Le passé n’existe pas

Poupées russes

Ce n’est pas le temps qui passe, c’est nous qui avançons. Pour celui qui avance, il est préférable de regarder devant soi. Vivons-nous dans l’ouverture aux possibles et l’accueil de ce qui vient ? Ou dans le ressassement d’un passé dont nous ne savons qu’attendre réparation ? Mais, dira-t-on, ne faut-il pas guérir son passé ? Non, c’est chose impossible. Car le passé n’est plus présent.

En revanche, il est possible de guérir de cette maladie qu’est le passé. Il suffit de ne plus regarder en arrière. On objectera que c’est là refouler son passé, ce qui cause précisément névrose et mal-être. Non. Ce que nous refoulons n’est pas notre passé, c’est notre présent !

Presque à chaque instant, nous refusons de sentir, de ressentir quelque chose de la vie qui nous traverse, quand elle se donne sous forme de souffrance ou simplement de trop d’intensité.

Observons-nous. Si nous sommes si peu présents, c’est que nous nous dérobons à ce qui se présente, le foisonnement des états, des ressentis qui vient mettre à chaque instant notre chair en vibration.

Il est vrai que parmi ces vécus, il en est qui sont liés à des événements ou des structures d’autrefois. Telle rencontre est associée à une figure parentale qui fut cause de carence ou de blessure. Le manque est ravivé, la souffrance réveillée.

Tel ressenti (terreur, abandon…), nous le refoulons car nous avons dû nous en protéger, autrefois, pour ne pas mourir ou devenir fou. Mais à présent, nous ne sommes plus la même personne. Nos forces ont grandi.

Qu’est-ce que maintenant ? Le corps sentant – la seule réalité. Le passé, comme tel, n’existe
pas : sa seule existence, c’est maintenant ! Dans notre vie, en vérité rien n’est passé. Un être humain est comme une poupée russe : on ne voit que la plus grande, mais à l’intérieur se cache une multitude de poupées de toutes les tailles.

Nous portons en nous tous les âges de notre vie, et plus encore : tous les instants de notre vie. Et chaque moment de notre vie – Proust l’a si bien montré – est présent comme un potentiel de sensation, de ressenti : le corps est une mémoire vivante dont se nourrit chacun de nos instants présents.

Croire que ce potentiel appartient au passé, c’est en faire une histoire. C’est transformer en un récit figé ce qui est là, vivant, et n’aspire qu’à être vécu. Se retourner sur son passé, c’est fabriquer une fiction que l’on ne raconte que pour éloigner cela dont on croit parler et qui se donne, dans l’instant présent, à simplement sentir : Sur le divan, ce n’est pas raconter son histoire qui guérit, c’est laisser émerger dans le présent du corps sentant une mémoire jusque-là refusée. Les mots, certes, peuvent aider. Mais ils ont aussi le redoutable pouvoir de nous détourner du sentir !

Guérir, c’est éprouver dans le présent du corps l’actualité brûlante des strates de notre vie ; c’est renouer le lien avec telle poupée russe, tel fragment de nous-même relégué dans l’oubli, mais toujours présent en nous quoique invisible, comme une richesse intérieure, une ressource, un allié – si nous acceptons, au prix d’une certaine souffrance, de le laisser s’incarner dans notre sentir. Sentir seul guérit. Car nous ne sommes malades que de nous nier à chaque instant nous-même – ce corps-mémoire sans passé que nous sommes.

Cessons donc de nous soulager de la vie en nous la racontant ! Nous n’avons pas d’avenir, nous n’avons pas de passé. Nous avons un corps.

Denis Marquet

 

 

49 réflexions sur “Le passé n’existe pas

  1. Superbe ton billet Elisabeth.

    Tu disais:
    ~~> »Ce n’est pas le temps qui passe, c’est nous qui avançons. Pour celui qui avance, il est préférable de regarder devant soi ».

    ~~>Et « croire que ce potentiel appartient au passé, c’est en faire une histoire. C’est transformer en un récit figé ce qui est là, vivant, et n’aspire qu’à être vécu ».

    Je me demande si t’as lu « À la recherche du temps perdu » par Marcel Proust… Bergson était son philosophe préféré, toujours présent dans ses livres.
    Les idées de Bergson attirant la durée sont incroyables!. Selon lui, la durée était un état vécu, qui restait dans la conscience… Le temps de l’existence était donc radicalement différent de celui que la mécanique et la physique mathématique ont rendu mesurable … Il soutenait aussi que la conscience (= la durée) était coextensive à la vie …

    Je trouve que le temps qui passe c’est aussi parti du présent… Et le présent c’est la seule chose qui compte.

