Nous sommes trop souvent des prédateurs

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L’être humain est un redoutable prédateur (pas moi bien sûr ni vous qui me lisez, mais tous les autres certainement !). En fait chacun d’entre nous possède une gamme extraordinaire de moyens pour exercer sa créativité dans ce domaine.

Un domaine aux possibilités infinies : besoin de détruire, de supprimer ce qui nous gêne, de s’approprier ce qui nous manque, d’avoir du plaisir à humilier, à faire mal, à imposer nos croyances, nos désirs ou nos choix de vie. Tout ceci est présent dans nos possibles, même si nous avons du mal à le reconnaître. Il suffit parfois d’un élément déclencheur bénin, pour lever nos inhibitions, bousculer nos valeurs, déclencher une tempête en nous.

Non qu’il y ait toujours au départ une intention ou une volonté bien établie de porter préjudice,
de faire du mal ou de faire violence aux autres, mais le plus souvent, plus simplement, un enchaînement de réactions, de comportements ou de paroles, de prises de positions, de tentatives d’appropriation ou de dépossession, nos peurs et nos besoins déposés sur l’autre ou le désir d’imposer nos idées, nos valeurs, notre point de vue ou plus simplement d’avoir raison sur lui.

L’origine de notre violence peut être encore dans la difficulté à mettre des mots sur notre propre ressenti, sur nos sentiments, sur notre vécu avec la tentation de sortir de notre impuissance par un passage à l’acte.

« Tu ne veux pas me comprendre alors je cogne. Tu ne veux pas me rendre ce qui m’appartient alors j’essaie de te détruire. Tu souhaites m’entraîner dans ta foi et comme je résiste, tu veux me contraindre et me soumettre. Je n’ai pas le même désir que toi et je vais découvrir que tu n’hésiteras pas à m’imposer le tien par la force. J’ai ce que tu n’as pas et tu veux me le prendre ! ».

Mon propos ne consistera pas à dénoncer mais à mettre en évidence, avec un peu d’humour et beaucoup de tendresse, quelques points sensibles qu’il serait souhaitable de faire évoluer, pour se proposer, entre humains, des relations sans violence.

Par exemple, renoncer à pratiquer la communication indirecte, c’est-à-dire arrêter de parler sur les autres (de préférence en leur absence !) et accepter d’échanger plus directement avec la personne concernée par nos propos. Ou encore ne pas collaborer aux rumeurs ou aux anathèmes.

Le fait de lâcher prise ou de ne pas entretenir le système SAPPE, qui est un système anti-relationnel à base d’injonctions, de dévalorisations, de menaces, de culpabilisations, du maintien des rapports dominants – dominés, est le premier pas vers la non-violence.

Éviter de créer l’opposition et l’affrontement par l’opposition et la confrontation, dans laquelle chacun énonce sont point de vue après avoir confirmé celui de l’autre.

Trouver la bonne distance et oser pratiquer la restitution symbolique pour ne pas se laisser polluer par les messages toxiques ou les conduites agressantes qui peuvent venir de l’autre.

Rester à l’écoute de nos besoins vitaux et en particulier à celle des besoins relationnels sans les confondre avec nos désirs.

Accepter de procéder à un nettoyage de la tuyauterie relationnelle avec nos parents ou avec les personnes significatives de notre enfance et notre environnement actuel, quand cette tuyauterie est trop chargée de messages disqualifiants, dévalorisants ou violents.

Accepter d’assumer la responsabilité de ce que nous éprouvons et ressentons, sans tomber dans l’accusation, le reproche, la culpabilisation ou la victimisation.

Ainsi en procédant à un assainissement de nos relations, à une clarification de nos modes relationnels, en devenant plus lucide et vigilant sur notre façon d’être au monde, pouvons-nous espérer ne pas trop entretenir le prédateur qui nous habite et lui donner une place plus modeste dans notre existence.

Nous pouvons aussi nous mobiliser pour l’avenir, pour qu’on enseigne un jour à nos enfants, la communication à l’école comme une matière à part entière. Une communication qui proposerait des règles d’hygiène relationnelle qui seraient communes.

