L’inconscient collectif, une notion clé

Selon le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, l’inconscient collectif constitue « une condition ou une base de la psyché en soi, condition omniprésente, immuable, identique à elle-même en tous lieux ».

L’inconscient selon Jung comporte plusieurs dimensions. « Il ne s’agit pas de nier l’inconscient freudien mais de voir qu’il y a une couche beaucoup plus profonde d’inconscient dans lequel le sujet n’est plus enfermé sur lui-même mais ouvert à de l’inconnu » explique Michel Cazenave qui ajoute : « Il ne faut pas rester dans l’idée d’une créature qui est complètement enfermée dans son histoire personnelle.

Ma psychologie n’est jamais que le champ dans lequel se manifeste quelque chose qui est bien au-delà de moi. C’est la différence fondamentale avec Freud. Pour lui, nous naissons ‘table rase’ et nous ne sommes que le résultat de toutes nos expériences, de nos refoulements. »

Dans l’âme, Jung distingue trois degrés : 1. La conscience ; 2. L’inconscient personnel (contenus oubliés ou refoulés, perceptions sensibles qui n’ont jamais atteint la conscience tout en pénétrant dans la psyché) ; 3. L’inconscient collectif, héritage de possibilités représentatives, qui n’est pas individuel, mais généralement humain, même généralement animal, et constitue le fondement proprement dit du psychisme individuel.

Jung ajoute : « l’inconscient qui est l’ensemble de tous les archétypes, est le dépôt de tout ce que l’humanité a vécu, en remontant à ses plus obscurs commencements, non pas un dépôt mort, sorte de champ de ruines abandonnées – mais un système de réactions et de disponibilités qui déterminent la vie individuelle par des voies invisibles et par suite, d’autant plus efficaces. »

nuages sombres 2

Dans L’Ultime Voyage, la conscience et le mystère de la mort, le psychiatre Stanislav Grof relate un cas qui selon lui illustra magistralement l’existence de cet inconscient jungien. Lorsqu’il travaillait à l’Institut de recherche psychiatrique de Prague, il avait pour patient Otto, un jeune homme qui souffrait de dépression et thanatophobie, une peur pathologique de la mort.

Au cours de l’une de ses séances, Otto vécut une séquence très forte de mort et renaissance psychospirituelle. « Il eut la vision d’une divinité porcine terrifiante qui gardait l’entrée d’un souterrain sinistre. Au même instant, il éprouva le besoin impérieux de dessiner un motif géométrique précis. » Sanislav Grof raconte qu’Otto usa beaucoup de papier à essayer de dessiner « comme il fallait » de mystérieux motifs géométriques.

Il ne comprit pas cet épisode, et n’en eut la clé que bien des années plus tard, après sa rencontre avec le mythologue Joseph Campbell, à qui il raconta un jour ce qui était arrivé à Otto. « Comme c’est intéressant ! » s’exclama Joseph, et sans l’ombre d’une hésitation : « C’était visiblement la Mère Cosmique de la Nuit de la Mort, la déesse mère des Malékuléens de Nouvelle Guinée. »

Joseph Campbell expliqua alors à Stanislav Grof que cette divinité avait l’apparence d’une figure féminine effrayante, aux traits nettement porcins. « D’après la tradition malékuléenne, elle se tenait à l’entrée du monde souterrain et gardait le labyrinthe sacré, très complexe.

Au cours de leur vie, les Malékuléens passaient beaucoup de temps à dessiner des labyrinthes, car la maîtrise de cet art était considérée comme essentielle à la réussite de leur voyage dans l’au-delà. »

Pour quelqu’un qui comme Otto, souffre de thanatophobie, le choix du symbolisme malékuléen semble particulièrement adapté. Mais dans ce cas, elle resta un mystère. « Le fait que ni moi, ni Otto n’avions la moindre connaissance intellectuelle de la culture malékuléenne corrobore une nouvelle fois la notion jungienne d’inconscient collectif » conclut Stanislav Grof.