    ~~> Je crois que tu aimerais cette citation. ~ Henri Bergson « Matière et Mémoire »~

    « Qu’est ce que, pour moi, que le moment présent ? Le propre du temps est de s’écouler ; le temps déjà écoulé est le passé, et nous appelons présent l’instant où il s’écoule. (…) Sans doute il y a un présent idéal, purement conçu, limite indivisible qui séparerait le passé et l’avenir. Mais le présent réel, concret, vécu, celui dont je parle que je parle de ma perception présente, celui là occupe nécessairement une durée. (…) Mon présent est donc à la fois sensations et mouvement… *Mon présent est donc par essence sensori-moteur * »

    (**) Mon présent « vivant » possède une épaisseur dans la durée car par sa nature sensori-moteur, il retient le passé immédiat et anticipe l’avenir.

    Bisous mon amie… Joyeux vendredi! Aquileana 😀

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    • Bien évidemment, j’ai lu et relu Proust, que j’adore, et son œuvre est une réflexion majeure sur le temps où il cherche à atteindre sa substance, notamment à travers la mémoire affective. Temps perdu et Temps retrouvé… ouvrages magnifiques, que je ressens profondément mais sur lesquels je ne vais pas discourir car cela est bien trop complexe. Comme la pensée de Bergson, d’ailleurs…
      On pourrait dire que le temps nous apparaît dans la perception habituelle comme une succession d’états différents qui font que le présent devient passé tout en s’ouvrant sur l’avenir. Mais nous nous trouvons alors devant deux possibilités pour définir la nature du temps : soit nous mettons l’accent sur la rupture qui existe entre ses trois dimensions soit, au contraire, nous le saisissons dans sa continuité indivisible.
      La question que pose Bergson est en effet de connaître la nature, l’essence, du moment présent. La façon la plus spontanée d’y répondre consisterait à comparer le présent aux autres dimensions du temps. Or sa définition fait d’emblée surgir un paradoxe, qu’il est difficile de résoudre, à moins de se prêter à une étude approfondie de sa théorie.
      J’entends donc que les trois temps ne sont qu’une seule et même chose, la durée mais, pris indépendamment les uns des autres, ils possèdent leur réalité propre, leur propre signification.
      Bien complexes les réflexions que tu inspires, tu as sûrement fait des études de philo 🙂
      Merci, Aquileana, bisous et doux week-end à toi

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      • Superbes tes réflexions, Elisabeth… Je suis d’accord avec toi quand tu disais que « les trois temps ne sont qu’une seule et même chose (la durée)… mais, pris indépendamment les uns des autres, ils possèdent leur propre signification ».
        Pour finir je voudrais ajouter une autre citation, dans ce cas de Saint Augustin,  » Les Confessions », Livre 11, chapitres 14:
        « Qu’est-ce donc que le temps ? Si personne ne m’interroge, je le sais ; si je veux répondre à cette demande, je l’ignore. Et pourtant j’affirme hardiment, que si rien ne passait, il n’y aurait point de temps passé ; que si rien n’advenait, il n’y aurait point de temps à venir, et que si rien n’était, il n’y aurait point de temps présent. Or, ces deux temps, le passé et l’avenir, comment sont-ils, puisque le passé n’est plus, et que l’avenir n’est pas encore ? Pour le présent, s’il était toujours présent sans voler au passé, il ne serait plus temps ; il serait l’éternité. Si donc le présent, pour être temps, doit s’en aller en passé, comment pouvons-nous dire qu’une chose soit, qui ne peut être qu’à la condition de n’être plus ? Et peut-on dire, en vérité, que le temps soit, sinon parce qu’il tend à n’être pas ? »… ( ⭐ )
        Je t’ embrasse et je te souhaite une très jolie fin de semaine, mon sage amie!, Aquileana 😀

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        • C’est ta grande sagesse que j’admire depuis longtemps, et je te remercie pour tes riches réflexions.
          J’adore cette citation de Saint Augustin, qui démontre à quel point ce présent est difficilement saisissable. Et pourtant, tous les sages préconisent de vivre ici et maintenant. Alors, même si ces instants sont fugitifs, je crois que c’est surtout la présence à ce qui se déroule dans le moment est importante.
          Bisous, Aquileana

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  2. sur le passé on ne revenir, on ne peut plus rien changer, le mieux est d’oublier tout ce qui nous a fait mal même si c’est dur et de garder que les bons souvenirs mais il faut continuer à avancer dans la vie

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  3. Bonjour Elisabeth,
    Nous avons tendance à dire, cela va passer et poursuivre notre chemin, belle erreur. Il faut au fur et à mesure que la vie nous blesse se poser, comprendre et accepter, mais ce n’est pas toujours bien évident.
    L’Homme est ainsi fait, niant très souvent jusqu’au jours ou la réalité le rattrape. Alors le corps parle pour lui, de cela j’en suis maintenant persuadée. Je crois qu’il serait bien plus sage de nous écouter, cela nous éviterait tant de consultations chez le médecin, psy…
    Une publication qui est fort intéressante et qui me conforte encore un peu plus, merci Elisabeth !
    Je te souhaite une très bonne journée, doux bisous
    🙂

