Christiane Singer : Du bon usage des crises

J’ai gagné la certitude que les catastrophes sont là pour nous éviter le pire. Et le pire, comment pourrais-je exprimer ce qu’est le pire ? Le pire, c’est bel et bien d’avoir traversé la vie sans naufrages, d’être resté à la surface des choses, d’avoir dansé au bas des ombres, d’avoir pataugé dans ce marécage des on-dit, des apparences, de n’avoir jamais été précipité dans une autre dimension.

Job peinture de Gérard Seghers

Les crises, dans la société où nous vivons, elles sont vraiment ce qu’on a encore trouvé de mieux, à défaut de maître, quand on n’en a pas à portée de main, pour entrer dans l’autre dimension. Dans notre société, toute l’ambition, toute la concentration est de nous détourner, de détourner notre attention de tout ce qui est important. Un système de fils barbelés, d’interdits pour ne pas avoir accès à notre profondeur.

C’est une immense conspiration, la plus gigantesque conspiration d’une civilisation contre l’âme, contre l’esprit. Dans une société où tout est barré, où les chemins ne sont pas indiqués pour entrer dans la profondeur, il n’y a que la crise pour pouvoir briser ces murs autour de nous. La crise, qui sert en quelque sorte de bélier pour enfoncer les portes de ces forteresses où nous nous tenons murés, avec tout l’arsenal de notre personnalité, tout ce que nous croyons être.

Récemment sur une autoroute périphérique de Berlin où il y a toujours de terribles embouteillages, un tagueur de génie avait inscrit sur un pont la formule suivante : « Détrompe-toi, tu n’es pas dans un embouteillage, l’embouteillage c’est toi ! ».

Nous sommes tous spécialisés dans l’esquive, dans le détournement, dans le « divertissement » tel que le voyait Pascal. Il n’y a au fond que cette possibilité, subitement, de se dire : « Oui mais tout cela, tout ce qui m’enserre, tout ce qui m’étrangle, mais c’est moi ! ».

Ce serait une erreur de croire que la crise est quelque chose de normal, d’inhérent à la nature humaine. Il y a de nombreuses sociétés, toutes les sociétés traditionnelles, qui ont une tout autre façon d’agir. Un ami anthropologue m’a rapporté ces mots d’un Africain qui lui disait : « Mais non monsieur, nous n’avons pas de crises, nous avons les initiations ».

Et  les initiations sont la ritualisation de ces passages, c’est-à-dire cette possibilité pour l’homme de passer d’un état d’être naturel, premier, à cet univers agrandi, où l’autre versant des choses est révélé. Et il s’avère que toutes ces initiations, dans leur incroyable diversité, et inventivité – parfois des rites d’une cruauté qui nous paraît insoutenable – ont tous la même visée : mettre l’initié en contact avec la mort, le faire mourir ; le vieux principe du « meurs et deviens ».

Que ce soient les rites des aborigènes australiens qui enterrent les néophytes pendant trois jours sous des feuilles pourries, ou les épreuves auxquelles sont soumis les jeunes Indiens, il n’y a pas un rite pourtant qui soit aussi cruel que l’absence de rite. Et la vie n’a pas d’autre choix que de nous précipiter ensuite dans une initiation, cette fois sauvage, qui est faite non plus dans l’encadrement de ceux qui nous aiment, ou qui nous guident, de chamans, ou de prêtres ou d’initiés, mais dans la solitude d’un destin.

Ces catastrophes qui ne sont là que pour éviter le pire ! Il peut vraiment paraître très cynique de parler ainsi. J’ai connu cette période où lorsqu’on entend une chose pareille, et que l’on est soi-même plongé dans un désespoir très profond, ces propos paraissent d’un cynisme insupportable.

Et pourtant quand on a commencé à percevoir que la vie est un pèlerinage, quand à une étape de ce pèlerinage on regarde en arrière, on s’aperçoit vraiment que les femmes, les hommes qui nous ont le plus fait souffrir sur cette terre, sont nos maîtres véritables, et que les souffrances, les désespoirs, les maladies, les deuils, ont été vraiment nos sœurs et nos frères sur le chemin.

