Khalil Gibran : De l’Amitié

Et un jeune dit : Parle-nous de l’Amitié. Et il répondit, disant :

ange oiseaux

Votre ami est votre besoin qui a trouvé une réponse
Il est le champ que vous semez avec amour et moissonnez
avec reconnaissance

Il est votre table et votre foyer
Car vous venez à lui avec votre faim, et vous cherchez en lui la paix
Lorsque votre ami parle de ses pensées vous ne craignez pas le « non » de votre esprit, ni ne refusez le « oui »

Et quand il est silencieux votre cœur ne cesse d’écouter son cœur
Car en amitié, toutes les pensées, tous les désirs, toutes les attentes naissent et sont partagés sans mots, dans une joie muette
Quand vous vous séparez de votre ami, ne vous désolez pas
Car ce que vous aimez en lui peut être plus clair en son absence, comme la montagne pour le randonneur est plus visible vue de la plaine
Et qu’il n’y ait d’autre intention dans l’amitié que l’approfondissement
de l’esprit

Car l’amour qui cherche autre chose que la révélation de son propre mystère n’est pas l’amour, mais un filet jeté au loin : et ce que vous prenez est vain
Et donnez à votre ami le meilleur de vous-même
Et s’il doit connaître le reflux de votre marée, laissez le connaître
aussi son flux

Car qu’est-ce que votre ami si vous venez le voir avec pour tout présent des heures à tuer ?
Venez toujours le voir avec des heures à faire vivre
Car il est là pour remplir vos besoins, et non votre néant
Et dans la tendresse de l’amitié qu’il y ait le rire et le partage des plaisirs
Car dans la rosée de menues choses le cœur trouve son matin et sa fraîcheur

Le Prophète

44 réflexions sur “Khalil Gibran : De l’Amitié

  1. « Et dans la tendresse de l’amitié qu’il y ait le rire et le partage des plaisirs » Mon Dieu c’est si vrai, cette impression que les coeurs se touchent un peu avec nos vrais amis et que ce contact se traduit par des rires et un partage qui nourrit…

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  2. J’aime beaucoup ce texte de Khalil Gibran, il fut un temps où je l’avais en page d’accueil sur mon blog. L’amitié est un sentiment très fort, proche de l’amour , elle réclame attention, écoute et fidélité. Je crois également que l’amitié se nourrit, faute de quoi au fil du temps, elle se perd même si de bons moments ont été partagés et que les souvenirs restent. Je partage assez le point de vue de Gibran dans cette idée.
    « Il n’est de but dans l’amitié, si ce n’est l’approfondissement de l’esprit.
    Car l’amour qui n’aspire pas à révéler son propre mystère n’est point amour , mais un filet jeté sur une prise de futilités.
    Bonne soirée Elisabeth et quoique virtuelle merci de ton amitié.
    Bisous de coeur ♥

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    • L’amitié est une forme d’amour, qui prend tant de facettes, et comme lui, elle a besoin d’être construite, entretenue et respectée car si elle n’est pas faite d’enrichissement mutuel, de soutien, de partage et de présence fidèle, elle s’éteint dans la première épreuve.
      Les liens virtuels peuvent devenir forts, aussi, et ton amitié m’est précieuse, chère Lucia…
      Bisous du cœur ♥

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  3. Ce texte brasse bien des choses en moi et le commentaire de Claude …de Manouchka et de tout tes autres amis me mène aussi à bien des réflexions…délicieux partage n’es-ce pas….?

    J’aime cette amitié pleine de lumière ….toute cette tendresse…cet échange sans crainte …recevoir l’autre entièrement …aucune menace a l’horizon…juste l’ouverture….quoique il y aie aussi des blessures en amitié.

    Désolée de mon manque de mots….je crois que je suis a une époque de grande réflexion…un retour en moi qui me coupe un peu les mots…je ne peu exprimer tout…….j’en serait incapable en ce moment mais je remercie d’avoir pu lire et découvrir ces mots pleins de richesse…un cadeau en soi…

    « Et donnez à votre ami le meilleur de vous-même
    Et s’il doit connaître le reflux de votre marée, laissez le connaître
    aussi son flux »

    Quel magnifique partage ….un don de soi…et des bras ouvert sur l’autre…
    ‘est purement BEAU….

    Merci….

