Voir la vie en or

Les bouddhistes semblent toujours voir la vie « en or ». Matthieu Ricard, proche du dalaï-lama, commente pour nous le visage serein d’un bouddha khmer, afin de nous guider sur le chemin de cette paix intérieure.

bouddha or

Il y a de nombreuses façons de faire l’expérience du monde. Voir la vie en or, c’est essentiellement se rendre compte que tous les êtres, y compris nous-même, ont en eux un extraordinaire potentiel de transformation intérieure et d’action. Voir la vie en gris, c’est penser que celle-ci est vouée à l’échec et au malheur, que l’on ne peut rien en faire de bon, pas plus que l’on ne peut sculpter un morceau de bois pourri.

Le pessimisme reflète une vulnérabilité fondamentale à la souffrance, qui peut aller jusqu’au dégoût de vivre – le sentiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue parce que l’on est dans l’impossibilité de lui trouver un sens.

L’optimisme authentique permet d’utiliser chaque instant qui passe pour se transformer soi-même afin de mieux transformer le monde, pour apprécier le moment présent et jouir de la paix intérieure, au lieu de perdre son temps à ruminer le passé et à redouter l’avenir.

Comme l’écrivait Alain (in Propos sur le bonheur, Folio Gallimard, 1985) : « Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait de son bois au feu, au lieu de pleurer sur des cendres ! »

Les yeux de la connaissance

Le Bouddha ne ferme pas les yeux sur le monde, mais tourne son regard vers l’intérieur pour mieux le comprendre. Il est comme le poisson d’or qui nage les yeux grands ouverts dans l’océan du samsara, le monde de l’ignorance conditionné par la souffrance.

Ce sont les yeux de la connaissance et de la compassion. Le Bouddha est en adéquation avec la réalité, car il perçoit la nature ultime des choses : l’interdépendance des phénomènes et la non-existence d’un moi autonome. Il reconnaît le potentiel d’éveil présent en chacun même lorsqu’il est dissimulé derrière les nuages de la confusion mentale et des émotions perturbatrices.

Le sourire de l’amour altruiste

Le sourire de Bouddha est l’expression d’un amour altruiste sans limites, fondé sur une juste connaissance de la nature des choses. Ce sourire reflète une bienveillance inconditionnelle, née du souhait que tous les êtres, sans exception, trouvent le bonheur et les causes du bonheur – sagesse, liberté intérieure et compassion –, et soient libérés de la souffrance et de ses causes profondes : l’ignorance et les toxines mentales – haine, désir obsessionnel, arrogance, jalousie. Nous sommes loin d’un optimisme béat qui peindrait en rose la triste réalité d’un monde mauvais.

Notre optimisme éclairé procède d’une attitude ouverte et créatrice qui permet d’embrasser spontanément l’univers et les êtres au lieu de se retrancher derrière le sentiment de l’importance de soi.

L’esprit de la plénitude

L’instinct nous dit que la conscience se trouve dans notre cœur. La science nous dit qu’elle a son siège dans le cerveau. Le bouddhisme, lui, la décrit comme un phénomène interdépendant avec le cerveau, le corps et l’environnement.

Quoi qu’il en soit, nos événements mentaux et nos émotions sont en corrélation avec l’activation, l’inhibition ou la synchronisation de diverses régions du cerveau. La méditation consiste à se familiariser avec une nouvelle façon d’être et d’agir liée à l’entraînement de l’esprit.

Sur le plan physique, les effets durables de cet entraînement sont permis par la malléabilité du cerveau sous l’influence d’un enrichissement intérieur qui s’ajoute à celui fourni par notre perception de l’extérieur.

Cet entraînement de l’esprit change notre interprétation du monde et notre façon de vivre les émotions. Il permet un épanouissement optimal, un état acquis de plénitude sous-jacent à chaque instant de l’existence et qui perdure à travers les inévitables aléas la jalonnant.