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    • Tu as bien raison, nous vivons souvent dans cette fuite et cette négation, dues aussi à l’injonction, si fréquente : « ne t’écoute pas ».
      Alors que justement, se poser pour examiner de près ce qui nous blesse, l’accueillir, l’accepter et faire la paix, empêcherait le corps de manifester son mal-être.
      Merci, Fanfan pour cette belle lucidité et tendres bisous

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  4. Bonsoir Elisabeth,

    Je lisais l’article et je me demandais ce que personnellement je retenais du passé. J’avais du mal à le définir. D’un côté je concluais que mes forces d’aujourd’hui sont probablement le fruit de mes expériences plutôt heureuses. De l’autre côté j’avais du mal à identifier des expériences malheureuses qui auraient pu me marquer au point d’avoir à les « guérir ». J’admets que j’ai toujours été chanceux dans la vie. mais dans mon mal de définir tout ça, j’ai accroché sur ce passage: « Nous portons en nous tous les âges de notre vie, et plus encore : tous les instants de notre vie. » je pense que cela résume tout…nous sommes ;la somme de nous… la somme de nos expériences, de notre cheminement, de nos héritages génétiques, de nos héritages de société,etc.
    Je te souhaite une bonne fin de soirée.
    mes amitiés
    Kleaude

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    • Heureuse de lire que tu te considères comme quelqu’un de « chanceux » mais pour acquérir cette profonde connaissance de l’humain, dans toutes ses facettes, tu as sûrement dû traverser les épreuves, que ton caractère optimiste a transformé en forces.
      Et tu as bien conclu, que non seulement nous représentons la somme de nous mais aussi de tous nos héritages divers.
      Merci, Kleaude pour ce beau témoignage de cheminement en conscience

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  5. Merci Elisabeth. Ce texte arrive à point nommé. Je sors d’une semaine de grippe aux symptômes très violents. Une crise qui répond à une autre crise certainement sur des plans plus subtils. Du fond de mon lit, j’ai revu tant d’épisodes de ma vie durant ces derniers jours. J’ai pu en démonter les grands chapitres. Le temps a passé si vite… Et me voilà, là, avec bientôt ce chiffre 5 dans les dizaines. Accepter de vieillir, c’est beau sur le papier. Ca noue la gorge quand les enfants quittent le nid. Je travaille sur l’acceptation de ce … Présent.  » Accepter la vie telle qu’elle se propose  » : mon mantra de ces derniers jours. Oui, merci pour ce texte fort qui fait écho à ce que mon corps-sentant vient de me faire déguster, sans complaisance ni posture de faux sage. Le pire quand on est croyant, c’est ce que la petite Thérèse a vécu de « ténèbres de la foi ». L’on croit, mais l’on est vide. Le Présent est dans ce cas notre seul point d’ancrage. Ce type d’épreuve doit servir probablement à cela: donner corps au présent. Ad vitam ?

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    • Tu as une telle capacité à me surprendre et à m’émouvoir, Stéphane…
      Rien n’arrive sans raison, et cette vilaine grippe t’a cloué au lit, afin que cette crise puisse être vécue en conscience… et certainement sans complaisance aucune. Une sorte de bilan à l’aube de la cinquantaine.
      Puisque je l’ai passée, je te dirai que oui, vieillir ne réjouit personne mais comme nous n’y pouvons rien, alors, autant l’accepter et continuer cette « vie telle qu’elle se propose ». Magnifique expression, puisqu’en effet, c’est à nous de voir ce que nous en ferons.
      La petite Thérèse n’était pas la seule, Saint Jean de la Croix a traversé
      « la nuit obscure de l’âme », comme d’autres mystiques l’ont fait. Dur, quand même Dieu est caché mais aussi, le moment propice à la Grâce qui se faufile dans les fêlures…
      Donner corps au présent ou faire du corps sentant la seule réalité… ad vitam aeternam… et toujours sur le fil du rasoir 🙂
      Tendresses, « vieux » frère

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  6. Bel article ! Le passé peut parfois nous tourmenter comme un traumatisme et il peut être utile de le mettre en mots pour le cadrer, pour une représentation pleinement consciente et maîtrisée, mais ensuite il est tellement juste d’accueillir la vie, et son infini, cette perpétuelle aventure de renouvellement, et n’oublions pas que c’est à travers les potentialités du corps que grandit notre âme

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    • Si belle vision des choses, expurger le passé, en le conscientisant à travers les mots qui permettent de s’en libérer. Et accueillir cet infini des possibles et du renouveau, que la Vie nous offre quotidiennement.
      Ne jamais oublier le corps, puisque c’est le temple de l’âme…
      Merci encore, Kristel, j’adore la douce sagesse de vos commentaires

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  7. Quel défi de se détacher du passé ! Etant d’un signe astrologique très porté sur la nostalgie (je suis Cancer), c’est pour moi un travail permanent. Même si je sais pertinemment que le bonheur réside dans le présent et nul part ailleurs !!

