Comprendre le triangle dramatique : Persécuteur, victime ou sauveteur ? Quel est votre rôle privilégié dans le triangle dramatique ? Comment se sortir des automatismes pour agir plus librement ?
Pour savoir où vous vous situez de manière privilégiée dans le triangle dramatique, vous pouvez vous demander quelle est votre réaction de base, quasi-instinctive dans différents cas de figure relationnels : lorsque vous rencontrez une personne en difficulté: est-ce que vous volez à son secours ? Quand une personne est dans son tort, est-ce que vous cherchez à lui faire savoir ? Est-ce que vous avez tendance à vous sentir écrasé, accablé par la vie, les difficultés ?
Comment reconnaître le triangle dans les relations interpersonnelles
Comme nous l’explique très bien l’analyse transactionnelle élaborée par Eric Berne, nous avons tendance dans nos relations professionnelles, amicales ou affectives, à jouer des « jeux psychologiques ». Qu’est-ce qu’un jeu psychologique au sens où l’entend Berne? Tout simplement un scénario inconscient, un système relationnel répétitif dans lequel nous avons tendance à adopter spontanément toujours le même rôle.
Ce « jeu » relationnel nous fait adopter différentes positions face à autrui
- sauveteur : nous volons au secours de l’autre, nous nous « consacrons » à son bien-être, mais pour fuir notre propre malaise ou malheur intérieur (motivation cachée sous une apparence de dévouement à l’autre). L’illusion de cette position est que nous sommes motivés par une sorte d’amour inconditionnel pour l’autre.
- persécuteur : nous réagissons sous le mode de la colère en faisant souffrir autrui, un ennemi qui viole nos « valeurs », pour en réalité tenter de maîtriser nos angoisses et pour fuir notre propre souffrance en lien avec ces « valeurs ».
- victime : nous régissons en nous montrant faible, impuissant, écrasé, en demandant à l’autre de nous « sauver » et de nous protéger, en espérant que l’autre chassera nos souffrances intérieures
Les petites phrases et les exemples pour reconnaître où nous nous situons
- Les phrases typiques du « sauveteur » : « je ne me sens bien que lorsque je fais du bien », « laisse-moi seulement t’aider », « laisse-moi faire », « mais ce que je veux, c’est ton bonheur », « j’essaie de t’aider, et voilà comment tu me récompenses ». Le sauveteur doit apprendre à reconnaître que si l’autre n’a pas clairement exprimé (verbalement!) un besoin… il risque de se sentir étouffé, manipulé, régi par lui. Il doit aussi se reconnecter avec ses propres besoins qu’il fuit et qu’il piétine pour « aider » l’autre.
- Les phrases typiques du « bourreau » ou « persécuteur » : « il devrait », « si tu n’étais pas là, les choses iraient mieux, l’entreprise tournerait bien, les enfants seraient plus épanouis …. Le persécuteur doit apprendre qu’en attaquant l’autre, il cherche d’abord à résoudre ses propres blessures, dont il n’est la plupart du temps même pas conscient, tellement il les a enfouies sous des « croisades » et des « causes » qu’il défend.
- Les phrases typiques de la « victime » : « tu n’as qu’à deviner ce dont j’ai besoin », « si tu m’aimais, tu m’aiderais », « personne ne m’aime, ne m’aide, ne prête attention à ce que je fais, ne me regarde… (au choix !) »
A noter : si nous avons un « rôle » privilégié que nous adoptons spontanément, nous pouvons aussi changer de rôle en fonction des relations. Par exemple, si deux « victimes » se rencontrent, il est probable que l’une des deux va adopter soit la position de bourreau: « mais bouge-toi, tu n’as que ce que tu mérites », ou de sauveteur: « ma pauuuuuuuvre!! ».
Conseils pratiques pour sortir de son rôle
- Comment un « sauveteur » peut quitter son rôle : attendez la formulation claire du besoin de l’autre avant de « l’aider »! Prenez conscience de votre ressentiment, de l’impression que vous avez de vous « faire avoir » en étant « toujours la bonne poire »… ce ressentiment vous conduira à vos véritables besoins que vous niez en vous voilant la face et en tentant de sauver l’autre. Entraînez-vous à dire non…Abandonnez la mission que vous vous êtes donné : « je suis là pour sauver le monde ».