Je sais que cela peut avoir une coloration insupportable quand on est dans une phase de désespoir, mais c’est tellement fabuleux quand on s’arrête en cours de route, quand on regarde en arrière, et qu’on se dit : « mais oui, c’est vrai ! ».

Comment se joue la crise ? On pourrait utiliser ce mot de retournement, de renversement. Qu’est-ce qui se passe dans la crise ? Il se passe à peu près ceci qu’une voix s’adresse à vous, et vous dit : « Tu as construit une vie, oui bravo, eh bien détruis-la ; tu as construit une personnalité, formidable, bravo, détruis-la ; tu t’es battu, tu as été courageux, un courage extraordinaire, mais l’heure de la reddition est venue,  à genoux ! ».

Ou encore, comme pour Abraham : « Tu as mis un fils au monde, bravo, rends-le moi ! ». Tous ces moments de l’intolérable, de l’inacceptable, qui dans l’ordre des choses vécues, dans l’ordre de l’immédiat sont le scandale absolu ! Rends-moi ce que je t’ai donné ! Pour moi la plus extraordinaire histoire qui les symbolise toutes est celle de Job.

J’adore cette histoire de Job, j’y reviens toujours. Job a été vraiment le serviteur de Dieu, l’homme de tous les succès. Une vie accomplie, entourée de richesse, de troupeaux de bœufs, ses femmes, ses fils, ses serviteurs, une richesse que Dieu bénie. Ce même homme, Job maudit, Job sur son tas d’immondices qui gratte ses ulcères, Job qui ne lâche pas prise, qui dit : « Je m’adresserai à Toi mon Dieu, jusqu’à ce que Tu m’expliques la raison qui me ferait accepter l’inacceptable, j’attends de Toi une réponse qui me convainque ».

Et cette interrogation qui le pousse pendant des jours et des semaines et des mois, à ne pas lâcher prise et cette phrase qui est pour moi  une des phrases les plus poignantes : «  Pourquoi ne peux-Tu pas donner raison à l’homme contre Toi-même ? ».

Aussi longtemps que Job demande à Dieu de paraître devant lui, et de lui expliquer l’inexplicable, de lui dire la raison de toute cette horreur, de tout ce désespoir, de tout ce désastre d’une existence : « Viens ! Viens, je n’ai plus que la peau sur les os lui dit-il, viens, parle-moi ». Dieu ne vient pas, Dieu ne parle pas.

Arrivent tous les amis, tous les copains, les thérapeutes, qui lui expliquent : « Écoute, je suis persuadé que tu as fait une erreur, écoute, réfléchis, souviens-toi ! » Mais Job ne les écoute pas, le brouhaha des voix dehors.

« Réponds-moi, réponds-moi ! » Et quand l’ami Elihu lui a dit : « Mais non, tu vas voir, Dieu ne répond pas ». A ce moment-là, Dieu répond, contre toute attente Dieu répond. Mais Dieu répond à côté de la question. Dieu n’évoque pas un seul instant toute la vie de Job détruite, tous ses espoirs anéantis, sa famille, tous ceux qu’il a aimés, Dieu parle du ciel et de la terre, des oiseaux et des arbres, Dieu parle de la mer, de l’océan et des plages. Dieu répond à côté.

Et voilà que se passe l’inattendu. Job, loin d’être scandalisé par cette réponse, qui n’en est pas une dans l’ordre de la logique, voit subitement tout d’un autre lieu. L’entière création, d’un autre lieu, d’un lieu où tout le drame d’une être ne fait même pas un remous à la surface du créé. Un lieu de l’univers agrandi, et job dit : « Mon Dieu je ne te connaissais que par ouï-dire, mais maintenant je t’ai vu ». Et Job est un autre homme.

