Le chemin vers une liberté retrouvée

Parfois méprisé, souvent galvaudé, le pardon est un terme mal compris et associé à bon nombre d’idées reçues. Olivier Clerc, fondateur des Journées du pardon, suggère de redéfinir le sens du pardon pour le considérer comme un chemin vers la guérison intérieure.

Don du pardon

On a tous plus ou moins connu une expérience douloureuse qui a laissé en nous un tatouage d’amertume, de haine ou de souffrance qu’on croit indélébile. Il nous parait impossible de pardonner à l’auteur de ces blessures et de tourner la page. Ce serait bien trop facile, pense-t-on. Et puis à quoi bon pardonner ?

Pardonner c’est oublier, c’est céder, c’est cautionner son agresseur. Et si paradoxalement, le pardon était la voie vers la guérison et vers une liberté retrouvée ? Olivier Clerc anime des ateliers du pardon. Dans son nouveau livre, Peut-on tout pardonner), il ouvre la réflexion pour, peut-être, nous inviter à penser autrement. Top Santé l’a rencontré.

Vous invitez à repenser le terme de pardon, qui est selon vous, mal compris et mal interprété. Quelle est la vraie définition du pardon ?

Le mot pardon est entouré d’un flou considérable. Si vous interrogez les gens autour de vous, chacun aura une définition et une compréhension différente selon qu’il a eu une éducation religieuse, des parents athées ou psys. En fait il faut redéfinir ce qu’on entend par le pardon.

Pardonner c’est le chemin vers la guérison des blessures du cœur. Un cœur blessé a besoin d’un baume pour guérir et cicatriser les plaies dont suppure du poison émotionnel fait de haines et de ressentiment. On utilise le pardon comme un baume qui va nous aider à nous libérer de ces émotions négatives. Cette libération s’apparente à ce que j’appelle « une douche du cœur ».

Le pardon serait une question d’hygiène du cœur ?

Absolument. Le pardon lave notre cœur du « cholestérol émotionnel » qui encombre nos artères. Avec cette hygiène émotionnelle, on évite que notre cœur se dessèche. On réapprend à s’ouvrir aux autres sans être dans une position de vulnérabilité ni de victime. Au final, on parvient peu à peu à retrouver la capacité d’aimer.

Le pardon serait donc une démarche personnelle, indépendante du fait de pardonner à la personne qui a pu nous blesser ?

Entrer dans la démarche de pardon nécessite d’inverser notre rapport à celui-ci. Autrement dit on ne pardonne pas à quelqu’un mais on demande pardon. Cette inversion du processus du pardon correspond à l’approche que j’enseigne dans mon livre et que j’appelle « Don du pardon ».

Pourquoi demander pardon et non pas pardonner me direz-vous ? La nuance est importante. Elle insiste sur le fait qu’on doit se libérer de l’illusion que l’autre a le pouvoir de nous guérir. En fait la cicatrisation de nos blessures ne dépend que de nous.

Pour prendre un exemple, on ne va pas demander à celui qui nous a blessé le bras avec un cutter de venir nous soigner. Demander pardon, c’est un processus personnel qui vise à se libérer de l’intérieur, du jugement et de la prétention de vouloir pardonner.

Est-ce un processus forcément long ?

Cela varie d’une personne à l’autre. Pour certains, ce peut être instantané, pour d’autres cela prendra des mois ou des années. Ce travail de pardon est personnel mais peut se faire seul ou à plusieurs dans des groupes de pardon à travers les cercles de pardon que j’ai initiés par exemple. Une certitude, le processus sera d’autant plus long si on a une mauvaise conception du pardon et si on n’identifie pas les obstacles au pardon.

Quels sont ces principaux obstacles ?

Il en existe plusieurs. Par exemple on a tendance à penser que le pardon est religieux. Or on peut panser ses blessures quelles que soient ses croyances et sa philosophie. Le pardon ce n’est pas prier et espérer que la grâce spirituelle nous tombe dessus !

Un autre obstacle classique est de croire que le pardon est un cadeau fait à l’autre. Ou encore que pardonner revient à cautionner ou oublier ce que nous a fait l’autre. Or on peut tout à fait pardonner et entamer ce travail de guérison émotionnelle sans que cela conduise à accepter, cautionner ou excuser des actes qu’on juge intolérables.

Le pardon s’assimile à un yoga du cœur dont la pratique régulière apporte une grande force et beaucoup de courage.

Avez-vous un conseil simple à utiliser au quotidien pour pratiquer ce yoga du cœur ?

Chaque jour on peut faire ce travail de pardon en y consacrant un moment chaque soir avant de s’endormir. Pour cela, on récapitule mentalement ce qui s’est passé dans la journée pour évacuer tous les non-dits, les tensions, émotions négatives ou problèmes non résolus dans notre sommeil et s’endormir léger.