- Comment un « persécuteur » peut quitter son rôle : prenez contact avec votre colère, celle qui vous pousse à punir le « méchant », à partir en croisade pour telle ou telle cause, à juger, à condamner l’autre. Abandonnez la mission que vous vous êtes donné : « je suis là pour redresser les torts« .
- Comment une « victime » peut quitter son rôle : apprenez à être responsable de votre vie, en cessant de vous plaindre et d’attendre de l’autre qu’il fasse votre bonheur. Abandonnez la mission que vous vous êtes donné : « je porte les souffrances du monde entier« .
Pour aller plus loin :
Eric Berne, Des Jeux et des hommes, Stock, 1996.
Marshall Rosenberg : Les Mots sont des fenêtres… ou bien ce sont des murs. Introduction à la communication non violente. Ed La découverte, 2004.
Un très beau billet. Je me doutais intuitivement de tout cela, je savais que pouvais à la fois être dominée par la colère,j’ai un côté ternelle victime que je cache bien( disons que je ne voulais pas voir) et je suis soi-niante,bref,je me prends pour wonder Woman.
Tu as posté ce billet au bon moment, si tu savais!
Merci beaucoup.
J’aimeJ’aime
Je suis tellement contente quand les billets éveillent une résonance chez quelqu’un.
Et je trouve que tu es bien lucide sur tes penchants, ce qui est le premier pas pour les dépasser
J’aimeJ’aime
Personnellement je sens que je suis tous les rôles selon les circonstances et le personnes en face de moi. Alors j’essaye de ne pas y penser et d’être le moi-même le plus spontané possible.
J’aimeJ’aime
Nous avons tous été pris dans ces rôles et avons tendance à les répéter encore. A moins, comme vous dites, d’en prendre conscience et au moment de retomber dans ces anciennes habitudes, ancrées si fort, revenir à son Soi véritable.
J’aimeJ’aime
Il est bon d’avoir conscience des choses et des comportements que nous pouvons adopter. Certains ont tendance à se complaire dans des attitudes, d’autres s’adaptent plus facilement à chaque situation, mais un éclairage sur les différentes postures psychologiques est fort utile.
Vas-tu mieux Elisabeth ?
Bises.
J’aimeJ’aime
Nous sommes d’accord, la conscience est essentielle, d’autant, que si nous ne nous observons pas en permanence, nous retombons facilement dans ces comportements ancrés en nous depuis l’enfance.
Merci pour ta sollicitude, Yveline, ce n’est pas encore la grande forme mais je vais mieux 😀
Je t’embrasse et repose toi bien ce week-end
J’aimeJ’aime
Le triangle je l’ai découvert la première fois par un article de Liz Greene dans le domaine de l’astrologie. Ce triangle est présente dans chaque relation , personne n’y échappe
=> http://www.astro.com/astrologie/in_triangle_f.htm
Bonne découverte Élisabeth 😉
J’aimeJ’aime
Merci, Lune pour ce lien passionnant, ce n’est pas vraiment une découverte car j’adore Liz Greene et j’ai lu quasiment tous ses livres.
Ces triangles, bien que douloureux ne sont, comme elle le dit, jamais les fruits du hasard et si nous y réfléchissons ils nous fournissent une belle occasion d’un travail sur nous.
J’aimeJ’aime
Je me pose la question Élisabeth si tu as lu tous les livres de Liz Greene , crois-tu être en accord avec l’énergie planétaire du moment avec les trois derniers articles que tu as choisi de mettre à l’honneur sur ton blog
je cite :
=> La victime et le bourreau
=> Le profil du sauveteur
=> Pour sortir du triangle dramatique
Il me semblait que tu était plus dans cette dynamique avec les précédents qui faisaient écho , ou alors tu n’es plus en phase.
Il y a aussi des triangle heureux voir en astrologie les triangles qui sont font dans les quatre élément FEU , TERRE , AIR et EAU , pourquoi avoir choisi le côté sombre du tableau et non sa part de luminosité ?
Bon Weekend à toi 🙂
J’aimeJ’aime
Si j’aime Liz Greene, c’est aussi parce qu’elle possède l’art subtil de la nuance et elle sait que nous ne pouvons activer notre côté lumineux sans avoir éclairé le sombre. L’un ne va d’ailleurs jamais sans l’autre et nous vivons dans un monde de dualité qu’il vaut mieux accepter.