Et à partir de ce moment-là par une ironie divine, tout lui est rendu puisqu’il n’a plus besoin de rien. C’est au niveau de cette histoire de Job, que j’ai pour ma part rencontré le travail de Dürckheim. Dans une crise vraiment très profonde.

traversée du désastre

Après avoir traversé une existence très préservée, très occupée à éviter les naufrages, toute cette adresse à passer entre les catastrophes, entre les blessures, et subitement, après quinze ans de mariage, l’arrivée d’une autre femme, l’arrivée dans une existence préservée d’un autre être, qui du jour au lendemain détruit l’univers que vous vous étiez construit.

Et la traversée, pendant deux ans, trois ans, de la solitude de l’abandon, dans un pays étranger, dans un village au bout du monde, et la rencontre du travail de Dürckheim et d’une remarquable femme, son élève, qui travaillait avec la voix.

Alors que j’attendais d’elle qu’elle me donne la force de faire mes bagages, et de partir avec mes fils, elle m’a dit : « Tu restes là, assise au milieu du désastre, là. Tout le travail que j’ai fait par la suite avec le corps, avec la présence au monde, aux choses, cette leçon, non seulement d’accepter l’inacceptable, mais d’y entrer, d’y établir ses pénates, entrer dans le désastre, à l’intérieur, et y rester, y rester !

Non pas fuir, mais oser rester, à l’endroit où je suis interpellée, à cet endroit où tombent tous les masques, où tout ce que je n’aurais jamais pu croire s’avère être en moi, tous les démons, toute l’ombre. Les paroles éclatent et tous les démons déferlent dans la vie, la jalousie, l’envie de meurtre, l’autodestruction. Et je reste là et je regarde. Cette troisième voie est probablement le salut pour notre époque si torturée.

Je m’explique : nous connaissons dans notre Occident deux voies quand nous sommes dans un état d’étouffement, d’étranglement ; l’une c’est le défoulement, c’est crier, c’est exprimer ce qui était jusqu’alors rentré. Il y a de nombreuses formes de thérapies sur ce modèle et c’est probablement, en son lieu et place, quelque chose de très précieux, pour faire déborder le trop plein.

Mais au fond, toute l’industrie audiovisuelle, cinématographique, est fondée sur ce défoulement, cette espèce d’éclatement de toute l’horreur, de tout le désespoir rentré, qui en fait le prolonge et le multiplie à l’infini. L’autre réponse, c’est le refoulement : avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents sur deux pattes, avec tout ce que ces vipères et couleuvres avalées ont d’effet destructif sur le corps et l’âme.

Et le troisième modèle qui nous vient d’Extrême-Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous. J’ai rencontré voilà quatre jours, en faisant une conférence à Vienne, une femme ; et c’est une belle histoire qu’elle m’a racontée qui exprime cela à la perfection.

Elle me disait à la perte de son unique enfant, avoir été ravagée de larmes et de désespoir, et un jour, elle s’est placée devant un miroir et a regardé ce visage brûlé de larmes, et elle a dit : « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce.

Dans un instant, dans une espèce de joie indescriptible, elle a su : « Mais nous ne sommes pas séparés », et avec cette certitude, le déferlement d’une joie indescriptible qu’exprimait encore son visage. C’était une femme rayonnante de cette plénitude et de cette présence qu’engendre la traversée du désastre.

Il existe, paraît-il, dans un maelström, un point où rien ne bouge. Se tenir là ! Ou encore, pour prendre une autre image : dans la roue d’un chariot emballé, il y a un point du moyeu qui ne bouge pas. Ce point, trouver ce point. Et si un seul instant, j’ai trouvé ce point, ma vie bascule, parce que la perspective est subitement celle de Job, cette perspective agrandie, de la grande vie derrière la petite vie, l’écroulement des paravents, l’écroulement des représentations, un instant, voir cette perspective agrandie.

Extrait d’une conférence prononcée le 15 juin 1991 à Mirmande à l’occasion du dixième anniversaire du Centre Dürckheim. Édition Terre du Ciel 1994.

33 réflexions sur “Christiane Singer : Du bon usage des crises

  1. Hello 🙂
    « Et le troisième modèle qui nous vient d’Extrême-Orient et qu’incarnait Dürckheim : s’asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin, réveiller en soi cet allié qui n’est autre que le noyau divin en nous… »

    Quelle merveille de vérité, je partage à 100000% même si je n’ai aucune appartenance religieuse ou autre.