 

26 réflexions sur “Voir la vie en or

  1. Bonsoir Elisabeth,

    L’optimisme et le pessimisme… un sujet intéressant et maintes fois abordé..,mais la plupart du temps par des généralités… car un sujet difficilement abordable concrètement…un peu comme l’amour altruiste…qui bien qu’on ne puisse le nier est difficile à expliquer « scientifiquement »…

    Mais ici je suis fasciné par cet énoncé… »La science nous dit qu’elle a son siège dans le cerveau. Le bouddhisme, lui, la décrit comme un phénomène interdépendant avec le cerveau, le corps et l’environnement. » J’ai bien lui qu’on peut s’entraîner pour y arriver… Je crois aussi que certains individus sont plus prédestinés que d’autres au bonheur…..

    Toujours aussi intéressants les pistes de réflexion que tu nous proposes.

    Mes amitiés… Bon weekend!

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    • J’ai aussi tendance à croire qu’il existe des gens plus prédisposés au bonheur ou pourvus d’une joie de vivre et d’une vision du monde plus optimiste, tandis que d’autres traînent un certain « mal de vivre »…
      Sans entrer dans des explications scientifiques, qui parlent génétique ou des considérations sur nos différents « bagages », puisque le sujet est trop vaste et nous en avons déjà un peu débattu au fil de nos échanges.
      Mais une fois cette hypothèse posée, je ne crois pas au déterminisme absolu et comme le dit Matthieu Ricard : « Notre optimisme éclairé procède d’une attitude ouverte et créatrice » qui « permet d’utiliser chaque instant qui passe pour se transformer soi-même afin de mieux transformer le monde, pour apprécier le moment présent et jouir de la paix intérieure, au lieu de perdre son temps à ruminer le passé et à redouter l’avenir.
      Et cela se travaille…
      Et outre cette interdépendance : « L’instinct nous dit que la conscience se trouve dans notre cœur », dont nous évoquons souvent l’intelligence.
      Merci pour tes réflexions et excellent week-end, Kleaude

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  2. ne sais si cela doit être dit, Elisabeth
    mais Bouddha sortait de la Richesse, et par le Hasard Divin, à découvert la Misère, ce qui fait que sa Résonnance est un chemin d’Observation, de contemplation…
    5OOO ans,
    et l’Homme n’était pas dans le Pire de sa Destruction
    3000 ans plus tard, le Christ, mm Voyage, d’ailleurs est parti dans un Monastère Bouddhiste, il y a laissé sa signature,
    est Lui né en pauvreté et à continuer, son Altruisme est Guérisseur car il Va vers l’Autre…
    et nous en sommes là, car nous avons récolté ce que notre inconscience a semé malgré l’Enseignement de Bouddha, et du Christ…
    l’Altruisme est inné, il n’est pas interessé, il est une nature intérieure, d’une belle profondeur, et le Monde d’aujourd’hui en est dépourvu, car la Conscience Matérialiste est si ancrée, que prendre le Recul Spirituel est un Duel,
    aussi, comme d’autres Guides, ont fait les choses qu’ils avaient dites…
    mais Nous, sommes-nous vraiment si réalistes devant des Rituels et des Usages qui ne peuvent nous libérer de nos Chaines… mortelles
    seule la Pure Conscience de ses erreurs, fait l’Avancée.. et chaque étape offre l’enseignement de nos « Ancêtres » et ceci nous permet de nous Personnaliser, selon notre Nature, et d’être armé… dans l’Existence…
    avec notre propre science nous devons aussi mettre des Pratiques réalistes, pour interpréter au Mieux notre Paix Intérieure, devant le Monde Entier… avec le Renouveau de nos pensées, de nos gestes, Altruistes « sans rien attendre » est le Sacerdoce le plus exemplaire à exercer sur le Chemin de la Vérité 🙂

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    • Si, Sarah, cela doit être dit et répété car notre monde est dans un grand péril, par cet oubli des âmes qui ne trouvent que de faux chemins et buts dérisoires, alors qu’en profondeur, l’Être crie sa souffrance et aspire à redécouvrir sa nature véritable…
      Il a dit : « Que celui qui a des oreilles pour entendre entende »… la voie est proposée, libre à chacun de la suivre en sa vérité…
      Merci pour la beauté de la tienne

