Cinq critères d’un couple véritable

Swâmiji m’avait un jour énoncé cinq critères grâce auxquels on peut reconnaître la valeur profonde d’un couple. Ces cinq critères sont en fonction d’une durée, d’un chemin à suivre ensemble : to grow together, croître, grandir, s’épanouir ensemble, progresser sur la voie de la maturité, de la plénitude.

Couple vrai

Feeling of companionship Le sentiment d’être des compagnons

Le premier de ces critères est le sentiment d’être deux compagnons. Avoir un compagnon, c’est ne plus se sentir seul(e). Il y a quelqu’un à mes côtés qui me comprend, avec qui j’aime échanger, avec qui j’aime partager, avec qui j’aime agir, faire les choses ensemble.

Le mari ou la femme doit être aussi notre meilleur ami. L’épouse doit pouvoir jouer pour le mari tous les rôles qu’une femme peut jouer pour un homme ; et le mari doit pouvoir jouer pour sa femme tous les rôles qu’un homme peut jouer pour une femme. L’homme — ou la femme — se sent comblé et n’éprouve plus la nostalgie de trouver ailleurs ce qui ne lui manque plus.

Si ce sentiment d’avoir trouvé un véritable compagnon existe, il s’enrichit avec les années, avec les expériences partagées, avec les souvenirs, contrairement à la passion amoureuse ordinaire condamnée à perdre son intensité comme un feu qui se consume et s’éteint.

At easeness Être à l’aise

Le deuxième critère est encore plus simple. Aisance : le fait que les choses soient faciles, aisées. On se sent bien. C’est une relation qui ne nous amène pas à gaspiller une grande quantité d’énergie en émotions. Or, trop souvent, dans la fascination amoureuse, il y a émerveillement, il y a des moments intenses, mais il n’y a ni aisance ni facilité ; ou encore une certaine facilité de relation s’établit mais dans la routine, dans la monotonie et il reste au cœur un manque.

Two natures which are not too different
Deux natures qui ne soient pas trop différentes

Il est normal qu’il y ait une différence et une complémentarité entre un homme et une femme. Nous ne trouverons jamais notre alter ego : un autre nous-même qui, à chaque instant, soit uniquement l’incarnation de notre projection du moment. Nous ne trouverons jamais une femme qui sera toujours exactement ce que nous voulons, aura toujours exactement l’humeur ou l’état d’âme que nous souhaitons, l’expression ou le timbre de voix que nous espérons et prononcera les mots que nous attendons — jamais. Et cela, il faut le savoir.

C’est une demande infantile, indigne d’un adulte, destructrice de toute tentative de couple, de vouloir que l’autre soit uniquement le support de mes projections et réponde à chaque instant à ce que mécaniquement je demande. C’est une illusion que vous devez réussir à extirper. L’autre est un autre. Et, même si une communion s’établit, l’autre n’aura jamais notre inconscient, notre hérédité. Il y aura toujours une différence.

Mais si les natures sont trop différentes, aucune vie commune n’est possible et cet amour sera battu en brèche par la réalité. Les cas extrêmes vous paraîtront évidents. Si un homme est plutôt solitaire, aime les longues marches dans la campagne, la vie dans la nature, et qu’une femme ne rêve que de mondanités et de réceptions, il est certain que les natures sont trop différentes. Malheureusement, cela n’empêche pas de tomber amoureux.

Deux natures qui ne sont pas différentes, cela n’existe pas. « Deux natures qui ne soient pas trop différentes », sinon l’entente est au-dessus de nos capacités respectives. Il faudrait être bien plus avancé sur le chemin de la liberté intérieure pour pouvoir former un couple paisible avec un partenaire dont la nature est radicalement différente de la nôtre. La fascination amoureuse ignore superbement l’incompatibilité de deux natures.

On croit de bonne foi pouvoir s’aimer mais il n’y a pas de possibilité d’une véritable entente. La complémentarité de l’homme et de la femme repose sur la différence mais elle repose aussi sur la possibilité d’association, d’imbrication, de complicité.

Complete trust and confidence Une foi et une confiance totales

Bien sûr, beaucoup d’hommes et de femmes aujourd’hui sont blessés jusqu’au fond de l’inconscient par des trahisons passées vécues dans l’enfance ou la petite enfance. Ce genre de blessure ne facilite pas la communion, l’approche ouverte, le don mutuel de soi dans l’amour.

Est-ce que cette personne a su m’inspirer une réelle confiance ? Du fond de moi monte ce sentiment : elle peut faire des erreurs, elle peut se tromper, elle peut même accomplir une action qui me créera une difficulté momentanée mais elle ne peut pas me faire du mal. Fondamentalement, ce qui domine, c’est cette certitude.