    J’apprécie beaucoup les écrits de la rayonnante C. Singer que je l’ai lue de temps à autres et suis ravie de ce bel article qui tombe à point nommé pour en redécouvrir la force qui y émane. Elle aussi m’a rappelé la grâce invisible que j’ai reçue à travers mon parcours si riche pour avancer et me connaître en profondeur chaque jour un peu plus jusqu’à mon dernier souffle. Les voies qu’elle présente peuvent sembler pour certains atypiques ou complexes ou quoi ou qu’est-ce certes, chacun avec son propre regard mais elle m’inspire un élan vital très profond.

    Effectivement nous avons tous du boulot pour bâtir une nouvelle union dénuée de violence car nous pouvons aujourd’hui voir plus clairement les limitations de l’ancien monde psychologique sclérosé par la violence ancestrale en tout genre et refoulée à quelque degré que ce soit en nous – ignorance et peur transmise comme par une contagion pathogène à travers l’éducation à l’obéissance aveugle de générations en générations et les dégâts qu’elle a engendré.

    Sans m’aventurer à « jouer » au prophète ou au devin en ce qui me concerne :), je trouve que nous sommes chanceux à la fois si j’ose dire car dorénavant nous refusons en grand nombre d’être « figurant passif » ballotés par les influences néfastes de la « bien pensance » auxquelles nous n’adhérons pas ou plus, selon le voyage en soi de chacun, pour tirer les leçons d’un passé commun et individuel au combien douloureux, riche et hyper instructif. Chaque chose en son temps…

    Néanmoins, qu’on le veuille ou non nous sommes presque tous quelque part encore les otages d’un système délétère et mortifère prôné par nos sociétés aveuglées par la peur et la lobotomie du vieil esprit conditionné dans la peur et la culpabilité généreusement véhiculé par les « merdias » notamment (désolée je ne connais pas d’autre terme pour désigner ceux qui nourrissent les peurs et la culpabilité) qui alimentent cet état additionnés aux conditionnements psychologiques familiaux hérités de notre histoire singulière et commune. Et les conjonctures répétitives et orchestrées volontairement par le système sociétal en place si je ne m’abuse pour nous maintenir de force asservis par ces mêmes pouvoirs dominants qui ne nous facilitent pas toujours la tâche pour subvenir à nos besoins primordiaux ; la dignité bon sang ! Car pour tous ces systèmes délétères nous ne sommes vus que comme des parts de marché et non des êtres libres et créatifs (notre origine véritable). Et par conséquent aujourd’hui nous sommes si nombreux à refuser de le demeurer d’avantage même si nous nous y prenons tous de manières différentes, chacun avec sa propre compréhension à travers ses propres découvertes, attirances et degré de lucidité.

    Puisqu’on ne vit pas que d’amour et d’eau fraîche (quoi que 🙂 ça m’est arrivé ponctuellement quelques fois), il nous faut nous nourrir nous vêtir, un endroit protégé pour nous abriter et vivre décemment. Cependant et du « Bon usage des crises », je trouve que le travail salarial tel qu’il a été défini dans nos sociétés par les pouvoirs dominants n’est pas inscrit dans la nature humaine (à développer). Nous sommes sommés d’inventer de nouvelles activités créatrices de bienfaits individuels et communs et nous rapprocher des valeurs de la terre même si on vit en ville encore pour beaucoup d’entre nous. J’ai la chance d’habiter près d’une merveilleuse forêt ou je me nourris allègrement dès que je le peux. Ce sont nos actions fortes et tendant vers un meilleur bien être « le bien vivre ensemble » qui briseront les chaines et feront tomber le vieux système mortifère encore en place.

