plaisir sexuel ?

La volupté, elle aussi, évoque l’absolu ! Car le plaisir est la seule expérience qui soit sa propre justification : il se suffit à lui-même. Parvenir à cette transe voluptueuse à deux fait de l’autre, si l’on peut dire, un cocélébrant. En résiliant chacun sa propre identité, en nous rendant plus attentif à l’autre que sensible à nous-même, nous accédons ensemble à des confins de l’absolu.

Si furtive que soit cette expérience, elle est intense et obsédante : l’autre en a partagé avec nous le caractère exceptionnel, il est le témoin et le desservant de cette sorte de sacrement que nous avons célébré ensemble.

Faut-il en conclure que la planète des amoureux n’est plus celle où vit encore le reste du monde ?

Amoureux

À eux deux, les amoureux forment un monde qui semble insécable, impénétrable, retranché de l’existence ordinaire. Pourtant, il leur faut continuer à vivre aussi dans le monde ordinaire. Souvent, l’existence amoureuse implique une double vie. Je continue d’être médecin, journaliste, éditeur, professeur, gangster ou proxénète, et puis je suis amoureux. Ce sont deux existences séparées. S’il faut sacrifier l’une à l’autre, je sacrifierai toujours l’existence ordinaire à ce qu’exige notre couple, comme dans Pépé le Moko.

Vous mentionnez ce film de Duvivier où Gabin choisit de mourir par amour, comme vous prenez nombre d’exemples chez Proust ou chez Simenon plutôt que chez Platon ou Schopenhauer. Ils parlent mieux de l’amour ?

Simenon, entre tous, me semble avoir décrit l’expérience amoureuse avec le plus de véracité, de lucidité et de pathétique. Contrairement au Banquet de Platon, l’amour n’est pas suscité chez Simenon par la découverte de la perfection, mais, au contraire, par la disgrâce, l’infortune et la déchéance. Au lieu d’être rendus amoureux par ce que nous pouvons recevoir, nous le sommes aussi, et peut-être plus souvent, par ce que nous pourrions donner.

L’amour aurait alors son origine non pas dans un narcissisme originaire, mais dans une générosité vitale spontanée. Cela recoupe une distinction qui me paraît importante entre l’ordre de la représentation et l’ordre de la vie. L’ordre de la représentation est celui où nous sommes soucieux avant tout de l’image que les autres ont de nous, où règne la tentation de plaire, d’être envié et convié.

Tout autre est la vie, qui ne cesse de s’épandre et se diffuser comme une lumière ou un flux. Nous vivons d’autant plus que nous transfusons notre propre énergie dans une autre. Il existe en chacun d’entre nous une tension entre l’ordre de la représentation et celui de la vie. Ces deux ordres nous invitent à des expériences amoureuses très différentes. Ou bien la femme aimée sera un avantage de plus pour me faire admirer, ou bien je suis tellement émerveillé de son existence que je voudrais contribuer à son accomplissement.

Globalement, aujourd’hui, il semble que la représentation l’emporte sur la vie. Alors, que devient l’expérience amoureuse ? Inchangée, ou en voie de mutation ?

L’ordre de la représentation n’est pas celui du bonheur mais celui de la rivalité, constante et toujours malheureuse. A ce malheur de la séparation il n’y a de remède que par l’amour. Lui seul, l’amour, peut nous procurer ce sentiment que toute distance, toute séparation, toute opacité sont abolies et que nous vivons dans une nouvelle innocence. C’est pourquoi, à mes yeux, il a de beaux jours devant lui.