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    • S’il suffisait de savoir… de cela aussi, tu en es consciente.
      Je comprends bien cette nostalgie mais je vais encore me répéter 🙂 ton triple Mat fait avancer le Chariot (le corps), et l’Arcane Sans Nom fauche l’ancien, afin que la Roue puisse tourner.
      Encore les attaches du Diable mais tu les couperas, Biancat

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  8. ‘Do we observe. If we are so very present, is that we are shirking what occurs, the proliferation of states, feelings that comes to every moment our flesh vibrating.’

    another brilliant post.
    I so enjoy your writings.
    Gavin.

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  9. Se connecter à son corps pour percevoir et ressentir ce qui se vit. Un bien bel article éclairant et simple dans l’ici et maintenant.
    Milles bises ma chère amie

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  10. Je n’est jamais eu de regrets, le passé c’est du passé, on ne peu pas le revire en l’améliorant il faut tiré un trait dessus, pour les bonnes et les mauvaises choses.

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  11.  » C’est nous qui avançons » C’est pensée m’a prondement touché. Entrer dans cette dynamique, cette vision de la vie est une démarche positive. C’est s’offrir la posibilité d’avancer même si l’o peut, par moment avoir l’impression d’aller trop lentement, ou enchainé dans le  » ressassement ».
    Merci Elisabeth pour ces belles et enrichissantes pensées.

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  12. Ah! S’il suffisait de vouloir! Ce n’est pas si simple, les blessures laissent des marques. Il y a l’arbre rabougri qui a manqué de soleil et qui ne s’est pas complètement relevé de la dernière tempête. Il faut parfois du temps pour reconstruire le moi afin qu’il redevienne fonctionnel. Il y a les noeuds karmiques si difficiles à défaire parfois. Et je ne parlerai pas de la complaisance que nous avons à dorloter nos petits et grands malheurs. Mais il est vrai que nous avons tous le pouvoir de surpasser cela… Ah! Quel mécréant sus-je donc (sans ironie).

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    • J’aime beaucoup les mécréants comme toi 🙂
      Tout ce que tu évoques, si justement, est défini dans l’article comme une des « poupées russes », les blessures mettent longtemps mais elles finissent par cicatriser, et cette complaisance dans nos malheurs peut être dépassée… et non surpassée…
      Vouloir, quoi que l’on en dise, est une première étape vers le pouvoir.
      Mais bien évidemment, nous sommes libres, et personne n’a jamais dit que cela est facile, juste que ça en vaut la peine

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  13. Je lis et je me dis : « Allez, il n’y a plus qu’à! »
    Merci pour cet article qui me rappelle à la raison. Je dois regarder devant, devant, devant et vivre au présent 🙂
    Bonne soirée, je t’embrasse.

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  14. Juste…mais, regarder le passé n’est pas seulement ressasser. C’est aussi un enseignement. Notre passé, que ce soit à un niveau personnel, ou a celui d’un état, nous renseigne sur nous même, nous permet de progresser. Bien sûr, il ne faut pas vivre dans le passé, mais s’en souvenir nous permet d’éviter de commettre à nouveau les mêmes erreurs, de prévoir un peu ce qui risque de se passer….c’est une richesse que d’avoir un passé, des souvenirs. Etre amnésique est une souffrance.

    Bonne soirée Elisabeth et merci pour tes billets qui, toujours, portent à la réflexion

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    • Merci pour ta belle réflexion, Marie, bien évidemment, le passé, qu’il soit personnel ou collectif, est non seulement une source de richesse mais surtout des leçons… à condition bien sûr de savoir les tirer.
      Denis Marquet le sait bien mais, comme souvent, il livre un point de vue qui propose un regard différent sur ce « ressassement d’un passé dont nous ne savons qu’attendre réparation », alors que celle-ci ne peut se faire que dans l’ici et maintenant

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  15. Superbe article !
    « Qu’est-ce que maintenant ? Le corps sentant – la seule réalité. »
    « si nous acceptons, au prix d’une certaine souffrance, de le laisser s’incarner dans notre sentir. Sentir seul guérit. »
    « Cessons donc de nous soulager de la vie en nous la racontant ! Nous n’avons pas d’avenir, nous n’avons pas de passé. Nous avons un corps. »

    Merci pour ce partage

    chaleureusement

    Frédéric

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