    Sans conteste, le cœur est le plus secure des abris, alors autant le garder bien accroché en rassemblant toutes nos forces avec courage par l’élégante insoumission créatrice qui nous élève les uns les autres au dessus des illusions perdues pour nous unir à travers cette nouvelle vibration offerte par l’Uni-vers uni même à travers le chaos. (une bise à Michel J. au passage:)

    Car oui (et ici les messages en témoignent avec grâce), et, depuis un temps certain une nouvelle ère est à notre portée. Nous savons maintenant et en grand nombre garder le cœur ouvert pour prendre grand soin de nous-mêmes, de notre mère terre et de ceux qui en ont besoin et qui sont prêts à recevoir pour apprendre à leur tour et à leur rythme à émaner la bienveillance par le coeur envers eux-mêmes d’abord et la propager simplement en lieu et place de l’ancien moule contagieux par son pouvoir destructeur et déroutant. Le moule ancestral de domination en tout genre enferme les esprits conditionnés tandis que le coeur libère la créativité et la partage.

    Espérant ne pas avoir été trop « brouillon » car les mots sont si délicats et peuvent perdre leur sens originel si bien que je peux dire aussi des bêtises qui pourraient être interprétées. Enfin l’essentiel est de le voir… et en même temps j’ai voulu faire plus court, c’est loupé hi hi… le coeur en bandoulière 🙂

    Place à la création, la vraie, même si ce n’est pas toujours simple à réaliser c’est à notre portée tout de même et même si notre univers aura probablement lui aussi une fin (?) pour muter en autre chose (???) mais c’est peut-être un tout autre débat.

    Belle semaine à toi chère Elisa et eternal mercy to you
    Bise tendre

    Merci à Fanfan pour cette belle offrande à travers ce sublime « Kiss the rain » ☺ et à tous pour vos messages emplis de lumière ☺

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  2. on m’a appris récemment à ne pas revenir sur son passé qu’on ne peut changer mais à chaque instant on revoit des images là nous sommes un pays en crise mais il faut oser se lever et bâtir un monde de paix, être des bâtisseurs d’amour, ne pas se contenter de regarder tous les médias qui montrent la violence et comment il faut faire pour abattre son prochain

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    • Les médias sont faits pour propager et maintenir la peur, alors, pour ma part, je ne prends mes informations qu’auprès de ceux qui proposent des alternatives constructives. Nous sommes de plus en plus plus nombreux à oser et surtout commencer à bâtir ce monde de paix.

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  3. Bonsoir Elisabeth,
    Accepter l’inacceptable n’est pas une mince affaire…Nous devons passer bien souvent par la souffrance et les larmes, avant de plier et de face à la réalité, car nous sommes humain…
    C’est là que prend toute ma philosophie de vie, en toute chose négative il y a du positif 😉
    Encore une belle publication Elisabeth, merci à toi ! Et quelques notes pour toi…

    A vite !
    🙂

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    • Nous sommes humains, et il est normal que nous ne voulions pas souffrir… mais comme tu dis, trouver du positif, même dans le pire est une belle sagesse de la vie. Merci pour cette compréhension profonde et ces notes cristallines.
      Tendres bisous, Fanfan

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  4. Je trouve ce texte vraiment très beau. Malgré la violence de la souffrance ou de la crise qui y est décrite, je le trouve d’une extrême douceur. J’aime particulièrement l’approche qui en est faite de la crise : « nous n’avons pas de crises, nous avons les initiations. – Le vieux principe du « meurs et deviens ».

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    • Si j’admire tant Christiane Singer, c’est parce que malgré les traversées si dures, ses écrits rayonnent cette douceur et cet amour immense de la vie, qu’elle a gardé jusqu’à sa fin, si difficile.
      Pour devenir, il nous faut mourir à l’ancien, et si nous avons perdu cette notion, les sagesses ancestrales nous la rappellent bien.

