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L’ombre fut tellement aimée de la lumière qu’elle devient clarté…

Ombre et lumière

Tu vas arriver

Tu vas arriver et ils seront tous là

Tous et toutes, ils seront là

Et lorsque tu arriveras,

Le drame pourra commencer car il ne manquait que toi.

C’est ta propre histoire que l’on va jouer

On va jouer ton éloignement par rapport à toi-même

Ton éloignement de ce qui est même que toi

Et que tu ne reconnais pas

On va jouer la rage, le meurtre, la folie,

Le mensonge et la jalousie

On va jouer le sexe, la passion, les soupirs,

Les ivresses, les défaites et la fatigue.

On va jouer toute la pièce.

Et tu pourras vociférer ou ne rien dire,

Tout va se jouer quand même,

Tout va se jouer jusqu’à ce que tu dises :

« Ce n’est que du théâtre…! »

Mais cela est prévu dans la pièce,

Et tu ne pourras pas sortir.

Tu pourras t’émerveiller, t’émouvoir,

T’immoler, t’humilier,

Tout va se jouer quand même.

Jusqu’à ce que tu t’écries :

« Je comprends maintenant ! Je suis tous ces personnages…! »

Mais cela aussi est prévu dans la pièce

Et tu ne pourras pas sortir.

Tout va reprendre et se répéter, jusqu’à ce que ton cœur se brise,

Jusqu’à ce que ton petit moi s’épuise,

Et que tu puisses tout accueillir.

Alors en silence, tu le diras :

« J’aime… enfin j’aime ! »

Je savoure tous ces personnages,

Les victimes comme les bourreaux,

Les sauveurs comme les persécuteurs,

Je les ai dans la peau

Ils passent tous en moi

Je les vois circuler

Et je me sens libre de devenir chacun d’eux,

Ou de ne rien devenir du tout..

Cela aussi est prévu dans la pièce,

Mais cette fois tu pourras sortir du théâtre.

Cependant, ce ne sera pas une nécessité…

Tes yeux se seront affranchis et la pupille dilatée

Tu ne sauras plus que contempler tout ce que tu es.

Oui, je te le dis, lorsque tu arriveras,

Ils seront tous là

Tu ne les reconnaîtras pas.

Et pourtant ils ne seront que toi-même…

Voilà, si chacun prend sa part d’ombre, elle n’aura plus besoin d’être projetée sur l’autre ou sur le monde… et l’ombre sera tellement aimée de la lumière qu’elle deviendra clarté.

Guy Corneau

Voir la vie en or

Les bouddhistes semblent toujours voir la vie « en or ». Matthieu Ricard, proche du dalaï-lama, commente pour nous le visage serein d’un bouddha khmer, afin de nous guider sur le chemin de cette paix intérieure.

bouddha or

Il y a de nombreuses façons de faire l’expérience du monde. Voir la vie en or, c’est essentiellement se rendre compte que tous les êtres, y compris nous-même, ont en eux un extraordinaire potentiel de transformation intérieure et d’action. Voir la vie en gris, c’est penser que celle-ci est vouée à l’échec et au malheur, que l’on ne peut rien en faire de bon, pas plus que l’on ne peut sculpter un morceau de bois pourri.

Le pessimisme reflète une vulnérabilité fondamentale à la souffrance, qui peut aller jusqu’au dégoût de vivre – le sentiment que la vie ne vaut pas la peine d’être vécue parce que l’on est dans l’impossibilité de lui trouver un sens.

L’optimisme authentique permet d’utiliser chaque instant qui passe pour se transformer soi-même afin de mieux transformer le monde, pour apprécier le moment présent et jouir de la paix intérieure, au lieu de perdre son temps à ruminer le passé et à redouter l’avenir.

Comme l’écrivait Alain (in Propos sur le bonheur, Folio Gallimard, 1985) : « Quelle chose merveilleuse serait la société des hommes, si chacun mettait de son bois au feu, au lieu de pleurer sur des cendres ! »

Les yeux de la connaissance

Le Bouddha ne ferme pas les yeux sur le monde, mais tourne son regard vers l’intérieur pour mieux le comprendre. Il est comme le poisson d’or qui nage les yeux grands ouverts dans l’océan du samsara, le monde de l’ignorance conditionné par la souffrance.

Ce sont les yeux de la connaissance et de la compassion. Le Bouddha est en adéquation avec la réalité, car il perçoit la nature ultime des choses : l’interdépendance des phénomènes et la non-existence d’un moi autonome. Il reconnaît le potentiel d’éveil présent en chacun même lorsqu’il est dissimulé derrière les nuages de la confusion mentale et des émotions perturbatrices.