Propos recueillis par Roger-Pol Droit pour Le Point

Les métamorphoses de l’amour Grasset, L’inhumain PUF, « Perspectives critiques »

27 réflexions sur “Nicolas Grimaldi : Ce qu’aimer veut dire

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  2. Il s’agit là de l’amour passion… toutes les histoires d’amour ne commencent pas comme cela… cela peut-être un amour conscient de ce qu’est l’autre et une acceptation de son entité dans son ensemble. Seul amour durable je pense au demeurant . bises

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    • C’est l’une de nombreuses facettes, Cathie mais la passion initiale peut aussi se transformer en un amour fait de tendresse et d’acceptation, qui lui permet de durer. Et même si les histoires peuvent se ressembler, chacune reste unique.
      Bisous et doux week-end à toi

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  3. Je ne connaissais pas ce philosophe, merci ! J’aime beaucoup la dernière partie de l’itw : ces deux pôles narcissiques et généreux de l’amour. Mais l’Amour avec un grand A est effectivement dans l’oubli de ce petit moi qui veut être aimé, plaire à tout prix : aimer vraiment c’est d’abord donner. C’est la plus haute expérience de l’amour. Je dis ça, je suis comme tout le monde : j’ai besoin encore d’un minimum de reconnaissance 😉 Et sinon, quid de l’amitié à ton avis Elisabeth ?

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    • Je l’ai découvert, il y a peu, grâce à ce livre. J’aime tant ta sincérité et ton authenticité, Stéphane car, tout en tendent vers cet idéal, tu sais reconnaître, sans te mentir, ton humanité. Ce « petit moi », le tien, comme le mien, aura toujours besoin de reconnaissance et de sécurité, puisque nous en avons manqué presque tous. Alors, sans nous leurrer, aimons au mieux, tout en étant conscients de tomber encore dans les pièges… et sans culpabiliser
      Parfois, je place l’amitié au-dessus de l’amour… et là, c’est la femme blessée qui répond à un Ami…
      Et je chéris surtout mes amitiés masculines, puisque, sans ambiguïté aucune (là, il est nécessaire de bien choisir 🙂 ) nous nous apportons tant… surtout l’enrichissement mutuel par la complémentarité de nos pôles. Et ces liens demeurent dénoués de toute séduction, apparences, jalousies, possessivité… bref… tout ce qui fait l’ombre à l’amour. Et avec les hommes, tout est plus « cash » et les amitiés sont souvent plus solides…
      Tiens, tu me donnes l’idée pour ce sujet que je n’ai pas encore abordé… merci pour tout

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      • Merci pour cette réponse sur l’amitié, en préambule à ton dernier post sur le sujet que je cours lire dès la fin de ce commentaire. Oui, j’aime de mon côté cette amitié féminine, elle m’est précieuse comme je te l’ai déjà dit, et facilitée certainement aussi par la dimension « épistolaire ». Pas facile facile en effet la frontière amitié/ sensualité dans les relations entre hommes et femmes qui se croisent dans la « vraie vie ». Oui, j’aime vraiment nos échanges, Elisabeth. A bientôt.

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        • Alors, nous les continuerons, Stéphane car cette amitié est vraiment basée sur le respect profond, et si nous pouvons être différents par nos sensibilités, nous nous reconnaissons surtout en tant qu’êtres humains aux valeurs communes, et particulièrement à la même « quête », y compris celle de l’authenticité. J’espère te rencontrer dans la « vraie vie » et je ne crains plus cette ambiguïté, depuis mes belles amitiés masculines qui m’apportent tant.