Par ailleurs, je trouve que comme nous apprenons bien plus de nos erreurs, transformées en leçons/expérience/sagesse, l’exploration de notre part d’ombre est si riche d’enseignements.
Je vis ici et maintenant, bien ancrée dans la matière et le monde est loin de celui des Bisounours où les gentils « flottants au plafond » rêvent d’ascensionner.
Je suis la première à avoir à faire un travail sur moi, celui-là ne s’arrêtera jamais, et l’exploration de toutes mes facettes est indispensable.
Ces trois articles sont inspirés par le Dr. Eric Berne, fondateur de l’Analyse Transactionnelle et s’il a modélisé ces comportements c’est « POUR EN SORTIR »
S’ils ne te plaisent pas, Lune, tu es entièrement libre de passer ton chemin 😀 Ils ne font pas écho chez toi mais est-ce le cas des autres lecteurs ?
Je te souhaite un bon week-end…
J’aimeJ’aime
A propos de dualité Élisabeth, elle fonctionne aussi lorsque nous sommes en présence d’un interlocuteur. Mais la dualité n’est pas toujours confrontation, elle peut devenir complémentarité qui s’organise vis à vis de l’autre.
Cette série d’article sur le sauveur, la victime et le persécuteur m’aura permise d’approfondir le sujet sur un autre plan, celui de l’expérimentation astrologique … 🙂
J’aimeJ’aime
Bien sûr, la dualité est toujours présente, même en nous. Et heureusement que nous pouvons l’utiliser en tant que source de complémentarité et d’enrichissement. Quasiment toutes les « sciences » en parlent et avec des outils différents, nous arrivons à des mêmes conclusion 😀
J’aimeJ’aime
Bonjour.
Le « sauveteur » cache en lui un sentiment de n’être pas aimé,
le persécuteur s’approprie ce qui lui manque,
la victime se sent continuellement blessée.
Parfois notre existence se teinte de l’un, de l’autre, de deux, des trois ?
Et pourquoi pas dans le triangle : toi, moi et notre relation ?
Quand on est seul, moi, moi et ma relation à moi-même ?
et juste ça ?
Mon animal de compagnie m’aide : je prends soin de lui ( « sauveteur » ), je fais en sorte qu’il soit heureux ( « persécuteur » inversé ), il ne me blesse jamais ( « victime » ).
On pourrait faire peut être le même parallèle avec … le jardin, la nature, … d’autres relations saines, avec autrui aussi ( nous avons tous connu des personnes qui ne fonctionnent pas comme ça , et qui sont juste « équilibrées » )
Je trouve ce schéma, comme tout schéma, un peu caricatural aussi, tiré du concret dit « clinique », c’est à dire du cas par cas.
enfin je ne sais pas mieux expliquer mais je sens là…
Lâcher du lest.
J’espère Elisabeth, que tu arrives à te débarrasser de cette mauvaise grippe.
A bientôt peut être.
Je t’embrasse
J’aimeJ’aime
Merci pour ces riches réflexions, Prunelles, certes, tous les schémas sont réducteurs mais tu as bien défini l’essence de chaque posture dans les premières phrases.
Ce que tu décris après, ça ne rentre plus dans ce cadre car tu parles de relations saines… où nous ne jouons plus de rôles et devenons des personnes équilibrées et conscientes.
Pour la grippe, elle ne me lâche pas pour l’instant…
Je t’embrasse avec tendresse
J’aimeJ’aime
Il me paraisse trop rigide ces trois types, tout dépend de l’échange avec l’autre, je m’adapte a la situation et en fonction on joue un des rôles.
J’aimeJ’aime
Toute tentative de classifier les choses les rend figées mais cette modélisation permet à certains de prendre conscience de leur comportement.
Si vous vous adaptez à la situation, cela dénote une souplesse, je dirai juste, à condition de ne pas se faire piéger par ses rôles
J’aimeJ’aime
C’est très bien dit Elisabeth et cela rejoins mes pensées
J’aimeJ’aime
Donc je suppose que tu ne te laisses plus entrainer dans ce jeux de rôles 😀
J’aimeJ’aime
C’est vrai qu’on passe d’un rôle à l’autre, c’est comme une roue, mais comme c’est un triangle…les angles sont durs à passer, c’est pas toujours fluide, ça coince… et c’est difficile de s’en extraire. Les conseils du texte sont très parlants, et en toute humilité, je constate que je suis sur le bon chemin….Comme tu le dis, Elisabeth, en prendre conscience est une forme de libération, savoir réagir (ou non réagir?) pour s’observer, aller plus profondément en soi, là où ça fait mal, comprendre…et rectifier. Et surtout ne pas se juger et être plein d’amour pour soi quand on retombe dans ces mécanismes tenaces, mécanismes de protection. Le chemin n’est pas linéaire et parfois escarpé….