    Sorciere

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    • Délicieux partages qui font la richesse de nos échanges car, de blog en blog, nous poursuivons ce dialogue d’ouverture et d’acceptation où l’autre nous apporte tant.
      Toi, la reine des mots, tu en manques… ils doivent se bousculer à l’intérieur ou bien, ce « retrait » de la parole t’est nécessaire pour mieux te reconnecter à ton ressenti.
      Toujours de tout cœur avec toi, en cette période de reflux que tu traverses, notre lumière et nos bras grands ouverts sont là, pour toi.
      Tendresses, douce Sorcière

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  4. J’adore et plus particulièrement :
    « Venez toujours le voir avec des heures à faire vivre
    Car il est là pour remplir vos besoins, et non votre néant
    Et dans la tendresse de l’amitié qu’il y ait le rire et le partage des plaisirs
    Car dans la rosée de menues choses le cœur trouve son matin et sa fraîcheur »

    Merci pour le et (les) partage(s)

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  5. Dans les années 80 quand nous avons découvert cette oeuvre (chez Casterman) nous en avons été très impressionnée, surtout le passage sur les enfants (vos enfants ne sont pas vos enfants Ils sont les fils et les filles de l’appel de la Vie à elle-même…) nous qui étions de jeunes parents
    merci pour ce rappel, ce partage

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  6. Bonjour Elisabeth,
    Ah Khalil ! Je ne m’en lasse…J’aime l’intégralité de ta publication, pourtant, une phrase me touche plus encore, la voici : « Car dans la rosée de menues choses le cœur trouve son matin et sa fraîcheur ». Comme Kleaude, je déguste celle-ci aussi : « Car en amitié, toutes les pensées, tous les désirs, toutes les attentes naissent et sont partagés sans mots, dans une joie muette ».
    On aime ou on n’aime pas, personnellement j’adore, c’est avec lui que j’ai ouvert mon blog il y a maintenant plus de 6 ans 😉
    Pour certain c un utopiste, un rêveur. Pour moi il est réflexion profonde et sagesse. Comme nous tous il n’était pas parfait, ayant lu l’intégralité de Gibran je peux dire que certains aspects de son être sont interpellant, pourtant cela ne m’arrête pas, car il est absolu, tu as raison Elisabeth.
    Grand merci, pour ce moment doux et beau que je viens de passer en ton royaume, à bientôt !

    Doux bisous

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    • Pour moi aussi, il est réflexion profonde et sagesse, et si c’est être rêveur, que de tenter de s’approcher de l’Absolu, alors, rêvons, douce Fanfan…
      Notre vie, sans cette part de meilleur, aurait-elle encore la peine d’être vécue ? Il nous interpelle, conscient de son humanité mais c’est cela aussi le véritable rôle de celui qui éveille…
      Merci, pour ton magnifique jardin secret et toute ma tendresse vers toi, Amie

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  7. Bonsoir Elisabeth,
    Je lis ce texte..telle une parabole et il me vient une réflexion qui déborde du cadre de ce texte…. mais je me suis dis… « Savons-nous être notre meilleur ami? » Savons-nous nous accorder la considération et le respect que l’on accorde à nos amis?  »
    Il y a une chose qui me fascine…. En amour on ne saura être un bon amoureux ou amoureuse si on ne s’aime pas soi-même…. pourtant malgré tout, on sait souvent être les parfaits amis même si notre amour envers soi-même n’est pas optimum….
    Et pour en revenir au texte ici présenté, j’adhère profondément à ce passage:
    « Car en amitié, toutes les pensées, tous les désirs, toutes les attentes naissent et sont partagés sans mots, dans une joie muette »

    Mes salutations sincères,

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    • Ta réflexion, si juste et profonde m’enchante, Kleaude et je m’interroge… cet amour « optimum », est-il possible de l’atteindre ou plutôt sommes-nous, dans les meilleurs des cas, toujours en chemin vers…
      Et pourquoi donnons-nous davantage de nous-mêmes en amitié ?
      La peur d’être rejeté, trahi, est-elle moindre ? L’acceptation de l’amitié que l’on nous porte est-elle plus facile que celle d’être digne d’amour ? Où se situe donc la différence, puisqu’une amitié vraie est aussi une forme d’amour ? Et la trahison ou la perte d’un ami aussi douloureuse que celle d’un proche…
      Je n’ai pas de réponse… juste d’autres pistes à explorer, et je te remercie d’avoir élargi le débat… peut-être vers un autre sujet à approfondir.
      Être son meilleur ami… ça, par contre, aucun doute, comme sur ce silence, l’expression d’un bien être suprême à deux, quand le partage se passe des mots.
      Les amis nous confrontent à des questionnements… merci d’avoir apporté de si riches…

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  8. 🙂 c’est si joliment dit, qu’on pourrait appeler nos « amis » …aussi Anges Gardiens de nos vies,
    leur renvoyant nos sourires, une fois nos pleurs partis, afin de partager des instants magiques avec nos désirs, nos envies une fois Tout compris, ne rien Oublier pourquoi Ils étaient là… pour conserver en Nous, ces moments de précieuse présence et donc d’amour… 🙂

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  9. Je ne crois pas à l’amitié ; les humains ne sont pas assez authentiques pour que cela se puisse.
    Khalil Gibran est excellent dans la poètique, mais je ne le prendrais pas pour maître à penser.