Le sourire de l’amour altruiste

Le sourire de Bouddha est l’expression d’un amour altruiste sans limites, fondé sur une juste connaissance de la nature des choses. Ce sourire reflète une bienveillance inconditionnelle, née du souhait que tous les êtres, sans exception, trouvent le bonheur et les causes du bonheur – sagesse, liberté intérieure et compassion –, et soient libérés de la souffrance et de ses causes profondes : l’ignorance et les toxines mentales – haine, désir obsessionnel, arrogance, jalousie. Nous sommes loin d’un optimisme béat qui peindrait en rose la triste réalité d’un monde mauvais.

Notre optimisme éclairé procède d’une attitude ouverte et créatrice qui permet d’embrasser spontanément l’univers et les êtres au lieu de se retrancher derrière le sentiment de l’importance de soi.

L’esprit de la plénitude

L’instinct nous dit que la conscience se trouve dans notre cœur. La science nous dit qu’elle a son siège dans le cerveau. Le bouddhisme, lui, la décrit comme un phénomène interdépendant avec le cerveau, le corps et l’environnement.

Quoi qu’il en soit, nos événements mentaux et nos émotions sont en corrélation avec l’activation, l’inhibition ou la synchronisation de diverses régions du cerveau. La méditation consiste à se familiariser avec une nouvelle façon d’être et d’agir liée à l’entraînement de l’esprit.

Sur le plan physique, les effets durables de cet entraînement sont permis par la malléabilité du cerveau sous l’influence d’un enrichissement intérieur qui s’ajoute à celui fourni par notre perception de l’extérieur.

Cet entraînement de l’esprit change notre interprétation du monde et notre façon de vivre les émotions. Il permet un épanouissement optimal, un état acquis de plénitude sous-jacent à chaque instant de l’existence et qui perdure à travers les inévitables aléas la jalonnant.

 

Croître ensemble, progresser l’un par l’autre

Croître ensemble

L’acte sexuel peut donc être dissocié du mariage sans attirer pour autant la condamnation. Mais la voie normale passe par l’amour durable entre un homme et une femme, l’amour conjugal. L’amour est en lui-même un aspect de la voie : croître ensemble, progresser l’un par l’autre.

Malheureusement un amour conjugal réussi est, aujourd’hui, très rare. Si cet accomplissement est possible, il n’est pas probable. Tous les mariages ne sont pas des échecs mais bien peu ont une valeur suprahumaine et ont apporté tout ce qu’au fond d’eux-mêmes l’homme et la femme en attendaient.

Il n’y a sexualité parfaite que dans l’amour parfait, celui auquel rien ne manque, celui qui nous engage et nous anime entièrement, sans aucune frustration ou insatisfaction sur quelque plan que ce soit. La relation conjugale, la relation entre l’époux et l’épouse est la plus complète et la plus riche.

Une femme devrait être pour son mari tout ce que l’homme attend de la femme. Un époux devrait être pour son épouse tout ce que la femme attend des hommes. L’épouse doit être à la fois une maîtresse, une sœur, une mère, une fille, une amie, une infirmière, une associée et un juge ; l’époux, un amant, un frère, un père, un fils, un ami, un infirmier, un associé et un juge.

Toutes les relations possibles entre un homme et toutes les femmes, entre une femme et tous les hommes, sont réunies — ou devraient l’être — dans le couple. Le meilleur critère pour savoir si l’on s’aime et si on peut valablement se marier est de se demander honnêtement si toutes ces conditions sont remplies.

Sinon l’homme gardera toujours quelque part en lui la nostalgie de la maîtresse passionnée, possédant les attributs érotiques qui l’attirent le plus subjectivement et le plus intimement; la nostalgie de la femme camarade avec qui on peut être complice, parler, rire, partager ; de la femme mère qui sait servir, réconforter, consoler, rassurer; de la femme fille qu’il puisse protéger, guider, enseigner, à qui il puisse faire découvrir le monde et ses richesses ; de la femme sœur, qui partage ses rêves, dont il sent qu’elle et lui ont des affinités profondes, font partie de la même famille, qui lui donne la tendresse paisible et l’affection ; de la femme associée, qui comprend ses problèmes professionnels, l’aide et partage ses activités ; de la femme qui soigne, qui panse, qui secourt; de la femme en qui il a confiance pour l’aider à progresser, pour l’aider à se voir tel qu’il est, pour lui dire lucidement : « C’est ainsi » ou : « Ce n’est pas ainsi. »

Si une de ces femmes manque en la sienne, ou bien il la cherchera consciemment ailleurs, ou bien il niera, refoulera son regret et il la cherchera inconsciemment ailleurs. Il reprochera à son épouse de ne pas être aussi celle-là et son don à elle dans l’union sexuelle ne sera jamais parfait. Inversement, il en est exactement de même en ce que la femme doit trouver chez son mari.

