Marion Woodman : La chrysalide…

Papillon

Pour pouvoir nous trouver nous-mêmes, il nous faut absolument une chrysalide. Et pourtant, notre société extravertie accorde peu de place à la contemplation introvertie. Nous sommes censés être des gens d’action, au service des autres, se dévouant pour de bonnes causes ; nous nous devons d’être généreux, énergiques, fidèles au devoir social.

Si nous choisissons d’être, ceux que nous aimons risquent, par réflexe, de s’imaginer que nous ne faisons rien. Il se peut même qu’au début nous partagions nous-mêmes cette impression. Nous commençons à regarder la boue primitive qui fait surface dans nos rêves. C’est le chaos.

Nous nous demandons à quoi ça sert d’aller fouiller au fond, pour ne soulever que de la vase. Un débat intérieur s’amorce en nous : « Je devrais être en train de faire quelque chose d’utile. Mais, en vérité, je ne peux rien faire d’utile s’il n’y a pas de moi pour le faire.

Je ne peux aimer personne d’autre s’il n’y a pas de moi pour aimer. Si je ne me connais pas moi-même, je ne peux pas m’aimer ; et si je ne m’aime pas, l’amour que je porte aux autres n’est probablement qu’une projection de mon besoin d’être accepté. Je joue un rôle afin d’être aimé. Je crains le rejet. Si personne ne m’aime, je n’existerai plus. Mais qui aiment-ils au juste ? Qui suis-je ? »

Et voilà pourquoi nous entrons dans la chrysalide : pour subir une métamorphose qui nous permettra d’être un jour capable de nous lever et de dire « Je suis ».

Marion Woodman, La Vierge enceinte – Un processus de transformation psychologique

 

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46 réflexions sur “Marion Woodman : La chrysalide…

  1. Merci encore une fois Elisabeth pour ce superbe article !
    Au fond, parce qu’on ne sait pas le recevoir ou le donner, on passe sa vie à réparer le manque d’amour. Bises et belle journée à toi. 🙂

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  2. Dans nos sociétés où tout vide doit être absolument rempli, l’introspection a peu sa place… puisqu’on parle de chrysalide, j’espère que cette année sera celle de l’éclosion pour moi parce que j’étouffe un peu dans ce cocon 🙂

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  3. Il y a des bonnes et des mauvaises boucle. Une bonne boucle, c’est quand l’intérieur alimente l’extérieur et l’extérieur alimente l’intérieur, une boucle dynamique en somme, d’où l’intérêt de prendre grand soin de nos espaces intimes et permettre au courant de circuler.

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  4. Bonjour chère Elisabeth,

    Tu nous as encore servi un délicieux morceau, issu d’un livre qui a déjà 30 ans. Je suis heureux qu’il ait été traduit en français car l’expérience de cette femme sort du plus profond d’elle-même.

    J’avoue beaucoup aimer ce paragraphe, qui j’ai cité hier et dont je vais très certainement me resservir la semaine prochaine.

    « Je ne peux aimer personne d’autre s’il n’y a pas de Moi pour aimer. Si je ne me connais pas moi-même, je ne peux pas m’aimer ; et si je ne m’aime pas, l’amour que je porte aux autres n’est probablement qu’une projection de mon besoin d’être accepté. Je joue un rôle afin d’être aimé. Je crains le rejet. Si personne ne m’aime, je n’existerai plus. Mais qui aiment-ils au juste ? Qui suis-je ? » »

    Je ne sais pas qui peut être réceptif à de tels propos, dans la mesure où il est nécessaire d’avoir un retour objectif sur sa vie pour bien apprécier, mais certaines personnes ont beaucoup bénéficié de ses écrits.

    Je te mets ci-dessous un extrait d’une revue de son livre que j’ai trouvée sur Amazon USA. Quelle belle preuve de gratitude et, une fois de plus, de retour sur soi. Un très bel exemple à méditer, dans un premier temps, et à suivre.

    Toutes mes amitiés! Et un très beau dimanche à toi.

    This book has helped me find and recognize more subtle layers of aspects of myself that needed to be acknowledged and liberated. Although we sometimes seem to have accomplished major inner work, there are many times subtleties left that are blocking the way to integrity, wholeness, happiness. This book came when I was uncovering unconscious aspects of my mother and my father’s own wounds and how I had absorbed them as baby and child, integrating them in myself in a confusing mixture that didn’t allow me to heal it because I couldn’t find their root and thus I didn’t understand their effect on me.

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    • Merci, Gilles, effectivement, ce livre magnifique n’a été édité en français qu’il y a dix ans, et l’enseignement de cette femme lumineuse, bien qu’il rejoigne ses semblables apporte une touche supplémentaire et précieuse.
      Les propos que tu cites me semblent d’une lucidité et sagesse rares, et quiconque aspire à mieux se connaître et étudier son rapport à l’amour donné ou reçu s’est posé ces questions.
      Je n’ai pas pu suivre ton émission en direct mais le lien est actif et je l’écoute, petit à petit.
      Quant à ce témoignage en anglais, effectivement il souligne bien l’importance de trouver les racines et les effets de tout ce dont nous avons hérité et qui continue à nous bloquer.
      Merci et beau dimanche à toi, tiens le coup dans ce rude hiver

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      • Merci chere Elisabeth de tes bons mots.