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  4. Bonjour Elisabeth,
    Je reprends ceci :
    « La beauté et les perfections de la femme aimée expliqueraient l’irrésistible attraction qui porte un homme vers elle ». Il y a une théorie qui dit que l’homme est visuelle et la femme fantasmatique. Cela ne serait pas ?
    Un proverbe dit : L’amour rend aveugle. De cet état d’amour, nous n’idéalisons pas l’être aimé ? Ce qui traduit bien en mon sens, qu’à un moment nous découvrons son réel visage.
    Oui c’est vrai pourquoi aime t-on une personne et pas une autre, alors que nous ne connaissons rien de cette personne ? ! C’est extraordinaire. Comme si c’était un appel qui va au delà du conscient. Serai-ce une reconnaissance olfactive ? Ou intuitive ? Qu’en penses tu Elisabeth ?
    Je me disais, pendant un temps, que c’était certainement du narcissisme. Qu’on aimait l’autre à travers le regard qu’il nous renvoyer de nous. Mais cela ne tient pas la route dans les tous premiers instants de la relation.
    Que j’aime ces écrits :
    « En plusieurs sens. La première révélation de l’amour, c’est que la solitude n’est pas insurmontable. Alors que nous sommes dans une solitude naturelle, presque originaire, nous découvrons soudain que l’autre, comme nous, attend un autre pour rompre sa solitude. La deuxième révélation, c’est que l’autre n’est pas fatalement une énigme.
    Il n’est pas nécessairement incompréhensible. Au contraire, il peut m’être si intime, et je peux lui être si intime, qu’il me semble l’avoir toujours connu et que lui me connaît mieux que je ne me connais moi-même. La troisième révélation « surnaturelle » de l’amour, c’est qu’il existe quelqu’un dont je n’ai pas spontanément à me méfier. L’état d’innocence semble retrouvé. Entre nous, rien ne fait d’ombre, pas d’arrière-pensées, la peur n’a pas lieu d’être. Pas plus que la pudeur. Ni la honte. Elle m’aime comme je suis, je la prends comme elle est… »
    En définitif, aimer est très complexe à comprendre (suis en accord avec Kleaude) et je reste sur mes derniers écrits de ta publication précédente.
    Pour finir je dirais, l’amour est certainement le plus merveilleux sentiment que l’Homme puisse connaître et vivre. Laissons notre porte ouverte à celui-ci…

    Bonne après-midi Elisabeth, bisous doux

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    • Il y a tant de théories, Fanfan, y compris la tienne, qu’il est difficile de se prononcer, puisque de toute manière, nos sentiments nous échappent. Dans les temps, c’était les capacités de la femme à procréer, qui étaient censées attirer l’homme, on parle des phéromones, puis, selon la nouvelle « mode » des âmes sœurs, et au final, nous n’en savons toujours rien.
      Et tant mieux, d’ailleurs car à décortiquer une émotion on en perd l’essence.
      Quant à moi, je pense que notre vécu, le rapport aux parents, et ensuite nos blessures et manques font que nous attirons certaines personnes… pas les bonnes… et que seul l’amour de soi peut nous aider à choisir par envie et non pas par besoin. Y compris ce narcissisme que tu évoques et qui est toujours présent, dans le sens que nous avons besoin de nous voir embelli par l’amour que l’autre nous porte.
      Et là, ça rejoint les passages sur les révélations, avec lesquelles je ne suis que partiellement d’accord, surtout avec cette affirmation que l’autre n’est pas une énigme. Pour moi, dire à l’être aimé : « je te connais » c’est le réduire à ce que nous savons de lui, alors que jamais nous ne saurons tout, puisque nous ne nous connaissons même pas nous-mêmes. Je préfère qu’il demeure des surprises et des jardins secrets.
      Par contre, j’aime beaucoup la dimension « surnaturelle », ainsi que le lien avec l’absolu mais ceux-là, ne viennent pas naturellement, un certain niveau de conscience et surtout de l’ouverture du cœur sont nécessaires.
      Oui, l’amour, sous toutes ses formes est l’essence de la vie… alors, laissons nos portes ouvertes.
      Merci à toi, qui cherches toujours la meilleure compréhension qui corresponde à ta justesse et toute ma tendresse

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  5. Bonsoir Elisabeth,
    J,aime ce que je lis ici.J’aime la perspective que Grimaldi donne à l,amour.
    « Le Point : La plupart du temps, nous croyons savoir pourquoi nous aimons telle personne. Vous montrez qu’en fait nous nous racontons des histoires. Quand on aime, ce serait donc sans raison ? »
    Souvent on se fait demander pourquoi on aime notre amoureux ou amoureuse. J’ai toujours dit que j,aimais pour toutes les raisons qui n’en sont pas. Trouver des raisons c’est rationaliser l’amour. L’amour véritable ne s’explique pas. On peut chercher à le comprendre, mais guère plus.