Il semble qu’aucune femme et aucun homme ne soit assez complet pour assumer toutes ces tâches (dharma). En fait, un conjoint les accomplira d’autant mieux qu’il est plus libre intérieurement et son partenaire le ressentira d’autant mieux qu’il est lui-même aussi plus libre de sa subjectivité et de son mental.

L’époux et l’épouse doivent remplir l’un pour l’autre ces différentes fonctions. Mais celles-ci devraient être impersonnelles : la mère, la sœur, la fille. Plus le conjoint attend inconsciemment une certaine mère particulière, une certaine sœur, une certaine fille, moins il y a de chance, en effet, que son attente soit satisfaite.

La loi du mariage est la loi générale de l’être et de l’avoir : je suis un mari, et non pas : j’ai une femme. Ou encore : je suis son mari, et non pas : c’est mon épouse. Seuls peuvent obéir à cette loi des êtres libres et adultes. Tant que : « je t’aime » signifie « aime-moi », aucun mariage heureux et durable n’est possible. Une exigence infantile est condamnée à être déçue…

Arnaud Desjardins, extrait de Les chemins de la sagesse

 

Cinq critères d’un couple véritable

Swâmiji m’avait un jour énoncé cinq critères grâce auxquels on peut reconnaître la valeur profonde d’un couple. Ces cinq critères sont en fonction d’une durée, d’un chemin à suivre ensemble : to grow together, croître, grandir, s’épanouir ensemble, progresser sur la voie de la maturité, de la plénitude.

Couple vrai

Feeling of companionship Le sentiment d’être des compagnons

Le premier de ces critères est le sentiment d’être deux compagnons. Avoir un compagnon, c’est ne plus se sentir seul(e). Il y a quelqu’un à mes côtés qui me comprend, avec qui j’aime échanger, avec qui j’aime partager, avec qui j’aime agir, faire les choses ensemble.

Le mari ou la femme doit être aussi notre meilleur ami. L’épouse doit pouvoir jouer pour le mari tous les rôles qu’une femme peut jouer pour un homme ; et le mari doit pouvoir jouer pour sa femme tous les rôles qu’un homme peut jouer pour une femme. L’homme — ou la femme — se sent comblé et n’éprouve plus la nostalgie de trouver ailleurs ce qui ne lui manque plus.

Si ce sentiment d’avoir trouvé un véritable compagnon existe, il s’enrichit avec les années, avec les expériences partagées, avec les souvenirs, contrairement à la passion amoureuse ordinaire condamnée à perdre son intensité comme un feu qui se consume et s’éteint.

At easeness Être à l’aise

Le deuxième critère est encore plus simple. Aisance : le fait que les choses soient faciles, aisées. On se sent bien. C’est une relation qui ne nous amène pas à gaspiller une grande quantité d’énergie en émotions. Or, trop souvent, dans la fascination amoureuse, il y a émerveillement, il y a des moments intenses, mais il n’y a ni aisance ni facilité ; ou encore une certaine facilité de relation s’établit mais dans la routine, dans la monotonie et il reste au cœur un manque.

Two natures which are not too different
Deux natures qui ne soient pas trop différentes

Il est normal qu’il y ait une différence et une complémentarité entre un homme et une femme. Nous ne trouverons jamais notre alter ego : un autre nous-même qui, à chaque instant, soit uniquement l’incarnation de notre projection du moment. Nous ne trouverons jamais une femme qui sera toujours exactement ce que nous voulons, aura toujours exactement l’humeur ou l’état d’âme que nous souhaitons, l’expression ou le timbre de voix que nous espérons et prononcera les mots que nous attendons — jamais. Et cela, il faut le savoir.

C’est une demande infantile, indigne d’un adulte, destructrice de toute tentative de couple, de vouloir que l’autre soit uniquement le support de mes projections et réponde à chaque instant à ce que mécaniquement je demande. C’est une illusion que vous devez réussir à extirper. L’autre est un autre. Et, même si une communion s’établit, l’autre n’aura jamais notre inconscient, notre hérédité. Il y aura toujours une différence.

Mais si les natures sont trop différentes, aucune vie commune n’est possible et cet amour sera battu en brèche par la réalité. Les cas extrêmes vous paraîtront évidents. Si un homme est plutôt solitaire, aime les longues marches dans la campagne, la vie dans la nature, et qu’une femme ne rêve que de mondanités et de réceptions, il est certain que les natures sont trop différentes. Malheureusement, cela n’empêche pas de tomber amoureux.