Savons-nous que le permis de conduire ne date que 1905 en France. Il a été inventé pour proposer des règles communes à tous ceux qui voulaient s’aventurer sur les routes, partir de chez eux et surtout revenir….sans incidents !

Nous voulons tous communiquer, mais nous le faisons dans l’anarchie la plus complète, imaginant que les autres ont les mêmes intentions que nous ! Cela s’appelle l’incommunication qui est à la source de beaucoup de violences, quand il y a le mal être des mots, se réveillent les maux, contre autrui ou contre soi- même. Car nous sommes aussi des prédateurs très habiles contre …nous-mêmes !

Jacques Salomé

 

 

32 réflexions sur “Nous sommes trop souvent des prédateurs

  1. un comportement de prédateur est régie par la loi du plus fort… peut-être les liasons humaines aussi. Les jeux de pouvoir sont aussi presents et dans certains cas, quand quelqu’un s’ impose la rélation arrive au point de non-retour… Plus encore si avant elle était relativement symétrique.
    Bisous Elisabeth. Bon dimanche~ Aquileana 😀

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  2. Coucou Elisabeth,
    Que de vérités Mr Salomé nous donne.
    Nous sommes à l’air de l’hyper communication, paradoxalement nous ne savons plus communiquer. Le manque de temps de par cette vie à 100 à l’heure, notre propre égoïsme, le manque d’écoute, la vraie entre autre. L’art de la communication est très complexe car entre en jeu aussi, notre vécu, nos humeurs, notre propre perception, il y a tant de différence entre l’émetteur et le récepteur…
    Je pense qu’il est bon de temps à autre d’avoir une piqure de rappel comme celle que tu as publier, merci Elisabeth, pauvre humain que nous sommes…
    Bonne soirée et douce nuit à toi.
    A très bientôt avec plaisir, le plaisir du dimanche 🙂

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    • Oui, nous revenons encore sur cet art si complexe de la communication, et tout ce que tu évoques est si vrai, Fanfan mais même si c’est difficile, continuons, puisque les beaux échanges nous enrichissent tant.
      Doux dimanche et mes tendres bisous

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  3. Bonsoir Elisabeth,
    Effectivement, parfois il suffit d’un élément déclencheur ou d’un ensemble de circonstances pour faire ressurgir notre côté prédateur…
    Je ne suis pas clinicien..je ne saurais juger des exercices proposées par Jacques Salomé.
    J’aime ce terme d’anarchie des communications….

    Et je retiens cette maxime… »Je suis responsable de ce que je dis. Je ne suis pas responsable de ce que tu comprends… »

    Bonne fin de soirée.
    Mes amitiés

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    • Pas besoin d’être clinicien, une bonne connaissance de la nature humaine, que tu possèdes, suffit largement.
      Bien sûr que nous ne pouvons pas être responsables de la mauvaise compréhension de l’autre, faut-il encore veiller à ce que nos messages soient clairs et formulés avec bienveillance.
      Merci, Kleaude et bon week-end à toi

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  4. J’aime beaucoup ce texte ! C’est tellement plus simple de communiquer de manière claire. En Allemagne, la clarté me rendait la vie tellement plus facile. A ma grande surprise, ce mode de communication n’a pas fonctionné du tout pour moi en Australie. Il est possible que j’ai un « mauvais » entourage mais je remarque énormément de rapports de force, de manipulations, de ragots et de non-dits autour de moi. Je me demande donc si la culture peut avoir un impact sur le niveau de prédation des individus.

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    • C’est une excellente question que tu poses, elle te vient de ton expérience, et je dirais que oui, la culture, les modes de vie, l’héritage, qu’il soit culturel, ancestral ou autre, influencent grandement la façon de communiquer. Elle reflète aussi « l’âme » des peuples, leur histoire et tous les conditionnements.
      Mais j’avancerai aussi, que ce que tu nommes une « manière claire » peut parfois cacher une certaine hypocrisie, les non-dits, voire des conflits latents.
      Et au-delà des cultures, il reste toujours l’humain, qui, dans ses valeurs fondamentales se ressemble… qu’en penses-tu ?
      Il me vient l’exemple de cette Américaine qui s’est retrouvée à vivre dans une tribu d’Aborigènes australiens une véritable « initiation » où la parole était absente. Et bien que son livre, dans lequel elle relate cette expérience soit assez controversé, je l’ai adoré.
      Marlo Morgan Message des hommes vrais au monde mutant : Une initiation chez les Aborigènes

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  5. Bonjour Élisabeth !!!