Le mariage ne peut pas être une voie spirituelle vers la sagesse si cette confiance et cette foi n’existent pas, si vous vivez dans la peur. Vous avez à être plus forts que votre infantilisme et à ne pas détruire vous-mêmes une relation précieuse par une méfiance qui n’est en rien justifiée. Il faut que les partenaires ne soient plus totalement infantiles, aient une certaine compréhension de leurs propres mécanismes et décident de les dépasser, d’être plus adultes.

Seule cette confiance complète élimine le poison de l’amour, la jalousie. Je ne dis pas que c’est un vice ou un péché, c’est une émotion particulièrement infantile dans laquelle le mental invente ce dont il n’a aucune preuve. Rien n’est plus destructeur de l’amour que cette jalousie.

Strong impulse to make the other happy
Une forte impulsion à rendre l’autre heureux

Ce critère exige une approche adulte du couple. La demande d’être heureux grâce à un autre est naturelle, normale, légitime chez un homme ou une femme qui n’a pas encore atteint le bout du chemin et qui se sent encore incomplet. Mais il y a une manière tout à fait égoïste de vouloir rendre l’autre heureux, dans laquelle l’autre n’est pas vraiment en question.

C’est l’autre tel que je le vois à travers mes projections, mes demandes à moi, que je cherche à rendre heureux en lui offrant ce que j’ai envie de lui offrir, en faisant pour lui ce que j’ai envie de faire, et sans tenir compte de ses véritables demandes. On ne peut sentir ce dont L’autre a vraiment besoin que si l’intelligence du cœur est éveillée.

Ce bonheur est aussi une réalité simple, quotidienne, faite d’une accumulation de petits détails, et pas seulement de s’entendre dire « je t’aime ». Un être a besoin de respirer à chaque minute, et il a besoin de respirer l’amour tous les jours. Cette envie de rendre L’autre heureux ne se fabrique pas artificiellement, elle est là ou elle n’est pas là.

« Une forte impulsion à rendre L’autre heureux » est un sentiment permanent : « J’existe pour lui, que puis-je faire pour lui ? » Cette intelligence du cœur s’éveillerait très naturellement si les émotions ne venaient pas corrompre la possibilité d’un véritable sentiment.

Ces critères sont simples. Mais, s’ils sont réunis, tous les autres en découlent, y compris l’entente sexuelle.

Arnaud Desjardins Extrait de Pour une vie réussie, un amour réussi

http://www.svami-prajnanpad.org/index.html

27 réflexions sur “Cinq critères d’un couple véritable

  1. Pingback: La Bergère et le Prince… un compagnonnage… un voyage | UN AVIS : Petit Blog Avisé ??

  2. Pingback: Review de la semaine (2) | Séraphine boit trop de café…

  3. Merci Elisabeth 🙂 Arnaud Desjardin , je ne l’avais pas lu celui-là! Mais cela me parle et je rebondi sur 2 livres « De l’Amour » d’Hubert BENOIT et surtout « Le voyage symbolique » (2ème partie du 1er tome de « l’Initié » de l’Auteur maintenant connu 😉 Cyril Scott . Dans ce récit il s’agit bien d’un couple apparemment mal assorti à qui un « Maître » demande d’entreprendre ce voyage pour l’évolution de chacun. C’est un très beau récit, simple t bourrés d’enseignements.
    Vouloir depuis toute jeune que je voulais ce genre d’amour OUI, Ai-je réussi, non!! Mais alors rien de grave, car j’ai fait un certain chemin, et c’était le mien… et la vie n’est pas finie 😉 😀 😀

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    • Et moi, je n’ai pas lu Cyril Scott et je te remercie de le citer car je suis allée chercher et j’ai trouvé un très bel extrait, tout à fait complémentaire

      « Songez donc à quelle hauteur vous aurez élevé une femme, si vous pouvez l’amener à aimer un homme non pas pour elle-même, mais en voyant, à travers lui, l’intérêt général et le bien du monde, en sorte que le don d’elle-même à l’homme aimé apporte à celui-ci l’inspiration, et que, par-là, l’humanité soit enrichie. Vous rendez-vous compte que, par un amour de ce genre, vous pouvez, mieux que par toute autre voie, contribuer au développement spirituel d’une femme; – car ce grand renoncement, qui lui est demandé, constituera pour elle un profond enseignement ? »

      Et qui en plus, confirme ton émouvant témoignage… cette recherche t’a faite grandir, et la vie n’est pas finie 🙂
      Tu me surprendras toujours, Catherine, et j’en suis émerveillée

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      • Arrête tu vas me faire rougir 😉 (et après faut que je calme mon égo 😆 )
        D’ailleurs Cyrill Scott lui-même, à la demande de son maître a épousé une « amie » et non la femme dont il était amoureux ce, pour que les deux s’élèvent et soient utiles aux autres. Ce fût une union fantastique porteuse de merveilleuses choses et pourtant ils ont traversé des difficultés surtout elle.
        Les 4 livres de L’Initié sont mes livres de chevets depuis que j’ai 15 ans et je les relis assez fréquemment et à chaque fois j’y trouve de nouvelles pierres à mon édifice comme si des pages nouvelles étaient apparues 😉 et c’est toujours un bonheur 🙂 🙂