Deux natures qui ne sont pas différentes, cela n’existe pas. « Deux natures qui ne soient pas trop différentes », sinon l’entente est au-dessus de nos capacités respectives. Il faudrait être bien plus avancé sur le chemin de la liberté intérieure pour pouvoir former un couple paisible avec un partenaire dont la nature est radicalement différente de la nôtre. La fascination amoureuse ignore superbement l’incompatibilité de deux natures.

On croit de bonne foi pouvoir s’aimer mais il n’y a pas de possibilité d’une véritable entente. La complémentarité de l’homme et de la femme repose sur la différence mais elle repose aussi sur la possibilité d’association, d’imbrication, de complicité.

Complete trust and confidence Une foi et une confiance totales

Bien sûr, beaucoup d’hommes et de femmes aujourd’hui sont blessés jusqu’au fond de l’inconscient par des trahisons passées vécues dans l’enfance ou la petite enfance. Ce genre de blessure ne facilite pas la communion, l’approche ouverte, le don mutuel de soi dans l’amour.

Est-ce que cette personne a su m’inspirer une réelle confiance ? Du fond de moi monte ce sentiment : elle peut faire des erreurs, elle peut se tromper, elle peut même accomplir une action qui me créera une difficulté momentanée mais elle ne peut pas me faire du mal. Fondamentalement, ce qui domine, c’est cette certitude.

Le mariage ne peut pas être une voie spirituelle vers la sagesse si cette confiance et cette foi n’existent pas, si vous vivez dans la peur. Vous avez à être plus forts que votre infantilisme et à ne pas détruire vous-mêmes une relation précieuse par une méfiance qui n’est en rien justifiée. Il faut que les partenaires ne soient plus totalement infantiles, aient une certaine compréhension de leurs propres mécanismes et décident de les dépasser, d’être plus adultes.

Seule cette confiance complète élimine le poison de l’amour, la jalousie. Je ne dis pas que c’est un vice ou un péché, c’est une émotion particulièrement infantile dans laquelle le mental invente ce dont il n’a aucune preuve. Rien n’est plus destructeur de l’amour que cette jalousie.

Strong impulse to make the other happy
Une forte impulsion à rendre l’autre heureux

Ce critère exige une approche adulte du couple. La demande d’être heureux grâce à un autre est naturelle, normale, légitime chez un homme ou une femme qui n’a pas encore atteint le bout du chemin et qui se sent encore incomplet. Mais il y a une manière tout à fait égoïste de vouloir rendre l’autre heureux, dans laquelle l’autre n’est pas vraiment en question.

C’est l’autre tel que je le vois à travers mes projections, mes demandes à moi, que je cherche à rendre heureux en lui offrant ce que j’ai envie de lui offrir, en faisant pour lui ce que j’ai envie de faire, et sans tenir compte de ses véritables demandes. On ne peut sentir ce dont L’autre a vraiment besoin que si l’intelligence du cœur est éveillée.

Ce bonheur est aussi une réalité simple, quotidienne, faite d’une accumulation de petits détails, et pas seulement de s’entendre dire « je t’aime ». Un être a besoin de respirer à chaque minute, et il a besoin de respirer l’amour tous les jours. Cette envie de rendre L’autre heureux ne se fabrique pas artificiellement, elle est là ou elle n’est pas là.

« Une forte impulsion à rendre L’autre heureux » est un sentiment permanent : « J’existe pour lui, que puis-je faire pour lui ? » Cette intelligence du cœur s’éveillerait très naturellement si les émotions ne venaient pas corrompre la possibilité d’un véritable sentiment.

Ces critères sont simples. Mais, s’ils sont réunis, tous les autres en découlent, y compris l’entente sexuelle.

Arnaud Desjardins Extrait de Pour une vie réussie, un amour réussi

http://www.svami-prajnanpad.org/index.html

Pour une vie réussie, un amour réussi

Couple

Le mariage est une union sacrée et pourtant, en Occident actuellement, on se marie, on se sépare, on change de partenaire, on divorce avec beaucoup de désinvolture et ceux qui restent ensemble ne sont pas pour autant heureux.

L’explication tient sans doute dans le fait que nous confondons la fascination amoureuse, la passion qui illumine un instant l’existence mais qui ne résiste pas aux années, avec l’Amour.

Il y a cinq critères qui permettent de savoir si deux êtres sont « faits l’un pour l’autre » et si leur union les conduira au bonheur, à l’amour éternel et non à la souffrance, aux brouilles, aux réconciliations, à ces amours agitées, meurtries, douloureuses qui durent parce qu’on n’a pas le courage de les rompre et qui n’apportent rien de ce à quoi aspire celui qui est engagé sur le Chemin de la Sagesse, la paix, la sérénité, la stabilité intérieures, la possibilité de s’épanouir et de communier véritablement.