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  3. Extraordinaire Monsieur Riccard, presque, je lui dois la vie, la vie en or car lorsque j’ai lu son livre plaidoyer pour le bonheur, cette vie je ne la voyais qu’en gris… son cheminement, ses réflexions, m’ont aider à enfin ouvrir les yeux et j’ai retrouvé le sourire grâce à lui et à d’autres lectures similaires par la suite. bises

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    • Si touchée par ton témoignage, hommage à cet homme au parcours extraordinaire, qui a su rendre l’enseignement, parfois un peu obscur du bouddhisme, clair à nos esprits occidentaux.
      Il m’a aussi beaucoup aidé dans les moments difficiles et souvent, rien qu’à entendre ses paroles apaisantes, remplies de compassion et d’un amour si immense me réconcilie avec les difficultés de la vie.
      Merci, Cathie, je t’embrasse

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  4. Je me dis que, peut être, j’aurais du emporter Bouddha avec moi pour cette formation. Je n’y ai vu qu’irrespect, jalousie, individualisme.
    J’en suis ressortie malade et désespérée, pis soulagée aussi de 530€ (quand même) et de quelques kilos.
    Des journées au soleil de la canicule de 7h30 à 22h non stop + corvées de ménage.
    Pas zen du tout. Les conflits partout.
    En antinomie totale avec mes valeurs. Et ils s’occupent d’enfants : c’est la misère!!!

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    • Je suis triste pour toi, Annawenn mais si tu avais emporté la pensée de Matthieu Ricard, tu te dirais peut-être, comme lui que : « Le Bouddha ne ferme pas les yeux sur le monde, mais tourne son regard vers l’intérieur pour mieux le comprendre. Il est comme le poisson d’or qui nage les yeux grands ouverts dans l’océan du samsara, le monde de l’ignorance conditionné par la souffrance ».
      Car les causes profondes de telles attitudes sont « l’ignorance et les toxines mentales – haine, désir obsessionnel, arrogance, jalousie ».
      Comme « Notre optimisme éclairé procède d’une attitude ouverte et créatrice qui permet d’embrasser spontanément l’univers et les êtres… avec les yeux de la connaissance et de la compassion ».
      Je ne désire pas me poser en « donneuse de leçons », et ces paroles, je le prends aussi pour moi 🙂

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  5. Elisabeth , je suis en retard sur tes billets et sur ceux d’autres copains et copines !
    le bouddhisme je le sais n’est pas une religion mais il commence à en devenir une vu qu’il y a maintenant des bouddhistes extrémistes …alors ces beaux mots peuvent appartenir à n’importe quelle personne douée de bon sens , d’ouverture d’esprit et d’envie de connaitre et d’aimer les autres …
    quant à se libérer de tout sentiment mauvais  » jalousie; haine, désir  » personne à part quelques saints n’en est à mon avis capable et je t’avoue que je n’aimerais pas devenir une sainte ! je préfère mes gros défauts naturels ( pas violents hein! ) et ceux des personnes que j’apprécie , à des qualités préfabriquées pour plaire coûte que coûte !
    je n’aimerais pas du tout être parfaite …

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    • Rassure toi, Juliette, je n’aspire pas non plus à être une sainte et je sais depuis longtemps que la perfection n’est pas de ce monde…
      Et toutes ces qualités évoquées ici sont non seulement universelles, comme tu le dis mais aussi, pour être vraies, elles se doivent de parvenir d’une volonté et envie sincères de s’en approcher, en restant authentiques et conscients de ses failles.
      Sinon, c’est du plaqué, préfabriqué… du forcé et mensonger, facile à reconnaître, comme l’est un vrai ou un faux sourire…
      Ne t’inquiète pas pour le retard, je suppose que tu as toujours tes soucis et je ne tiens pas une feuille de présence 🙂

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