    Et cette phrase: « L’amour n’est pas une conclusion que nous tirons de nos observations. » J’y adhère totalement. J’aime aussi son approche face au plaisir sexuel. »La volupté, elle aussi, évoque l’absolu ! Car le plaisir est la seule expérience qui soit sa propre justification : il se suffit à lui-même. Parvenir à cette transe voluptueuse à deux fait de l’autre, si l’on peut dire, un cocélébrant. En résiliant chacun sa propre identité, en nous rendant plus attentif à l’autre que sensible à nous-même, nous accédons ensemble à des confins de l’absolu.  »

    J’ai rarement lu une description aussi tacite: « L’amour aurait alors son origine non pas dans un narcissisme originaire, mais dans une générosité vitale spontanée.  »

    Merci pour cet article. J,aime l’analyse que fait Nicolas Grimaldi.

    Bonne fin de soirée,
    Mes amitiés sincères
    Kleaude

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    • Je suis heureuse, Kleaude, que tu ais davantage aimé cet article, en effet, il prête moins à confusion que le précédent…
      « Aimer pour toutes les raisons qui n’en sont pas », voilà une magnifique définition de ce sentiment qui s’empare de nous, et que justifier ou décortiquer ne mène pas loin… Rationaliser l’amour, n’est-il pas aller à l’encontre de son essence, si mystérieuse ?
      Certes, nous pouvons admirer, respecter, comme trouver toutes les qualités à l’être aimé mais cela vient souvent après car l’alchimie ne s’explique pas…
      Et l’union des corps, vécue comme l’abolition des frontières, nous rapproche effectivement de l’absolu, comme cette générosité qui nous pousse à vouloir le meilleur pour l’autre.
      Merci à toi, douce soirée et toutes mes amitiés

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  6. .:)… » je suis tellement émerveillé de son existence que je voudrais contribuer à son accomplissement. »…..

    🙂 oui un vrai plaisir de vivre ainsi face à l’autre,
    promulguant et distillant de mon édifice cette émergence afin d’élever de ce Bienfait cet Absolu…
    oubliant le verbe Avoir..
    se connaître et se reconnaître dans le Verbe ÊTRE…s’unir pour l’Accompagnement, et pas pour l’emprisonnement….
    l’Union d’Amour…. »Sacré »…entre deux êtres devenus intelligents en Soi….. 🙂
    je crois avoir vu un tel article magnifique qui guide en cela….d’ailleurs Elisabeth ici mm… sur les Êtres Sacrés… 🙂

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    • Oublier le verbe « avoir », ne plus chercher à emprisonner l’autre ni de faire de lui le miroir de notre narcissisme originaire mais entrer dans l’élan d’une générosité vitale spontanée, qui est comblée par l’accomplissement de l’aimé.
      Cette Union d’Amour…. « Sacré » ne peut être vécue qu’entre deux êtres devenus intelligents en Soi… comme tu le dis encore, Sarah, avec ta justesse habituelle

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  7. Tout ici est remarquablement analysé et dit sur cet état qui transcende deux êtres et les place, le temps que cela durera, bien au dessus de leur condition humaine…Sans doute est-ce pourquoi que lorsque ce moment de sublimation cesse ,le retour à la réalité est si dur et cruel destructeur…

    « À eux deux, les amoureux forment un monde qui semble insécable, impénétrable, retranché de l’existence ordinaire. Pourtant, il leur faut continuer à vivre aussi dans le monde ordinaire. Souvent, l’existence amoureuse implique une double vie. »

    Merci Élisabeth pour ce texte …

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    • Merci à vous, Jean-Pierre, effectivement, quand ces moments de sublimation cessent, le retour à la réalité peut être trop dur mais la condition humaine n’est-t-elle pas la nôtre ? Comme ce monde ordinaire… Les « transports amoureux » nous en retranchent pour un temps mais, à mon avis, le plus grand art consiste à préserver cet espace, en y apportant un « supplément d’âme ».
      Si les premiers moments d’enchantement vont de soi, la suite peut se construire, par un « travail » quotidien où « Tout autre est la vie, qui ne cesse de s’épandre et se diffuser comme une lumière ou un flux. Nous vivons d’autant plus que nous transfusons notre propre énergie dans une autre ».
      Faute de quoi, nous irons d’un désenchantement à un autre et ne vivrons que des relations passagères, qui laissent ce goût amer
      du « paradis perdu »

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