Cette communion, qui est la culmination de l’amour ou du couple s’établit au cours des années et conduit à un accomplissement qui n’est pas banal : « une seule âme et une seule chair ».

La fascination amoureuse ne conduit jamais à cette véritable communion ; elle engendre une illusion de non-dualité qui maintient la séparation. Dans la mesure où cette non-dualité, cette véritable communion – un avec – peut s’établir entre l’homme et la femme, le mariage a été considéré comme une voie spirituelle, autant que la voie monastique.

Une relation de couple durable est un chemin qui conduit à la purification des émotions et à un effacement de l’ego. C’est une voie vers la destruction du mental, manonasha, et la purification du psychisme, chitta shuddhi.

Il existe deux types d’attraction sexuelle :
– l’attraction sexuelle immédiate, de surface, fondée sur les attributs érotiques purement physiques et qui ne conduira jamais qu’à une sexualité limitée.
– une autre attraction qui ne cessera de grandir et qui peut conduire à des sommets de vie érotique, qui est basée justement sur la satisfaction des cinq critères (à lire dans l’article suivant)… 

Cette attirance vient de la profondeur de l’être et non plus seulement de la fascination de surface. Elle conduira aisément à la fidélité. Sauf rares exceptions, un couple durable ne peut unir que deux êtres humains suffisamment adultes.

Car pour « faire », dans quelque domaine que ce soit, il faut « être ».

Une des grandes illusions de l’être humain est de tenter de changer sa manière de faire sans changer son être.

Pour changer son être, il faut d’abord comprendre et se comprendre. « Vous ne changerez pas ce que vous n’avez pas vu, ce que vous ne connaissez pas et que vous n’avez pas compris. » Autrement dit, un commencement de maturité sur la Voie, un commencement de sagesse, un peu moins d’infantilisme, un peu moins de vulnérabilité émotionnelle sont nécessaires pour réussir une vie à deux.

Celui qui veut rencontrer l’amour, le vrai, celui qui dure, doit comprendre que la première démarche c’est de changer suffisamment pour être digne de cette rencontre. Il faut se préparer, se libérer des comportements mécaniques, si on ne veut pas aller d’échec en échec.

La relation de couple, vue sous cet angle est donc un « Chemin » qui mène à la plénitude, à l’Amour et qui permet non seulement de « croître ensemble » mais aussi de croître ensemble dans la relation avec les autres. C’est donc une Voie spirituelle équivalente à la Voie monastique…

Arnaud Desjardins Extrait de Pour une vie réussie, un amour réussi

 

L’écoute dans son état naturel

Tranqulité

L’écoute n’est pas une fonction; elle n’est pas une activité, elle n’est dirigée ni vers le dehors, ni vers le dedans. Elle est intemporelle, et pour parvenir à cette écoute intemporelle, la seule chose dont vous ayez à prendre conscience, ce sont les moments où vous n’écoutez pas ; c’est suffisant.

Quand vous observez que vous n’écoutez pas, revenez à la perception globale, ramenez ce qui est perçu à la perception ; vous êtes alors dans l’écoute intemporelle.

Quand cette écoute perdure, elle se déploie et atteint à la tranquillité. Lorsque ce que vous avez compris sur un plan intellectuel est complètement résorbé dans l’écoute, quand il n’y a plus de représentation, c’est alors seulement qu’il y a tranquillité.

Et ce que vous écoutez se rapporte à l’écoute, a son berceau dans l’écoute, dans la tranquillité. Dans l’écoute et la tranquillité, il n’y a personne pour être tranquille, et cette tranquillité ne renvoie à aucun objet ; elle est absolument sans objet ; c’est notre vraie nature ; c’est notre totalité.

Quand il y a écoute dans son état naturel, dans son état d’innocence, cette écoute se confond avec l’être ; cela ne se passe pas dans une relation sujet/objet. Vous ne pouvez la localiser, vous ne pouvez la représenter, vous ne pouvez ni la percevoir, ni la penser parce qu’il n’y a personne pour la percevoir et personne pour le penser ; il n’y a rien à percevoir et rien à penser.

L’écoute dont nous parlons ne se réfère pas à la fonction spécifique de l’ouïe, elle renvoie à notre totalité, c’est une écoute globale, une ouverture et une réceptivité totales. Votre vraie nature est seulement cette écoute, cette réceptivité, indépendantes de toute localisation.

Dans l’écoute globale, il n’y a aucune place pour une entité indépendante, il n’y a personne pour écouter, il y a seulement écoute. Tout ce qui vous entoure se rapporte à cette écoute ; il y a occasionnellement écoute de quelque chose, mais quand il n’y a rien à écouter il y a uniquement écoute, uniquement l’être.