Source : Inrees

 

34 réflexions sur “L’inconscient collectif, une notion clé

  1. Cette notion d’inconscient collectif est passionnante, et prouve que nous sommes tous reliés les uns aux autres, à travers le temps et l’espace. Cela a quelque chose de réconfortant, car même si nous venons au monde et quittons ce monde seuls, notre âme fait partie d’un grand Tout. De quoi vaincre toute thanotophobie 😉

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  2. L’inconscient personnel ne pose pas de problème de compréhension. L’inconscient collectif ou âme collective est plus dur à saisir. Se dire que nous reliés les uns aux autres, que nous sommes la mémoire psychique de l’humanité depuis Mathusalem….
    Un ami proche avait cette une sensation de non appartenance. De vide intérieur comme les orphelins peuvent parfois ressentir, alors qu’il ne l’était. Un jour dans une réunion de prière quelqu’un demanda pardon pour le » génocide arménien », il se mit alors à trembler, à ressentir une douleur intérieure intense et à pleurer à chaudes larmes. Il avait en effet des racines arméniennes. Nous avions pris cette manifestation physique comme du Trans générationnel.
    Plus personnellement j’ai fait l’expérience des « émotions de groupe » Lors d’un séminaire sur l’EFT « Tapping d’intercession ». Tout le groupe concentré se donnant la main ressenti la douleur émotionnelle dominante alors dans l’esprit du groupe. Il y eut des cris, des pleurs, des gémissements touchant tout le groupe… Ce fut violent et très surprenant à vivre.
    Ces anecdotes sont peut-être l’illustration de l’inconscient collectif ou je suis complètement hors du sujet ? Tu diras…
    Bonne soirée et encore merci de tes riches partages.
    Bonne soirée, bisous ♥

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    • Hors sujet… tu plaisantes, chère Lucia, tu es en plein dedans et tes témoignages sont une magnifique illustration de cet inconscient collectif ou bien davantage… du fait que nous sommes tous reliés.
      Je les trouve plus qu’émouvants, poignants, d’autant que j’ai pu vivre des expériences semblables, lors de nombreux stages, et cela fait tant de bien, ce sont des guérisons précieuses.
      Une amie d’origine arménienne a fait l’expérience, durant sa grossesse, des rêves sur le génocide également… nous avons pris cela comme un travail de « nettoyage » de la lignée que le bébé faisait. J’ai encore tant d’exemples, y compris de ma « rencontre » avec le Tarot 🙂 où non seulement j’ai vécu les Lames dans ma chair mais quand le groupe a fini par ressentir les émotions de chacun.
      Bon, j’arrête, fallait pas me lancer 🙂
      Merci, ma douce, j’espère que nous aurons l’occasion d’en discuter. Bisous tendres ♥

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  3. Bonsoir Elizabeth. Je viens faire un tour sur internet en plein déménagement et avant que je je n’ai plus accès à internet avant le 30 décembre. L’inconscient collectif est un sujet que j’affectionne, je reviendrai voir voir vos articles quand je serai définitivement installé début 2015. En attendant passez un joyeux noël et je vous souhaite une très bonne année 2015.

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    • Très touchée par votre passage, Jean-Michel car le déménagement n’est pas une mince affaire. Bonne installation dans la nouvelle demeure, douces, paisibles et joyeuses Fêtes, et pour la Nouvelle Année, je vous la souhaiterai une fois qu’elle sera là.
      Impatiente de lire vos commentaires sur ce sujet passionnant

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  4. Si j’ai bien compris, on fabrique collectivement et inconsciemment depuis la nuit des temps une espèce de soupe baptisée « inconscient collectif » et dans laquelle chacun mijote inconsciemment? Je suis irrévérencieuse, je sais… 😉