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        • Tu peux rougir… de plaisir, et pas besoin de calmer ton ego 🙂
          En éternelle romantique, je me dis que c’est tout de même dommage qu’il n’ait pas pu faire ce travail avec son amoureuse mais bon, si l’union a été porteuse de sens…
          C’est une belle métaphore que ces pages nouvelles qui apparaissent mais je comprends très bien, en relisant certains livres je découvre les messages que je n’ai pas été en mesure d’appréhender. Cela ne vient qu’en cheminant…

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    • Je te répondrai par la citation d’un autre grand sage :
      Car de même que l’amour vous couronne, il doit vous crucifier.
      De même qu’il vous fait croître, il vous élague.
      De même qu’il s’élève à votre hauteur et caresse vos branches les plus délicates qui frémissent au soleil,
      Ainsi il descendra jusqu’à vos racines et secouera leur emprise à la terre.
      Comme des gerbes de blé, il vous rassemble en lui.
      Il vous bat pour vous mettre à nu.
      Il vous tamise pour vous libérer de votre écorce.
      Il vous broie jusqu’à la blancheur.
      Il vous pétrit jusqu’à vous rendre souple
      L’Amour
      par Kahlil Gibran

      Merci, Séraphine, nous en avons bien besoin de ses ondes

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  4. Bonjour Elisabeth,
    Voilà qui devrait être accessible pour tous, il y a bien des erreurs qui seraient évitées.
    Ceci me conforte dans ma pensée, bien que comme tout à chacun, je fasse aussi des erreurs 😉
    Merci beaucoup Elisabeth, pour ce que tu partages avec nous pour notre plus grand bien 😉
    Belle et agréable journée à toi !
    Bisous tendres

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    • Cette sagesse, du moins dans ses grands principes est bien accessible mais tous ne veulent ou ne peuvent pas l’appliquer, et même ceux qui s’y essayent font des erreurs, comme toi et moi…
      Partager, c’est bien, mettre en œuvre, encore mieux… et en faisant de notre mieux 🙂
      Bisous tendres, Fanfan et douce fin de semaine

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  5. Très chère Élisabeth !!
    Ce texte d’Arnaud Desjardins me parle assez en profondeur.
    ma priorité a tellement été de donner faire que tout aille pour le mieux dans le couple et dans tout le reste d’ailleurs . …… dû à un concept que je m’étais créée, depart mon éducation et ce que je n’avais compris et à ce jour je m’assois et j’observe …. car je me suis épuisée, je n’ai pas été épaulé et j’ai laissé faire ….. !!
    C’est avec beaucoup de justesse et de douceur que je m’autorise à changer ma façon d’être et affirmer mes besoins et éduquer les enfants sur une ouverture d’indépendance, d’autonomie, sans culpabilité.
    Je suis confiante . ….
    Je te souhaite une très belle journée Élisabeth 🌞
    Avec tendresse – gros bisous 😘💜🌻

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    • Moi aussi je suis confiante, puisque je sais combien tu es capable de donner. Mais donner bien et de façon juste, à commencer par toi. Nous avons tous grandi avec l’injonction : « les autres d’abord » et il difficile de ne plus lui obéir.
      Alors, je suis heureuse que tu aies décidé de changer, en douceur, sans culpabiliser, et que tu transmettes cette sagesse à tes enfants.
      Toute ma tendresse, Marie-Nancy

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  6. Bonjour, Elisabeth,

    C’est absolument ça. Mais dans mon cas, avec K., en espérance et objectif.

    En espérance et objectif partagés, vers lequel nous tentons d’avancer, et c’est long, et de petits désespoirs, parfois, apparaissent, que nous avons appris à surmonter.

    Merci.

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  7. Bonsoir Elisabeth,
    Je me retrouve beaucoup dans cet article. J’ai toujours cru en effet que la compagne ou le compagnon idéal doit être à la fois amant, amour, ami, confident et complice. J’en retrouve l’essence dans cet article. J’aime aussi la notion de deux natures pas trop différentes. On ignore trop souvent cet aspect.
    Puis, bien sûr, dans un amour profond et véritable, on ne peut que souhaiter le bonheur de l’autre et s’y investir en devient une forte motivation en soi.

    Mes amitiés et salutations sincères

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    • Cela ne m’étonne guère que ça soit une évidence pour toi mais remplir toutes ces conditions est plutôt le résultat d’un long apprentissage des êtres qui s’acheminent vers un état d’adulte, et encore, il y a tant d’interférences de nos blessures et attentes héritées de l’enfance.
      Les critères semblent simples, quant à les mettre en action, c’est une autre histoire…
      Mais déjà en avoir le désir et la volonté est une bonne voie vers leur accomplissement.
      Merci, Kleaude, amitiés

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