Votre vraie nature se trouve dans un état total de « Je ne sais pas », de non-connaissance. La vraie connaissance se trouve seulement dans la non-connaissance. Quand vous demeurez dans la connaissance sur un plan intellectuel, il y a encore conflit ; la connaissance doit complètement se dissoudre dans la non-connaissance ; c’est alors dans la non-connaissance que vous connaissez véritablement.

Aussi longtemps que vous rapportez votre connaissance à une possible connaissance, il y a confusion. Toute connaissance possible doit complètement se résorber dans la non-connaissance. Avec le savoir, vous demeurez dans la pensée ; dans la non-connaissance, vous percevez votre globalité.

C’est seulement dans la non connaissance qu’il y a joie. Aussi devez-vous comprendre très clairement que lorsque vous dites : « Je sais », en réalité vous ne savez pas. Vous avez réduit le connu à une simple pensée, à une représentation. Être réellement connaissance ne se produit que lorsque toute représentation s’est totalement dissoute dans la non-connaissance ; c’est seulement dans cette non-connaissance qu’il y a connaissance.

Jean Klein Transmettre la lumière

La tranquillité, libre de toute pensée

Panthère

N’essayez jamais d’arrêter les pensées. Votre nature réelle, la tranquillité, n’est pas dans l’absence de pensée, c’est la source même de la pensée et de la non-pensée. Toutes les techniques stoppant le mental font partie du devenir, de la réussite, du mental lui-même.

Prenez note simplement de ces moments où les pensées s’arrêtent. Accordez plus d’importance à ces moments. Lorsqu’on lui permet de faire cela le mental se met automatiquement à fonctionner, à agir, à se reposer correctement au moment approprié.

Le corps est fondamentalement en bonne santé, et possède une mémoire organique. Si nous ne la perturbons pas, il se prend lui-même en charge. Lorsqu’il n’y a rien à faire, lorsque aucune situation ne requiert la mémoire fonctionnelle et que la mémoire psychologique est en suspension, alors on est dans la tranquillité, libre du passé, du présent et du futur.

Cette tranquillité est autonome vis-à-vis de toute mémoire, individuelle ou collective. C’est la source de l’activité. La pensée créative ne peut surgir de cet arrière-plan que libérée de l’empêchement de l’ego.

Devenez plus conscient du moment où une pensée, une activité touche à sa fin. Vivez en identité avec ce moment. Vous sentirez l’ego chercher une nouvelle pensée afin de poursuivre son existence. Il est incapable de survivre sans le combustible de la relation sujet-objet.

Lorsque vous êtes libre de l’image du Soi, votre pensée n’est qu’un véhicule occasionnel. Lorsqu’il n’y a rien à penser, vous ne pensez pas. La pensée continue est une défense, une forteresse pour l’ego, rien d’autre. Habituez-vous dans la vie quotidienne à regarder les situations sans l’intervention du « je » et de ses désirs, aversions, résistances, préférences, etc. Maintenez ce regard sans motif et vous découvrirez que lorsque l’observateur et l’observé ne sont plus alimentés, ils disparaissent.

Vous vous trouverez alors dans le regard même. Ce regard simple libéré, de celui qui fait et de ce qui est fait, est la conscience éternelle, l’arrière-plan de toute activité.

Cela semble demander une vigilance énorme de maintenir ce regard et cette exploration de façon à ne pas être pris par des facteurs secondaires comme les sentiments, les états et les pensées. Il n’y a pas d’effort dans le fait d’être vigilant. Acceptez le fait que l’état naturel du cerveau soit l’attention, la vigilance, et détendez-vous dans cette acceptation.

Elle vous amènera dans une nouvelle dimension. Soyez comme les animaux sauvages qui sont parfaitement vigilants sans référence à aucune image de soi, passée ou future. Le corps naturel est aussi éveillé qu’une panthère. La vigilance n’est pas une action, c’est une réceptivité.

Jean Klein , Qui suis –je ? La quête sacrée, Éditions Le Relié

 

 

La voie brûlante de l’Amour

Conscience pure

C’est par la conscience que nous pénétrons au cœur de la vie. C’est elle qui perçoit avec clarté et force, sans juger, sans exiger, sans figer ou tendre vers un but. Il nous faut découvrir cet observateur silencieux de nos pensées, de nos sentiments, de nos tensions, de nos souffrances, et comprendre que c’est l’esprit seul qui bloque ce flux naturel en s’y identifiant au point qu’il ne laisse plus aucun espace.