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  5. Malheureusement, l’inconscient collectif est difficile à décoder (au-delà des archétypes), certains y parviennent parfois de façon très inconsciente (certains écrivains, entre autres), parfois de façon plus prosaïque comme Jung qui avait vu venir la deuxième guerre mondiale simplement en analysant les comportements de ses contemporains et le discours ambiant. Il faut savoir que l’inconscient collectif détermine en grande partie le destin de notre humanité (comme le fait l’inconscient individuel pour l’individu). Actuellement, il m’apparaît évident que notre inconscient collectif travail à une restructuration de notre société. En effet, c’est le désir d’une majorité de plus en plus grandissante de vouloir sortir de cet esclavage dans lequel nous entraîne le capitalisme. Mais comme ce désir n’est pas exprimé clairement et n’est pas accompagné de gestes conséquent, il arrivera que (comme pour l’individu) ce sera l’inconscient qui déterminera la manière d’y arriver. Et comme l’inconscient est stupide, il ne tiendra pas compte des drames encourus (seul le résultat compte pour lui). Tous les bruits de guerre actuels ne sont que des avertissements. Mais, il est encore temps d’agir.

    P.S. Désolé d’être aussi terre-à-terre.

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    • Il n’y a rien de mal à être « terre-à-terre » et ton analyse est juste dans l’ensemble. Cela dit, je ne crois pas que l’inconscient, individuel ou collectif soit stupide, il est juste imprévisible et fortement imprégné, y compris par ces drames que tu évoques.
      Mais il contient aussi toute la beauté et la force de l’humanité, celles qui se manifestent dans les rêves, des désirs d’élévation ou des actions qui « dépassent » l’humain. Je le conçois tel un grand réservoir où il y a le pire et le meilleur et bien qu’il soit difficile à décoder et à rationaliser, nous y avons accès de différentes manières, les songes, les actes manqués et tant d’autres mais surtout par les états modifiés de conscience.
      Et là, nous pouvons le reprogrammer ou du moins nous rendre compte dans quel sens il nous influence. Je sais que c’est un peu plus compliqué mais possible.
      Et si je suis d’accord sur ce désir de changer la société, je trouve que beaucoup d’actes sont posés, et que nombreux sont ceux qui participent à l’évolution de consciences, d’une manière ou d’une autre.
      Et même si nous allons vers un écroulement du système, cela sera pour en bâtir un meilleur.
      Merci pour ce témoignage, Musael, tu dis aussi qu’est encore temps d’agir…

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  6. « Selon le psychiatre suisse Carl Gustav Jung, l’inconscient collectif constitue une condition ou une base de la psyché en soi, condition omniprésente, immuable, identique à elle-même en tous lieux »

    Je suis d’ accord avec lui… On peut reconnaitre des archétypes universels, symboles constants et essentiellement uniformes malgré les différences et les spécificités culturelles et temporelles.
    Les rêves sont peut être la source la plus important de celui-ci.

    Je trouve que cela est preuve de son existence même s’ il n’ y pas de sources empiriques incontestables…

    Merci, Elisabeth, pour ce beau post.
    Encore un sujet très intéressant qu’il m’a plu de lire.
    Je t’ embrasse et souhaite un joyeux noël. Bisous. Aquileana 😀

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    • Toi qui baignes dans le monde des mythes et des symboles universels, tu sais si bien trouver ces constantes, qui même si elles varient d’une culture à l’autre, possèdent tout de même un dénominateur commun.
      Et je suis d’accord que l’inconscient collectif s’exprime le mieux dans les rêves où nous « voyons » des choses que nous ignorons totalement dans nos vies de veille.
      Merci, Aquileana, je t’embrasse et te souhaite des douces et joyeuses Fêtes.