Par Emilie Cailleau pour Top Santé

Olivier Clerc Peut-on tout pardonne, éditions Eyrolles

 

 

 

 

16 réflexions sur “Le chemin vers une liberté retrouvée

  1. Bonjour Elisabeth,
    Tu sais que j’ai du mal avec les différentes notions de pardon…. Pas parce que je ne crois pas qu’il ne faille pas pardonner… Bien au contraire. « le pardon était la voie vers la guérison et vers une liberté retrouvée  » Je suis bien d’accord.
    J’ai par contre plus de mal avec la notion de se pardonner à soi… Je comprends la notion dans le sens de ne pas se juger trop sévèrement et se donner le droit à l’erreur.
    « Le pardon serait donc une démarche personnelle, indépendante du fait de pardonner à la personne qui a pu nous blesser  » Ça j’y adhère ainsi que cet autre énoncé: « la cicatrisation de nos blessures ne dépend que de nous.  » Par contre, je crois qu’on ne fait qu’alimenter la confusion quand on parle de se demander pardon à soi. Je ne saisis pas cette nuance. Me pardonner pour un acte d’un autre? M’en libérer oui…mais me pardonner? Probablement que ma notion de pardon est trop restrictive ou que le terme est utilisé à mauvais escient dans trop de théorie… En fait, il faudrait avant tout mieux définir le terme pardon pour en saisir la définition qu’on veut y donner.
    Mes salutations sincères

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    • Je vois bien que tu as du mal avec ce terme, alors, il serait peut-être bon que tu redéfinisses cette notion, de façon à ce qu’elle te parle.
      Et il ne s’agit pas de te pardonner pour un acte commis par un autre mais plutôt pour toutes les réactions négatives qui ont suivies, comme les ressentiments, le désir de revanche et surtout le fait de rendre l’autre responsable de nos souffrances. Sans dire que nous avons tous commis des actions dont nous ne sommes pas fiers, et que cela peut nous empoissonner la vie, par la culpabilité qui en résulte.
      J’ignore si c’est plus clair ainsi mais je crois surtout qu’il n’est jamais bon de trop intellectualiser car l’élan vient du cœur qui cherche à se libérer de ce qui l’empêche de vivre en paix.
      Et si cette série d’articles parle du don, cela nous renvoie à l’étymologie du mot : « par le don » que nous nous offrons.
      Si tu as envie et le temps, la vidéo en parle bien mieux que l’article.
      Amitiés, Kleaude et bon week-end

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      • Merci pour l’éclaircissement. J’en comprend mieux le sens. J’avais abordé cet article sous une mauvaise perspective. Je comprends mieux.
        Il faut dire que j’ai toujours eu la chance de ne jamais en vouloir à personne pour un tort causé ou autre. Je n’ai jamais été confronté de front au pardon.
        Alors merci à la vie… Je préfère apprendre la notion du pardon par tes articles… 😉

        Mes amitiés sincères

        Kleaude

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          • Bonjour Elisabeth,
            Je suis tombé sur cette vidéo. Je me permets de te la soumettre. Tu la connaît probablement déjà. J’avoue que je ne l’ai pas encore écouté attentivement.

            Mes amitiés et bonne semaine!

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            • Merci, Kleaude pour ce lien. Si je connais le personnage, je n’ai jamais vu cette vidéo.
              Et si tu veux mon opinion sincère, bien qu’il dise beaucoup de choses justes, comme le choix de nourrir la colère ou le pardon, ainsi que les effets désastreux des sentiments négatifs sur le corps, pour moi, il est un peu trop radical et se place « au-dessus des autres », tel une sorte de gourou New Age.
              Je ne suis absolument pas d’accord qu’il y ait des choses inacceptables, comme sur l’interdit d’exprimer sa colère. Et nos émotions ne se gèrent pas aussi facilement, sur simple décision…
              Et la phrase : « Sur le plan spirituel t’es condamné » me fait doucement sourire, déjà parce que ce fameux plan est encore une notion très connotée par ce milieu des gens prétendument plus évolués, et que personne ne peut condamner quiconque.
              Je pourrais développer davantage mais j’arrête là.
              Curieuse d’avoir ton avis, quand tu l’auras visionnée.
              Je te souhaite une douce semaine

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  2. « Pardonner c’est le chemin vers la guérison des blessures du cœur. Un cœur blessé a besoin d’un baume pour guérir et cicatriser les plaies dont suppure du poison émotionnel fait de haines et de ressentiment. On utilise le pardon comme un baume qui va nous aider à nous libérer de ces émotions négatives. Cette libération s’apparente à ce que j’appelle « une douche du cœur ». » This is a fabulous way to put what forgiveness can do for us. It is so true! Thanks for sharing this. Hugs et bises, N 🙂 ❤

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