Nous devons permettre à la conscience d’apparaître à chaque mouvement de notre intériorité et d’entrer au cœur de chaque évènement qui se présente. C’est elle qui nous dévoile la réalité et nous fait accéder à ce que la vie a de plus profond. Lorsque nous vivons en pleine conscience le silence du jour qui se lève, souligné par le trille mélodieux d’un merle, nous sommes au cœur de l’absolu.

Lorsque nous regardons la beauté simple et reflétons son harmonie, lorsque nous ressentons le lien qui nous unit au cosmos, nous exprimons la vie. Tout ce qui vient à nous est une manifestation de l’énergie pure : nos joies, nos chagrins, nos rencontres, les choses les plus banales, les gestes quotidiens les plus anodins.

Tous les phénomènes qui s’offrent à notre regard, à notre écoute, à notre contact, sont l’absolu qui se révèle. Voir ainsi, juste avec la conscience, sans l’interférence des pensées qui parasitent la perception pure, rend la vie plus vivante, moins terne. Tout devient radieux autour de nous, plus expressif, les couleurs des fleurs, les chants des oiseaux…

« Voir ainsi est amour. Tout autre regard reste en surface… », nous dit Krishnamurti. L’amour, c’est l’espace de la vie, silencieux, libre, sans cause et sans but. C’est l’énergie de l’univers, intemporelle, impersonnelle, qui se meut en elle-même, sans direction. Nous l’incarnons lorsque nous épousons le mouvement de la vie, lorsque nous nous abandonnons à sa totalité et offrons à tous ceux que nous côtoyons notre espace de paix.

L’amour n’est pas un sentiment envers quelqu’un, encore moins un attachement. Il n’est pas l’expression de l’ego, ne résulte pas d’un processus mental. Nous le rencontrons à chaque seconde de notre existence si nous savons regarder. Il est au creux d’un regard saisi, d’une conversation anodine.

Il s’exprime dans chaque petite chose ordinaire, dans la tendresse de nos gestes, dans la patience de notre écoute, dans la douceur de nos paroles, dans la simplicité de notre esprit. Il est dans le respect du chemin de chacun, dans l’attention sensible à la souffrance des autres, dans le soin à un corps affaibli, dans l’acceptation de l’impermanence au cœur des êtres et des choses.

Il n’y a rien de personnel à vouloir. La vie est son propre but. Elle s’expérimente elle-même lorsqu’elle suscite des occasions, propose des situations, place des évènements sur notre parcours terrestre. Elle se révèle à elle-même là où nous nous trouvons. C’est l’intelligence contenue dans cette énergie universelle qui réalise en nous selon son intention, qui nous porte selon son dessein, sans que nous n’ayons rien de particulier à faire, si ce n’est calmer notre vacarme mental.

Nous sommes si ignorants que nous croyons que nous avons le pouvoir de programmer notre existence ! Nous ne nous posons jamais la question : qu’est-ce que la vie attend de moi pour pouvoir se réaliser ? Non, nous nous disons : je veux faire ceci de ma vie. Mais tout peut arriver… et arrive !

Nicole Montinéri

Extraits du livre Déraciner la souffrance

http://www.laconscience-espace.com/index_fr.html

Un seul élan suffit

Elan de la vie

Après des années de recherche ardente, de quête intense, survient cet instant tant espéré où nous nous éveillons… Ce moment immobile, hors du temps, vient rendre réel ce que nous avons appris, compris, et dissout pour toujours les « comment » et les « pourquoi ». Nous portons alors un regard amusé et tendre sur ce cheminement spirituel créé par notre mental…

Pendant plus de trente ans, j’ai cherché les signes du sens de ma vie, de la Vie, chez les philosophes, les poètes, les mystiques chrétiens, soufis, bouddhistes, shivaïtes. Leurs mots faisaient vibrer quelque chose blotti au fond de mon être, qui attendait d’être reconnu. Je remercie tous ces éclaireurs qui furent comme des balises tout au long de ce trajet mental vers le but que je m’étais fabriqué, et qui s’est évanouit à l’instant où…

Chercher, oui… étudier les textes sacrés, rencontrer des sages authentiques, méditer pour que l’esprit différenciateur devienne transparent, se mettre en situation de recevoir, d’être aidé, dans une attitude humble, dans l’effacement de soi, ouvre les vannes de la compréhension profonde.

Compréhension qui passe par le mental, bien sûr, un mental vif, efficient, sensible, pénétrant, qui prépare à la perception de ce qui est au-delà du connu, au-delà de tout image, de tout concept dualisant. Comprendre n’est pas contrôler, s’efforcer, appliquer une volonté érigée en citadelle, car alors c’est le mental qui prend les rênes.