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  7. Bonsoir Elisabeth,
    L’inconscient collectif est bien présent parmi nous, plus que nous le pensons, de cela j’en suis convaincu. Annawenn nous en donne un très bon exemple. J’oserai dire que les enfants y sont très réceptifs, peut-être plus que nous les adultes. Combien d’histoires familiales se répètent ainsi à travers le temps…
    Zou je file, à tout de suite Elisabeth !
    🙂

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    • Si les enfants y sont effectivement plus sensibles car ils subissent moins les limitations imposées par l’éducation et la société, nous pouvons tous nous y ouvrir et justement, si nous le faisions, il y aurait bien moins de ces répétions des schémas familiaux, et davantage de richesses que cet inconscient contient

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    • Elles peuvent être qualifiées de bizarres car elles échappent aux notions rationnelles mais l’être humain est bien plus complexe que ce que nous en apercevons, et toutes ces dimensions « cachées » constituent aussi nos grandes richesses.

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  8. Présentement l’inconscient collectif est un égrégore négatif… hélas.

    Je te souhaite Joyeux Noël avec tout le Bonheur qui l’accompagne.
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    • On ne peut pas nier l’influence de cet égrégore, Floray mais puisque l’inconscient collectif remonte si loin, il contient aussi de belles choses, qui ne demandent qu’à émerger.
      Merci pour tes vœux et magnifiques dessins et beaux, joyeux et lumineux Noël à toi

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  9. Bonjour Elisabeth,
    J’aime cet article qui décrit avec clarté ce que peut être l’inconscient collectif.. une notion pourtant plutôt abstraite au départ. En fait, que ce soit en psychologie ou toute forme d’évolution, il est indéniable que nous sommes la somme de tout un cheminement de l’espèce. L’histoire des sociétés ne peut que nous influencer psychologiquement. Jusqu’où cela nous influence? Cela reste à déterminer. Je pense que nous n’avons pas tous la même « sensibilité » à l’inconscient collectif… mais il est indéniable qu’elle fait intrinsèquement partie de nous.
    Mes amitiés,
    Bon week-end!

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    • C’est bien cela, Kleaude, « nous sommes la somme de tout un cheminement de l’espèce », et si son histoire nous influence, tout ce qui relève du domaine des mythes, légendes, et autres formes de transmission symbolique nous marque, d’une manière moins visible mais si puissante néanmoins.
      Et si je suis entièrement d’accord que certains y sont plus sensibles, je crois qu’elle est trop difficilement quantifiable, puisqu’elle touche les parties les plus mystérieuses et enfuies de notre psychisme.
      Merci et excellent week-end à toi.

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  10. L’inconscient collectif m’interpelle depuis que ma prof de philo nous en avait parlé au lycée Elisabeth, c’est te dire ! et j’ai vécu quelques petites expériences personnelles ( pas comme celle d’Otto) qui m’ont prouvé qu’il existe ! en imaginant quelque chose ou en parlant de quelque chose qui remontait à la nuit des temps sans savoir que cette croyance, légende était vieille comme le monde.
    ça me semble logique et pas surnaturel que certaines histoires de nos ancêtres ( Gaulois ou non 😀 ) se transmettent dans notre imaginaire inconsciemment , qu’elles y soient enfouies…
    Peut être en est il de même chez les animaux ?

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  11. Bonjour Elisabeth,
    J’ai beaucoup travaillé le sujet d’inconscient collectif. J’avais fait une étude sur un petit garçon qui faisait des cauchemars de mort, de tortures… de prison.
    Nous l’avons su bien après, ce petit garçon avait eu une arrière-grand-mère à Auschwitz. Il ne l’avait pas connue et pourtant. Etrange?

    J’ai perdu mon chien hier. Je ne le retrouvais pas. Aujourd’hui, je savais où chercher. Je suis liée à ce chien qui est très heureux d’avoir retrouvé sa maison.

    Bonne soirée, bon week-end : Elrohir et moi sommes en semi-vacances, merveille 🙂

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    • Étrange dans la « normalité » des choses mais si fréquent si on raisonne en termes de cet inconscient, lié à la mémoire cellulaire, transgénérationnelle et à la psychogénéalogie.
      D’ailleurs, je vis encore des expériences semblables à celles de ton petit garçon.
      Très heureuse pour vos vacances, profitez en bien… et pour le chien aussi.
      Bisous Annawenn

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