L’Hermite

Voici le premier pèlerin du Tarot qui chemine longtemps, dans un voyage qui est surtout intérieur.

Lié à la lettre hébraïque TEITH qui désigne le serpent, ainsi que la puissance des profondeurs, les énergies souterraines de la vouivre, créature mythologique qui représente la lumière et la chaleur sorties des entrailles de la terre. Ainsi, traditionnellement, la vouivre garde les trésors souterrains.

Le bâton de l’Hermite, couleur chair est associé à cet ancrage dans la Terre, représente l’antenne qui capte les énergies de la vouivre.

Il est le spécialiste des ondes telluriques et des énergies auxquelles l’être humain est lié et par lesquelles il est alimenté.
Il capte tous les mouvements de la Terre et transforme ses forces vives et denses en ondes subtiles.

Il représente la lenteur, le temps, surtout le temps et le rythme intérieur, il prend celui de l’intériorisation et de l’introspection.
Aller à son rythme sur son propre chemin est préférable que d’avancer vite sur le chemin des autres.

La lumière de sa lanterne éclaire les ondes de son senti-mental et lui permet d’y voir clair. Elle est fermée, pour protéger sa lumière intérieure.

C’est un Arcane d’une extrême sensibilité, une véritable éponge qui capte tout ce qui l’entoure.

Il vit les ambiances extérieures, au point de perdre parfois le contact avec sa réalité, absorbe le mal-être de ceux qui l’entourent au point d’en devenir malade.
Il soulage les autres mais le prix de cette extrême réceptivité est souvent trop élevé.

Si cette sensibilité est un cadeau précieux, il lui faut sans cesse se soigner, se rétablir, se reconnecter à ses propres énergies.

Il regarde la Justice pour ne pas perdre le fil de la justesse,  loi de l’équilibre et de liberté. S’il le perd, il tombe sous l’influence de l’environnement, au détriment de sa stabilité.
D’où la nécessité de l’ancrage, de l’intériorisation, du souffle libérateur du Pape et du dégagement de tout ce qui ne lui appartient pas.

Du latin patire : souffrir ou supporter et cum patire, la compassion ne peut s’exercer qu’en conscience.
Nous pouvons entrer en résonance avec autrui mais sans garder en nous son mal-être. Il nous appartient de le  transmuter, l’expirer pour transformer le malaise en onde de l’amour et de la guérison.

Un Hermite éclairé accepte d’être le champ de bataille où les ondes contraires viennent s’affronter et il sait comment les apaiser, les alchimiser, et se protéger des perturbations, intérieures et extérieures.

Patience, prudence, maturité, silence, intériorité le caractérisent. Ainsi que la maturation, c’est une Lame du temps, du cheminement solitaire.

Lors de sa longue route, il acquiert la vision claire du passé car sa lanterne l’a éclairé ; il a effectué le bilan de l’ancien, fait le point sur ses acquis, donc il peut faire du neuf (son Nombre est VIIII).
Dorénavant, il peut rentrer dans son jardin intérieur, sa terre, son sol (le soleil coiffe sa lanterne).

Il lui est vital de se retirer tous les jours dans sa solitude, faire le bilan, analyser la situation, distinguer entre le juste et ce qui ne l’est pas, faire ses exercices de purification.

Quand il a reconstruit sa base, sa solidité, l’Hermite va porter la Lumière à ceux qui la demandent et sont prêts à la recevoir.
Il devient un sage, un guide, un éclaireur, un guérisseur des êtres et de la Terre.

Contrairement au Pape qui peut recevoir d’une manière fulgurante et transmettre le geste et la parole justes, sans toujours les comprendre, l’Hermite prend tout dans ses « tripes ».

Il ressent et fait la lecture dans son corps, trouve des solutions le mieux adaptées, puisées dans son long cheminement.

La capuche protège sa connaissance, il tient son bâton dans la main gauche (celle qui reçoit) et répand la Lumière par la lanterne à la lumière rouge, celle de l’amour, de l’énergie.

Le mal vécu :
Être noyé dans ses émotions et ne pas pouvoir s’en dissocier, prendre de la distance.
Absorber tout, au risque d’être écrasé, de perdre son identité et son ancrage.

Avoir peur de se retrouver face à soi dans le silence, ce qui fait rechercher la compagnie à tout prix, l’abrutissement par le bruit.
A contrario : se refermer, s’isoler jusqu’à la misanthropie.
Dépression, prostration, recours aux drogues diverses pour anesthésier le mal-être.

Pour ceux qui n’auraient pas lu les textes sur les Arcanes précédents, je conclurai encore par mon propos habituel : ici encore, ce ne sont que quelques généralités de cette Lame qui ne sera jamais vécue de la même façon par différentes personnes.

La place qu’elle occupera dans un thème, comme ses interactions avec d’autres Arcanes déterminera aussi ma manière de l’interpréter.

9 réflexions sur “L’Hermite

  1. Pingback: Le tarot | Pearltrees

  2. Bonsoir, cette carte me « parle » beaucoup ses murmures m’accompagnent. Je ne sais pas tout mais cela est égal, Le bâton pour moi est aussi signe d’autorité pas sur les autres, sur la personne elle-même, comme une subtile maîtrise basée sur le concret et le bon sens. Le bâton est moins acéré que l’épée de justice ( dans le sens de droiture et du sens de justesse, du geste et des pensées ) émettre des pensées ajustées, se soutenir et se reconnecter à la terre pour « élancer les énergies vers le travail souterrain de la lanterne couverte comme celui qui la tient, bien que le capuchon ne soit là qu’au cas où, puisque déposé sur les épaules.. L’Ermite regarde au loin, attentif et ouvert.. Merci pour toutes ces études.