Se préparer, oui… dégager l’accès à l’espace lumineux et paisible, à l’instant cosmique où la Vérité sera vue par Elle-même, en Elle-même. La préparation n’est pas un remplissage de savoirs, une acquisition de moyens et d’exercices qui ne feraient que renforcer l’attachement à d’apparents progrès.

C’est au contraire une mort perpétuellement renouvelée, qui nous engage dans un état d’attention recueillie, dans la pleine conscience de ce qui surgit puis se résorbe. Si nous observons sans répit, intensément, la seule réalité qui soit, celle vécue au présent à travers les évènements, les situations, les rencontres, nos propres désirs s’évanouissent peu à peu.

Nous renonçons à l’effort, à la volonté personnelle, pour laisser les choses se faire d’elles-mêmes, dans une détente qui est la seule vraie libération. Nous accueillons avec simplicité ce qui est proposé, libres d’engendrer le monde dans sa diversité indivisible, au sein de notre espace indifférencié.

Nous sommes alors en conscience, à chaque instant, dans l’essence de la vie. Celle-ci se révèle en sa plénitude à travers son mouvement. Nul besoin d’exercices pour l’atteindre… Nulle possibilité de moyens pour révéler ce par quoi la voie existe… Tout est bien. C’est la vie qui s’expérimente elle-même dans le champ de la conscience immuable. C’est une même Conscience qui interroge et qui répond…

Tout est voie, à l’intérieur de notre propre conscience, à l’intérieur du Tout cosmique. Tout est voie… sans voie, car tout procède de la conscience. Dans l’instant de notre mise en marche, sans distance, pour aller de soi à Soi, dans chaque pas de notre quête immobile, se trouve ce que nous cherchons. Il n’y a aucune séparation. La source jaillissante de la vie est exactement là où nous sommes en conscience.

Reconnaissant l’évidence, la paix s’installe, champ d’accueil indispensable à la soudaine réalisation de notre véritable nature. Enfin vide de désir, de représentation, de tout appui, ne reste que le silence, dans un espace totalement ouvert et libre. Alors la conscience se saisit d’elle-même dans un saut hors du temps, dans un bond à l’intérieur de soi, par l’effet de la seule grâce. « Rien d’autre qu’un élan nu vers Dieu en Soi-même ». Un seul élan suffit…

Nicole Montinéri

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S’insérer dans le flux de la vie

Flux de la vie

Il n’y a rien que le moi puisse faire, si ce n’est s’insérer dans le flux de la vie, accueillir le mouvement, consentir au changement. Dans ce lent processus d’effacement, il s’allège du poids des désirs innombrables après lesquels il court et qui ne donnent à l’existence que le sens qu’amène leur satisfaction.

Car c’est cette entité en perpétuelle attente de plaisirs qui fait paraître les événements agréables ou douloureux en fonction de ses aspirations et qui crée les réactions émotionnelles en corrélation.

La voie des désirs – y compris celui de se débarrasser de l’ego – est la même que celle de la souffrance.

Tout est lié : nos souffrances sont centrées sur le moi et sa recherche permanente de plaisirs, sur cette image que chacun de nous crée de peur de n’être rien. Il nous faut découvrir qui est ce moi, suivre ses méandres compliqués, pénétrer ses voies contradictoires, comprendre que sa poursuite sans fin de tant de désirs est la quête dramatiquement faussée du sens véritable de la vie.

Aussi longtemps que nous construisons notre existence autour de la recherche et de la jouissance de plaisirs sensuels, matériels et spirituels, nous souffrons.

Si nous parvenons à comprendre qui est ce paquet de souvenirs qui s’accroche aux expériences agréables et donne vie à toutes les projections, la souffrance se dissoudra d’elle-même.

Observer et comprendre ce moi revient à découvrir les racines de la souffrance.

Elles ne sont pas à rechercher à l’extérieur, contrairement à ce que nos habitudes mentales nous poussent à faire. La souffrance vient du moi, c’est lui qui est à l’origine de cette manifestation.

Même si nous sommes persuadés que nous sommes innocents chaque fois que nous souffrons, même si nous croyons que nos tourments sont apportés par les expériences désagréables qui surviennent dans notre destinée, la souffrance ne vient jamais de l’extérieur.

Aucun dieu, aucune religion, aucun enseignant spirituel ou psychothérapeute ne peut donc nous en libérer. La souffrance disparaît d’elle-même lorsque le moi, ce centre qui se condamne lui-même aux tourments en refusant obstinément tout ce qui peut contrarier ses désirs, est compris.

Tant que tu ne te libéreras pas de ton vouloir, tu auras beau fuir, tu retrouveras partout obstacles et inquiétudes , dit Maître Eckhart.

Extrait de Déraciner la souffrance de Nicole Montinéri

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