Belle journée.
J’aimeJ’aime
Cela ne m’étonne guère, Marylaure, tu as cette compréhension profonde, tu sais qu’il ne faut jamais rien forcer, demeurer un observateur bienveillant de nos dérapages et ne pas nous blâmer, si jamais nous retombons dans une ornière…
Rien n’est jamais grave, excepté le jugement que nous portons sur nous, et du moment où nous savons que nous reprendrons le chemin, il est bon de se reposer quand le besoin se fait sentir.
Belle journée du 8 mai
J’aimeJ’aime
Pas si facile de déterminer sa position…pour ma part, je n’y parviens pas trop et me retrouve dans les 3 rôles à part quasiment egale😳….bon, je relis😉
J’aimeJ’aime
Ne te fais pas trop de soucis, Marie, nous nous trouvons quasiment tous à un moment dans un de trois rôles, l’essentiel est d’en prendre conscience et en sortir 😀
J’aimeJ’aime
Oups ! com parti sans que je m’en rende compte, sorry !
Etre généreux n’est pas interdit, mais alors faut pas se plaindre après !
La vie n’est pas un long fleuve tranquile, pas vrai ????
Belle semaine, mon Eliza – je te fais des gros bisous – Lili
J’adore les couleurs de ton patchwork 🙂
Bizzzzzzzzzzzz
J’aimeJ’aime
Sois pas désolée, il est très bien ton commentaire…
Si la vie était un long fleuve tranquille, cela se saurait 😀
Contente que la photo te plaise, bisous et belle semaine, j’espère que tu peux retourner te promener avec Max
J’aimeJ’aime
Ca doit être tuant de vouloir sauver le monde…. pour ne pas penser à ses propres problèmes !
Comme ça doit être difficile à vivre de se sentir toujours comme « la victime » de tout dans la vie !
Bref, faut grandir et faire la part des choses avec soi et les autres aussi !
J’aimeJ’aime
Comme tu dis, il faut grandir et parfois passer par ces rôles, pour en sortir car nombreux sont ceux qui les répètent toute une vie…
J’aimeJ’aime
Pingback: Pour sortir du triangle dramatique | Mélodie d'une vie
Un très beau billet merci du partage chére amie bisous passe une bonne journée
car ici en Champagne la pluit revient !
J’aimeJ’aime
Merci à toi, Manik, désolée pour le temps, sur Paris le soleil revient.
Bisous et belle soirée
J’aimeJ’aime
J’essaye de tomber la cape du super héros, c’est pas évident mais effectivement, les résultats sont là 🙂
J’aimeJ’aime
Bravo, alors, c’est loin d’être évident de sortir du rôle de sauveteur, qui n’en a pas été tenté ?
Tu le sais et tu y travailles, alors forcément, les résultats sont là
J’aimeJ’aime
on devrait apprendre très tôt à dire nos besoins. et à les écouter. De quoi j’ai besoin au lieu de qu’est ce que je veux. C’est pas du tout pareil. J’adore cet auteur ! la communication non violente peut faire des miracles ! j’ai testé et j’ai approuvé ! ça marche !
J’aimeJ’aime
Certes, Sandra mais avons nous été éduqués ainsi ? Pas moi, en tout cas 😀
J’ai testé et approuvé aussi la communication non violente, elle peut changer tant de choses…
J’aimeJ’aime
l’éducation toujours. puissions un jour nous libérer et être neuf comme des nouveaux -nés 🙂
J’aimeJ’aime
Pour les nouveaux-nés, ça risque d’être difficile 😀 mais pour la libération et le changement il n’est jamais trop tard…
J’aimeJ’aime
la vie n’est finalement qu’une succession d’accouchements …:) tu fais une très sympathique sage-femme d’ailleurs !
J’aimeJ’aime
Toi aussi, Sandra… merci
J’aimeJ’aime