    J’aime

    • Très touchée, Prunelles, que tu sois revenue sur les Lames et j’aime beaucoup ton ressenti à propos de l’Hermite. Le savoir n’a rien a voir là dedans, ce sont ces réflexions, si justes et profondes que l’Arcane a éveillé en toi.
      C’est pour cette raison que je termine toujours la description, en insistant sur le fait que je ne donne que des généralités de la Lame et que chacun l’interprète comme il la ressent.
      Il n’y a là que des pistes, tu te l’as approprié et j’en suis heureuse car c’est ton Hermite…
      Je serai curieuse de savoir où il est situé dans ton thème mais il doit y être présent pour que tu en parles si bien.
      Tendresses…

      J’aime

  3. oh comme je suis d’accord avec toi !
    j’aime beaucoup cette carte, qui m’a ressemblé longtemps, le temps de l’adolescence et de la jeune adulte que j’étais…

    oui, c’est le temps, celui nécessaire pour faire grandir, comprendre, accepter ce que l’on est vraiment.
    avoir l’ermite, c’est être sur le chemin de soi-même, chercher ce qui fait qu’on est soi, unique, sans chercher à se comparer à autrui, juste se révéler à soi-même

    c’est le temps de la méditation intérieure, de la contemplation
    parce qu’avec l’ermite, vient la sagesse spirituelle, après celle du coeur

    il se fait guider par sa petite lumière intérieure, et en même temps, malgré sa solitude, il rayonne sur son chemin, demandant aux autres la distance mais ne les empêchant pas de le suivre, il est guide malgré lui

    le pèlerin qu’il est est armé pour suivre son chemin : il n’a besoin que de lui, sa pèlerine, sa lampe et son bâton, tout ce dont il a besoin il le trouvera sur sa route
    il chemine vers la droite, dont on dit que c’est le chemin du passé
    c’est qu’il a besoin de faire une relecture de son histoire, d’en comprendre certains aspects, d’en évaluer les conséquences, et ce n’est pas un temps perdu, mais le contraire : l’expérience qu’il a déjà acquise lui sera utile plus loin (lorsqu’il rencontrera la maison-dieu ou la lune…)

    c’est une excellente carte à condition de savoir rester patient, ici, l’impatience n’est pas de mise, aller vite, comme lorsqu’on est sur le chariot, c’est sauter cette étape qui est si importante, et il lui faudra recommencer ce chemin

    oui, décidément, j’aime beaucoup cette carte !

    J’aime

    • Et moi, j’aime énormément ton commentaire. Cela se voit que tu as bien parcouru le chemin de l’Hermite, tu l’as expérimenté, vécu dans ton corps et dans ta vie. Cette Lame forme avec l’Arcane Sans Nom (que tu connais si bien) une énergie que l’on pourrait nommer : je regarde ce qui c’est passé avant pour aller de l’avant.
      Merci Marie, tes descriptions des Lames sont si belles…

      J’aime

      • au fur et à mesure que je lis tes comms, je me rends compte que quand je tirais les cartes du tarot de marseille, j’appelais ça un jeu divinatoire, mais en fait, je le faisais comme toi, je ne le savais pas, c’est tout…
        je comprends pourquoi elles étaient si justes, et pourquoi elles m’ont fait si peur au point de dire : « quoi, ça s’est encore vérifié ? j’arrête tout, je ne veux plus les voir, c’est trop… de pouvoir ! »
        j’ai mis les cartes au fond d’un carton, jamais sorties, et j’ai tellement déménagé que je ne les ai plus retrouvées quand l’envie de les toucher à nouveau m’a titillé…
        et comme Filamot -Geneviève- j’ai de l’intuition, il se passe des choses quand je tire les cartes (le jeu normal de 52 cartes), je n’ai besoin d’elles que comme support, je suis dans un ailleurs quand ça arrive, et comme je ne le maîtrise pas vraiment, si un jour ça m’arrive avec toi, il ne faut pas m’interrompre mais écouter tout jusqu’au bout, noter, parce qu’après je ne me souviens de pas grand chose !!
        c’est aussi pour ça que je ne le fais qu’à mes amies, et que quand « je le sens », parce qu’à ce moment-là, si je dois gérer la personne en face, ça devient compliqué de rester sur le fil, mais cela m’est déjà arrivé et j’ai arrêté dès que j’ai « vu » qu’elle allait se laisser influencer (vu dans le sens ressenti, parce que rien n’avait changé sur son visage)

        J’aime

        • Tu étais comme M. Jourdain de Molière, tu le faisais sans le savoir 😀
          Oui, le danger de prendre le pouvoir sur l’autre est un grand piège.
          Cela devrait être la puissance qui passe par toi, ce que tu décris d’ailleurs… Et tu as su préserver tes garde-fous, c’est peut-être la raison de la disparition de ton jeu.
          Promis, je t’écouterai et ne t’interromprai pas.

          J’aime

Laisser un commentaire