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  5. Lors d’une séance de réflexologie, j’ai dit à la praticienne que j’avais été « victime » d’un cancer au poumon. Elle s’est exclamé « Quelle chance ! » avant de s’excuser, confuse. Il m’a fallu quelques temps pour comprendre ce point de vue. Aujourd’hui je suis convaincue que OUI, les crises sont bien là pour éviter le pire. Et un cancer peut mener à une nouvelle vie. Merci de nous donner les mots qui ouvrent des brèches 🙂

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    • Merci à toi, Elisa, ces brèches, tu les as bien connues et ouvertes toute seule. Passer du statut de « victime » à la conscience que les crises nous font avancer, n’est pas donné à tout le monde, surtout quand il s’agit d’une épreuve si dure.
      Toute mon admiration et ma tendresse

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  6. Merci chère Elisabeth, de nous resservir un « petit coup de Durckheim. » C’est toujours un plaisir de le lire à travers quelqu’un d’autre, à travers une expérience de vie.

    Quant au paragraphe ci-dessous, qui parle de « fissure, » cela ne pouvait pas être plus opportun par rapport aux mots de Leonard Cohen que tu m’as généreusement offerts l’autre soir. Et c’est aussi une métaphore qui me parle par rapport à l’expérience de « nuit noire » que j’ai vécue il y a 24 ans sur le sol américain.

    There is a crack in everything
    That’s how the light gets in

    Très belles amitiés, et à sous peu! Gilles

    « Voilà le visage ravagé d’une femme qui a perdu son enfant unique », et à cet instant, dans cette fissure, cette seconde de non identification, où un être sort d’un millimètre de son désastre et le regarde, s’est engouffrée la grâce.

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    • Du Dürckheïm, ainsi que de Christiane Singer, j’en servirais tous les jours mais, comme tu peux le constater, ils n’ont pas beaucoup de succès 🙂
      Leur enseignement est si difficile et exigeant, comme cette notion
      d’« accepter l’inacceptable », souvent mal comprise.
      Avoir traversé cette « nuit noire de l’âme » est une expérience limite mais puisque nous l’avons vécue, nous savons, que la Grâce qui nous touche dans ce passage est sans égale.
      Qu’elle t’accompagne sur le chemin, cher Gilles

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      • Bonjour chère Elisabeth,

        Merci de tes quelques mots, qui me font grand plaisir, Je réponds ici à tes deux dernières remarques–beaucoup plus simple.

        Je dois dire que tes deux envois indirects de Grâce, à travers Leonard Cohen et Christiane Singer ont mis la puce à mon oreille spirituelle–ce sont des signes, deux en deux jours, que je ne pouvais ignorer.

        Si bien que ma prochaine émission ne sera pas bâtie finalement sur ce concept d’amour de soi, mais plutôt sur celui de la Grâce. Et je pose la question bien ouvertement, dans le titre de mon émission, en anglais « How does Grace come in? » ou peut-être, en français, « Comment la Grâce descend-elle? »

        Si ce n’est que je ne suis pas sûr qu’elle descende ou arrive de quelque part; peut-être arrive-t-elle en fait du plus profond de nous-même ? Avec l’aide d’un ou deux ingrédients majeurs que nous nous devons de cultiver: notre vulnérabilité ; et notre authenticité.

        Comment cette Grâce pourrait-elle en fait nous pénétrer de l’intérieur si nous lui fermons la porte? Si nous lui offrons une façade, une réplique de ce « qui nous sommes » réellement ?

        Quand à mon expérience de « nuit noire, » j’ai peut-être été touché par la Grâce à un moment ou à un autre, mais j’étais tellement dans le cirage que je ne comprenais pas ce qui se passait. J’ai laissé la vie se dérouler, au gré des flots, si démuni de gouvernail que j’étais…

        Et malgré tout cela, je ne qualifierais pas cette expérience de « limite; » sachant que je ne connais pas mes propres limites….une limite, c’est un concept difficile à verbaliser sur le plan spirituel.

        Très beau dimanche à toi, chère sœur sur le chemin.

        Quand tu veux pour une nouvelle ration de Durckheim, auquel il faut que je m’attache.