        C’est encourageant de savoir que nous avons tous du « travail » a realiser; et de savoir que d’autres personnes sont passees devant, pour nous ouvrir quelque peu le chemin.

        J’espere que tu as passe un bon weekend et que la semaine s’annonce bien pour toi.

        Nous devrions avoir entre 30 et 40 cms de neige d’ici mardi soir. Ca va etre sympa!

        Belles amities!

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  5. Bonjour Elisabeth,
    Tôt ou tard il me semble que nous y venons, sous peine d’étouffer, non ? !
    Au diable les clichés stéréotypés de notre société, soyons nous avant toute chose…
    J’aime beaucoup le discours de cette dame, il m semble remplit de sagesse 😉
    Je te souhaite une très bonne fin de semaine et un doux week-end Elisabeth, tendres bisous

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    • C’est une belle et juste observation, Fanfan car si la chrysalide est un passage obligé pour nous y construire, si l’éclosion n’a pas lieu, effectivement, nous étouffons. Mais combien de personnes vivent dans cet état de non-réalisation, sans oser être eux-mêmes ?
      Ravie que tu apprécies cette femme qui est effectivement remplie d’une belle sagesse, doublée d’une bonne dose de lucidité et d’humour.
      Doux week-end à toi, avec toute ma tendresse

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  6. Bonsoir Elisabeth,
    Bien sûr, il faut savoir puiser en soi…savoir se ressourcer en s’accordant le droit et le privilège d’être soi. Il faut aussi être « être des gens d’action, au service des autres, se dévouant pour de bonnes causes ; nous nous devons d’être généreux, énergiques, fidèles au devoir social. ». Mais pourquoi faudrait-il que l’un soit en opposition à l’autre? Visons plutôt un équilibre dans lequel on trouvera autant satisfaction à être soi-même et dans l’accomplissement d’une vie sociétaire active..
    Mes amitiés sincères

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    • Bien d’accord sur l’équilibre mais il me semble que pour être vraiment généreux, empathique et au service, il est nécessaire d’éclore à soi, d’abord, sinon, le don risque de venir du comblement des manques, voire de ce fameux « les autres d’abord ».
      Mais c’est une opinion qui n’engage que moi 🙂 Amitiés, Kleaude

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  7. Oh, je aime l’idée d’avoir besoin d’une chrysalide pour nous trouver. Je crois que Marion est tout à fait raison sur ce point. Non seulement avons-nous besoin d’une chrysalide de nous trouver, mais je crois que nous en avons besoin pour nous reposer de toute l’agitation du monde. De cette façon, nous obtenons l’énergie nécessaire afin de mieux servir nous-mêmes, nos familles, et le monde. Et ce est seulement dans le calme de la chrysalide que nous pouvons entendre la voix de Dieu et Sa direction pour nos vies.

    Merci pour ce partage, Elisabeth. Je espère que vous avez un grand week-end à venir! Amour, N

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    • La chrysalide est une magnifique métaphore car non seulement elle évoque ce processus de mûrissement, qui nous est nécessaire pour éclore mais, comme vous dites, elle est aussi un cocon protecteur où nous nous abritons, pour nous reconnecter à nous et dans le silence intérieur entendre la voix de Dieu.
      Tendresses, Natalie, douce fin de semaine à vous

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  8. Quel magnifique texte ! J’ai visualisé également la vidéo. Une femme charmante, une belle énergie, de l’humour et une belle sensibilité, sans oublier l’analyse. L’image que tu as choisie est aussi très belle, avec des tons très doux.
    Bises et bonne soirée.

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      • J’ai visionné ! Oui, les stratégies d’évitement lorsque c’est trop douloureux, trop risqué. On accuse l’autre, on ne se remet pas en question…
        Ca demande beaucoup de courage de faire une analyse.

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          • Mercredi soir sur ARTE à 20H40, « A dangerous method » dont je t’avais parlé une fois.

            En Suisse, au début du XXe siècle, le docteur Carl Jung prend en charge une nouvelle patiente. Il s’agit de Sabina Spielrein, qui souffre de graves troubles psychologiques. Jung, dont le mentor n’est autre que Sigmund Freud, décide d’entamer une psychanalyse avec la jeune femme. Il obtient rapidement des résultats. Un jour, Jung a l’occasion de rencontrer Freud en personne, avec qui il correspond depuis longtemps.

            Bonne fin de week-end Elisabeth

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            • Je l’attends avec impatience, merci de relayer l’info. Quant aux rapports avec Freud, que Jung considérait longtemps comme son mentor, ils se sont détériorés, jusqu’à la rupture finale à partir de 1913.
              Et je dirais, que si Freud a été un grand « défricheur » de l’inconscient, Jung a tellement élargi le champ d’investigations.
              Espèrerons que le film sera à la hauteur de ce grand homme.
              Douce semaine à toi, Biche

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