    Quel article génial !!
    J’aime quand à la lecture d’un article j’ai envie de remercier et c’est ce que je fait immédiatement !!!
    Merci de tout cœur pour la publication de cet article !!!

    La vie sais tellement nous guider….ce matin ayant plus de temps car commençant ma journée plus tard j’ai pu me permettre de lire calmement…

    et il tombe à point cet article…
    avec toutes les choses en ce moment dans l’actualité… »le prédateur » prend beaucoup trop de place et la souffrance est omniprésente et dans toutes les sphères….

    J’apprécie aussi ton article pour cette prise de conscience envers certains silence ou non dits…certaines douleurs et aussi …ces précieux conseils pour arriver a lâcher prise et ;a faire la paix avec certains événements….

    et aussi..ce comportements qui semble si anodins parfois ..de mots dits a l’insu ou non de l’autre personne mais qui détruit assurément…Ces mots …su ou non détruisent..je crois au messages et énergies envoyés dans l’univers…et l’énergie nous entourant en est assurément influencer…

    Je te remercie de ce moment passer ici…si tu savait comme il me fais du bien !!!!!!

    A bientôt Élisabeth…je ne viens pas aussi souvent que je le voudrais…
    Mais …ainsi va la vie…

    Amitié reconnaissante…
    Sorcière

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    • Je suis tellement touchée, et c’est moi qui te remercie car tu connais la valeur des mots qui guérissent, comme le poids de ceux qui blessent, ainsi que la lourdeur de certains silences.
      Et tu sais que la parole est créatrice, qu’elle véhicule une énergie, et qu’il nous faut veiller à ce qu’elle ne détruise pas, l’autre et nous-mêmes…
      La vie sait tellement nous guider et si elle l’a fait ce matin, ce n’est pas un hasard, puisque face à cette souffrance omniprésente, à laquelle tu es si sensible, les mots doux, émouvants ou ceux qui prennent « aux tripes », comme tu en connais le secret, peuvent délivrer et cicatriser.
      Alors, toute ma gratitude à toi, à ta plume, à l’émotion que tu éveilles.
      Nous sommes liées, douce Sorcière… tu es toujours là, près de mon cœur. Toute ma tendresse

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  6. Un permis de communiquer… Quelle belle idée ! Et des suggestions très intéressantes pour se respecter les uns les autres. Pourrais-tu en dire plus sur ce que tu appelles « restitution symbolique » stp ? Je ne vois pas bien ce qu’il recouvre. Merci Elisabeth 🙂

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  7. Coucou 🙂
    Côté « prédateur de moi même  » je me retrouve… Sinon, tu as rencontré des Trolls pour inspirer ton article? :D.
    La mauvaise communication, le mal du siècle. Une parole innocente reçue comme le pire des affronts par celui qui l’entend.
    Il faut dire que je suis douée pour me coller aux personnes toxiques, aux profiteurs… et qu’en cas de mésentente, c’est encore moi qui me justifie. mon dernier exploit en date m’a coûter très cher et ça aurait pu être bien pire.
    J’ai fait le plein de lectures positives hier dans ma librairie préférée, je me suis offert un stylo, un carnet d’ecriture et ENFIN ce RDV psy qui arrive mercredi.
    Je vais éviter les prédateurs mais aussi d’être toxique pour les autres.
    Bonne journée à toi. Je t’embrasse.

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    • Les Trolls, je les rencontre tous les jours et depuis des années, et bien que je connaisse leur capacité de nuisance, c’est surtout cette « part du sombre » en chacun de nous qui m’interpelle. Aussi bien que ces prédateurs que nous sommes… pour nous et pour les autres, comme
      le « pourquoi » les attirons-nous.
      Ravie que ton rendez-vous approche, j’espère que la psy sera à la hauteur de cette belle lucidité que tu as sur toi.
      Consigne de bonnes choses dans ton carnet, et surtout prend bien soin de toi. Bisous, Annawenn

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