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        • Ravie pour ces signes que tu étais prêt à recevoir, et tu as parfaitement raison, la Grâce, comme le Divin, nous les cherchons si souvent à l’extérieur, alors qu’ils sont en nous, dans cette ouverture, voire dans les fêlures qui laissent entrer la Lumière.
          Et ta phrase : « Comment cette Grâce pourrait-elle en fait nous pénétrer de l’intérieur si nous lui fermons la porte ? Si nous lui offrons une façade, une réplique de ce « qui nous sommes » réellement ? » est si belle et juste.
          Être « dans le cirage » fait partie de ces expériences, et si je les qualifie de « limites », ce n’est pas dans le sens de leur connaissance car en effet, nous ne saurons jamais les définir.
          J’entends par là, arriver au bord du précipice où nous nous sentons tomber, la perte de tout sens, une descente dans nos enfers personnels.
          Nous avons souvent évoqué Saint Jean de la Croix, qui décrit cette expérience passagère de désolation spirituelle, un temps où « Dieu est caché » où même la foi semble vaciller.
          Merci, Gilles et bonne préparation de cette belle conférence que j’écouterai avec joie

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  7. « Mais non monsieur, nous n’avons pas de crises, nous avons les initiations ». Que j’aime cette phrase! Je la trouve empreinte de tant de sagesse.
    Par contre j’ai encore du mal à croire ou à admettre que toute épreuve est un pas vers un état meilleur. Je pense que oui on peut tirer du positif et apprendre de chacune d’elle. Je ne crois toutefois pas qu’il faille les considérer comme un passage souhaitable.. Certains auront des cheminements de vie plus sinueux que d’autres. Ils en apprendront certes beaucoup. Néanmoins je crois que trop souvent on se sert de la prétention qu’une épreuve nous amène à un autre niveau comme outil d’acceptation. Je sais qu’il me restera toujours beaucoup de cheminement personnel à faire, mais j’espère ne jamais apprendre à tout accepter. Mais il me reste tant à comprendre…. 😉
    Mes amitiés. Bon week-end chère amie!

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    • Ces initiations qui peuvent parfois nous sembler barbares, étaient l’apanage des sociétés traditionnelles et faisaient office des « rites de passage ».
      Je sais que tu as du mal avec cette notion des épreuves qui font grandir, et en effet le concept d« accepter l’inacceptable » est difficile à assimiler, Christiane Singer en parle d’ailleurs.
      Et puis, si nous avions le choix, il faudrait être masochiste pour souhaiter les épreuves si dures, pourtant quand elles arrivent…
      Mais chacun est libre, surtout pour ce seuil d’acceptation, l’essentiel étant le cheminement, qui, comme nous l’avons dit à plusieurs reprises ne peut être que personnel.
      Toutes mes amitiés, Kleaude et doux week-end à toi

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  8. Magnifique Elisabeth ….
    J’aime énormément C.Singer…
    J’ai presque tous ses bouquins que je revisite….et j’apprends à chaque fois …!
    Ce sont des livres de vie …des livres vivants ….!
    Cet extrait de conférence est brillant, lumineux …..et me touche tout autant que ses livres …
    On retrouve derrière chaque mot …cet élan de vie …de vérité …

    Merci pour le partage …!
    Et …encore une fois je te souhaite un Bon Anniversaire ….
    Que ce jour et tous les autres soient empreints de lumière et de tendresse …!

    Tendresse
    Manouchka

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    • Cette femme continue à rayonner et le fera toujours, comme elle restera une source d’inspiration constante. Elle ne touche pas un grand nombre car l’exigence de son enseignement est immense mais il y a tant de Vie, de Vérité et surtout de Lumière et d’Amour. Et je sais combien tu l’aimes… comme moi.
      Merci pour ta tendresse, encore plus chère en ce jour particulier, de tout cœur avec toi, douce Manouchka

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  9. Les individus peuvent aussi être pris en otage de différentes manières dans nos sociétés. Des vieux schémas… qui risquent bien d’être cassés maintenant car les individus vont oser dire NON à ce qui se faisait, à ce qu’on leur imposait n’ayant aucun bon sens. Chaos cosmique en perspective à mon avis. Nous allons nous exprimer…. !!! …. C’est très prometteur 🙂 Accrochez vous !

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