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    • Heureuse de te lire à nouveau mais inquiète… j’avoue… je ressens une énorme pointe d’amertume, présente depuis peu…
      Dans un de tes derniers posts tu viens de dire : « mais si je veux que la conscience s’éveille… »
      Si l’humanité nous semble triste, il y a pourtant des êtres authentiques, et nous pouvons toujours viser cet idéal…
      Je n’ai pas de « maîtres à penser » mais la sagesse de Khalil Gibran m’inspire et me donne envie d’être meilleure…
      Prend bien soin de toi

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      • Je tiens à te rassurer, je vais très bien. Quand je dis que l’authenticité n’est pas de ce monde, je parle d’un niveau profond. Car, effectivement, il y a des gens qui sont aussi authentiques qu’ils le peuvent mais malgré tout, n’étant pas dans la réalité de l’être, ils sont, comme moi, comme nous tous, dans la réalité de leur « rôle ». S’ils le jouent de manière très authentique – et c’est tout à leur honneur – ça reste un rôle. L’Atma, le Nagual, le Soi, bref, « notre » être véritable qui expérimente à travers nous, c’est lui qui est authentique et lui seul en définitive peut aimer véritablement puisqu’il voit la réalité des choses. J’apprécie Gibran et sa poésie, je la mettais simplement en contexte ; il ne faut surtout pas s’en priver car, en effet, il peut être très inspirant.

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        • Merci de me rassurer, Musael… Le rôle, en est-il encore un, si nous sommes conscients de le jouer… comme les acteurs de nos propres vies ? Certains sont obligatoires, voire utiles car dévoiler son intimité au premier venu est-il juste ?
          Et cette « percée de l’Être » n’est pas impossible, elle se travaille. Je publierai un article de Karl-Graf Dürckheim, la semaine prochaine… lui, je peux le qualifier d’un Maître à penser… si tu as envie de lire…

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          • Je suis impatient de le lire. Et oui, le rôle reste un rôle même conscient. On le joue d’autant mieux que l’on en est conscient à la différence qu’on se responsabilise toujours un peu plus. Responsable étant utilisé dans le bon sens du terme et non dans le sens de « coupable ».

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            • Merci, cela me touche, d’autant que ce grand sage de la Forêt-Noire a su mettre ses enseignements en pratique. Et je suis d’accord, tout se joue au niveau de la conscience, et être responsable implique aussi, être capable de donner sa réponse…
              Merci pour cet échange, Musael

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  10. Bonjour
    Que j’aime cette présentation de l’amitié …
    Si vraie et en même temps si poétique …Aussi porteuse d’un message profond …!
    Le passage :  » Et s’il doit connaître le reflux de votre marée, laissez le connaître
    aussi son flux, car qu’est-ce que votre ami si vous venez le voir avec pour tout présent des heures à tuer ?  » …..Ça fait toute la différence…et ça se sent … …Sachant ce que c’est la solitude, j’essaie de toujours garder ma porte ouverte à toutes les amitiés…peu importe les motifs …
    Parfois il faut s’éloigner ( comme de la montagne )….

    Merci Elisabeth ….J’ai beaucoup aimé ce moment de lecture …
    Bonne soirée
    Tendresse

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    • Je lis si souvent Khalil Gibran car je trouve dans ses poèmes la quintessence de tous nos sentiments, vécus à un niveau le plus profond… il y a un désir de l’Absolu mais aussi une compréhension si profonde… ce message qui parle à nos cœurs. Et comme je te sais animée d’un même désir, je ne m’étonne guère que tu aimes.
      Et je sens la même « quête » dans tes magnifiques poèmes, qui résonnent toujours ne moi, sans que je puisse mettre des mots dessus… alors, je ne puis que t’exprimer ma gratitude et ma tendresse

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  11. C; est tellement vrai, l`amitié est doux qu`on partager avec grand respect et sens vouloir changer la façon de dire de l`autre . J`ai eu deux tr;es bonne amies ou tout était permis sens jamais vouloir stopper l`autre , juste écouté et accueillir l`autre avec tellement de respect . Le partage mutuel .
    Oui ces amies étaient un besoin , une famille ,Qui m`a fait grandir mutuellement . Mais amies qui n`avais pas peur de dire. Et surtout ne voulait pas être comme eux , mais partager avec eux .
    Voilà , je voulait dire merci pour ce beau partage , qui me fait réfléchir.
    Mais la photo avec les merles bleu Wow
    Mais les oiseaux sont ma famille mais vraiment ma famille de Joe
    Mais non je sais bien mais qui c`est dans un autre vie HA HA HA juste pour rire.
    Et n`oublier pas que dans chaque blague il y a une petite vérité
    Désolé j`ai eu de la difficulté a mettre en mots ……pour moi c`est clair …

    Merci Élisabeth

    Tendresse Johanne

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    • Pour moi aussi, c’est très clair, Johanne car malgré nos difficultés de mettre en mots les sentiments qui sont au-delà de l’exprimable, je saisis l’essence. Et les oiseaux, comme tous les êtres vivants, sont nos amis, Saint François d’Assises les appelait « frères »…
      J’espère que tu continues à vivre ces belles et douces amitiés, qui nous font grandir.
      Toute ma tendresse vers toi

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